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 Formatek, la ville du nouveau départ

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Jade Martins
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Jade Martins

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MessageSujet: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyVen 19 Nov - 23:38

Entendre la voix de Melena avait été un soulagement tel que les pleurs de Jade redoublèrent. Elle aurait voulu lui dire qu’elle était heureuse, tellement heureuse de ne pas être seule, que la mort n’ai pas une nouvelle fois frappé l’autre moitié des éternels duos dont elle faisait partie… mais ne réussit qu’à attraper la main de sa camarade pour se remettre debout en essuyant à l’aide de sa manche les chutes du Niagara qui dévalaient ses joues. La suite par contre n’eut pas de quoi la réjouir : la voir vivante semblait suffire à l’irlandaise qui comptait partir sans même s’assurer de la survie de leurs deux compagnons de route. La bonne jumelle de son côté répugnait à les laisser derrière, sans même savoir s’ils étaient vivants ou morts. Inutile de dire que les arguments de Melena étaient loin de la convaincre.

- Mais s’ils sont vivants ?! On va pas les laisser là quand même ! Si les gens d’ici sont vraiment aussi mauvais que tu le supposes ils pourraient leur faire n’importe quoi… et même s’ils sont morts on devrait les enterrer ou un truc comme ça non ? Dire un petit mot sur leur tombe, pour les honorer enfin tu vois…

Devant le regard fuyant de la nécrophobe elle comprit que c’était peine perdue, et n’ayant aucune envie de rester en arrière pour jouer les croque-morts elle suivit Mel’ bon gré mal gré non sans afficher sa désapprobation.

Dehors les gens s’étaient attroupés au bord des quais pour contempler la catastrophe et déjà les sirènes des ambulances raisonnaient dans l’air matinal. Blaine s’était apparemment écrasé dans une gare légèrement plus imposante que celle dans laquelle ils avaient embarqué, et bien plus peuplée. Les voyageurs matinaux portaient tous des tenues futuristes atrocement moulantes, souvent criardes et bardées de fermetures magnétiques leur permettant probablement de se déshabiller en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

**Pratique pour aller aux toilettes.**

Jay chassa cette pensée stupide tout en s’extirpant du wagon sous les murmures de la foule, ce qui n’était pas chose facile étant donné la manière dont sa vessie la torturait. Elle s’éloigna de la carcasse du monorail en évitant les débris jusqu’à rejoindre un quai sur lequel elle se hissa. Aussitôt un cercle se forma autour de leur duo, les regards curieux pleuvant sur elles. La bonne jumelle ne put que saisir au vol quelques bouts de phrases qui eurent au moins le mérite de la rassurer sur les intentions des habitants de Formatek.

- C’était Blaine non ? Un miracle qu’elles soient en vie…

- …viennent de Miquitzli non ? Ca fait un sacré chemin.

- Les pauvres…

-… d’autres survivants…

La brunette se colla à sa camarade, cherchant à tâtons sa main pour trouver du réconfort dans la proximité. Elle se sentait comme un rat de laboratoire. Enfin non, pas vraiment… plutôt comme ces chiots dans la vitrine des animaleries qu’on observe nez collé à la vitre en prenant en pitié ces pauvres bêtes siiiii mignonnes. Dans tous les cas elle n’aimait pas ça, pas du tout même.

Il fallait à tout prix briser ce cercle et se soustraire à l’attention. La dernière chose à faire était de se laisser embarquer par les secours locaux. Ils avaient beau être compatissants, rien ne disaient qu’ils ne tenteraient pas de leur voler leurs reins une fois bien à l’abri entre les murs de leurs hôpitaux. Elle leva donc la main en signe de salut timide et finit par tenter non sans longuement hésiter :

- Euh… vous inquiétez pas tout va bien ! Maintenant si vous voulez bien nous excuser…
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Melena Autumn
Melena Autumn

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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 20 Nov - 0:08

Melena cligna des yeux lorsque la lumière du soleil put enfin pleinement frapper ses yeux qui s’étaient habitués à l’obscurité et la première chose qu’elle vit fut une foule de gens les épiant bouche bée ou piaillant à voix basse, habillés de façon qu’elle n’avait encore jamais vu même dans le monde réel. Leurs tenues futuristes n’étaient, à son avis, pas du premier choix en ce qui concerne l’esthétisme, mais elles devaient sûrement avoir au moins l’avantage d’être plus chauds que ce qu’elle-même portait, car ils ne frissonnaient pas comme elle sous la brise brumeuse du matin.

Il fallut aux deux adolescentes slalomer entre les débris de carcasse de Blaine qui jonchaient la voie pour rejoindre un quai où elles purent se hisser tant bien que mal. Aussitôt, une assemblée de voyageurs matinaux s’agglutina autour de leur duo, comme l’auraient fait des enfants devant une vitrine où sont exposés de nouveaux animaux de compagnie que l’on promet adorable et mignon comme tout. La nécrophobe plissa ses traits, son mal de tête ravivé par le brouhaha de murmures et ce fut la sensation de la main de Jade se refermant sur la sienne qui l’empêcha de sombrer dans une absence.

Au loin, et sans doute pas si loin que ça en réalité, des sirènes significatives résonnaient en se rapprochant. En quelques secondes se dessina dans la tête de l’irlandaise un schéma de ce qui se passerait si jamais elles étaient embarquées par les secours locaux et elle en vint à la conclusion que ça n’était pas une option à choisir. Ses yeux gris balayèrent le quai en vue d’une issu et quand enfin, elle aperçut un escalator qui coulait le bâtiment principal, elle joignit le geste à la parole de son amie en avançant avec la volonté ostensible de passer. Personne ne les retenait, au contraire, la foule s’écartait sans pour autant se départir de leur attention pour les voyageuses, certains les interpelant même pour leur rappeler que les secours n’allaient pas tarder et qu’elles devraient plutôt rester.

Le corps de Melena criait qu’il aurait été préférable qu’elle reçoive des soins dignes de ce nom, mais son cerveau lui indiquait de fuir les lieux au plus vite. Entrainement la psychotique par la main, comme une sœur qu’elle ne voulait pas perdre en territoire inconnu, elle finit par atteindre l’escalator qui gravissait un léger étage jusqu’à une bâtisse aux murs de verre. A l’intérieur, on pouvait voir d’autres personnes arborant des tenues qui paraissaient excentriques à la jeune fille, le nez collé à la scène du sinistre que fuyaient les deux adolescentes. C’était presque un miracle qu’elles ne soient pas suivies sur le tapis roulant comme des stars par leurs paparazzis, et l’irlandaise profita de cet instant de répit pour lâcher de sa voix faible :

- Il faut qu’on se dépêche de se cacher. On doit au moins changer de fringue parce que… ce n’est pas que leurs trucs me plaisent, mais on fait tâche ; on est trop voyante. Après… il faut qu’on puisse se reposer quelque part, je… je vais pas tenir sinon.

Un sourire las tendit légèrement ses lèvres pâles, son visage blafard marqué par de grandes cernes. Après tout, elle n’avait pas dormi depuis le trajet en voiture que leur avait permis la charmante famille de Rose, et après l’épisode de Blaine, elle méritait bien de se poser quelque part sans risquer de se faire tuer. D’ailleurs si ça n’était pas le cas, sa raison risquait de lâcher à force qu’elle soit confronter sans cesse à ses situations périlleuses qui mettaient son cœur sous pression. Mais même avec cette entrée fracassante, Melena se sentait soulager d’être à Formatek. Ça faisait plusieurs jours qu’elles n’avaient pas vu la civilisation – encore plus si l’on parlait de civilisation développée – et quelque part, la présence d’autres personnes lui étaient, à Dreamland, plus rassurante que le vide humain d’une forêt ou d’un désert.

- Ne t’en fais pas pour Alex et Lysander… on ne peut rien faire nous deux, et les secours arrivent. Au mieux, ils sauront les aider… et au pire, ils vont les garder enfermer quelque part. Et… je ne veux pas connaitre ça encore une fois…

C’était à la fois la souffrance et la rancœur qui perçait dans la voix de la nécrophobe. Le souvenir de l’esclavage lui restait comme une cuisante brûlure au fer rouge qu’elle n’était pas prête d’oublier ou de pardonner, et abandonner des alliés qu’elle connaissait à peine n’était pas cher payé pour échapper à un risque. Sa voix avait lâché un dernier nuage de buée lorsqu’elle soupira, puis elles entrèrent dans la gare en elle-même, foisonnante de monde.
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Jade Martins
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 20 Nov - 12:00

Elles fendaient la foule comme un brise glace la banquise, jamais Jade n’aurait pensé que la tâche serait si aisée. Malgré quelques exclamations de leur « public » comme quoi elle feraient mieux d’attendre les secours personne ne tenta réellement de les retenir ou de les suivre autrement que du regard. Une fois que l’escalator les eut entrainé loin de cette curiosité malsaine, l’adolescente put profiter avec bonheur du confort moderne. Depuis combien de temps n’avait-elle pas vu quelque chose d’aussi évolué que cet escalier feignants ? Très longtemps, trop longtemps. Et s’ils avaient ça il devaient avoir des douches chaudes, des lits douillets et des toilettes avec chasse d’eau. Ce n’était que lorsqu’on manquait de ce genre de chose qu’on comprenait tout le bonheur qu’ils représentaient.

Elle acquiesça d’un air distrait à la remarque de son amie vis-à-vis de la nécessité d’un changement de garde robe. Plus qu’une question de discrétion, c’était surtout en tant que protection au froid qu’elle désirait trouver une tenue locale. Mais on se trouvait de nouveau devant quelques problèmes d’ordre pratique comme Jay ne se priva pas de le signaler :

- Oui c’est sûr, mais ça risque de coûter cher et on peut pas se permettre de voler. J’en ai marre de fuir, je voudrais faire les choses bien pour une fois.

Si seulement elle pouvait se trouver un petit boulot comme à Elipse une fois Elie retrouvée ! Elle n’aurait plus alors qu’à vivre intégrée à la population en attendant que Parkinson ait la bonne idée de la réveiller. Elle avait tenté à son arrivée et tout avait tourné au désastre. Combien de chances pour que les choses se passent différemment à Techyo ? La fatigue accablante et la réflexion lui donnaient mal au crâne, ce qui lui fit se demander s’ils connaissaient l’aspirine dans le coin.

