Sa course poursuite lui arrachait de sévères piques de douleur dans la poitrine, mais jamais il ne vint à Melena l’idée de ralentir la cadence. Elle courrait machinalement, sans prêter grande attention à ce qui l’entourait, car son dernier meurtre commençait à sérieusement la faire réfléchir. Elle avait toujours peur au fond, qu’à force de la fréquenter de trop près, la mort finirait par l’engloutir elle aussi de sa grande ombre noire, et cette simple pensée lui nouait l’estomac. Mais avec un paradoxe étonnant, lui apparaissait le fait que jusqu’à maintenant, tuer ses ennemis lui avait garantit de préserver sa vie, et elle était certaine de ne sûrement pas hésiter longuement si jamais l’équation se présentait de nouveau. Le sang qui tâchait ses vêtements et son arme était comme un post-it agrafé dans sa chair, qui lui faisait horreur tout en lui susurra d’une voix ensorcelante « C’est bien ! C’est comme ça que tu dois agir si tu veux survivre dans ce monde ! ». Après tout, étant donné tout ce que Dreamland lui avait fait subir, l’irlandaise pouvait bien lui rendre la pareille non ? Sa peur de mourir lui donnerait la force de surmonter l’horreur de l’acte, même si elle devait ensuite sombrer dans des cauchemars sans fin.

Sa réflexion fut coupée court car son pied trébucha sur le sol meuble du sommet d’une colline et elle la dévala rudement. Son pieu lui échappa des mains en même temps que l'emprise de Jade, et les roulées-boulées qu’elle faisait lui arrachait des gémissements de douleur à cause de sa cote qui en voyait de belles. La réception dans un buisson de ronce ne fut pas pour apaiser les souffrances de l’adolescente qui poussa un dernier cri avant de serrer les dents pour se contenir. Sa fracture avait certainement dû s’aggraver après avoir été partiellement soignée par les soins du personnel du Colisée, et sa peau blafarde était striée de plusieurs irritations et écorchures qui la picotaient désagréablement. La nécrophobe aperçut son arme à portée de main. Elle la saisit nerveusement, avant d’accepter l’aide de son amie pour se remettre sur ses pieds. La douleur au creux de sa poitrine était suffocante ; elle dû rester un moment appuyée sur ses genoux pour reprendre son souffle, avant que l’herbe haute qui lui chatouillait le nez dans cette position ne l’incite à se redresser. Elle passa le fourreau en cuir du pieu en bandoulière, s’épousseta du mieux qu’elle put en évitant que les épines restées sur ses vêtements et ses longs cheveux ne se fichent dans ses mains déjà abondamment griffées, et jeta un œil en haut de la colline.

- Ils ont l’air d’avoir laissé tombé oui, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée de remonter tout de suite.

Melena accorda un bref sourire à la psychotique, peinant à retenir la sensation de joie inexplicable que lui inspirait cette situation.

- Mais… on est enfin libres !

Cédant à un accès d’euphorie qu’elle-même n’aurait jamais crut pouvoir ressentir un jour, la jeune fille se jeta dans ses bras de son amie pour l’étreindre sans retenue. Ça n’était qu’une étreinte amicale, mais il faut croire que sa déclaration lâchée dans l’oreille d’une sourde avait légèrement dégelé son malaise, car Melena n’éprouvait pas la moindre gène quant à avoir pris l’initiative de cette proximité ; elle se sentait simplement heureuse que toutes meurtries et griffées qu’elles étaient, les deux acolytes inséparables depuis la fin de l’épisode de l’Asmodée étaient toujours ensembles, libres et saines et sauves.
L’irlandaise avait l’impression qu’on l’avait débarrassé d’un poids insupportable, et le souvenir des Loups de la Croix blanche qui les avait traqué quelques instants auparavant était déjà loin. Elle jeta un œil souriant à ses compagnons qui devaient sans doute être stupéfait de voir une telle démonstration d’allégresse sur le visage de la nécrophobe qui avait habitué tout le monde à sa mauvaise humeur acide, et quand elle aperçut Abel, vêtu d’un élégant costume qui jurait avec les hautes herbes qui les entouraient, elle s’approcha avant de lui tendre une main pâle couverte de fines lignes rougies.

