* Gloups *

Ce fut le seul et unique son que Myia pu émettre. La fatigue et son plan qui venait d’avorter l’avait vidée de toute énergie. En plus de ça, ses collègues de travail avaient dû subir les dommages collatéraux. C’était son erreur. Comme tout à l’heure, l’autre idiot de pirate en chef s’était acharné sur Melena. Pourquoi pas l’autre fayot pour changer ? Viser celui qui travaille le plus et laisser entrevoir ce que pourrait être la punition pour ceux qui ne faisaient pas le quart de ce qu’elle faisait.
Myia n’avait pas nettoyé un seul vêtement depuis qu’elle était arrivée ici. Elle trembla à l’idée d’imaginer le sort qui pourrait lui être réservé. Mais maintenant, son parc aquatique avait prit des airs de salle de torture. Aussi têtue qu’elle était, elle attrapa un morceau de tissu et se mit à frotter. La déception était lisible sur le visage de ceux qui avaient été enthousiastes, quelques instants plus tôt, à l’idée de s’échapper de cet enfer grandissant.
Elle avait ignoré la remarque du pirate. Et puis quoi encore, se déshabiller. En temps normal elle s’en moquait bien, mais juste par rébellion, elle se garda bien de lui obéir. Au pire, elle pouvait prétexter avoir des problèmes d’audition.
Enervée, toujours aussi audacieuse, plus blessée dans le peu de fierté qu’il lui restait que physiquement, elle balança violement dans l’eau son tissu toujours noir et se tourna vers le pirate aux airs satisfaits.

- Je veux aller aux toilettes. Il doit bien y en avoir sur ce rafiot puant !

Voyant que sa phrase avait autant d’effet qu’un caillou jeté dans l’océan. Elle reprit, moins fort cette fois-ci :

- Je préfère encore entre jetée du pont de votre bateau plutôt que de nettoyer un seul de ces trucs infects. Vous n’aurez qu’à nous échanger contre des vêtements dignes de ce nom, à l’image des pirates que vous êtes. Et puis, je ne suis pas ta mère !

En signe de détermination, elle se rassit face à son bac et fit tournoyer son doigt à la surface de l’eau. Que feraient-ils maintenant ? Melena lui avait parlé de ces monticules de cadavres qui avaient été jetés sur le sol, elle avait pu observer les brimades de ses collègues. Mais maintenant, elle était seule à contester son autorité. Privée de dessert ? Noyée ? Tuée pour l’exemple ? Elle frissonna.
Rien ne les motivait à travailler. Plutôt mourir en sachant qu’il ne lui restait que cette optique plutôt que de s’acharner tout sachant très bien que la fin sera la même. Melena était convaincue du contraire. Elle n’arrivait pas à imaginer un futur possible et meilleur après avoir été vendue.De toute façon, elle ne serait plus obligée de suivre ses plans tirés sur la comète. Tulla non plus, malgré sa gentillesse apparente.

Melena apercevait l’un des gardes qui s’était lentement mit à tourner autour des esclaves, l’air suspicieux. Elle était occupée à frotter un caleçon sale sur sa planche, gardant toujours dans son autre main sa chaussette transformée en arme improvisée. Quand il fut dans son angle mort, elle redoubla d’effort sur ses apparences d’esclave obéissante… mais ça ne suffit pas. La jeune fille eut tout juste le temps de sentir qu’on lui empoignait durement les cheveux qu’elle était plongée dans l’eau crasseuse, les lèvres embrassant le caleçon immonde qu’elle s’évertuait à laver. Elle ne sut si c’était le dégout ou le manque d’air qui l’horrifia le plus, mais sa tête fut tirée hors du bac, et elle cracha rageusement le liquide marronnâtes qui ruisselait sur son visage jusqu’à chercher à s’engouffrer dans sa bouche. Après qu’on lui ait fait des menaces et confisqué son savon, l’adolescente regardait d’un œil qui brillait encore de colère ses collègues subir le même sort. C’était presque plus dégoutant vu de l’extérieur.
Melena cherchait des yeux une échappatoire, une issue, mais il n’y en avait évidemment pas. Une claque derrière son crâne lui donna une furieuse envie de sauter au visage de Butter pour lui arracher les yeux avec ses ongles, mais elle se contint en expirant le plus lentement possible. Il aurait trop vite fait de la saisir et de la casser en deux, et cette idée n’était pas tolérable pour la nécrophobe qu’elle était.

L’irlandaise allait se remettre au travail bon gré mal gré, quand le marin poussa le bouchon jusqu’à leur donner l’ordre de continuer la lessive nue. Son sang ne fit qu’un tour ; elle se sentit pâlir encore plus, ou du moins, autant que ne lui permettait encore son teint blême naturel. La jeune fille fit volte face pour fusiller Butter du regard.

- Nue ?

Une ligne de pensée s’étirait de plus en plus dans l’esprit de l’adolescente. Travailler en tenue d’Eve ? Et après ? Est-ce qu’ils s’arrêteront là ? On ne peut espérer aucune clémence, aucune vertu et encore moins la moindre bienveillance de ces pirates. Lequel hésitera à violer une jeune fille de 17 ans si elle s’avérait trop à leur goût ? Lequel regretterait de l’égorger si elle devenait trop encombrante ou n'était pas assez docile ? La réponse était évidente et s’enfonçait dans la poitrine de Melena comme un pieu frappé à coup de marteau. « Aucun ».
Sans un mot, elle déboutonna sa chemise, les mains tremblantes, bouillant d’un mélange de rage et de désespoir. Myia qui s’était mise à râler n’avait pas encore remarqué que sa comparse cédait aux menaces.

*C’est un strip-tease qu’ils attendent cette bande de goret ?!*

Faisant son possible pour faire abstraction des regards dévorants des marins qui reluquaient avec avidité sa peau diaphane et ses petites formes, la necrophobe balança rageusement son haut dans les bras de Butter.

- Ca vous plait ?!

Le « espèce d’ordure » qui aurait dû suivre jugea bon de rester accroché aux lèvres de la jeune fille, qui dénouait maintenant les lacets de ses chaussures. Quand elle dû retirer son pantalon, le laissant tomber à ses pieds pour s’en extirper sans avoir à se baisser, le rouge lui monta inévitablement aux joues. En sous-vêtements devant son bac à lessive, au milieu des voyageurs et des pirates, elle put juste prendre assez de courage pour dire :

- Vous n’aurez rien de plus. Et j’estime que c’est déjà pas mal…

Avant de baisser ses yeux pour que ses longs cheveux noirs trempés ne masquent son visage, reprenant sa besogne en versant une larme qui se mêla aux sillons marron qui s’échappaient de son cuir chevelu.