**Probablement…**

L’irlandaise choisit ce moment pour remettre sur le tapis l’abandon de leurs compagnons ce qui eut le mérite de faire se renfrogner la bonne jumelle. Vu l’attitude de la population locale elles n’auraient pas risqué grand-chose à perdre 5 minutes pour les extraire des décombres. Les excuses qu’elle donnait étaient trop faciles, elles sonnaient faux. Maintenant que les ambulances avaient déboulé sur le quai et qu’il était trop tard pour faire marche arrière Jay ne préférait pas aborder le sujet, se terrant dans un mutisme boudeur. Elle avait beau avoir aussi peu envie de retourner à l’esclavage que Melena, leur acte lâche et égoïste la faisait se sentir désespérément coupable. Ca avait comme un arrière goût du jour où elle avait été capable de réagir pour sauver sa vie, mais pas assez vite pour celle de sa sœur. De quoi haïr son instinct de survie.

Elles pénétrèrent dans la gare noire de monde, zigzagant jusqu’à les portes gigantesques menant à l’extérieur. Tout dans cette ville bourdonnait, fond sonore de machinerie et d’électronique, et des milliers de diodes semblaient leur faire des clins d’œil où qu’elles aillent. A l’extérieur les bâtiments étaient immenses et imposants alors que les rues débordaient d’une circulation sur plusieurs étages grace aux voitures volantes. On se serait cru dans l’un de ces films futuristes comme le 5ème éléments, de quoi laisser Jade bouche bée. Si ce n’était qu’un avant poste, que serait la grande ville ? Tout était si gigantesque, si vivant qu’elle ne savait pas où donner de la tête. Comment trouver un endroit où dormir là dedans ?

- Euh… tu crois qu’ils ont un office du tourisme ou un truc du genre ? Parce que là on est mal barré pour trouver un hôtel ou un magasin de fringues…
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Melena Autumn
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 20 Nov - 14:09

Jade ne lui répondit pas au sujet de leurs compagnons masculins et finalement, elle préférait cela. Bien sûr, c’était lâche, car ils ne leur avaient pas été inutiles, et Lysander s’était même démené à lui seul pour tenter de feinter Blaine. En un flash, Melena se souvint de la position de protecteur qu’il avait pris sur la Passe de l’envol pour les protéger d’un bandit violeur, et une pointe d’amertume fit mal à son cœur qui essayait pourtant de savourer chaque instant de cette liberté.

En regardant par les grandes vitres qui donnaient sur les quais, la jeune fille put voir les secours abonder autour de la carcasse du monorail, délimitant un périmètre de sécurité pour effectuer convenablement leur travail. L’irlandaise détourna les yeux et du même coup, elle tournait une page de son aventure à Dreamland pour ce qui semblait être un nouveau départ. Ici, elles n’étaient plus seules, elles n’étaient plus des créatures utiles que parce qu’elles avaient un vagin et un beau visage, ce monde civilisé la rassurait… voire même l’étonnait au vue de ce qu’il offrait.

Dehors, tout était si futuriste et gigantesque que jamais Melena ne s’était sentit aussi petite. L’aube orangée se reflétait sur toutes les baies vitrées des immeubles quand ceux-ci n’étaient pas entièrement couverts de panneaux lumineux et diodes en tout genre. Les véhicules volants, tout plus excentriques les uns que les autres, se déplaçaient paresseusement ou à vive allure, lui évoquant à grand renfort de mélancolie plusieurs films qu’elle avait connu dans le monde réel.

- Je… je ne sais pas. Balbutia-t-elle hébétée à la question de son amie. On a qu’à marcher pour voir.

Sans lâcher sa main, elle l’entraina sur ce qui pouvait s’apparenter au trottoir, lui aussi bordé de lumignons qui semblaient clignoter avec entrain à chacun des pas que les passants posaient sur le sol. D’autres voitures d’une version surévoluée des pompiers débarquaient, accompagnées d’autorités judiciaires locales, et l’adolescente eut comme réflexe de baisser la tête comme une voleuse pour éviter qu’on ne croise son regard. Son corps lui faisait mal et ses jambes flageolaient tant qu’elle aurait presque l’impression qu’elle s’évanouirait à chaque nouveau mètre, mais elle se raccrochait à la sensation de l’étreinte de son amie sur ses doigts, seul port d’attache dans ce monde vaste et inconnu.

Il leur fallut un bon moment à déambuler dans les rues futuristes. Lorsque Melena croisait son reflet dans un mur métallique clinquant, elle voyait une jeune fille blême échevelée, sa peau marquée de bleus et d’égratignures superficielles. Comme pour ajouter à son état pitoyable, elle finit par greloter à cause du froid matinal, claquant faiblement des dents et attirant de plus en plus des regards intrigués des piétons qui croisaient leur route. Peut-être que demander son chemin aurait été, en soit, bien plus évident pour se repérer, mais la nécrophobe ne pourrait pas encore s’essayer à de la confiance avec les habitants du coin tant qu’elle n’aura pas connu la chaleur réconfortante d’un endroit sans danger où se poser. Même une nuit, une seule, ça n’était pas trop demander après tout ce qu’elle avait vécu.

Brusquement, aux abords de ce qui ressemblait être une bouche de métro high tech, il y avait un grand tableau lumineux qui lévitait paisiblement en position incliné à environ un mètre du sol. Il affichait un plan 3D du quartier grâce à un hologramme coloré et une foule d’options tactiles n’attendaient que les doigts de voyageuses curieuses et perdues pour dévoiler leurs capacités.

- Regarde ! S’exclama Melena. On dirait une carte !

Elle s’approcha avec son amie, détaillant d’abord l’image de synthèse sur laquelle flottait un point rouge avec écrit « vous êtes ici », puis scruta les menues qui s’offraient. Il y avait toute sorte de choses comme « restauration, prêt à portée, loisirs, transport, municipalité, hébergement… » et en faisant dérouler le contenu des enseignes, elles n’avaient plus que l’embarras du choix. Le fait est que les deux adolescentes ne connaissaient rien aux entreprises locales et auraient donc été incapable de choisir le meilleur rapport qualité/prix. Affichant une mine boudeuse de confusion, l’irlandaise regarda la psychotique :

- On fait comment pour choisir ? On y va au hasard ou bien…

Chacune de ses paroles formaient un nuage de buée qui s'évanouissait dans l'air froid. Le changement de climat lui rappelait comme elle venait de loin déjà. Incroyable de penser qu’il y a moins d’une heure, elles étaient encore prisonnière d’un train fou qui menaçait de les tuer. Désormais, la nécrophobe avait presque l’impression d’être de retour chez elle, se baladant en quête de shopping avec une amie, si l’on mettait de coté son état déplorable, les voitures volantes et le fond sonore ambiant d’électronique en tout genre.
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Jade Martins
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 20 Nov - 23:01

Errer au hasard ne donna pas grand résultat mis à part celui d’attirer l’attention avec leurs tenues sudistes et les blessures qu’arborait Melena. Heureusement leurs pas finirent par les mener devant une version améliorée d’un plan de ville, tout ce qu’il y avait de plus clinquant et tape à l’œil. Tout y était si minutieusement détaillé qu’on finissait par s’y perdre, sans savoir par où commencé. Les magasin et les hôtels y étaient bien indiqués mais sans aucune indication quant à l’heure prix ce qui signifiait qu’elles allaient encore devoir y aller à l’aveuglette. Son amie partageait son avis et Jade aurait été bien incapable de lui répondre. Le froid, la faim, le sommeil et sa vessie qui la torturait n’aidaient en rien, elle finit donc par faire ce qu’on lui avait apprit depuis toute petite quand elle ne savait pas. Demander, tout simplement.

- Excusez moi madame ! S’exclama-t-elle pour attirer l’attention d’une passante qui flânait non loin.

La femme âgée de la trentaine s’approcha, curieuse. En arborant son air de jeune fille timide et gênée tout à fait adorable, la bonne jumelle lui adressa un sourire embarrassé avant de désigner la liste d’hôtel qui apparaissait sur la carte holographique.

- Vous ne sauriez pas par hasard quels sont les hôtels abordables pour des bourses assez serrées ? Nous ne connaissons pas les entreprises locales et je dois bien avouer que notre voyage a déjà bien creusé nos bourses.

- Oh, et bien… ceux là sont très bon marché mais assez sordides, commença-t-elle en désignant une série de noms avant d’embrayer sur d’autres, mais ceux là sont tout ce qu’il y a de plus correct. Je vous conseille le Lenz-Faraday, il est proche et vous aurez une chambre pour 50 rubz il me semble.

- Merci beaucoup, vous avez été d’une grande aide ! Bonne journée !

C’est avec le sourire que la femme s’en alla, tout comme Jade qui se tournait vers sa camarade avant de lui adresser un clin d’œil complice. Elle agrémenta même son geste d’un « v » de la victoire discret avant d’examiner la carte pour mémoriser le trajet. L’hôtel n’était qu’à deux pâtés de maison et elles n’eurent aucun mal à le trouver. Le hall était propre et clair quoique simple et la seule personne qui s’y trouvait à une heure aussi matinale était le réceptionniste tout de rouge vêtu. Il était penché sur un journal, occupé à faire des mots croisés et Jade dû s’éclaircir la gorge par deux fois avant qu’il ne se rende compte qu’il avait des clients. Il prit aussitôt son air le plus aimable (et un poil antinaturel) pour leur souhaiter la bienvenue et s’enquérir de leurs désirs, ce à quoi Jay se fit un plaisir de lui répondre avec son sourire le plus éclatant. Pour un spectateur extérieur on aurait pu se croire dans un combat de qui avait le meilleur dentifrice.

- Nous aimerions avoir une chambre pour deux personnes, elle consulta distraitement les tarifs affichés et ajouta, Une double. C’est bien 50 rubz n’est-ce pas ? Il faut payer d’avance ?

Il leur fallut quelques minutes pour régler les formalités, remplissant les papiers d’un véritable tissu de mensonges. Noms, adresses, numéro de téléphone, rien n’était réel mais qui allait vérifier de toutes façons ? Elles donnèrent toutes deux 25 rubz, récupérèrent la clé de leur chambre et grimpèrent au 15ème étage où les attendait une pièce douillette aux couleurs ocres. Dès qu’elle eut mit un pied dans la chambre l’adolescente couru à la salle de bain pour soulager son envie pressante et n’en sortit que 5 minutes plus tard pour s’affaler sur le lit, les bras en croix.