- On peut dire que tu es tombé à pic. Merci à toi. T’es un nouveau voyageur pas vrai ? Je ne sais pas qui ni comment tu as été expédié ici, mais il faut croire que cette personne à un sens de la précision infaillible. Comment tu t’appelles ?

La jeune fille n’eut pas le temps de se présenter elle-même, car un hibou brun noisette hulula gaiement dans le ciel bleu avant de descendre vers le petit groupe et de lâcher un journal sur sa tête et de se poser son épaule.

- Hé !

Intriguée, Melena fit quelques gestes pour que l’oiseau s’en aille de son perchoir – et accessoirement cesse d’enfoncer ses serres dans sa peau dénudée par son haut un peu trop grand - mais il ne répondit qu’en lui tendant une patte où était accroché un stylo. L’adolescente s’en saisit lentement comme si elle s’attendait à une mauvaise blague avant de se pencher pour ramasser ce qui était tombé. C’était le numéro du jour du Dreamland soir accompagné d’un petit carton vert sur lequel on pouvait lire : « Melena Autumn ! Vous avez été désignée pour recevoir notre offre promotionnelle exclusive ! Signez simplement de votre nom et prénom pour recevoir régulièrement notre édition du Dreamland soir par hibou postale ! Vous recevrez votre numéro sans faute, où que vous soyez ! »

- T’as vu ça Jade ?! Comment ils connaissent mon nom ?!

Elle tendit le carton d’abonnement à son amie en déroulant le journal pour y jeter un œil. Les dernières nouvelles du monde des rêves ne l’intéressaient pas plus que ça, mais à la section publicité, deux annonces attirèrent particulièrement son attention : Bobby the Kid et Madame Labeau Nefaie. Sans se formaliser de leurs noms qui tenaient de la parodie, les services qu'ils proposaient pour subvenir aux besoins des voyageurs étaient tout à fait intéressants.

- Oh bah ça alors…

Le hibou hulula d’un air de dire « bon, tu te décides ? » et Melena reprit le carton d’abonnement des mains de la psychotique pour le signer.

- Oui oui, ça va…

A peine eut-elle finit que le rapace attrapa le bout de papier cartonné et le stylo dans son bec avant de filer, lui laissant une petite griffure sur l’épaule au passage. L’adolescente n’était plus à ça près, et elle se contenta de hausser les épaules en lâchant autant pour elle-même que pour tous ceux qui avaient suivi la scène.

- Ca peut toujours servir…

A peine ses yeux s’étaient refermés, que ses jambes s’allégèrent et son esprit se vida de toute pensée superflue. Ne restait que son envie de dormir et de laisser fuir le temps pendant quelques heures, quelques jours, le temps nécessaire pour prendre du recul face à tant de violence. Un vide immense s’était créé sous son corps et l’entraînait à grande vitesse vers un autre lieu, un monde rien qu’à elle. Cela faisait longtemps que son esprit l’avait tenue à l’écart de se monde imaginaire rayonnant. Tout y était lumineux, animé, vivant, joyeux et reposant. Mais la chose qu’elle apprécia le mieux était surement ce fort sentiment de sécurité. C’était comme si elle était dans un petit cocon protecteur à l’écart de tout, mais pas à l’écart de tous.
Myia humait l’odeur des gâteaux qu’elle avait commandés à des personnes bienveillantes. Celles-ci même prenaient soin de ses cheveux, de son visage lui arrachant des grimaces lorsqu’elle tentait un sourire. Par bonheur, elle ne sentait aucune douleur, s’arrangeant pour rester hermétique aux sensations de son propre corps.
Etait-ce du aux différentes mixtures qu’elle avait ingurgité ou à son imagination ? Quoiqu’il en soit, rien ne lui rappelait son voyage à Dreamland. Son esprit divaguait, dans un monde à l’opposé de celui qui l’avait tant fait souffrir. Qu’est-ce qui pouvait bien la motiver à quitter ce refuge ? Melena qui n’avait eu de cesse de la rabaisser et de la mépriser ? Surement pas. Elle était sa première rencontre dans ce monde de fous, et sa déception avait été de taille. Mais après tout, rien ne la poussait à en vouloir à cette Jane Doe. Au moins, ni l’une, ni l’autre ne serait seule à présent. Quand à Yoru et Kalyss, ils étaient tous deux biens plus amicaux. Le premier l’avait sauvée d’une mort certaine sur l’Asmodée tandis que le second l’avait tirée d’une solitude pesante. Leurs deux visages apparurent à son esprit, comme des images subliminales, et un pincement étrange prit naissance dans sa poitrine.