*Je fais ça pour rester en vie ! Je fais ça pour rester en vie !*

C’était devenu son leitmotiv, alors qu’elle frottait désormais sans s’arrêter. Elle n’entendit pas la contestation dangereuse de Myia, ni ne fit attention de savoir si ses compagnons d’infortune obéissaient aussi. La colère bourdonnait à ses oreilles, l’humiliation brûlait ses joues, et la peur qu’un membre de l’équipage ne vienne la toucher se baladait vicieusement sur sa peau pâle en lui donnant d’insupportables frissons.

Cette fois ci c’était trop.
Jeremiah n’avait que faire d’être esclave, de nettoyer du linge immonde ni même d’être rosser, tant qu’il pouvait jouer…
Et là, ces imbéciles de pirates lui retiraient la perspective d’une partie très intéressante.
Une émotion inconnue était en train de naitre en lui, puissante, destructrice.
Plus que de la frustration.
La colère.
Il s’arrêta un instant pour l’analyser, forte et violente, diriger vers ses geôliers.
Intéressant.
En habitué de la dissimulation il resta caché derrière son masque et ne laissa rien paraitre.
Il entendit la demande absurde du dénommé Butler, en quoi le fait d’être nu pourrait empêcher une mutinerie?
Pour sa part Jeremiah n’avait aucune gène avec son corps ou sa nudité.
Les cheveux collés au visage par l’eau crasseuse, il leva un regard froid sur le pirate.

-Comme vous voudrez.

Il retira l’intégralité de ses vêtements, sous vêtements compris et les plias soigneusement avant de les tendres à l’homme.
Ses congénères eux avaient l’aire d’avoir plus de mal avec la requête, la femme enfant refusa tout de go et la ressuscité fini par se mettre en sous vêtement avant de se remettre au travail, la situation la gênait visiblement mais elle avait compris l’essentiel, ils n’avaient pas le choix a ce stade.
Les sourires que lui lançaient les marins le laissèrent de glace et il s’installa au bac près de Melena.
Il était temps de reprendre une nouvelle partie.
Penchant discrètement la tête vers sa voisine il murmurât tout en frottant:

-Ne les laisse pas prendre l’ascendant, c’est juste de l’intimidation, même si c’est gênant il faut leurs montrer qu’ils n’ont aucune emprise psychologique.

Il avait parlé tellement bas et rapidement qu’il ne savait pas si elle l’avait entendu.
En réalité lui ne ressentais aucune gêne mais qu’importe, il fallait trouver un nouveau jeu.
La colère refit surface en repensant a cette occasion raté, elle sourdait de son esprit comme l’écume en haut des vagues.
Une idée traversa son esprit.
Il se laissa aller a son émotion, tout en frottant frénétiquement le linge, il se laissa submerger.
Il sentait la rage s’épancher de lui dans toute la laverie, ressac de haine envers les geôliers.
Il sourit.

Un œil sur sa droite au travers de ses mèches de cheveux trempées laissait voir à l’adolescente que Jeremiah avait obéit sans broncher. Il exhibait désormais son anatomie sans aucune gène en continuant de faire la lessive des pirates. Il évoquait à l’irlandaise ce genre d’élève modèle en classe qui ne vont qu’un petit dérapage dans leur vie scolaire, et qui alors se soumettent à leur punition avec une sorte de dignité insupportable. Qui plus est, c’était le deuxième homme nu qu’elle voyait sur ce bateau en moins de 24h, ce qui pouvait s’interpréter – pour une jeune fille aussi peu attirée par le sexe mâle – comme un mauvais présage.
Le sociopathe finit par s’approcher d’elle d’un pas presque nonchalant, pour venir frotter à ses côtés. Les tremblements fébriles de Melena s’accentuèrent, tant la proximité d’un homme dénudé lui était dérangeante. Quand il se pencha vers elle pour lui murmurer de rester forte, son épaule eut un reflexe instinctif de défense : celui de se dresser contre son oreille, comme si le voyageur avait eut l’intention de la frapper. Dans le fond, les paroles de son comparse l’auraient presque fait rire : ils n’ont aucune emprise psychologique ? Ils ont le pouvoir de la faire mourir en moins de temps qu’il n’en faudrait pour le dire, ce qui aux yeux de la necrophobe, était largement assez pour la tenir en respect. De plus, elle était encore la seule qui s’était déshabillée ; alors l’intervention qui se voulait rassurante – ou en tout cas encourageante – de Jeremiah apparaissait à ses yeux comme une tentative d’approche tout à fait malvenue. Qu’est-ce qu’il pensait ?! Que parce qu’elle s’était inclinée devant la demande de Butter, elle était une fille facile qui pourrait bien lui redonner courage entre deux corvées d’esclave ?
L’irlandaise se montait très certainement à la tête, mais dans ces circonstances, cela restait tout à fait compréhensible. Sans lever les yeux, ses cheveux noirs masquant toujours son visage d’une cascade sombre et poisseuse, elle murmura :

- Qu’est-ce que tu veux ?!

Une colère sourde naissait peu à peu en elle. Jeremiah méritait-il qu’elle s’énerve à ce point ? Elle ne pouvait pas répondre. Mais tout comme l’excitation il y avait quelques instants, la colère s’emparait de son être et s’imposait comme sienne. Ses yeux gris froids se dressèrent directement vers le visage du voyageur, pour éviter de croiser en chemin une partie non-désirée de son corps.

- Qu’est-ce que tu attends ?! Crache-t-elle avec haine. Tu es venu prendre le relai de ce garde pour m’encourager à enlever le reste, c’est ça ?! C’est ce que tu entends par ta réplique ?

Son regard revint vers le bout de tissu qu’elle n’avait pas cesser de frotter, avec un rire feint qui signifiait quelque chose comme « non mais je rêve ».

- Les hommes sont vraiment tous les mêmes hein… capturés comme des animaux, réduits en esclavage, maltraités… mais malgré ça, pourquoi ne pas pouvoir mâter un peu hein ?! C’est toujours ça… une petite douceur dans une dure vie.

Elle avait finit de rendre le tee-shirt qu’elle lavait le plus loin possible du noirâtre et le balança dans un bac consacré aux vêtements voués à être étendus, qui se remplissait tant bien que mal. Melena n’omit pas de jeter des regards noirs à plusieurs des marins, avant de saisir un tee-shirt et de se remettre au boulot. Au moins, dans cette pièce à l’atmosphère moite, elle n’avait pas froid. Son étrange colère n’était pas apaisée, et puisqu’elle ne pouvait pas la diriger contre les pirates, Jeremiah faisait office d’un parfait bouc-émissaire.