- J’en peux plus, je suis complètement lessivée !
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Melena Autumn
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 20 Nov - 23:59

Toute aussi indécise qu’elle, Jade finit par tout simplement demander assistance à une jeune femme qui flânait à quelques pas, arborant une de ces tuniques locales blanche orné d’une toile de motifs floraux. La nécrophobe gardait un œil méfiant sur l’inconnue alors qu’elle leur indiquait ce qui était sensé être de bonnes enseignes, puis elle se détendit un brin quand elle s’éclipsa un sourire franc aux lèvres et que son amie se tourna vers elle avec un sourire. Elle répondit à son signe de la victoire par le même « v », réajusta leur sac à dos sur ses épaules et suivit la psychotique qui s’était chargée de mémoriser le trajet.

A peine Melena eut-elle franchit les portes coulissantes de la bâtisse hors de toute proportion qu’elle resta un moment coite d’admiration. Il n’y avait pourtant rien de spécial dans la clarté du hall sobre contrairement à la surenchère électronique de l’extérieur, mais depuis combien de temps elle n’avait pas mit le pied dans un endroit aussi… normal, tout simplement ? Elle avait connu la cale sombre et humide d’un bateau, la cage d’une animalerie, le foin d’une écurie, le sol d’une forêt et la banquette arrière d’un fourgon familiale… mais ici, elle allait avoir le droit à un lit, à une installation d’hygiène décente, peut-être même s’offrirait-elle la folie d’un petit déjeuner pour se changer des rations déshydratées et des fruits sauvages.

L’excitation l’emportait tant que lorsque le réceptionniste les accueillit avec un air professionnel des plus antinaturels, elle ne put s’empêcher de lui sourire en retour malgré toute la lassitude qu’exprimaient ses traits tirés. Il fallut, une fois n’était pas coutume, mentir pour ne pas rédiger sur le formulaire d’administration « voyageuses sans abris poursuivies pour meurtre dans la région sextusienne ». Une fois la clef en main, le dernier obstacle était l’ascension des 15 étages dans une cabine métallique illuminée de néons bleus et enfin… les deux adolescentes purent gouter au goût du confort.

A peine Melena eut-elle refermé la porte, son amie se rua dans la salle de bain tandis qu’elle restait fixée à l’entrée, détaillant du regard la suite sobre : lit deux places aux draps couleur ocre, un chevet sur lequel reposait une lampe qui ne laissait voir auquel fil, plusieurs petits spots incrustés dans le plafond, et une petite table fixée à un mur sous laquelle dormaient deux chaises. Lentement, elle laissa tomber leur sac à l’entrée pour s’approcher de la fenêtre masquée par un épais rideau assorti au ton des draps. Elle les ouvrit pour laisser la lumière du levé de soleil inonder la pièce de son halo dorée, se perdant dans la contemplation de la ville au dehors. Au 15è étage, elle pensait être à un point culminant, disposant de la possibilité d’envelopper du regard toute l’agglomération jusqu’à voir les étendues désertes de la mécanoplaine à l’horizon, mais en réalité, il y avait d’autres immeubles, plus hauts et plus imposants encore. De la fenêtre de la chambre, on ne pouvait voir qu’une infinité de panneaux clignotants, de baies vitrées, de véhicules volants suivant des routes aériennes. Pour la première fois depuis qu’elle était arrivée dans ce monde, l’irlandaise aurait volontiers crut qu’ici, c’était le monde des rêves.

Jade revint de son excursion dans la salle de bain avant de s’affaler comme une masse sur le lit, amortie par une épaisseur convenable de couette. La nécrophobe ne put s’empêcher de se sentir faiblir devant la joliesse de son amie éclairée par les lueurs de l’aurore. Elle allait dormir avec elle dans une chambre d’hôtel… juste à ses cotés, assez proche pour sentir sa chaleur la réconforter dans sa solitude. Quelque part, c’était la première fois que leur proximité était si explicite et pour cacher le rouge qui montait à ses joues, Melena prit la direction de la salle de bain en bafouillant :

- Je… j’y vais moi aussi. A… à toute de suite.

Une fois assise sur le trône dont la lunette aux allures de verre dont la chic sobriété était enchanteresse, la jeune fille soupira en soulageant sa vessie, puis promena son regard fatigué aux alentours. La pièce était semblable à la salle de bain qui était à bord de Blaine mais en plus petite. Deux serviettes de la même couleur ocre qui semblait être le ton de la suite étaient sagement posées sur un rebord du plan sur lequel était fixé le lavabo. Il y avait aussi des petites fioles de gel douche et de shampoing, des échantillons de dentifrices et un petit savon pour le lavage des mains.

L’irlandaise s’en servit d’ailleurs pour ses siennes puis jeta un œil à son reflet dans le grand miroir. Elle avait une mine à faire peur, ses cernes noires profondément marquées sur son teint maladif. Elle se passa plusieurs giclées d’eau sur son visage pour tenter en vain d’apaiser son mal de crâne ; tout ce qu’elle gagna ce fut de faire vivement la picoter la légère égratignure qu’elle arborait sur un coin de son front masqué par sa frange. De ce fait, elle s’inspecta vivement, grimaçant à chacun des bleus violacés qu’elle se découvrait, puis quitta la salle de bain pour rejoindre joindre qui n’avait pas quitté sa position d’étoile de mer. Au passage, la nécrophobe ramena leur sac au pied du lit, défit sa ceinture sur laquelle était accrochée sa poche en cuir pour la poser dans un coin et s’assit doucement à coté de son amie avant de l’appeler à voix basse :

- Jade, tu veux bien m’aider à me désinfecter s’il te plait ? Après je nous laisse dormir jusqu’à demain si il faut. Je suis épuisée moi aussi…

Elle luit adresse un faible sourire comme pour illustrer la véracité de ses dires.
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Jade Martins
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyLun 22 Nov - 15:34

Affalée les bras en croix sur ce lit dispensant une douce chaleur dans son dos, Jade aurait pu rester comme ça des heures. Profiter enfin du moelleux d’un matelas dans un établissement chauffé et propre lui donnait l’impression de se trouver dans un cocon, et le fond musical dispensé par une console fixée au mur la berçait à un point tel que l’adolescente était sur le point de sombrer dans le sommeil d’un moment à l’autre. Dans son état comateux semi conscient lui revenait en masse des bribes de ses aventures, dont les premières lui semblait si lointaines qu’elle aurait juré avoir passé des années et non un petit mois ici. Elle se demanda l’espace d’un instant si le cadavre d’Haley avait fini par être complètement dévoré par les rats, si celui de Lily avait été jeté dans une fosse pour paria ou enterré décemment, si la haine de Noélia avait fini par lui porter préjudice, si les enfants de Kephren avaient apprécié leurs figues…

La plupart de ces souvenirs étaient si noirs qu’elle en occultait une grande partie par instinct de préservation, dont celui de la nuit sanglante qui s’était soldé par un viol pur et simple. Elle n’avait pas cessé de fuir, de dépendre des autres et de se cacher. Aucun réel objectif à long terme si ce n’était tenir bon jusqu’à ce que ce cher docteur daigne enfin les tirer de ce cauchemar sans fin. Cette constatation d’inutilité et de désœuvrement ajouté à la fatigué qui accablait ses membres firent croitre sa mélancolie, gâchant de quelques larmes le bonheur d’un retour à la civilisation. En continuant sur cette lancée la bonne jumelle aurait probablement fini par pleurer toutes les larmes de son corps et entamer une dépression, mais heureusement Melena choisit ce moment pour sortir de la salle de bain en réclamant de l’aide pour ses soins. Jay se redressa aussitôt et sécha discrètement ses larmes en espérant que son amie ne remarquerait pas que ses yeux brillaient trop.

- Bien sûr ! J’y pensais plus je suis désolé, je suis complètement décalquée !

Elle se leva pour aller chercher leur trousse de secours dans leur sac à dos tout en essayant de paraitre joyeuse et énergique malgré son moral miné. Elle ne mit pas longtemps à mettre la main dessus et s’évertua dès lors à réaliser des soins corrects sans pour autant faire un raid sur leurs réserves. Le plus embêtant restait qu’elles ne possédaient rien pour soigner les brûlures. Si seulement leur trousse avait contenu un peu de biafine et de biogaze ! En désespoir de cause Jade nettoya la plaie du mieux qu’elle put malgré les grognements et les soupirs de sa camarade et rangea le surplus de bandage dans leur paquetage. S’activer autour de Mel’ avait eut le mérite de lui changer les idées, c’est donc l’esprit presque serein qu’elle se laissa de nouveau choir sur le lit les yeux fixés au plafond.

Après quelques secondes d’immobilité elle se résigna à se redresser pour retirer ses chaussures avant de se glisser sous la couette encore toute habillée. De toutes manières ses frusques étaient propres et elle ne tarderait pas à les changer, une reconversion en pyjama semblait toute désignée. Une fois que la nécrophobe l’eut rejoint sous les couvertures, Jay la prit dans ses bras, son ventre en contact étroit avec le dos de sa camarade pour lui apporter un infini réconfort. Le front appuyé contre la nuque de Melena, elle se mit à murmurer dans un demi sommeil :

- Tu sais… j’ai peur… peur qu’on ne se réveille jamais. Si on se trompait et qu’on était juste coincée ici pour toujours ? J’ai vu tellement de gens mourir, je… je veux pas finir comme ça. C’est un peu idiot à dire mais ma famille me manque, mes amis, ma chambre, mon lit, même mon vieux nounours…

Elle enfouit un peu plus sa tête dans le creux du cou de l’irlandaise, sa chevelure brune chatouillant la nuque de son amie. La vision de son « chez elle » lui apparaissait avec tant de clarté qu’elle aurait pu le toucher du doigt. Le désir de retrouver un environnement normal était démentiel, mais au fond d’elle elle commençait sérieusement à se demander si après tout ça elle pourrait réussir à vivre normalement. Ici tout était horrible, dangereux et noir mais on ne s’y ennuyait jamais, on forgeait des liens, on apprenait à devenir plus forts. La vie ne paraitrait-elle pas morne ?

