Chez le p'tit Kurt

Ça y était ! Tout de suite les grands mots ! Démon, Satanas... rien que ça ? Vieille folle que voilà ! Les restos du coeur pigeonniers qui se prenait pour un exorciste, tremblante sur ses cannes pleines de varices, la bouche déformée par la peur, le dégoût et la sénilité... un bien beau spectacle ! Bien plus laid que la bloody Mary de la couverture du livre ça c'était certain !

Dakota jeta un regard en coin à Pandora lorsque celle-ci s'exclama qu'il ne fallait pas tester d'autres légendes. Et pourquoi pas hein ? Quelle froussarde ! Elle était encore vivante non ? Alors de quoi avait-elle peur à la fin ?!

La rue était désertée et le petit leur proposa de le suivre, ce qui serait beaucoup plus sage que d'attendre les flics en faisant le planton devant le magasin en subissant les assauts de mémé. Apparemment Pandora était du même avis et emboîtait déjà le pas du gamin. De son côté Dakota avait une dernière petite chose à régler...

- « Et oui grand-mère, je suis un démon, comme le loup de la fable... j'ai de grandes oreilles, de grands yeux, de grandes dents et je te mangerais ! Fuis, fuis sur tes jambes malades avant que mes sbires ne te découpent en lamelles ! Bloody Mary bloody Mary bloody Mary ! »

Une troisième horreur jaillit alors du miroir pour se jeter vers la vieille femme qui vira au blanc casé, portant la main à son coeur fragile tentant de repousser les assauts de Mme Crise Cardiaque.

Dakota hocha la tête d'un air satisfaite, tourna des talons et se mit à courir à la suite des deux autres qui avaient déjà tournés au coin de la rue. Il ne leur fallu pas plus de 10 minutes pour rejoindre le petit appartement où vivaient Kurt, son frère et ses parents. Un petit logement coquet et simple, aux murs couverts de photos de famille et de dessin datant sûrement de l'époque ou les deux garçons étaient encore en maternelle.

Et pour le plus grand bonheur de l'adolescente, l'appartement était vide pour l'instant.

Ils pénétrèrent dans le salon et elle se laissa tomber sans gène dans le canapé. Elle venait d'offrir à ce gosse le plus grand bonheur de sa vie, elle pouvait donc prendre ses aises chez lui non ? Elle s'installa donc un peu plus confortablement et croisa les bras sur sa poitrine, l'air d'attendre la suite.

- « Et donc ? On va passer notre temps à nous cacher maintenant ? Y'a pas moyen de ce casser d'ici en utilisant des faux papiers ? J'ose espérer que cette haine anti-voyageur n'est pas répandue à l'ensemble de ton monde sinon on va en baver je le vois d'ici... »

Le pied de l'adolescente se mit à taper sur le sol, montrant son impatience. C'était vrai à la fin ! Que pouvaient-elle faire ? Risquer de rester ici ou chercher à s'enfuir d'Elipse ? Et d'ailleurs est-ce que c'était faisable ? Elle avait tellement peu de données sur ce monde que ses questions la rendait folle !

Se tournant brutalement vers Kurt, saisie d'une idée, elle lâcha :

- « Au fait je m'appelle Dakota, Dakota Earnshow. Elle c'est Pandora. Si tu avais quelque chose où l'on pourrait trouver des informations... un... ordinateur ? Avec internet... ah je ne sais même pas si tu connais ces mots là ! C'est la folie ici, j'te jure ! »

Dak-o-tak secoua la tête, l'air dépitée. Par quel bout prendre cette histoire ? L'argent, sûrement l'argent. Ils n'auraient rien sans « rubz », ni faux papiers, ni nourriture, ni logement, ni renseignements allez savoir...

Il fallait vraiment qu'elles se remplissent les poches !

- « Enfin bon, le plus important ce serait de trouver un travail. Tu sais pas si des gens cherchent des employés dans le coin ? »

Pandora se balançait d'avant en arrière, passant des talons à la pointe des pieds pendant que Kurt ouvrait la porte de l'appartement où il habitait. C'était banal mais plutôt confortable. Pendant que Dakota se laissa tomber dans le canapé, Pan regardait les photos et les dessins. Il avait l'air d'avoir une belle famille. Elle se fit tirer de ses rêveries par Dak'.

- « Et donc ? On va passer notre temps à nous cacher maintenant ? Y'a pas moyen de ce casser d'ici en utilisant des faux papiers ? J'ose espérer que cette haine anti-voyageur n'est pas répandue à l'ensemble de ton monde sinon on va en baver je le vois d'ici... »

Pandora fronça les sourcils, et si cette xénophobie était répandue partout ? Elles allaient devoir passer inaperçu, être des Elispsiens banales, recherchant banalement un travail et un logement. Mais ce n'était pas drôle... Dakota eu une idée, les présenta rapidement et demanda s'il avait un ordinateur.