- Eloigne-toi de moi et retiens-toi de me regarder avec ce sourire. Sinon la prochaine personne qui te fera faire un voyage express de plongée sous-marine, ce sera moi ; mais je ne suis pas sûre de te laisser remonter.

Malgré sa tenue et sa frêle corpulence comparée à son comparse, elle s’efforça de rendre sa menace imposante avec un regard glacial qui indiquait clairement qu’elle ne parlait pas dans le vide.

Elle détourna alors les yeux vers sa besogne en réfléchissant sur ce qui lui arrivait. Cela faisait deux fois qu’elle se laissait emporter par des émotions qui n’étaient pas les siennes, et chaque fois, c’était parce que cet homme s’était manifesté. A bien y penser, on ne pouvait pas réellement lire ses intentions et ses pensées. Et en cela, il paraissait peut-être bien plus inquiétant que les hommes du S.M. encore.

Décidément ce monde était fait pour lui.
La magie opérait a nouveau, et l’environnement se mettait au diapason de ses émotions.
Les gens également d’ailleurs.

Béni soit ce bon vieux Parkinson pour l’avoir envoyé ici, il faudrait qu’il le remercie un jour.

La ressuscité avait l’air très en colère et avait apparemment décidé de passer ses nerfs sur lui. C’est paroles étaient incohérentes au possible…
Insinuait elle qu’il voulait la reluquer ? C’en était presque comique.
Elle tournait sa colère vers lui car ce comportement était le moins risqué.
Un choix lâche. Mais logique.
Intéressant.

Jeremiah n’en souri que plus largement, mais son regard s’était fait dur et froid.

-Je ne veux rien! Et même si c’était le cas mon attention ne se porterai pas sur toi. T’es vraiment pas mon genre…

Il avait lancé sa phrase sans trop accorder d’attention aux mots, il se concentrait sur les pirates.
Ces sales pirates qui l’avait privé d’un jeu si prometteur.
Il n’avait rien contre Melena mais l’ébullition qui gagnait peu a peu la laverie l’enivrait et il ne voulait pas que cela cesse.
Il continua donc de faire comme si la voyageuse était la source du problème.

-Tu ferais mieux de garder ton énergie pour une autre occasion, je ne suis pas sur que tu ais les épaules pour te mesurer a moi.

Son sourire se fit carnassier.

-J’ai d’autres chats a fouetter, et ce n’est pas avec un comportement de gamine apeurée que tu pourras m’aider…

Il se remit a frotter mécaniquement le linge, attisant sa propre colère a l’encontre des pirates.
Entre son humeur contagieuse et ses mots il estimait en avoir fait assez pour que sa voisine soit sur le point d’exploser.
Mais elle n’était pas la cible principale.
Il releva la tête vers les geôliers et pris un ton sarcastique de rigueur.

-Hé bien? Ces messieurs ont-ils l’habitude de se faire tenir tête?

Son regard passa sur les voyageurs encore habillé.

-Peu être que la haute mer les a ramolli? Ou alors il s’agit juste d’un déficit naturel de virilité?

Jeremiah s’amusait de voir que ses mots attisaient sa propre colère, se répandant encore et encore, un cercle vicieux en somme.
Jusqu’ou cela pourrai allez? La question lui semblait fort intéressante.
Et il désirait la réponse. Peu importe les conséquences.
Se tournant vers Myia il se mit a ricaner

-la gamine a plus de couilles que vous tous réunis… je vais la suivre dans son mouvement de grève tiens!

Jeremiah jeta négligemment le caleçon qu’il avait en main sur les pieds d’un des pirates et alla s’adosser a un mur, les mains derrière la tête, l’air aussi décontracté les attributs a l’air que si il avait été tranquillement chez lui.

Dans sa tête c’était l’ébullition, la rage qu’il continuait d’attiser se disputais a l’excitation du jeu.
Si seulement les pirates pouvaient exploser eux aussi comme l’avait si facilement fait la ressuscité…
Peu être même que dans la cohue il pourrait aller faire un tour, il emmènerait surement ses nouveaux amis voyageurs avec lui, ils avaient tant a apprendre les uns des autres!

La jeune femme vit son centre de gravité changer brusquement. Un pirate aux mains poilues s’était emparé de son corps menu alors qu’un autre s’était employé à déchirer sa robe. Il ne lui restait maintenant qu’un bout de tissu un brin trop grand qui cachait encore son intimité alors que sa poitrine prenait l’air. Enfin, si on pouvait parler de poitrine pour une gamine de huit ans. Elle ne prêtait pas attention aux regards mesquins des pirates. Et non, elle n’était pas gênée par sa nudité. C’était plus les cordes la ligotant qui la démangeaient et faisaient grimper en elle un élan de colère. La tête en bas, le sang lui monta rapidement à la tête.
Au moins, son attitude de rebelle immature et inconsciente avait épargné à Melena une punition injuste et humiliante.
Cependant, de toutes celles auxquelles elle avait pu assister, celle-ci semblait être la pire. Myia n’en avait pas vraiment conscience. C’était plutôt dans le regard de ses compagnons effrayés qu’elle jaugea sa situation. Peut-être qu’elle servirait de nourriture aux pirates.

* Rhaaaaa, s’il faut se fichu pirate a une gamine et qu’elle lui en a déjà fait voir de toutes les couleurs. *

L’autre Jeremiah semblait envelopper toute la pièce d’une aura malsaine de colère et de violence. Pourquoi fallait-il qu’il la retourne contre les voyageurs au lieu de les aider à sortir d’ici. Quel idiot celui-ci, un sadique idiot, et masochiste apparemment.
Et honnêtement, elle se demanda si elle ne préférait pas nettoyer le double de ces habits sales plutôt que de devoir supporter la nudité de cet homme…
Le pirate n’était pas aussi bête et méchant qu’elle avait cru. Il cogna son ennemi, certes avec un brin de lâcheté en l’attaquant par derrière, mais le résultat était le même. Il dormirait un petit moment et Myia et son entourage n’auraient pas à subir son air vicieux.
Elle partit d’un fou rire désespéré et remercia le pirate de l’avoir assommé. Aussitôt un voile traversa son champ de vision. La tête venait à lui tourner, mais la colère subitement réduite à néant la vida de toute énergie. Myia fut emportée dans un sommeil bien étrange alors que sa tête désarticulée tanguait au rythme du bateau.