- Mais tu vois, je sais pas c’est peut-être stupide mais… tu crois pas qu’on s’ennuiera en rentrant ? Ça me rappelle un livre du nom d’Everworld où 4 adolescents sont attirés dans un monde parallèle. Ils le détestent, profondément, ils passent leur temps à frôler la mort mais en même temps ils sont toujours, toujours actifs. Ils ne rêvent que de rentrer chez eux mais quand l’opportunité se présente ils se rendent compte combien leur ancienne vie ne présente aucun intérêt. Et ils décident de rester. Je suis trop terrifiée pour faire un choix pareil, mais je crois qu’Elie y pense sérieusement. Je crois même que si l’on se réveille un jour elle pourrait me trainer de nouveau chez Parkinson.

Jade se mordit la lèvre et inspira profondément avant d’oser poser la question qui lui brûlait les lèvres :

- Si ça arrive… tu y retourneras avec moi ?
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Melena Autumn
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyLun 22 Nov - 21:36

Jade s’était levée vivement pour récupérer dans leur sac à dos la trousse de soin qu’elles avaient décidément bien fait d’acheter. Pendant une fraction de seconde, la nécrophobe avait cru voir briller les yeux de son amie dans la lueur dorée de l’aurore, mais elle ne dit rien. Elle dû retirer à moitié son haut de toile pour pouvoir être soignée convenablement, et même si chacun des picotements douloureux la faisait pousser un grognement qu’elle retenait difficilement, elle sentait tout son être bouillonner d’une chaleur intense.

Melena évitait soigneusement les regards de l’américaine, refusant que sa passion peinée n’y lise des mirages d’amour dans ce qui n’était que de l’amitié. Quand la psychotique eut terminé, sa patiente se contenta de se rhabiller et resta immobile, pensive. Dans la tristesse résignée qui la faisait soupirer, il y avait l’espoir que son amie la voit un jour différemment que comme telle.

Finalement, elle retira ses sandales et se glissa à son tour sous la couette, savourant ce confort délicieux si inestimable qu’il semblait être une finalité à une quête pleine de misères. Sans prévenir, Jade la prit dans ses bras, blottie contre son corps fin, son front posé contre sa nuque, lui tirant des frissons qui n’étaient pas désagréables. Malgré la fatigue, la nécrophobe ressentait l’embrasement de son être provoqué par ce contact doux, mais le moment n’était pas à se laisser tenter.

Elle aussi avait peur. Peur de mourir dans cette succession de mésaventures ; peur de ne plus jamais vivre tranquille, d’être une éternelle fugitive qui regardait sans cesse par-dessus son épaule. Oui, le monde réel lui manquait, sa banalité affligeante qui ne la menaçait pas était presque désirable ; mais comment expliquer à son amie que c’est elle qui lui manquerait le plus ?

La psychotique renforça son étreinte et Melena lâcha un faible soupir de soulagement et de bien-être. Elle aurait voulu qu’elle ne la lâche jamais, et aussi hérétique que pouvait paraitre le discours que lui tenait Jade face à son envie de quitter ce monde de malheurs, elle reconnaissait qu’elle n’avait pas tort. A sa question, l’irlandaise sentit ses entrailles s’agiter. La joie immense de recevoir cette déclaration d’amitié déguisée illumina son visage d’un sourire discret alors que tout son corps frissonnait. Certes, elle craignait de perdre la vie à Dreamland, mais au fond, le monde réel était-il tellement moins dangereux ? Et si elle se lançait dans une étude comparative, elle ne pouvait nier que sa vie britannique était plate et morne à coté de ce qu’était ses conditions de voyageuse. Tout simplement : saurait-elle ne plus être seule sans sa fidèle camarade de galère ?

Obéissant à une pulsion étrange et audacieuse guidée par ses sentiments, la jeune fille prit dans les siennes l’une des mains de Jade avant de dire :

- Oui, je reviendrai. Je crois que… enfin… le monde réel serait vraiment terne sans toi. Encore plus que d’habitude. Tu sais, tu es ma première…

Melena se mordit la lèvre, aux portes de son aveu qu’elle ne pouvait plus éviter. Un peu comme dans les films où l’on sent venir les moments d’émotion, elle sentait que c’est en cet instant où son esprit était déjà à demi endormi qu’elle devait faire sa confidence.

- … Amie.

Une larme mélancolique roula sur la joue de la nécrophobe qui cligna des yeux une dernière fois avant dans les fermer. Il y avait dans cet instant silencieux quelque chose d’aigre doux, une tristesse délicate qui la comblait et la blessait à la fois. Poussant un soupir las, elle tint tendrement la main de l’américaine dans la sienne, puis elle s’endormit. Enfin, dans un lit.

Quand Melena rouvrit les yeux, il faisait nuit clair, signe que le soleil s’était couché depuis peu. Aucune des deux adolescentes n’avaient bougée, elles étaient restée blotties l’une contre l’autre, comme deux sœurs prisent dans une catastrophe qui conservait leur complicité comme unique espoir chaleureux. Un sourire étira le visage encore contrit de sommeil de l’irlandaise qui se laissa encore somnoler quelques instants. Quelques voix dans le couloir lui parvenaient de manières étouffées, anodines, passantes. La jeune fille avait presque oublié ce qu’était la vie en société et remarquait alors comme tout cela lui avait manqué.

Au bout de plusieurs minutes, elle se décida à s’extirper de la couette. Délicatement, elle se défit de l’étreinte de Jade pour se lever et la recouvrir aussitôt de la couette avec douceur, osant une caresse affectueuse sur sa joue. Jamais elle ne l’avait vu dans un environnement aussi proche de celui qui était le leur dans le monde réel, et admirait la beauté qu’elle dégageait dans son sommeil paisible.

Malgré le chauffage qui maintenant la pièce à une température agréable, la différence avec la chaleur des bras de l’américaine dans un lit douillet était flagrante. La nécrophobe se frictionna tout en s’approchant de la fenêtre pour observer le spectacle de la ville illuminée dans la nuit. Tout brillait ostensiblement, clignotait, scintillait, et la foule autant aérienne que piétonne était dense à cette heure. Un nouveau sourire marqua le visage de Melena avant qu’il ne se change en expression d’étonnement quand une forme sombre vint se poser sur le rebord extérieur de la fenêtre. Elle mit un moment à réaliser qu’il s’agissait de son hibou coursier qui lui apportait son dû journalier. Elle lui ouvrit rapidement, sans toutefois pouvoir échapper à la brise froide qui s’invita également, et le rapace voleta pour aller déposer sur le lit le Dreamland soir ainsi qu’un petit paquet accompagné d’une carte, avant de s’éclipser.

L’adolescente se rapprocha, jetant un œil à Jade pour être certaine de ne pas l’avoir réveillé, puis lu le contenu de la carte rédigée à la main.

« Félicitation Melena Autumn ! Lors de notre dernière loterie réservée aux nouveaux abonnés, vous avez reçu les prix suivants : une fiole de panacée capable de guérir toute maladie ou poison d’origine organique (fabrication druidique ; 1 dose) et un sifflet magique de dressage qui vous permet de devenir immédiatement maître de toute créature de type canidé dans un rayon de moins de 5m, et ce pour 10 min (2 charges magiques fournies). Merci encore d’avoir souscrit au Dreamland soir !

Signé : la Direction. »


L’irlandaise souleva un sourcil avant d’examiner le contenu du paquet. Le sifflet ressemblait à une petite flûte Hamelin qu’elle passa autour de son cou. La liqueur quant à elle, n’avait pas tellement l’air ragoutante ; mais si les effets étaient bien ceux décrits, ça valait le coup d’ingurgiter un truc infect.

- Finalement, j’ai bien fait de m’abonner . Murmura la jeune fille.
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 27 Nov - 17:19

Le réponse de Melena avait fait déferler sur son cœur une vague de reconnaissance sans limite sur le cœur de Jade. Dans un soupir de contentement elle resserra un peu plus son étreinte autour du frêle corps de son amie, car c’était bien le mot qu’elle venait d’utiliser non ? Ici les voyageurs ne faisaient que s’entrecroiser, tisser de vagues liens avant de se faire emporter au loin pour des semaines voir des mois sans nouvelles. On se connaissait jamais vraiment, on ne pouvait compter sur personne. A vrai dire jusqu’ici elle aurait pu affirmer connaître un large nombre de paumés comme elle, mais en réalité tout ce qu’elle savait d’eux c’était leur visages, leurs noms, leurs âges, leurs problèmes parfois si ils avaient pu discuter un minimum, mais c’était bien tout. Et sur combien de personnes pouvait-elle compter là-dedans ? Elie bien sûr, mais ça ne comptait pas. Ne restait plus qu’un vide intersidéral déprimant que l’irlandaise venait de combler par l’utilisation d’un simple mot. Amie. Une amie ça ne s’abandonne pas, ça se soutient, ça s’écoute, ça s’entraide. En avoir signifiait ne plus être seul, et Dieu seul savait combien ce genre de choses avait son importance ici.

La main de sa camarade glissa sur la sienne, contact doux et chaud qui accentua un peu plus l‘assoupissement de Jade, jusqu’à ce que ses yeux se ferment complètement et qu’elle sombre dans cette absence qui était à DreamLand synonyme de sommeil.

Lorsqu’elle se réveilla dans le cocon chaud de la couverture dans laquelle elle était lovée, la bonne jumelle mit un certain temps à se rappeler où elle se trouvait. L’espace d’un instant elle avait cru avoir juste rêvé, l’un de ces rêves longs et étranges qu’elle s’empressait de raconter à ses amies sur le chemin du lycée avec moult commentaires et appréciation personnelles (« mais un monstre gros comme ça j’te dis ! Vraiment horrible ! Avec un p’tit air de la prof de maths… »). C’est la voix de Melena qui la détrompa, dissipant l’illusion que l’esprit encore embrumé de la bonne jumelle s’était décidé à monter de toutes pièces. La mélodie mélancolique ébranla le cœur de l’adolescente qui se redressa, échevelée au milieu des vagues ocres que formait le couvre lit autour d’elle. Une musique flottait dans l’air pour accompagner la voix de la nécrophobe, tout comme ce jour là, dans les égouts. Le jour où Elie lui avait craché au visage qu’elle existait. Comme si elle ne le savait pas ! Mais ce n’était pas le sujet aujourd’hui, non, même s’il n’était pas plus gai.