Au bout d’un temps qui ne lui sembla pas suffisant pour se reposer, elle fut conduite dans un espace étroit. Il devait la conduire quelque part puisque son corps tanguait au rythme de son moyen de locomotion. Ce rythme restait apaisant et la maintenait dans un état d’euphorie extrême. Tout était beau, tout était joli, tout sentait bon, tout était bon.
Les visages familiers ne la quittaient maintenant plus. Tous dormaient ou somnolaient. Depuis quand n’avait-elle pas parlé ? Sa gorge n’était pas douloureuse, mais c’est comme si elle avait oublié comment s’en servir. Il lui était pour le moment impossible d’articuler quoi que ce soit. La fin de ce balancement lancinant éveilla sa curiosité. Etait-elle arrivée, avec ses compagnons fantômes ? Des bruits étranges émanaient de la sortie lumineuse du véhicule. Le vent surement. Pourtant ses compagnons fantômes se redressaient sur leurs jambes transparentes tandis qu’ils animaient leurs lèvres.

* Qu’est-ce qu’il se passe ?*

Les battements de son cœur s’accéléraient alors qu’elle ne pouvait comprendre se qu’il se passait autour d’elle. Son sentiment de sécurité commençait à s’envoler au fur et à mesure que les images devenaient moins floues et plus prenantes. Alors qu’elle restait immobile, le regard hagard, quelque chose s’était emparé de son bras pour l’extirper du véhicule. Myia s’était mise à courir sans comprendre, profitant de cette lumière blanche aveuglante comme si c’était la première fois qu’elle la voyait. La gamine goûtait enfin cette liberté, s’enivrant encore plus qu’elle ne l’était du vent qui agitait ses cheveux et la faisait tressaillir de joie. Un gargouillis naissait dans sa gorge enrouée, en écho à sa joie sans limite. Mais elle reprenait de seconde en seconde le contrôle de son corps, si bien que ses jambes lui pesèrent subitement.
Le sol s’écroula de nouveau sous elle, mais cette fois-ci le vide fut remplacé par un, deux, trois… pour perdre le compte au bout de dix impacts sur un sol. Lorsqu’elle tournait en l’air, elle criait de joie, avec un « youhou » de plaisir. Voler avait toujours été un de ses rêves. Le contact sur la terre sèche et rugueuse lui arrachait un grognement étouffé, tandis que ses cheveux se plantaient dans ses yeux et sa bouche.
Finalement, elle perdit tout contact avec son monde idyllique pour prendre de plein fouet toute la violence et la colère de ce monde. Même la nature s’était retournée contre elle. Ses compagnons n’étaient plus des apparitions, et il en était terminé de cette lumière envoutante, de ces paysages florissants. Mais il lui restait une chose, une chose bien plus précieuse que toutes les douceurs qui son monde lui offrait : le goût de la liberté, tant physique que morale.