Ce type là… Melena ne pouvait déjà plus l’encadrer. A quoi jouait-il ? A peine eut-il finit de la provoquer elle qu’il défiait les marins de faire preuve de leur cruauté envers les voyageurs. Dans quel camp était-il exactement ? Il n’avait pas l’air de ses soucier de ses compagnons d’infortunes, ni même de sa propre vie d’ailleurs, compte tenu de la manière dont il s’amusait à se révolter en s’exhibant sans la moindre pudeur.
Les marins s’étaient d’abord jetés sur Myia pour l’accrocher au plafond, avant de s’en prendre à Jeremiah d’un bon coup de matraque qui l’envoya dormir pour un moment. Une sensation d’apaisement envahit immédiatement la jeune fille, qui sentait qu’elle retrouvait le total contrôle de ses émotions. Elle n’osait pas regarder la borderline ni même émettre le moindre son, de peur qu’elle aussi soit suspendue comme un jambon au-dessus de la foule de voyageurs et de pirates. On disait que le ridicule ne tuait pas, mais celui-ci aurait été capable – au grand damne de la necrophobe – de lui faire avoir un infarctus. Au moins, malgré sa remarque acerbe que l’adolescente n’avait pas relevée, Butter estimait que le fait de s’être mise en sous-vêtement était convenable alors il cessa ses griefs contre sa personne.
Melena continuait donc de frotter ses vêtements sales sans broncher, la tête baissée. A un moment elle leva la tête et s’aperçut que Myia s’était évanouie. La voir ainsi, le visage rouge, les cheveux pendant dans les airs, la bouche entrouverte laissa un frisson désagréable le long du dos de l’irlandaise qui se hâta de se remettre à sa besogne.

*Cette bande d’esclavagiste seraient bien capable d’en faire une piñata* songea-t-elle sombrement en essayant pour autant de ne pas imaginer la scène.

Elle se sentait bien seule désormais dans la laverie. Tous les autres avaient ignoré le cinéma qui s’y déroulait depuis le départ pour accomplir leur tâche avec une obéissance – trop – soumise, et n’adressait donc pas la parole à la necrophobe. Au comble de l’ennui, elle se remit à réfléchir. Un coup d’œil discret au corps évanoui de Jeremiah.
Il était capable d’influencer les émotions non ? Ou en tout cas, c’est ce qu’il semblait… alors pourquoi diable n’était pas capable de ressentir une forte compassion pour ses compatriotes qui conduirait les marins à tous leur relâcher la bride – et à laisser Melena se rhabiller. Il avait un bon pouvoir, mais l’utilisait à mauvais escient. Désormais, la troupe de Butter allait sûrement se méfier, et se contentera de l’assommer chaque fois qu’elle estimera que quelque chose de pas net se trame.

Les possibilités d’évasion paraissant s’effacer au fur et à mesure que le temps passait, et l’adolescente finit par lancer un autre regard à sa comparse pendue au plafond. Les pirates savaient-il que ce n’étaient pas très bon de la laisser ainsi ? Ils s’en moquaient ?
La jeune fille faillit intervenir, puis elle se ravisa. Dans l’état où elle était, elle n’avait plus beaucoup de marge avant de se retrouver dans la même situation que Myia… et elle n’y tenait pas. Alors pour l’instant, elle allait rester sage ; bien que sa docilité lui donnait des nausées.

Aouch…
C’était douloureux. Tout l’arrière de son crane irradiait de douleur.
Il n’ouvrit pas les yeux, ne bougea pas. Il fallait qu’il se reprenne. Trop de monde, les évènements bizarres créés par ses émotions, émotions elles mêmes nouvelles…
Il s’était laissé emporter…
Il souris intérieurement, ses jeux ne lui avaient jamais semblés aussi intéressants.
Il était tout de même un peu déçu, les pirates l’avaient assommé et il n’avait rien pu voir de se qui s’était passé… Tant pis, ce n’était que partie remise.
Mais d’abord il fallait ralentir la cadence un peu. Foncer tête baissé n’était jamais bon, comme le lui rappelait l’hématome sur son crane…
Si les pirates commençaient a l’assommer a chaque fois, il allait être très frustré et commencerait sans doute a s’en prendre sérieusement aux voyageurs. Mauvaise idée, ils seraient peu être ses futures compagnons d’esclavage…
Garder la tête froide… Et sans trop de contusion…

Jeremiah ouvrit les yeux et se redressa, un peu trop rapidement d’ailleurs, il chancela.
Le pire mal de tête de sa vie…
Après un regard apeuré de composition en direction des tortionnaires il se hâta de reprendre son poste de laveur de linge a coté de Melena.
Ayant compris son erreur de départ il tentais tant bien que mal de cacher son intimité, il ne saisissait toujours pas la gêne que ses compagnons pouvaient bien éprouver, après tout, il étaient tous fait pareil, ou presque.
Se concentrant sur le fait de ne pas avoir pu observé les évènements, nouvelle privation injuste, il fut envahi de tristesse, attisant se sentiment jusqu’à réussir a faire couler une larme sur sa joue.
Discret mais très intéressant au demeurant.
Les dents serrés il glissa a sa voisine

-Désolé pour tout ça… Je suis paumé… Je comprend rien a mon pouvoir… Je voulais créer de la confusion et en profiter pour m’échapper…

Il fit une pause gênée

-Je t’aurais emmené si j’avais réussi évidement… Mais c’est raté je m‘y prend trop mal…

Il redoubla d’effort sur le pauvre linge qui menaçait de tomber en charpie sous ses efforts.

-Je dois pas être assez doué… Apparemment je pourrais pas y arriver seul…

Le temps passé à laver des vêtements dans une eau maintenant plus noire encore que ce qu’elle lavait parut interminable. Même dans sa tenue légère, Melena était moite de sueur. Ses doigts rougis étaient écorchés aux endroits où elle s’était par maladresse râpée contre la planche à frotter et des crampes crispaient douloureusement des deux bras. Tant bien que mal, les voyageurs avaient rempli un bac de linge propre, malheureusement en nombre minoritaire devant les piles de vêtements sales qui attendaient encore que des mains d’esclaves viennent les récurer.
Jeremiah finit par se relever et en apercevant sa silhouette toujours aussi nue l’approcher, l’irlandaise grinça des dents en se disant pour elle-même qu’elle donnerait tout – ou presque – pour qu’il se fasse de nouveau assommer. Elle ne le regardait pas, mais un sentiment de tristesse qui lui était étranger naquit en elle pour lui nouer le cœur. Il était si irrésistible qu’elle aurait presque pleuré. Pourtant, elle savait que cette émotion ne venait en aucun cas d’elle-même, et une nappe de colère vint disputer la place au sentiment artificiel qui l‘envahissait. Quand l’homme eut achevé ses répliques, il parut si sincère que la magie l’emporta sur le naturel, et la jeune fille tourna vers lui un regard de compassion :

- On est tous perdu ici… et ne t’en fais pas. Si tu n’y arrives pas seul je…

Elle se stoppa. Qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Elle cédait au même homme qui avait eut un comportement exécrable avant de se recevoir un coup de gourdin ? Le même qui se pavanait en nudiste fier de l’être ? C’était la meilleure. Elle avait envie de lui balancer son poing dans la figure, mais bien que sa raison et sa colère lui laissaient encore une part de lucidité, la tristesse qu’elle ressentait euthanasiait sa violence encore plus efficacement que les crampes qui continuaient de la faire souffrir.