En prêtant bien attention aux paroles on se rendait compte de tous les sous entendus amoureux qui la parsemaient, sauf que c’était impossible non ? C’était Melena, mais surtout c’était elle, Jade la peureuse toujours prête comme les Jeannettes sauf que dans son cas c’était pour pleurer, s’enfuir et plus si affinités. Et puis… elle lui aurait déjà dit sinon, sans parler des propositions de douches communes qui n’auraient jamais été faites. Ca n’aurait pas été réglo, et son amie l’était indéniablement. Elle se montait probablement encore une fois le bourrichon. Jay acquiesça, pensive, avant de s’extirper des couvertures pour rejoindre l’irlandaise et lui assener une tape sur l’épaule.

- Et bah... c'est déprimant au réveil tout ça ! Si j'avais été un mec j'aurais pu croire que tu m'aimais tu sais... au fait t'as une jolie voix, tu m'avais caché ça !

Elle lui décocha un clin d’œil assorti d’un sourire éclatant alors la bretelle de son haut tombait en dénudant son épaule. Dans la lumière froide des néons elle apparaissait encore plus éclatante qu’à l’accoutumée. Simple jeu de lumière ou effet bienfaisant du repos, impossible de le déterminer, de toutes façons elle n’en laissa pas le loisir à Melena. A peine l’avait-elle taquiné qu’elle tournait déjà les talons pour filer dans la salle de bain.

- Je vais me laver ! Faudra pas trainer sinon les magasins risquent de fermer et je veux pas continuer à me les geler dans ces trucs informes !

[hrp : aujourd'hui j'inaugure le club des boulets, avec Jade comme présidente. En fait même si Melena était claire je suis sure qu'elle y croirait toujours pas. Enfin sauf si elle lui pelote les nibards -_-]
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 27 Nov - 18:23

Melena trouva une petite place dans sa poche en cuir abandonnée au pied du lit pour ranger sa fiole de panacée puis retourna près de la fenêtre, sans penser à jeter un regard sur le journal. Elle la referma, puis posa son front contre la vitre froide, ses pensées toutes tournées vers sa camarade, emmitouflée dans la couette. Inexplicablement, elle aurait juré qu’une musique était en train de s’élever, aussi omniprésente que l’air de la pièce. Animée d’une inspiration onirique qui n’avait rien à voir avec sa raison ou sa volonté, l’irlandaise se mit à chanter, ses yeux égarés avec mélancolies dans l’agitation de l’extérieur.

Björk - jòga
Melena Autumn

Perdue dans ce monde je ne sais plus en quoi je crois
Troublée par le poids du secret qui m’attache à toi
Si je ferme les yeux, je sens…
Un grand vide glacial
Un grand vide…

Laissé par toutes les horreurs que j’ai vécu ici, mais

Tu es là… avec moi…
Dans cette ville High-tech
Tu es là… avec moi…
Et Dreamland parait plus doux…

Tout ce que je vois, pourtant… est le fruit d’un rêve
Issu du monde réel que j’crois espérer retrouver un jour
Si je ferme les yeux, je sens…
Mon impuissance affligeante
A aller de l’avant…
Alors…

Trouvons Elie ensemble, je l’ai accepté car

Tu es là… avec moi…
Dans cette ville High-tech
Tu es là… avec moi…
Et Dreamland parait plus doux…
Tu es là… avec moi…
J’en oublie d’où je viens….

Un grand vide glacial
Un grand vide…

Laissé par toutes les horreurs que j’ai vécu ici, mais

Tu es là… avec moi…
Dans cette ville High-tech
Tu es là… avec moi…
Et Dreamland parait plus doux…
Tu es là… avec moi…
J’en oublie d’où je viens….

~Comme un rêve~
(Tu es là… avec moi…
Tu es là…
Tu es là…
J’en oublie d’où…)
…Avec moi…
Et Dreamland parait plus doux
Tu es là… avec moi…
J’en oublie d’où je viens…
Tu es là… avec moi…
Et Dreamland parait plus doux…


La musique s’évaporait à peine quand Jade lui tapota l’épaule pour l’inviter à se retourner. La nécrophobe se raidit, encore sous le choc de ce qu’elle avait révélé dans ce chant irrépressible, et voilà que son amie en rajoutait en couche en lui disant qu’elle « aurait put croire » qu’elle était amoureuse. Son clin d’œil, touche involontairement aguicheuse compte tenu de son allure resplendissante fit frissonner Melena de la tête aux pieds, qui resta incapable de bouger.

- Jade…

Mais elle avait déjà tourné les talons, s’enfuyant dans la salle de bain, laissant seule dans la suite l’irlandaise qui se laissa tomber en croix sur les draps défaits de leur lit. Comment expliquer ce qui s’était passé ? Elle s’était sentit emportée, envahit, et… elle a chanté. Elle avait vraiment une belle voix ? La jeune fille secoua sa tête pour chasser ces questionnements grotesques. Elle s’était mise à déclamer à autre voix – et en musique – son amour pour son acolyte, et tout ce qu’elle songeait à se demander, c’est si elle avait réellement fait une bonne prestation.

- Je crois que tu débloques ma grande…

Elle entendait l’eau de la salle de bain couler, et elle ferma les yeux en poussa un soupir. Elle se redressa, saisit le journal pour le feuilleter machinalement, mais n’y trouva rien de captivant qui pourrait l’intéresser. Tant qu’on ne lui apprenait pas la mort de personnes qu’elle connaissait, comme Myia, elle ne pouvait que s’accoutumer aux articles traitant des voyageurs avec plus ou moins de sympathie. Ceci dit, son regard furtif finit par survoler un petit encart techyoïte énonçant brièvement la tour de l’avarice et devant la représentation de la bâtisse illuminée, un charme indicible amena Melena à se dire qu’elle irait la voir de plus près un jour.

N’ayant plus grand-chose à faire, elle se mit à énumérer de tête tout ce dont elle aurait besoin d’acheter. A savoir de nouveaux vêtements, des chaussures plus confortables et chaudes que les sandales qu’on lui avait donné et pourquoi pas un sac en bandoulière, ce qui lui permettrait de quitter cette horrible ceinture en cuir de la civilisation gréco-romaine de Sextus. Par la suite, elle entreprit de refaire le lit du mieux qu’elle pouvait, attendant que Jade ne sorte de la salle de bain pour qu’elle puisse à son tour profiter d’un confort qui se faisait rare pour les voyageurs.
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 27 Nov - 20:34

Elle avait beau avoir prit une douche il y a moins d’une journée, il lui en faudrait probablement beaucoup avant de recouvrer l’aspect naturel de la chose. L’eau chaude qui ruisselait sur son corps nu était un tel délice qu’elle aurait pu rester des heures immobile sous le jet si seulement son esprit ne l’avait pas rappelé à l’ordre sur leur manque de temps. Jade se força donc à se remuer un peu, profitant des savons et autres substances nettoyantes dont le parfum embaumait l’air chargé d’humidité de la salle de bain. Il fallut 10 bonnes minutes à la bonne jumelle pour faire ce qu’elle avait à faire, même en seconde, et lorsqu’elle mit le pied dehors la moindre des choses que l’on puisse dire était qu’elle était plus que présentable. Maigre, cernée, pittoresque dans ses vêtements de jute, mais merveilleusement propre et nette. Sans la crasse qui recouvrait jusqu’alors sa peau on pouvait voir que ses muscles s’étaient légèrement développés à force de courses et de combat, bien dommage d’ailleurs que ce ne soit le cas que dans le monde des rêves. La bonne jumelle ajouta avec nostalgie dans l’enceinte de son crâne que ça aurait été bien utile pendant les cours d’EPS.

Melena prit le relai, et Jay mit ce temps à profit pour se renseigner un peu sur les boutiques des environs. Il était hors de question d’errer de nouveau au hasard dans l’espoir de tomber sur l’objet de leur recherche. Bien décidée à prendre les choses en main elle s’approcha de la console multifonction qui commandait entre autre à un écran holographique, au diffuseur de musique et à cette merveille nommée « téléphone ». Après avoir trifouillé les boutons un moment et avoir déclenché l’apocalypse en montant malencontreusement le son de la « télé » à fond, elle finit par joindre la réception. L’homme qu’elle eut au bout du fil était celui de ce matin, elle ne perdit donc pas de temps en explications.

- Excusez moi… j’aimerais savoir s’il y avait à proximité des boutiques de vêtements à des prix abordables. Mon amie et moi aimerions nous trouver quelque chose de plus « couleur locale » mais surtout de plus chaud. Vous connaitriez quelque chose correspondant à nos besoins ?

- Mais bien sûr mademoiselle ! La boutique de l’hôtel se trouve au 3ème étage et semble parfaitement convenir à vos critères. Vous devriez y faire un tour avant la fermeture qui aura lieu dans 1h environ. Je peux encore vous être d’une quelconque utilité ?

- Euh… non merci, c’est très gentil. J’y vais de ce pas. Bonne soirée !

Jade raccrocha, son regard brillant d’autosatisfaction. Un autre problème de réglé, un ! Et dire que certaines personnes rechignaient à se renseigner de peur de paraitre ridicule… si seulement ils savaient combien ça facilitait la vie !

Elle enfila ses chaussures, passa la bandoulière de son sac en laine par-dessus sa tête et s’assit sur le lit pour attendre patiemment que l’irlandaise soit prête. Penser qu’elle allait faire les boutiques était quelque chose de si classique, de si normal qu’elle se sentait toute guillerette. L’environnement était peut-être différent mais au moins le fond restait le même. Une activité d’adolescente tout ce qu’il y avait de plus banale. Elle se promit de réitérer l’expérience avec Melena une fois de retour à San Francisco, non sans sourire d’un air rêveur en imaginant la scène. Son amie serait si mignonne en robe ! Elle faisait si garçon manquée qu’un peu de relooking ne pourrait pas lui faire de mal, et si Jade ne pouvait pas lui apprendre à être plus féminine personne ne le pourrait. Alors qu’elle hochait la tête pour appuyer cette pensée, la concernée sortit de la salle de bain propre comme un sou neuf. Aussitôt Jay sauta sur ses pieds pour l’alpaguer, attrapant l’une des mains de la nécrophobe avant de la tirer vers la porte.

- Je me suis renseignée auprès de la réception ! Suis moi, faut aller au troisième !