« Tu dois connaître... C'est trucs avec un écran, des touches et qui te permets d'avoir accès à ce que tu veux dans le monde entier. »

Pandora mima le geste de taper sur un clavier... A moins qu'il n'avait pas de clavier et qu'à la place se trouvait quelque chose d'insolite pour elles ? Mais au font ça devait être le même principe. Son portable, s'il avait pu marcher, aurait été efficasse, il faisait ordinateur, MP3, télé, radio, photo, caméra, GPS ( Pour quand le sien ne marchait plus, ce qui était tout de même rare ) et beaucoup d'autres choses bien inutiles. Elle le sortie et se mit à essayer de le traficoter pour pouvoir recevoir le réseau de ce monde. Ils devaient avoir des téléphones tout de même ! Il y avait tellement d'incertitude mais essayer de se raccrocher aux choses de leur monde était peut être vain.

- « Enfin bon, le plus important ce serait de trouver un travail. Tu sais pas si des gens cherchent des employés dans le coin ? »

Pandora loucha sur le journal posé sur la table basse et rangea son portable qui n'avait pas l'air de vouloir capituler, l'édition du jour cette fois ci, et moins chiffonné. Elle le saisit et regarda vers la fin, aux petites annonces. Il n'y avait pas grand chose, il fallait la plupart du temps avoir un certains potentiels, comme avoir fait telle ou telle étude, de savoir faire telle ou telle chose. C'était des cherches de travail à temps pleins plutôt... En essayant de se souvenir comment elle aurait pu gagner de l'argent dans son monde, elle opta pour trois idées : Voler, ce qui n'était pas vraiment pensable si elles voulaient éviter la prison, se trouver un travail en mentant un peu, si elles se faisaient démasquer mieux valait ne pas imaginer, ou alors un truc qui ne demande rien, plutôt des services à rendre, mais payés. Maintenant qu'elle y repensait, elle se souvenait toujours des mendiants à l'angle de sa maison qui déguerpissaient bien vite en voyant les vigiles mais aussi des artistes de rue, chanteur, comique et le tralala. Elle aimait beaucoup, enfant, les regarder. Même si sa gouvernante ne semblait pas les respecter à leur juste valeur. En fin de compte, ça ne l'a gênerait pas plus que cela de se montrer dans la rue comme une fauchée qu'elle n'ait pas. Sachant chanter et jouer de deux instruments à la perfection, c'était faisable. Mais voilà, Dakota n'aimerait peut être pas et tout simplement ne savait elle pas jouer d'instrument. Au pire elle pourrait le faire toute seule... Elle commençait à se blasphémer intérieurement, jamais dans son monde elle n'aurait oser penser à faire cela.

« Dis, Dakota, tu sais jouer de quelque chose ?... Parce que si on arrive à me trouver un violon ou une gratte, électrique ou non, c'est faisable.»

Dakota pourrait comprendre qu'elle parlait de jouer devant les autres, et puis être voyageuse ça ne se repérait pas à vu de nez, si elles ne faisaient rien d'alarment ça passerait.

* Pourquoi, pourquoi je devrais faire ça, hein ? T_T *

Parce qu'en plus mademoiselle propose des idées qu'elle n'accepterait même pas, mais là c'était un cas plutôt d'urgence. Qu'allait dire les parents en remarquant chez eux deux voyageuses ? Même s'ils n'étaient pas contre les 'étrangers', débarquer sans avertir n'était peut être pas la meilleure chose à faire...

Kurt était déjà sur l'ordinateur de sa chambre lorsque les filles étaient entrées dans l'appartement, il avait rangé le bouquin de Bloody Mary dans une armoire, laquelle il avait fermé à clef. Lorsqu'il entendit les 2 filles entrer à leur tour dans l'appartement des Benco, et Dakota lui poser des questions à propos d'internet, d'ordinateur...etc

Kurt se mit a rire

"A ouais, papa avait raison, ils sont marrants les voyageurs... bah oui ça existe toujours les ordinateurs... pourquoi ça n'existerait pas hein... Bon tu sais comment ça marche ? Il est dans ma chambre au fond a gauche de l'appart'."

Puis elle lui demanda si les gens cherchaient à embaucher dans le coin.
"...Bah papa parle souvent de DREAMLAND SOIR, c'est l'un des journaux les plus connus du monde il s'en vend des millions chaque mois. je sais que l'une de leurs imprimeries se trouve à Ellipse, et qu'en ce moment ils cherchent du monde... vous devriez essayer !"

Il laissa alors Dakota et Pandora aller sur l'ordinateur, il utilisa ce temps libre pour appeler ses parents et leur dire qu'il y avait des invités. Ceux-ci mirent à peu près une demi heure à
revenir, Alexander, le père, ouvrit la porte avec fracas.

"...Pas possible d'être aussi maladroit ! On va faire comment hein ? Camille ! Regardes moi dans les yeux quand je te parle !"

" C'est bon p'pa ! Tu crois vraiment que j'ai fait exprès de les faire tomber de l'estrade... et puis si ça se trouve ils seront guéris avant le spectacle."

Le père grogna et s'étala sur le sofa.