- A quoi tu joues au juste ? Hum ? En quoi consiste ton pouvoir – puisqu’il semblerait qu’on en a tous ? Ca ne te suffit pas qu’on soit tous prisonniers ici, il faut que t’amuses avec nous ?

Elle avait parlait d’un ton d’où perçait une hargne étouffée par son sentiment artificiel. Ses yeux gris flamboyaient lorsqu'elle jeta un œil à Myia, toujours la tête en bas. Ca faisait longtemps désormais, ça allait être très mauvais…

- Si tu veux te rendre utile, cracha-t-elle silencieusement à l’attention de Jeremiah, tu n’as qu’à regarder cette fille là-haut. Regarde la bien autant qu'il faut, et inspire toi d’un p****** de sentiment de compassion qui va convaincre les pirates de la décrocher. Tu peux faire ça non ?

Et flûte !
Se sentir constamment sous le joug de quelqu’un d’autre était désagréable. Comment échapper à son emprise exactement ? Est-ce qu’il avait une portée limite ou est-ce qu’il ciblait ses victimes ?
L’un comme l’autre, il était évidemment un manipulateur, puisqu’il utilisait sa capacité spéciale à embobiner les gens qui l’entouraient, alliés comme ennemis. Au moins, en essayant de l’utiliser pour sauver la mise de la borderline, il remonterait légèrement dans l’estime de la necrophobe. Peut-être bien que les gardes risquaient de s’en rendre compte et de lui assener un autre coup sur la tête mais ça… Melena eut un imperceptible sourire en coin en se disant que ça n’était pas son problème. Après tout, Jeremiah avait bien tenté de se servir d’elle, et c’est d’ailleurs ce qu’il continuait à faire, et l’avait provoqué sans aucune raison valable. Il fallait bien qu’elle lui renvoie la pareille. Que ce soit pour décrocher Myia ou pour le voir se recevoir une nouvelle calotte à la matraque au coin du crâne, le résultat satisfera l’adolescente.
Aidée par le pouvoir de Jeremiah qui lui communiquait toujours de la tristesse, la jeune fille put sans peine prendre un parfait ton désespéré d’où ne perçait pas le moins du monde ses arrières pensées, et murmura :

- S’il te plait… il n’y a que toi ici qui peut le faire je crois bien… ce n’est pas bon de rester si longtemps la tête en bas…

Un sourire triste vint complémenter sa parodie de la brunette inquiète, et elle remercia intérieurement le sociopathe de son pouvoir qu’elle utilisait contre lui.

Se rendre utile?
Mais Jeremiah ne demandais que ça. Du moment que la suite était amusante.
Il leva les yeux vers une Myia supplicié et commença a chercher…
Rien.
Compassion hein? Jeremiah ne comprenais pas ce sentiment. Si il y en avait bien un qui lui posait problème c’était celui-ci.
Il continua de se triturer les méninges tout en frottant le linge. Ce n’était pas un question de volonté, mais belle et bien d’incompréhension.
Que lui qui pouvait le faire? Elle était drôle elle, ce n’était pas ça faute a lui si la gamine avait refusé de se dessaper, encore moins si les pirates lui avaient fait subir ça…

Mais si il ne faisait rien la ressuscitée allait sans doute refuser de jouer encore, il y avait d’autre jeux bien sur mais Jeremiah n’aimait pas perdre.
L’idée de laisser tomber un jouet l’attristait encore plus.
Tout ça était vraiment terrible, lui qui voulait seulement se distraire et voila qu’on l’en privait de façon injuste.
Il brida sa volonté pour contenir son sentiment, si les pirates se doutaient de quelque chose il était a nouveau bon pour les bras de Morphée.
Et rater encore les évènements intéressants? Pas question!
Il laissa suinter sa tristesse, l’effort pour ne pas la laisser exploser était intense, encore une injustice de plus. Tous ces gens n’avaient pas de cœur.

Il portât son attention sur Myia.
Tout était de sa faute. Toute cette tristesse était de sa faute.
Le fait qu’elle soit attachée au plafond comme un jambon était la cause de sa tristesse.
Oui c’était ça. C’était évident.
Lâchant encore un peu son esprit, Jeremiah sentit la nécrophobe a ses coté commencer a ressentir les effets, ce qui le peina d’autant plus, engendrant une sorte d’effet papillon.

-Désolé. Dit il a Melena. Je ne comprend rien a mon pouvoir, Ni ce que c’est ni comment m’en servir.

Désolé il l’était vraiment. Pas pour les raison invoqués mais a l’idée de perdre la partie.
Il fallait décrocher cette gamine, cette tristesse devenait insupportable.
Des larmes commencèrent a couler sur les joues du sociopathe.

Jeremiah semblait hésiter à ses cotés. Ses yeux allaient de Myia au linge qu’il nettoyait, comme s’il se demandait ce que diable pouvait-il bien y faire. L’observant du coin de l’œil, Melena se permit un sourire en coin.

*On dirait qu’il a un petit problème émotionnel…*

Cette remarque sarcastique lui mit pourtant à l’oreille une puce intéressante. Elle, qui était necrophobe, semblait avoir la capacité de passer pour morte ; du moins, c’est ce qu’elle déduisait de sa désagréable expérience à son arrivée dans la laverie. Myia était immature comme une gosse… et se changeait en gamine ! Quant à l’homme à ses cotés, qui influait sur les émotions de son entourage, paraissait manifester un malaise à l’idée d’être compatissant, comme si il ne savait même pas ce que cela pouvait bien signifier. Ca n’était en soi pas un réconfort, mais l’adolescente commençait à comprendre qu’à Dreamland, tous ses semblables étaient des malades mentaux dotés de pouvoirs en rapport avec leur pathologie.