Et sans lui laisser plus de temps que celui nécessaire pour que Mel’ attrapa sa sacoche elle la traina dans l’ascenseur et appuya sur le « 3 » luminescent. Shopping… on aurait pu voir ce mot briller dans ses yeux aussi sûrement que les dollars dans ceux de Picsou.
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 27 Nov - 21:16

A peine Jade fut elle sortit de la salle de bain que l’irlandaise s’y réfugia, de peur que sa gêne ne soit perceptible. Elle resta un instant, adossée à la porte de la pièce, respirant l’air humide chargé de diverses fragrances provenant des produits que sa camarade avait utilisé, puis elle entreprit de s’effeuiller en se contemplant dans le miroir. Elle n’était déjà pas bien grosse avant, et les semaines de restrictions que lui imposaient la vie à Dreamland avait empiété sur ses maigres réserves. S’inspectant rapidement avec une moue peu convaincue, elle put constater en tâtant ses cuisses et ses bras qu’à défaut de l’avoir embellit, ses longues journées à la dure avait musclé son corps d’adolescente. Mais malgré ça, elle n’avait toujours pas le physique d’allumeuse qui aurait put faire craquer son amie, et c’est dingue comme pour la première fois dans sa vie, ça l’attristait.

L’eau chaude de la douche était un réconfort sans nom, quand bien-même elle avait put en profiter il y a moins de 24h. Ses blessures la picotaient, mais elle n’allait pas reculer devant sa première cure d’hygiène à Dreamland sans que la mort ne l’attende à la sortie. Une fois propre, elle s’extirpa de la cabine en s’enroulant dans une des serviettes qui était à leur disposition et observa à nouveau son reflet à demi masqué par la buée. Au moins, elle était plus présentable. Un sourire pâle fendit ses lèvres, puis elle s’habilla en hâte pour qu’à peine sortie, Jade ne lui laisse le temps que d’attraper sa sacoche avant de l’entrainer à l’extérieur.

Dans l’ascenseur, elles baignaient dans le doux parfum des gels douches qu’elles avaient utilisé. Melena avait du mal à croire qu’elle allait vraiment faire les boutiques… comme si elle avait été dans le monde réel avec une amie, pour une bonne après-midi à rire et essayer des tenues plus excentriques les unes que les autres. Quand elles furent au septième étage, la cabine s’immobilisa pour laisser entrer un jeune homme vêtu d’une combinaison qui reflétait harmonieusement la lueur des néons qui l’éclairaient. Il adressa un sourire aux deux voyageurs avant de sélectionner le rez-de-chaussée.

C’était étrange comme le simple fait de sentir à nouveau le regard sur elle d’une personne d’environ son âge, qui ne voulait ni la tuer, ni la violer, ni juste faire route par simple notion d’intérêt, perturbait la nécrophobe, et elle ne savait pas si c’était une bonne sensation ou une mauvaise. Elle ne dit pas un mot avant d’être arrivée à destination, puis quand elles furent sortit de l’ascenseur, elle poussa un profond soupir avant de lâcher d’un air qui se voulait entendu :

- En même temps, il y avait aucune chance qu’il nous invite quelque part hein ?!

Elle rit brièvement en pénétrant dans la boutique encore remplit de clients même à cette heure-ci. D’autant que pouvait en juger l’irlandaise depuis l’entrée, il y avait des combinaisons de toutes les tailles, de toutes les couleurs possibles, des simplistes aux excentriques. On pouvait aussi trouver toutes sortes de chaussures, des sacs, des bijoux, des produits de beauté, et toute sortes de chose que les deux adolescentes, même enthousiasmées à l’idée de retrouver un aspect familier de leur vie – voire plus si affinité – ne pourraient pas se payer.

- Waw… Tu te rends compte de tout ce qu’il y a ? A coté, la petite boutique de Sextus n’était vraiment euh… pas comparable.

La jeune fille en perdait ses mots, et sa main serra plus encore celle de son amie, histoire de ne pas la perdre elle dans ce dédale de prêt-à-porter futuriste. Il leur fallait quelque chose de simple, chaud et pratique. Malgré l’excitation du moment, l’irlandaise n’arrivait pas encore à se faire à l’idée qu’elle était libre et sans danger… alors l’idée de déambuler pour le plaisir des yeux ne lui était pas encore venue. Rejetant sa chevelure en arrière, elle se mit en quête de ce qui correspondrait le plus à ses critères…

- Hum... tu vas prendre quoi toi ? S'enquit-elle malgré tout auprès de son amie.
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptySam 27 Nov - 23:21

« Tu ne dors pas mon ange ? Ça te dirait d’aller faire un tour ? »

***

Si le fait d’être regardé par un homme avait perturbé Melena, Jade en avait été pour sa part complètement paralysée. Des souvenirs s’imposaient à son esprit par flash, des réminiscences aussi noires que l’enfer qui la poussèrent à reculer jusqu’à la paroi translucide de - l’endroit qui serait probablement sa dernière demeure - l’ascenseur. Il fallait de la distance, un maximum de distance entre cet inconnu et elle parce que - cet homme était dangereux - ce regard désireux lui rappelait avec trop de force une chose qu’elle voulait désespérément oublier. Elle s’était tellement bourrée de pilule à une époque que tout ce qui concernait cet incident lui apparaissait à travers une brume opaque mais ça ne faisait que rendre les choses plus inquiétantes encore. Elle aurait aimé pouvoir s’extirper de cette cabine sur l’instant mais - la main de Liam l’en empêchait - c’était impossible avant d’arriver à destination.

Son inconscient la poussa à porter la main à son cou qui arborait la cicatrice d’une méchante estafilade. Fine et pâle on la remarquait à peine, mais pas besoin d’être un génie pour imaginer son origine. Comme si c’était hier le contact glacial de la lame lui revenait, comme celle des gouttes de sang vermillon coulant dans le creux de son cou. D’autres sensations lui revenaient, bien plus bas, bien plus intrusives… des sensations qui lui faisaient espérer de voir le sol s’ouvrir sous ses pieds pour l’engloutir. La peur et l’angoisse la faisaient suffoquer au point de la faire se sentir mal, et ce ne fut que par miracle qu’elles atteignirent le 3ème étage avant que la bonne jumelle ne tourne de l’œil. L’atmosphère avait été si oppressante dans cette petite cabine que se retrouver dans un magasin bondé lui fit l’effet d’une claque.

- Du calme… du calme c’était rien qu’un mec normal… moi aussi je regarde les gens dans la rue non ? Oui hein, bien sûr, tout le monde le fait… murmura-t-elle pour elle-même, hors de portée des oreilles de Melena.

La remarque de son amie sur une quelconque invitation lui était passé totalement par-dessus la tête mais par chance son silence fut à peine remarqué tant l’effervescence de la boutique réjouissait la nécrophobe. Il fallait avouer qu’il y avait de quoi s’émerveiller : ça avait beau ne pas être le genre de vêtements qu’elle affectionnait, en voir en telle profusion avait quelque chose de littéralement fascinant. L’inconscient de la jumelle tenta de refouler une nouvelle fois l’horreur de son passé dans un recoin inaccessible de son crâne mais son cœur continuait de battre la chamade. Elle mit un certain temps pour répondre, la poitrine encore douloureuse mais cette attente ne dû passer que comme une simple hésitation aux yeux de sa camarade.

- Euh… je… bah… je sais pas trop. Y’a tellement de choix et puis… faut pas se leurrer, c’est pas du tout ce que je porte d’habitude.

Tout en parlant elle attrapa du bout des doigts le tissu d’une combinaison d’un vert criard moulante à souhait. On se serait presque cru dans un magasin de tenue de plongée si ce n’était cette profusion de fermetures éclair sur lesquelles la lumière des néons se reflétaient. Certaines étaient tout bonnement horribles, comme la rouge à pois blanc qu’elle voyait au loin, ou sa voisine jaune fluo qui donnait à son porteur l’apparence d’un stabilo. Heureusement d’autres relevaient le niveau grâce à leur sobriété, et il semblait évident à Jay de commencer à chercher de ce côté.

Elle erra une demi minute au milieu des rayonnages, se saisissant de ci de là de quelques tenues. Elle fini par en tendre 3 à Melena, dont l’une qui ne remporterait probablement pas tous les suffrages. La première était noire et argentée, d’une sobriété à toute épreuve. La seconde était violette et possédait des motifs floraux simplistes au niveau des poignets et du cou. La troisième quant à elle était rose. Complètement, intégralement, définitivement rose.

- Allez essaye ca pour voir, ça t’ira peut-être !
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Melena Autumn
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyDim 28 Nov - 0:12

Sans doute plus inexpérimentée que la psychotique, Melena se laissa guider dans les rayons, jugeant d’une grimace les tenues qu’elle trouvait franchement horrible et réprimant un violent éclat de rire lorsqu’elle croisa une jeune femme dont la combinaison lui donnait l’air d’être un bâton de sucre d’orge. Jade finit par lui tendre trois des tenues qui faisaient foison, l’invitant à aller essayer avec enthousiasme. Prenant la rose comme un affront, l’irlandaise eut un sourire malicieux avant de faire glisser sur les barres magnétiques plusieurs des accoutrements locaux, avant d’en dénicher une orange fluo parsemée de motifs verts sensés représenter des feuilles. Elle la tendit à son amie de sa main libre avant de lui dire avec l’air le plus sérieux possible :

- Tiens, essaye ça ! Ça te rappellera ton costume de citrouille… l’embonpoint en moins.

C’était peine perdue. Sa taquinerie fit rire l’adolescente, qui choisit tout de même une tenue blanche dont le cou, la taille et les poignets étaient marqués par des anneaux noirs, et une autre aux tons verts kaki qui évoquaient vaguement les ensembles militaires du monde réel.

- Tiens, voilà pour toi.

Sans laisser s’échapper d’autre commentaire mélioratif, autant pour ne pas paraître plus suspecte depuis son chant que parce qu’elle ne voulait pas prendre le risque de se heurter aux goûts de la psychotique, Melena lui attrapa la main pour l’emmener avec elle rejoindre les cabines qui étaient indiquées par un panneau lumineux qui semblait en apesanteur à un ou deux mètres du plafond. A l’entrée, il n’y avait pas d’hôtesse, comme dans les boutiques que connaissaient les adolescentes, mais un simple portique discret qui scannait les articles qui entraient et sortaient. Malgré la foule, les deux adolescentes purent trouver deux cabines qui se faisaient face. La nécrophobe adressa un signe de la main à son acolyte pour lui signifier qu’elle se retrouverait très vite, puis s’isola dans l’espace qui lui était réservé, garni d’un autre de ces supports magnétiques pour poser les vêtements, d’un grand miroir et d’un étrange dispositif qui ressemblait à un microphone accompagné d’un écran.