Myia, prise d’une frénésie hors norme se redressa sur sans jambes, toute chancelante par cet excès subit de sang dans sa tête et les coups reçus lors de ses cascades. Elle attrapa les mains de Kalyss qui était le plus près d’elle pour l’entrainer dans une ronde joyeuse, fit de même avec Jane Doe qui semblait elle aussi soulagée. La gamine se jeta dans les bras de Melena en les quittant très vite pour s’approcher de Yoru. De peur de lui causer une crise, elle lui sourit tout en le saluant maladroitement. Un nouvel invité les avait rejoints, et à défaut de se demander d’où il sortait, elle le salua aussitôt. Oui, elle partageait sa joie avec lui aussi.
Un objet non identifié apparut alors dans son champ de vision. On aurait dit une sorte de ballon avec des ailes. Sa vue n’était pas encore bien stable et le ciel aveuglant n’était pas pour l’aider. L’enfant sautillait pour l’attraper, mais la chose n’était pas aussi stupide pour s’approcher à la hauteur de ses mains.
A défaut de satisfaire cet élan de curiosité enfantin, elle s’installa sur une partie du sol qui ne s’était pas dérobé, un coin ou l’herbe serait confortable. Après une moue satisfaite, elle s’allongea et ferma les yeux. Pour la première fois, l’enfant se força à parler, et s’étonna de sa voix rauque et tremblante. Etait-ce parce qu’elle pouvait de nouveau rêver, espérer, vivre et surtout faire ce qu’elle voulait, où elle voulait ? Possible.

- Et… où on va maintenant ?

(HRP : Désolé si vous trouvez ça court ^^' Je ferais mieux la prochaine fois. Et pour le cooldown du pouvoir, je considère que ce que je racontais dans mon premier message n'était qu'un flashback du coup j'ai aps commencé les cooldowns a partir de là mais à partir de maintenant, première vraie manifestation du pouvoir en RP. J'espère ne pas avoir mal fait.)

[hrp : pas besoin de t'excuser pour la longueur, elle est tout à fait satisfaisante o_o]

Après que Myia lui ait sauté dessus pour l’étreindre comme une enfant pleine d’une gaieté insouciante, Kalyss dressa son petit calepin sur lequel il proposait de manger, après la petite remarque soulevant le parallèle entre la réception de son numéro du DL soir et Harry Potter. La réplique de Jade fit rire la nécrophobe et de concert avec elle, son hilarité prit brusquement fin quand Abel réclama d’être ramené à San francisco. Si l’arrivée du hibou lui avait fait oublié que l’homme avait toisé sa main avec dédain, elle ne pouvait pas passer à coté du ton impérieux qu’il avait employé, comme si chacune des autres personnes présentes – elle y comprit – étaient une bande de sous-larbin sensés lui obéir au doigt et à l’œil. Melena retrouvait son regard glacial pour le ficher dans les yeux du mégalomane.

- Et bien… le président de la Déifitruc corp, il n’a qu’à se re-téléporter tout seul.

Un instant, elle crut que c’était ce qui était en train de se produire, mais en réalité, Abel rétrécissait à vue d’œil, jusqu’à disparaître dans les hautes herbes. Dans un contexte différent – ou peut-être simplement avec une personne plus aimable – l’adolescente aurait sûrement éclaté d’un rire clair, alimenté par la joie qui emplissait encore vaguement son cœur ; mais cette fois-ci, le sort du voyageur ne lui tira qu’un sourire en coin sarcastique qui s’élargit quand son amie l’attaqua la première.

- Tu es sûre ? J’suis persuadée qu’il aurait dû être plus petit dans ce cas.

L’irlandaise observa l’homme se débattre pendant quelques instants, prêtant une oreille mesquinement amusée aux propos de la psychotique, avant de prendre son inspiration, non sans que ses lèvres ne se crispent sous le coup de la douleur qui irradiait sa cage thoracique.

- Écoute bien Babibel. Que tu sois le PDG d’une grande firme dans le monde réel, ça n’a pas plus d’importance ici que la couleur des chaussettes que porte le roi de suède. Tu viens d’avoir une démonstration tout à fait convaincante que nous ne sommes pas les bienvenu, mais si jamais ça ne t’as pas suffit, je pense qu’on peut t’arranger une rediffusion très vite.