*Et bah ma foi, j’suis bien entourée…*

Elle lança un regard discret à ses compatriotes. De ce qu’elle voyait, aucun ne semblait particulièrement dangereux ou trop gravement atteint. Seul Jeremiah apparaissait comme un problème potentiel pour son intégrité. Et malheureusement, il semblait qu’il l’avait élue comme personne à harceler alors qu'elle essayait plutôt de se faire oublier à défaut de pouvoir s’en aller. Qu’allaient donc penser les autres de la voir en sous-vêtements, discuter avec un individu qui avait promené son intimité aux yeux de tous avec un détachement proche de l’exhibitionnisme volontaire ?!
Dans le monde réel, le regard extérieur ne lui importait pas plus que la couleur des chaussettes du roi de Suède ; mais ici, elle sentait que rester solitaire ne la servirait pas, et elle préférait encore avoir à pactiser avec Elijah et ses amis – bien que tous lui avaient paru plus ou moins idiots au premier abord – plutôt qu’avec quelqu’un d’aussi douteux que Jeremiah. D’ailleurs, quelle maladie pouvait bien faire qu’il ne sache pas ressentir de compassion ?

Elle n’eut pas le temps de chercher la réponse, car une vague intense de tristesse vint paralyser ses pensées. Elle avait l’impression que le poids du monde venait de tomber sur ses frêles épaules d’adolescente d’à peine 51kg. Il risquait de s’écrouler, ça s’est sûr. A la déclaration du sociopathe, entre le timbre de la voix de l’homme, ses larmes et l’émotion artificielle qui troublait ses sens, elle n’arrivait pas à savoir si il était sincère, où si il s’agissait encore d’une comédie qu’il jouait à merveille.
Melena ferma les yeux pour se concentrer. Elle devrait réfléchir mathématiquement, si elle voulait être capable de s’en tirer en dépit de l’emprise de son pouvoir. Jeremiah était-il louche ? Oui. Devait-elle se méfier ? Oui. Allait-il lui être utile pour le moment ? Apparemment non. Conclusion : pas de raison d’être gentille.
Après tout, enfoncer les gens en pleine détresse n’était pas un fait inconnu pour la necrophobe. Quand bien même l’homme était sincère, ça ne lui ferait aucune peine de l’avoir abandonné. Saisissant son courage pour surmonter sa tristesse qui étouffait sa voix, elle lui dit, froide :

- Dommage. Tu ne m’es d’aucune utilité alors.

Elle essora le vêtement qu’elle nettoyait avec l’intention de déménager. Elle se tourna pourtant vers son acolyte, laissant encore une fois sa tristesse l’envahir pour adapter son ton de comédienne, et lui murmura sur un ton de confidence volontairement juste assez fort pour que les gardiens les plus proches puissent l’entendre :

- Tu devrais arrêter d’utiliser ta capacité spéciale. Sinon tu vas encore te faire assommer.

Sur ceux, elle tourna les talons et s’en fut au bac le plus éloigné possible de Jeremiah, avec dans une main la mince quantité de poudre qui lui restait, et dans l’autre le short qu’elle n’avait pas fini de récurer. L’avantage était au moins de trouver une eau plus proche, qui allait peut-être – soyons fou – lui permettre d’être plus efficace. Elle espérait bien que sa petite réplique de fin n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et que les gardes, lassés de ressentir un cafard qui n’était pas le leur, allaient être convaincus de rendormir leur esclave perturbateur.
De là où elle était, Melena ressentait toujours les effets non-désirés du pouvoir du sociopathe. Mais sans sa présence oppressante à ses cotés, elle pouvait se concentrer à faire le vide et laver en faisant abstraction de ces émotions artificielles.

- Quelle plaie ce type ! Grogna-t-elle entre ses dents.

Le noir se dissipa autour de notre jeune femme, elle ressentait de plus en plus son corps s’alourdir, prenant ainsi conscience de son environnement. Elle était couchée sur des morceaux de bois humides recouvert d’une substance gluante. L’odeur forte des excréments humains la réveilla de suite. Cet endroit était horrible. Elle ne savait pas vraiment se qu’elle y faisait. De plus son corps la faisait horriblement souffrir. Kate pris conscience qu’elle n’avait plus que sa tunique en lin, qui n’était plus toute blanche, comme habits. Elle n’avait plus aucun sous-vêtement, n’y même de short. Que c’était-il passer ? Sa tête lui fît mal. Quelques souvenirs revinrent émerger, entre la rencontre avec les deux marins, le bras noué et le coup assommant, elle chercha à tout remettre à sa place. Elle entendit d’autres personnes pleurer, hurler, ou se taire. Chaque personne avait ses propres réactions face à chaque événement de la vie. Kate chercha malgré elle quelque chose à tordre, ses doigts commençaient à s’agiter tout seuls. Ne voulant pas refaire du mal à une personne vivante, elle n’essaya pas de s’approcher de quelqu’un. Elle commençait doucement à paniquer. Elle partait dans une crise psychotique, alors elle commençait à tordre sa tunique en fredonnant une chanson :

- Toc toc dans ma tête, toc toc de mes nœuds, toc toc dans ma tête de nœuds.

A force de serrer fort, ses jointures pâlirent. Malheureusement, ce besoin d’attache ce faisait de plus en plus pressant, sa gorge se nouait. Alors dans un accès de rage, elle se mit contre le mur et commençait à taper sa tête contre ce qui ressemblait à une coque. Les battements de son cœur accéléraient, son activité avait éveillé des geôliers qui s’approchèrent d’elle. Kate reconnu ses deux agresseurs de l’autre nuit. Le brun avait l’air d’avoir repris l’usage de son bras qui n’était plus sous forme de nœuds.

- Toc toc avec ton bras, toc toc pour un nœud, toc toc avec ton bras en nœud.

Mais son regard n’était pas aussi échauffé que l’autre soir. Il était devenu dur, on sentait qu’il en voulait à Kate. Celle-ci eu peur et continuer à se frapper la tête contre les planches de bois. D’un mouvement violent, le brun l’empoigna par les cheveux et tira sa tête loin des planches, son geste laissai prévoir de lui ramener face contre bois plus violement. Alors que tous ses muscles allaient se contracter, le blond l’arrêta.

- Cela ne sert à rien, tu vas exciter les autres. Je vais l’emmener se calmer sur le pont et après je l’emmènerai travailler dans la laverie avec les autres.