Sur ce dernier, seul une chose s’affichait en lettres blanches dans un cadre du même ton : « fermeture des rideaux ». L’irlandaise apposa un de ses doigts fins sur la touche tactile et soudainement, le rideau épais et opaque s’étendit sur son barreau pour aller comme se scotcher à la paroi opposée. Melena laissa échapper un « waa » de surprise, avant d’entreprendre de se déshabiller pour essayer la tenue violette. Elle dût pour cela défaire et refaire des fermetures magnétiques situées dans son dos et le long de ses jambes, pour constater comme les combinaisons étaient plus moulantes encore qu’elles en avaient l’air. Certes, elle ne remettait pas en doute leur faculté à garder la chaleur, tant elle se sentait isolée, mais si elle n’avait pas son reflet dans la glace, elle pourrait jurer qu’elle était nue, et c’était une sensation assez particulière.

La jeune fille grimaça avec l’intention de l’enlever, quand une voix résonna, juste assez fort pour être contenue dans son habitacle personnel :

- Cette tenue est légèrement trop petite. N’hésitez pas à demander une demi-taille au dessus, il nous en reste en magasin.

Suspicieuse, la nécrophobe observa partout autour d’elle pour être certaine qu’il n’y avait pas de voyeur qui se rinçait l’œil par quelque part, mais elle ne put rien déceler qui porterait à confondre un coupable. Sans pour autant se départir de sa méfiance, elle enfila lentement la tenue noir et argent, glissant cette fois la fermeture depuis sa taille jusqu’à son cou, naviguant au creux de ses seins au milieu de stries argentés qui brillaient presque autant que les fermetures en elles-mêmes qui la recouvraient avec abondance. Ça faisait peut-être un peu trop strass, mais au moins, le noir profond de la combinaison allait avec ses cheveux, et elle avait le mérite d’être moins moulante que la précédente.

Elle appuyait sur la touche « ouverture du rideau » quand la voix informatique lui conseillait une taille en dessous pour être dans les normes, puis elle frappa doucement sur le tissu qui la séparait de son amie.

- J’ai trouvé la mienne je pense… tu en es où ?
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Jade Martins
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyDim 28 Nov - 14:23

Levant les yeux de l’immonde combinaison orange et verte qu’elle avait entre les mains, Jade adressa à Melena un regard équivoque. Comme si elle allait porter cette horreur ! Et puis elle en avait eu assez avec les cucurbitacées pour une vie entière, merci bien. Heureusement les deux autres qui suivirent étaient bien plus au gout de l’adolescente qui s’en saisit avait une moue bien moins réticente que pour la précédente. Elle aurait bien lâché tout de même un ou deux commentaires sur l’aspect moulant des tenues techyoïtes mais déjà son amie l’entrainait vers les cabines d’essayage et pénétrait dans l’une d’elle, laissant Jade plantée devant celle qui lui était destinée. Bon, quand faut y aller faut y aller n’est-ce pas ?

Elle entra dans la cabine après avoir délaissé la parodie de déguisement halloweenesque dans un coin, refermant les rideaux derrière elle grâce à l’écran tactile qui jouxtait la glace. La bonne jumelle resta un moment immobile dans sa contemplation, ses yeux passant des support magnétique au microphone en passant par l’écran tactile et les vêtements qu’elle avait en main. Même si les choses avaient ici indéniablement évoluées plus vite ça n’en dégageait pas moins une impression de nostalgie poignante. Ça déclenchait dans son cœur un flot bouillonnant d’émotions contraires mêlant bonheur, frustration et envie. L’adolescente finit toutefois par se convaincre de bouger et enfila d’abord la combinaison kaki. Toutes ces fermetures dont beaucoup d’inutiles laissait Jay plus que sceptique mais à force d’essai elle finit par réussir à l’enfiler. Son reflet dans la glace avait quelque chose de comique et elle n’arrivait pas à savoir si c’était parce que la tenue était trop grande d’une ou deux tailles ou parce qu’elle semblait sortie tout droit d’un mauvais livre de science fiction. Le microphone trancha pour elle en décrétant soudainement :

- Cette tenue est trop grande. N’hésitez pas à demander deux tailles en dessous, il nous en reste en magasin.

- J’y penserais… murmura Jade, une main sur le cœur.

Entendre cette voix mécanique emplir l’espace restreint de la cabine avait fait bondir le cœur de la pauvre jumelle. Si ça continuait elle allait vraiment finir cardiaque, surtout que les machines parlantes rencontrées dernièrement avaient été tout sauf aimables. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle pour s’assurer que rien n’allait la foudroyer pour avoir fait un si mauvais choix puis, une fois rassurée, ôta la tenue pour enfiler la blanche. celle-ci lui allait comme un gant, si bien qu’elle avait l’impression de ne rien porter du tout. S’il n’y avait pas eut son reflet en face d’elle c’est probablement la conclusion qu’elle en aurait tiré d’ailleurs. Elle malgré cette impression dérangeante de nudité elle se sentait aussi comme isolée du monde extérieur, comme si les notions de froid ou de chaud n’existaient plus. Jade effleura du doigt l’étrange tissu, l’air pensive : il n’y avait plus qu’à espérer que le prix des vêtements soient moins délirant que les sensations qu’ils procuraient.

Elle plia soigneusement ses vêtements en toile de jute avant de sortir de la cabine ou Melena l’attendait dans sa combinaison noire et argentée. L’américaine soupira en adressant à sa camarade un regard désapprobateur, la détaillant de la tête aux pieds avant de lâcher à mi voix :

- Je suis sûre que tu n’as même pas essayé la rose. Pourtant un peu de couleur n’aurait pas fait de mal ! Enfin… celle là te va bien quand même, et j’ai aussi trouvé la mienne. Ou du moins ce sera le cas si elle ne coute pas trop cher.

Comme en réponse à son sous entendu, la voix dans la cabine derrière elle s’éleva de nouveau, désespérément monocorde.

- La tenue numéro 50A365 que vous portez actuellement est disponible au prix de 60 rubz. La tenue numéro 87RT43 portée par votre voisine est disponible au même prix.

Jay sursauta une nouvelle fois et ne put s’empêcher de faire volte face pour fouiller l’espace vide de la cabine des yeux avant de murmurer un « merci » un poil angoissé. Ces attentions avaient beau être aimable, savoir qu’une intelligence artificielle les observait, les écoutait , les évaluait avait quelque chose de profondément intrusif. Et dire que dans leur monde ils militaient pour qu’on ne pose pas quelques malheureuses caméras de vidéo surveillance…
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Melena Autumn
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyDim 28 Nov - 15:01

Le rideau de l’américaine s’ouvrit, dévoilant une jeune fille en combinaison blanche et noir clinquante de fermetures décoratives moulée de façon peut-être un peu trop fidèle. Melena faillit répliquer qu’elle non plus n’avait pas essayé la tenue orange, mais elle fut coupée dans son élan par le compliment de son amie et se contenta de rougir légèrement, baissant la tête pour que ses longs cheveux noirs viennent masquer ce qu’ils pouvaient de son visage. Heureusement, c’est ce moment que le dispositif électronique de la cabine choisit pour renseigner les demoiselles sur prix de leurs articles, détournant assez l’attention de Jade pour qu’elle ne voit pas la gêne de l’irlandaise. Celle-ci en profita pour hâtivement plier ses vêtements de toile et récupérer les combinaisons qu’elle n’avait pas essayé, puis se rendit avec la psychotique à la sortie des cabines où les attendaient un barreau magnétique où abandonner les tenues qui ne les avaient pas convaincu.

- C’est plus cher que la chambre d’hôtel mais bon… ça devrait aller…

Tout en commentant les prix locaux, les yeux gris de la nécrophobe balayaient la boutique pour déceler un coin réservé aux chaussures ; parce que non seulement ses sandales juraient atrocement avec les accoutrements high-tech de la région, mais en plus elle risquait de voir ses pieds geler, et ce serait bête après s’être offerte une tenue isolante. Tout en marchant, elle croisa son regard dans une des grandes glaces disposées régulièrement et ne put s’empêcher de grimacer encore une fois en s’apercevant à quel point sa combinaison était moulante. Certes, elle avait toujours eut comme atout une taille et des jambes bien dessinés, mais ça n’empêchait pas qu’elle n’avait pas forcément envie que tout le monde le sache.

Parvenues à la section souliers, Melena fut d’emblée attirée par une paire de bottines noirs sans talons rembourrées dont les reflets argentés allaient parfaitement avec sa tenue.

- Oh ! Regarde ! Elles sont bien non ?!

Soudainement aussi enthousiasmée que si elle avait été dans le monde réel pour une banale journée shopping, elle se saisit de sa trouvaille et la fit tourner dans ses mains à la recherche d’une information qu’elle ne trouverait sûrement pas : la taille. Jaugeant du regard la paire de chaussure qu’elle avait dans les mains, il était évident qu’elle serait trop grande. Malheureusement – et étrangement – sur tout l’étalage métallique étincelant, il n’y avait que des représentants uniques de chaque modèle, sans l’ombre d’une boite comme elle y avait été habituée.

Elle s’apprêtait à demander à Jade si elle avait la moindre idée de comment on était sensé faire, mais son regard tombant sur un duo père/fille qui se rendait auprès d’une machine placée parmi d’autres sur l’un des murs jouxtant le rayon pour y déposer son article. Un faible éclat de lumière bleue jaillit, comme si la semelle avait été scannée, l’homme en combinaison mauve invita sa fille à poser son pied nu sur un scanner identique placé à hauteur du sol, et un compartiment s’ouvrit, libérant une boite dorée qui luisant à la lueur des spots.

- Tu sais… je commence à avoir l’habitude d’être à Dreamland. Pourtant, y’a toujours des trucs qui me dépassent des fois…

Méfiante, Melena s’approcha quand les deux acolytes furent partis satisfaits, jusqu’à pouvoir lire l’indication d’un petit écran numérique. « Déposer le modèle que vous voulez ». Elle s’exécuta, puis le message changeant en un « scanner votre pied ». Avec des gestes lents, s’attendant presque à une blague, la nécrophobe retira la sandale de son pied droit pour obéir aux commandes de la machine, une raie bleue la parcourut des orteils au talon, et enfin, le fameux compartiment s’ouvrit face à elle pour libérer une boite noir qui renfermait la paire de bottine qu’elle voulait.

