Ce matin, Lalia s'est réveillée en pleine forme : le jour J de la consultation C est arrivé. Si cet expert en hypnose, ce Parkingson est aussi doué que son amant (un parmi tant d'autres) lui a vanté, alors elle n'aura plus à changer d'employeur à chaque fois que l'un de ses collègues porte plainte pour coups et blessures ( de toute façon, tout était de leur faute : on ne fait pas des fautes d'orthographe sous le nez de Lalia Scritt impunément). Et mieux que tout, elle arrêtera enfin de s'évanouir au mot poly******.
A vrai dire, elle ne croyait pas que des méthodes aussi acadabrantesques ne soient efficaces. Mais depuis un mois, "suivre quelqun" est furieusement à la mode.
Comme toujours, elle s'habille soigneusement : un tailleur en sur-mesure, un chemisier en soie sauvage d'Italie et une lavallière. Elle inspecte son reflet dans le miroir : *Oui, cela devrait convenir.*
Puis elle tapa en une demie-heure un article en espagnol pour une revue spécialisée. *C'est impressionnant comme être quadrilingue vous fait apprécier dans le monde du journalisme,et en plus celaest d'une facilité déconcertante!*
L'article achevé, elle enfila ses chaussures plates, ferma sa demeure et pris sa voiture la plus discrète : une porsche noire.
Elle consulta sa montre : 18h30. Parfait! Elle arrivera juste avec le retard de 5 minutes qui est de mise pour de pareils évènements. Arriver en avance fait si pauvre ...
Arrivée dans le quartier le plus huppé de tout San Francisco, elle sourit pour elle même : les maisons lui rappelaient son enfance. Elle ne prit pas la peine de vérifier l'adresse : le lieu de consultation doit nécessairement être la maison de meilleur goût. Après un coup d'œil circulaire, elle repéra la fameuse demeure du Dr Pakingson.
Elle fut accueillie à l'entrée par une secrétaire aux racines grisonnantes. *Etonnant. Pour un lieu qui respire l'aisance, on pourrait au moins soigner l'apparence des potiches*, s'offusqua intérieurement.
-Bonjour mademoiselle Scritt. Je suis la secrétaire de monsieur le docteur Parkinson. Veuillez nous excuser, mais le docteur a pris du retard dans ses consultations.
*incroyable ! du retard maintenant*
- C'est tout à fait compréhensible
-Je vais vous accompagner en salle d'attente, si vous le voulez bien.
*Moi! En salle d'attente! Mais on se moque du monde!*
-J'en serais ravie * large sourire d'une blancheur impeccable*. Au fait, j'adore votre couleur de cheveux. Une si belle couleur, cela ne peut qu'être naturel.* Oui, aussi naturel que du plastique bon marché*
La secrétaire, tout à coup devenue fière comme un paon remercie pour le compliment la jeune femme et se retire d'un pas joyeux.
La salle d'attente ressemblait à n'importe quelle salle d'attente. Ce qui faisait bouillir Lalia intérieurement, car elle n'était pas n'importe qui. Prenant son mal en patience, elle prit un des magazines de psychologie vulgarisée et le feuilleta. Soudain son sang ne fit qu'un tour : elle avait repéré une faute d'accord dans le journal. Hors d'elle, elle sortit un stylo rouge de son sac et entoura l'immonde erreur avec tant d'ardeur qu'elle le troua. De rage elle déchira ce torchon et c'est sous des confettis de pages sulfurisées qu'homme ouvrit la porte.
- Mademoiselle Lalia Scritt ?
-Dr Parkinson, je présume ?