L’homme qui s’était montré violent pour arrêter la jeune fille était devenu son sauveteur d’une nuit. Le blond la pris par le bras et la tira sur le pont. L’air s’engouffra avec merveille dans les poumons de notre jeune fille qui se calma petit à petit. L’odeur putride avait été remplacée par l’air salin. Ses yeux tombèrent sur une cordelette enroulée sur elle-même, son instinct la poussa vers le rebord du bateau et pris l’objet de ses supplices avec une souplesse naturel. Elle s’assit sous le regard curieux de son gardien. Ses doigts étaient habiles et connaissaient maintes techniques pour nouer et dénouer toute sorte de fil, corde et cordage. C’était une démangeaison qui la calmait. Sentir les fibres glisser sous ses doigts, sentir ces liaisons se former, faire un lien solide. Le cœur de Kate se calma et ses yeux parcourront doucement le pont lorsque le blond l’emmena vers la laverie. Seulement un grosse vague venait de s’écraser contre le bateau inondant alors les personnes présentes dont Kate. Trempé jusqu’au os, elle commença à grelotter. Elle fût conduite dans une pièce où des personnes plus ou moins habillés frottaient le sol. C’était donc la condition de beaucoup de passagers ici. Elle comprit non s’en difficulté l’objectif du travail. Elle se tourna alors vers la pile de vêtement, et pris une espèce de polo déchiré. Elle se tourna vers la pile où se trouvais l’eau, prenant soin de contourné les autres pour pas gâcher leur travail elle vu une pauvre fille suspendus se qui eu pour effet de produire un frisson dans le dos de Mlle Penny. L’eau était chaude, elle y sera restée un bon moment pour se réchauffer s’il ne faillait pas travailler. Elle y plongea son bout de tissu improvisé et alla dans un coin où il n’y avait personne. Elle commença son œuvre sur une toute petite surface pour être plus efficace. Kate remarqua que sa tunique colla à sa peau avec des bruits de succion désagréable. Tournant sa concentration sur le sol et a essayé de faire revivre le bois sale.

Cessez d’utiliser son pouvoir?
Non c’était trop amusant pour arrêter.
L’utiliser avec parcimonie oui, il ne fallait pas abuser des bonnes choses!
Melena s’était a nouveau éloigné…
Est-ce qu’elle refusait de jouer?
Jeremiah fronçât les sourcils. Trop tôt pour le dire…
Maintenant toujours la pression de sa tristesse, il repris le lavage de linge avec encore plus d’ardeur, éclaboussant le sol.
Apparemment la tristesse dirigé vers Myia ne semblait pas vraiment atteindre leurs geôliers.
Dommage…
Alors qu’il réfléchissait a de nouveaux divertissement pour casser cette monotonie, une nouvelle venue fit son apparition.
Encore un cadeau de se monde pour le sociopathe, a croire que tout était fais pour lui ici.
Le femme était déjà a moitié nue, pas de difficultés d’adaptation pour elle vu qu’apparemment c’était devenu une laverie nudiste…
La femme était plutôt jolie et ne semblait pas le moins du monde dérangée par sa semi-nudité, enfin une personne normale!
Elle jeta des regards alentours.
Semblant un peu perdu il se dirigea vers le tas de linge et munie d’un vêtement elle commença a frotter… Le SOL???
Jeremiah en oublia totalement son exercice précédent et la tristesse filtrant dans la pièce éclatât comme une bulle de savon.
Le calme repris le dessus au milieu des bruits d’eau.
La nouvelle arrivée semblait concentrée sur sa tache.
Un comportement fascinant.
Le sociopathe stoppa sa propre activité et changea de bac, s’approchant de la laveuse de sol.
Il ne pris même pas la peine de reprendre le lavage et resta simplement a observer cet ovni.
Il en avait oublié tout le reste tant sa nouvelle amie promettait d’être amusante.

La tristesse qui lui serrait les entrailles éclata enfin avec une telle brusquerie que l’adolescente leva les yeux pour regarder ce qui avait perturbé Jeremiah. Une jolie jeune fille vêtue d’une simple tunique blanche souillée et trempée venait de faire son entrée dans la laverie. Son corps couvert de tatouage floraux intriguait autant la necrophobe que la passion distraite qu’elle semblait avoir pour une petite cordelette qu’elle nouait et renouait machinalement. Elle avait l’air sereine et apparemment absolument pas dérangée de sa semi-nudité. Melena se mit à grogner qu’elle devait sûrement être une de ces allumeuses qui jouaient les nudistes à la plage, qui se croyait débarquée en camp de vacances. Elle replongea donc dans sa besogne, décidée à ne pas se laisser distraire par la nouvelle venue, mais le bruit répété de son haut mouillé finit par lui faire relever la tête avec exaspération.
L’adolescente fut une nouvelle fois étonnée, non-seulement face à la concentration à toute épreuve de Kate pour le sol, mais également par le sociopathe qui s’était posté près d’elle, attributs à l’air, pour la détailler avec un intérêt douteux.

*Je le savais…* Songea l’irlandaise. *Il a trouvé une autre physionomie à mâter et hop… à l’assaut*

Elle détourna un moment son regard des deux silhouettes insolites, avant d’être prise d’un élan de compassion pour la psychotique qui était devenue la nouvelle proie de Jeremiah. Non pas qu’elle se sentait prise d’affection pour elle, mais elle estimait que toute personne se devait d’être prévenue face à la menace potentiel qu’il représentait à ses yeux.
Melena mit donc de coté sa pudeur à attirer l’attention dans une tenue aussi peu avantageuse, pour interpeller Kate.

- Tu devrais te méfier de ce mec là… je sais pas trop ce qui l’amuse dans le fait d’épier les gens, mais il est capable d’influencer les émotions de ceux qui l’entourent. Te laisse pas manipuler… c’est un grand acteur en plus.

Sur ces dernières paroles, la necrophobe avait froncé les sourcils en jeta un regard froid au sociopathe avant de se recentrer sur sa tâche.
Voilà la nouvelle prévenue, elle ferait totalement ce qu’elle veut des avertissements de l’irlandaise. Le reste, ce qu’elle trafiquait par terre, ce qui adviendrait entre elle et Jeremiah, ne la regardait pas.
Elle avait déjà bien assez de se soucier d'elle-même.

Aux yeux de Jeremiah, la laverie prenait de plus en plus des airs de fête d’anniversaire. De plus en plus de gens ici ce révélaient intéressants.
D’abords Myia, puis Melena, même les gardes s’en étaient mêlés, des types très pros ces gardes d’ailleurs.
Sales et rustres ils connaissaient pourtant bien leur affaire, comme le prouvait la bosse sur l’arrière de son crane.
Bon c’est vrai qu’il y avait eu un incident, Melena avait presque fini par refuser de jouer.
Presque! Mais ça n’était pas encore sur, on pourrais toujours voir ça plus tard.

Et maintenant voilà qu’une nouvelle arrivante faisait son entré et démontrais qu’elle souhaitais être une joueuse a part entière! Non seulement une joueuse mais apparemment elle voulais aussi tenir les cartes elle-même.
Elle s’était dénudé complètement de son propre chef, exposant son corps a la vue de tous sans gêne. Elle était bien faite et savais mettre ses attributs en avants, un bon point pour elle, Jeremiah n’avait rien contre le fait de se servir de son corps comme un outil.