- Bon… ça n’a pas l’air d’être dangereux. A toi de choisir maintenant ! Et on essaiera ensemble !

L’irlandaise adressa un grand sourire à son amie. Un des rares sourires sincère et enjoué qu’elle avait eut l’occasion de sortir à Dreamland… peut-être même était-ce le premier. Et cette simple démonstration qui ne la changeait en rien, illuminait son visage pâle trop habitué à être renfrogné.
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyDim 28 Nov - 18:15

60 rubz hein ? Après avoir déposé la combinaison kaki au portoir magnétique situé devant les cabines, Jade tira sa bourse et évalua rapidement son contenu. Elle avait largement de quoi payer mais ça ne la rassurait pas pour autant. Après tout elle n’avait aucune idée de la vraie valeur d’un rubz, c’était donc peut-être un gâchis sans nom. Entre l’hypothèse de se faire avoir et celle de mourir dans la neige en toile de jute le choix était vite fait mais ce n’est pas pour autant que la brunette allait s’en réjouir. Si seulement elle avait possédé une sorte de convertisseur dollar=> monnaie locale…

Elle fut tirée de sa réflexion terre à terre par Melena qui s’extasiait comme une gamine devant une paire de bottes. Encore de nouvelles dépenses en perspective ! Mais il fallait avouer que si elles ne voulaient pas perdre un ou deux orteils en route à cause d’engelures ce n’était pas le moment de vouloir faire des économies. La bonne jumelle se mit donc en tête d’examiner l’étrange étalage à la recherche de la paire de chaussure idéale. Il fallait un truc chaud, imperméable, pratique pour la marche et de préférence présentable. La plupart des modèles présentés étaient excentriques ou à talons haut et alors que la jeune fille s’apprêtait à jeter l’éponge ses yeux tombèrent sur une paire de bottes plates blanches à anneaux noirs qui semblait faite pour s’accorder à la perfection avec sa combinaison. Elle l’attrapa et la tourna entre ses mains, tâtant le tissu étrange et son rembourrage infiniment doux. Ca ferait bien l’affaire.

- Oui, elles sont jolies ! Celles là sont bien aussi non ? Et puis c’est assortis…

Mais malgré tout Jay se heurtait au même problème de taille que Mel’, c’est donc avec scepticisme qu’elle suivit sa comparse jusqu’à l’étrange machine à scanner le pied. Elle regarda son amie faire, l’air intriguée, avant de hausser les sourcils. S’ils créaient des trains intelligents ils pouvaient bien faire ça non ? Et puis après tout dans le monde des rêves tout était possible ! Elle rétorqua donc comme si ce genre de choses étaient aussi naturelles pour elle que de respirer :

- Bienvenue à DreamLand ! Tu sais bien qu’ici on peut tomber sur tout et n’importe quoi !

Jade essaya à son tour, légèrement prise d’angoisse malgré tout lorsque le rayon bleu du scanner passa sur sa plante des pieds. Qui sait si ça ne leur filait pas des cancers à la longue ? Avec toutes ces ondes qui pullulaient dans le coin c’était un miracle que les habitants de la région n’aient pas encore mutés. La bonne jumelle se figea quelques secondes avant de compléter mentalement qu’après tout ça pouvait bien être déjà arrivé. Chassant ces questions hors contexte elle attrapa sa paire de bottes et rendit son sourire à son amie avant de l’inviter à aller s’asseoir sur l’un des bancs flottants qui jouxtait la machine. Une fois assise elle ôta ses chaussures pittoresque pour glisser son pied dans ses nouvelles chaussures et soupira d’aise. Le contact était aussi étrange qu’avec la combinaison, mais aussi tellement agréable qu’elle en aurait pleuré. Il y avait fort à parier qu’avec ça les ampoules ne seraient plus qu’un mauvais souvenir.

Jade referma les fermetures magnétiques jusqu’aux genoux et contempla le résultat dans une glace avant de faire quelques pas et de tourner sur elle-même. C’était vraiment parfait. Cher, mais parfait. Alors que Melena filait chercher en vitesse un sac à bandoulière elle se dirigea vers les caisses pour payer ses articles, ne pouvant s’empêcher de grimacer lorsqu’une voix mécanique lui annonça que sa note s’élevait à 90 rubz. Heureusement que cette boutique était sensée être abordable… dans l’état actuel des choses imaginer les prix appliqués dans les boutiques de luxe lui donnait déjà la migraine. Lorsque sa camarade eut trouvé son bonheur et ses 120 rubz elles sortirent pour rejoindre l’ascenseur et grimper jusqu’à leur chambre, les poches bien plus légères qu’à leur arrivée.

- Je suis ruinée… souffla Jade, l’air profondément dépitée.

Elle jeta un nouveau regard mélancolique à sa bourse diminuée avant de pousser un soupir à fendre l’âme. Il fallait commencer sérieusement à chercher un nouveau travail, parce qu’à ce rythme là elle allait réellement se trouver sur la paille sous peu.
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Melena Autumn
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MessageSujet: Re: Formatek, la ville du nouveau départ   Formatek, la ville du nouveau départ EmptyDim 28 Nov - 21:07

Une fois que Jade eut choisi une paire de botte qui se mariait parfaitement à sa combinaison, elles s’assirent toutes deux sur un banc pour troquer leurs chaussures sudistes qui ne leurs seront plus d’aucune utilité. Un nouveau sourire illumina le visage de la nécrophobe au contact doux du confort intérieur de ses bottines longues jusqu’à la base de son mollet. Quelques pas lui permirent de les adopter définitivement et après avoir avertit son amie qui déambulait, elle aussi satisfaite de sa trouvaille, elle s’éclipsa pour se dégoter un sac en bandoulière. Pour rester dans le ton, elle réussit à s’en dénicher un noir, juste assez long pour demeurer sagement posé sur ses hanches, équipé du même type de fermeture magnétique qui semblait manifestement avoir supplanté les fermetures éclairs du monde réel.

Contente, Melena rejoint Jade aux caisses électroniques, paya ses 120 rubz d’un œil suspicieux, puis regagna l’ascenseur avec son acolyte, le cœur plus léger. Comme quoi, il ne fallait pas grand-chose pour apaiser l’âme tourmenté d’une adolescente. Du moins, de façon passagère, car une pensée qui fusa dans son esprit, lui rappelant qu’il y avait de fortes chances que ni Alex ni Lysander ne se soient aussi bien tirés qu’elles de l’accident, mina son moral en hausse. La psychotique souffla quelque chose au sujet de sa bourse et l’irlandaise fit mine de ne pas entendre pour ne pas avoir à déclencher une gêne pécuniaire, consciente que même si elle n’avait en réalité aucune idée de la somme qu’elle transportait sur elle, elle avait a vue de nez encore pas mal de ressources proportionnellement à ce qu’elle venait de dépenser.

Leur chambre les attendait, aussi douillette qu’elles l’avaient laissé, et cette fois, le fait d’être vêtue à la mode local donnait moins l’impression à la nécrophobe de jurer dans le décor. Elle aurait presque put se sentir chez elle, dans un environnement familier en tout cas, s’il n’y avait pas eut la console multifonction qui lui rappelait qu’elle était dans une ville gonflée d’une surenchère de l’électronique. Avec les mouvements lents de quelqu’un qui se sépare d’un passé lourd de souvenir, elle vida sa sacoche en cuir pour mettre le contenu dans son nouveau sac, récupéra également sa brosse à dent dans le sac commun pour la garder sur elle ainsi que la publicité pour Bobby the kid et Labeau Nefaie qu’elle déchira sommairement de son journal d’origine.

Melena s’assit sur son lit après avoir abandonné soigneusement au sol ses vieilles affaires qu’elle reluquait soudainement avec quelque chose qui ressemblait à de la nostalgie. Non pas qu’elle regrettait de ne plus être au Colisée en train de se battre pour sa vie, ou dans les plaines, égarée en compagnie d’un groupe de ses semblables ; mais elle réalisait comme le temps était passé depuis, et surtout combien elle avait fait de route. Après tout, elles n’avaient vécu que quatre nuits à l’extérieur, ce qui signifiait qu’il n’y avait que cinq jours qu’elles avaient quitté leur condition d’esclave. C’était peu, car elle avait l’impression que tous ces souvenirs remontaient à une éternité et même le visage de ses connaissances, comme Myia ou Kalyss, lui apparaissaient aussi brumeux et flous que de vieux fantômes.

- J’ai du mal à croire ce qui nous arrive…, dit-elle à voix basse. Il y a moins d’une semaine, on était encore au Colisée… en tenue ridicule d’esclaves…

D’étranges pensées se succédaient dans la caboche de l’irlandaise. Elle ne savait pas si elle s’inquiétait réellement pour les autres, ou si elle voulait juste déculpabiliser que son sort puisse être meilleur que celui qui les aurait attendu. Elle avait lu dans les journaux qu’ils étaient traqués par les autorités sextusiennes alors que leur duo était très certainement hors d’atteinte de ces menaces. Pour rien au monde elle ne serait retourné les sauver, mais elle ne pouvait empêcher une voix dans sa tête de lui susurrer qu’ils avaient été ses compagnons et qu’elle les avait abandonné.

- Je me demande ce qu’on peut attendre de ce monde, en tant que voyageuses. Est-ce qu’on peut espérer avoir une vie honnête quelque part ? Vivre, avoir une maison, un travail… on ne pourra pas toujours fuir en espérant que le cauchemar s’arrête…

Melena poussa un soupire en s’allongeant. Ses yeux rivés sur le plafond, sa chevelure l’auréolant d’un halo sombre qui constatait avec l’éternelle pâleur de son teint. Malgré sa journée de sommeil, elle était lasse, et son estomac la tiraillait.

- Je voudrais tellement que cette nuit ne s’arrête jamais… parce que je sais que dès demain, il faudrait recommencer à bouger et à se débrouiller par nos propres petites forces pour arriver à nos fins. Alors qu’ici, on est enfin posées et au calme… ça fait tellement longtemps…
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