Les yeux gris pâles de Melena étaient si froids qu’elle aurait presque put jurer voir sa victime geler sur place. Elle trouvait cela extrêmement fort qu’un type qui débarque de nulle part en costard se permette d’exiger la moindre chose d’elle, après tout ce qu’elle avait eut à vivre à Dreamland. Elle réajusta son haut de toile tâché de sang avant de réunir ses cheveux dans une main pour les rabattre sur la gauche de son visage blême. La petite crise d’Abel avait coupé court à son élan d’allégresse, et désormais, sa propre réplique la faisait réfléchir sur ce qu’il convenait de faire pour la suite. Elle entendait bien rester avec son amie oui, mais aucune d’elle n’avait de véritables vivres, encore moins d’endroit où dormir, sans compter qu’il allait sûrement falloir éviter de repasser par Sextus. D’un œil impassible et calculateur, la jeune fille jaugeait ses compagnons de route. Elle n’aimait pas tellement Yoru, gardait une dent contre Kalyss depuis une démonstration malvenue de son pouvoir dans les écuries du Colisée ; et Myia, bien que leur rencontre qui lui évoquait une sorte de lointain sentiment de nostalgie, elle ne se voyait pas lui demander de l’accompagner. Après tout, jusqu’à maintenant, ils étaient restés ensemble parce qu’ils n’avaient pas eut le choix, non ? Maintenant qu’ils étaient défaits de toute attache, il n’y avait aucune raison qu’elle s’encombre de partenaires indésirables – ou qui tout du moins, risquaient de lui taper sur le système.
Sans prêter plus d’attention au mégalomane toujours suspendu entre les doigts de Jade, Melena lâcha d’une voix sèche qui contrastait fortement avec son humeur jovial d’il y avait quelques instants.

- Je crois que c’est ici que nos routes se séparent.

Son regard bifurqua vers la colline qui les surplombait. Sur le flanc, une abondante trainée de terre retournée et de brin d’herbes couchés témoignaient de la chute des voyageurs. Il ne semblait plus y avoir la moindre présence au sommet, et puisqu’il fallait bien qu’un jour ils sortent du nid de ronces qui les avait gentiment accueillit, l’irlandaise commença prudemment l’ascension, en essayant de se faire la plus discrète possible. Une fois parvenue à proximité de sa destination, elle se courba en sortant son arme de son fourreau, chancela sur le sol encore trop meuble, et finalement parvint à jeter un œil par-dessus la colline. Sur la route sinueuse que leur chariot empruntait, il ne restait plus que les cadavres des gardes qui doraient paisiblement au soleil. Cette vision lui arracha un sentiment nauséeux, et elle s'accroupit sur l'herbe à l'abri des regards venant de l'autre coté. De toute les façons, ils n’allaient pas pouvoir camper dans le coin des jours, car si ce n’était pas l’odeur des corps en décomposition qui risquait d’être portée par le vent jusqu’à la métropole que l’on apercevait encore trop distinctement, d’autres marchands qui empruntaient cette route risquaient de croiser le massacre. Il allait falloir très rapidement mettre le plus de distance possible avec cet endroit.
Melena redescendit prudemment la colline, rengainant son arme encore couverte du sang du criminel, puis se posta à proximité de Jade. C’est à elle qu’elle s’adressait tout particulièrement, mais sa voix était volontairement assez forte pour que tout le monde puise l’entendre. Elle ne voulait pas poursuivre la route avec eux, ce n’était pas une raison pour se montrer inutilement puérile.

- Pour le moment, la voie à l’air dégagée, je suppose qu’ils pensaient qu’on mourrait dans les ronces.

Ces simples mots déclenchèrent un petit frisson qui lui donna la chair de poule. Un quart de seconde, elle se vit inerte, enchevêtrée dans des lianes épineuses qui déchiraient sa peau impitoyablement. Elle chassa cette image horrifiante en fermant les yeux, secouant légèrement la main comme si elle cherchait à évacuer un moustique, avant de reprendre.

- Mais il faut qu’on s’en aille très vite. Ils ont volé le chariot en embarquant les cadavres de leurs partenaires. Il ne reste plus que ceux des gardes, et je peux vous dire qu'ils ne passent pas inaperçu. Et quand on leur mettra la main dessus, je vous laisse deviner qui seront les bonnes poires qu'on accusera... je ne tiens pas à être rattrapée par les autorités sextusiennes, et encore moins ce cher Bénificcus.

Cette perspective fit naitre une pointe de peur dans le cœur de la nécrophobe. Voilà qu'à peine libre, il n'était plus qu'une question de temps pour qu'elle soit taxée du titre de meurtrière fugitive ; et cette idée n'était pas pour l'enchanter.