La femme pris sa défense quand Melena tentas de la mettre en garde.
En garde contre quoi d’ailleurs? Jeremiah ne lui voulais aucun mal!
Décidément la ressuscité était pleine de surprise, cela faisait peu être partie de son jeu.
La nouvelle tira sa diatribe tout en le fixant, elle énonça pas mal de bêtise mais son regard était intéressant.

Melena jalouse de lui? Non s’en doute pas. Il ne voyais aucune raison pour le fille soit jalouse, il étaient tous logé a la même enseigne ici.
Quelqu’un de bien? Jeremiah avait toujours su qu’il n’était pas quelqu’un de « bien », mais peu importe, elle avait aussi dit qu’elle voulait être gentille avec lui.
Ils pourraient sans doute devenir de bons amis en somme.
Jeremiah souris d’un air ravit, toute personne arrivant a cet instant lui aurait trouvé n air presque comique avec sa tête penché sur le coté et les yeux toujours rivés sur Kate.

Cette dernière noua en tout sens et avec une dextérité impressionnante un morceau de tissu qu’elle lança aux pieds de Melena avant de lâcher une menace.
Elle se montrait ouvertement offensive en plus, en entendant ses mots le sociopathe posa les yeux sur le cou de Kate, sa peau était quasi parfaite et la courbure de sa nuque appelait aux caresses, nul doute qu’elle savait jouer de son physique.
Jeremiah aimait cette partie du corps des gens, endroit si sensible et fragile.
Il fut coupé dans ses réflexions par la femme qui le frôla, un frisson couru sur sa peau. Nul doute que se geste n’était en rien un accident.
Très offensive oui.
Puis elle se présentât avant de lui faire une proposition.

-Jeremiah, enchanté.

Le sociopathe lui tendis la main, tout sourire.

-La brunette a raison apparemment j’influe sur les émotions des gens mais ce n’est pas volontaire il faut me croire. Je pense qu’on a tous besoin de se serrer les coudes ici.

Son ton s’était fait désolé mais ses yeux pétillaient d’amusement.
Il approcha son bac d’eau de Kate, n’accordant pas plus d’attention a Melena.

-Je ne sais pas ce que tu prépares mais fais attention, nos geôliers sont déjà sur les nerfs.

Il lui attrapât doucement le poignet, arrêtant ainsi son va et vient sur le sol.
La regardant dans les yeux il lui posât une chemise presque propre dans sa main.

]b]-tiens celui-ci feras plus l’affaire.[/b]

Attendant de voir sa réaction il ne relâchât pas sa main.

Melena crut un instant qu’on avait lancé sous ses yeux une scène satyrique destinée à la faire rire – ou en tout cas essayer. Non seulement la nouvelle arrivante se déshabilla d’elle-même, avec la mine presque désolée de celle qui a oublié d’honorer une coutume locale, mais en plus elle se mit à tourner autour du corps nu du sociopathe avec un regard insistant et intéressé.
Jalouse ?! Bah voyons…
La necrophobe jeta un regard mauvais à Jeremiah. Quelque chose en lui indiquait qu’il n’avait rien du gentil qui attendait d’être compris. Il épiait le corps de la psychotique avec attention, mais son observation semblait distante et mesurée, comme quelqu’un qui calculait calmement - voire froidement - ses coups à venir. La réplique défensive de Kate sonnait de plus en plus faux, au fur et à mesure que l’irlandaise pouvait évaluer les intentions de deux compères. Aussi dérangé l’un que l’autre, ils se lançaient tout deux dans un jeu où le plus malin réussirait finalement à manipuler l’autre… mais lequel prendrait le dessus ?
Lorsque la jeune femme lui lança une menace, Melena soutint son regard ferme de ses yeux froids qui ne laissaient rien paraître. Un frisson parcourut sa peau pâle dénudé ; ce n’était en rien un défi en l’air, Kate n’était sûrement pas ici parce qu’elle avait peur du noir. Elle semblait instable et dangereuse pourtant… l’adolescente n’avait jamais eut pour habitudes de se laisser faire, et encore moins par une garce qui s’exhibait au bon plaisir des pirates, quand ces mêmes hommes l’avaient contraint à se retrouver en sous-vêtement. Puisque sa comparse retournait son attention vers le sociopathe, l’irlandaise se baissa pour saisir avec lenteur le tissu noué qui avait été jeté à ses pieds. Dans le dos de Kate, elle s’approchait doucement en fixant Jeremiah d’un œil attentif : il était trop absorbé par les iris bleus de sa compagne, mais si il levait la tête, il apercevrait sans aucun doute la brunette qui s’approchait en préparant son crime. Une fois assez proche, la necrophobe se mit vivement à genoux et passa la bande de tissu autour du cou de la reine des nœuds avant de la tirer vivement à elle, coupant court sa discussion avec son nouvel ami. Elle sentit la peau délicate de la jeune femme contre la sienne, et la chaleur de son corps libéré rependit malgré lui une onde douce le long de l’échine de l’adolescente. Elle jeta à Jeremiah un regard glacial qui lui intimait de ne pas chercher à intervenir, avant de se pencher sur l’oreille de sa proie.

- Je ne sais pas où tu te crois, mais ici, t’es dans la même merde que tout le monde. Corps de bonnasse ou pas. Alors j’vais te dire un truc… n'essaye plus de me menacer comme ça, ou alors ait au moins l’intelligence de ne pas me tourner le dos immédiatement après.

Après une dernière pression qui ponctua la fin de sa phrase, Melena lâcha le tissu et s’en retourna à son poste avant que les gardes qui s’élançaient déjà vers l’altercation ne l’aient saisit de force. Elle reçut une calotte au passage, sensée lui rappeler qu’elle devait se dépêcher, puis elle récupéra le vêtement qu’elle lavait machinalement, grimaçant à la douleur de ses courbatures. Plus vite elle aurait finit, mieux ça vaudra. Avec des cas comme les deux oisillons nus qui se pavanaient dans un coin de la laverie, l’air de la pièce déjà moite et surchargé en détergent devenait irrespirable. Elle commençait à regretter de ne pas s’être réveiller à temps pour rejoindre les cuisines, avec les autres filles opérationnelles ; le taux de nudistes devait y être largement inférieur.
Bien qu’elle s’était remit à la tâche, la necrophobe ne quittait pas sa nouvelle ennemi du coin de l’œil, des fois qu’elle cherche à donner suite à leur petit incident. De temps à autre, c’est Butter qu’elle regardait, laissant ses pensées silencieuses défiler dans ses yeux :

*Vous attendez quoi pour calmer les deux cocos là ?! Et Myi-myi vous la détachez quand ? Elle va mourir comme ça !*