Le front collé contre la vitre embué par son souffle chaud, le regard figé sur la pluie, vomie par les nuages anthracite tachant le ciel, battant les carreaux avec force, Adonis laissait la blancheur immaculée de la pièce absorber sa vitalité, son odeur propre aux salles d'hôpitaux lui donner la nausée. Il tapota doucement le rebord de son siège dans une mélopée frénétique, avec ses doigts, conduits par leur propre volonté. Il soupira largement, immobilisa sa main sur l'accoudoir, jeta un coup d'œil terne à ceux qui, comme lui, était dans l'attente de savoir ce qui se passerait une fois la porte résolument close franchie. On lui avait parlé de Dr. Parkinson comme un Monsieur Miracle. Si la médecine moderne savait soigner les pathologies mentales, ça ferait belle lurette qu'il n'y aurait plus de cinglés sur cette planète. "Ca vaut le coup d'essayer, Adonis". Peut-être. Il n'était pas sûr que cela le conduise à grand chose, où que ça ait un résultat quelconque. "Tu n'as pas la notion du bien et du mal, pas de surmoi. Tu établie tes propres règles, mais ce ne sont pas celles acceptées socialement." Combien de fois lui avait-on expliqué son problème sous différentes formes, combien de médecins, de psychologues avait-il vu, combien de thèse avait-il lu, et ce pour toujours en revenir au même résultat ? Ce n'était pas une maladie d'ordre physique, incurable, donc. Dr. Maboul n'y pourrait rien de plus.
Et puis, son cas n'était pas si grave qu'il en avait l'air. Adonis était conscient de la plus pars des choses, conscient du politiquement correct, qu'il respectait à la limite de ses attributions.
"-Adonis Grandy ?"
L'interpelé releva la tête, puis vissa son regard à l'homme qui lui avait adressé la parole. Il était d'un certain âge, grisonnant, les rides profondément ancrés sur son visage. Celui-ci lui adressa une invitation à entrer dans le bureau. Adonis se leva, parcourra des yeux l'assemblé avec un sourire goguenard, puis, sans prêter attention aucune au médecin, rentra dans la pièce. Rien d'original à cette pièce, rien qui aurait pus marquer la véracité des échos enchantés que le garçon avait entendu. Tant pis.