"Allons Alexander, on va trouver un moyen... Mais Camille, cela m'étonnerait bien que les 3 autres musiciens soient guéris d'ici la fin de la semaine... Kurt pourrai remplacer le flûtiste, toi tu reste au piano et au chant... il nous manquera juste deux violonistes."

Kurt regarda son père et le questionna

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Et bien il s'est passé que ton stupide frère, trop occupé à mater la fille de la régie pendant qu'il portait le piano avec ses trois collègues musiciens, a raté une marche et les a fait tomber tous les trois de l'estrade, sur les violons et la flûte, le piano sur eux...ils sont à l'hopital, ils n'ont rien de grave mais ne s'en remettront pas à temps... Mais tiens au fait... qu'as-tu fait de tes deux voyageuses ? Fais les venir ! »

Kurt appela les filles et les présenta

« Donc voici Pandora et Dakota. Les filles voici mon père Alexander Benco il est manager du groupe de mon frère. Ma mère Willow et mon frère Camille. »

Le père prit la parole

« Bienvenue chez nous, désolé de vous accueillir dans une telle ambiance, nous avons eu quelques soucis avec notre idiot de fils » Alexander regarda méchamment son fils et rapporta son attention aux deux voyageuses. « Ce soir nous pouvons vous offrir un toit et un repas... mais nous ne pourrons pas vous accueillir trop longtemps. Vous comprenez...on prend de sacrés risques !»

Puis Willow qui se contentait de leur sourire depuis le début de la scène, s'avança et chuchota quelque chose à l'oreille d'Alex, comme elle l'avait fait avec Camille quelques instants plus tôt.

Mais oui ! Alexander oublia sa mauvaise humeur et regarda les deux voyageuses. Si tout allait bien, cela arrangerait les deux parties.

« Dites moi... par hasard... vous ne sauriez pas jouer du violon ? On doit remplacer nos deux violonistes... et retrouver un piano, une flûte et deux violons. Vous pourriez nous aider ? Bien sûr vous recevrez votre part des bénéfices, et cela nous aiderait à partir d'Elipse pour notre tournée... il y aura les plus grands pour ce spectacle. Et si on vous fait passer pour nos violonistes, ils ne vous poseront aucune question au sujet de votre origine...alors...ça vous dit ?»

Tout espoir n'était pas perdu pour ce monde décadent ! Ils connaissaient les miracles de l'ordinateur et d'internet, Dieu merci. Et ce gamin leur proposait même de lui prêter le sien, en lui indiquant gentiment le chemin de sa chambre. Quel civisme ! Ça aurait presque tiré une larme de fierté à Dakota. Presque. Pandora et elle prirent donc le chemin de la chambre de Kurt afin d'en savoir un peu plus sur ce monde tandis que le gamin se jetait sur son téléphone pour annoncer la joyeuse nouvelle à ses parents.

*J'espère qu'ils sont de confiance, sinon tu signes notre arrêt de mort...*

Elle profita du court trajet pour répondre à la question de sa camarade vis-à-vis de ses connaissances musicales, de la même voix froide et impersonnelle qu'on lui connaissait bien.

- « De plusieurs instruments. Mes parents sont des richards et ont toujours insisté pour me payer des cours privés de musique, parce que « ça faisait bien » pour une jeune fille de ma classe... et comme j'apprends très vite je pourrais presque composer un orchestre à moi seule. Et tu sais le pire ? Je n'aime pas la musique. »

Mais tout ça n'avait pas d'importance, non, l'attention de l'adolescente était fixée sur les raisons de la question. Peu de chances qu'elle ait souhaité répondre à une annonce pour musiciens, car les gens réclamaient en général des références. Donc... elle voulait qu'elles jouent dans la rue, qu'elles fassent les mendiantes ?

Dakota pencha la tête de côté et plissa les yeux, retenant son souffle 2 secondes avant de soupirer pour elle-même. Oui, pourquoi pas après tout, si elles ne trouvaient pas mieux ! Mais la piste du journal, le Dreamland soir, était aussi assez intéressante. Rien n'obligeait les journalistes à se rendre sur leur lieu de travail tant qu'ils envoyaient leurs articles, elle pourrait donc sans problème se faire passer pour une adulte en se créant une identité sur mesure.

Idée qu'elle appliqua dès que le PC en face d'elle fut allumé. Ses doigts tapaient à une vitesse effrayante sur le clavier, donnant presque la nausée aux observateurs potentiels. Même si tout ne fonctionnait pas exactement comme dans leur monde elle trouvait vite ses marques et fini par tomber sur ce qu'elle voulait : le site du journal. Les rouages de son cerveau se mirent alors à tourner intensément tandis que son imagination travaillait dur.

Elle s'appellerait toujours Dakota Earnshow, il ne servait à rien d'en changer, mais elle aurait 23 ans et des études de journalisme derrière elle. Et une brève expérience dans une université perdue tiens ! Dans une ville lointaine... En quelques minutes elle avait presque écrit la biographie de son identité virtuelle, allant jusqu'à lui trouver une photo qu'elle retoucha jusqu'à sa convenance.

Une fois le tout bien rodé elle envoya une candidature à Dreamland soir par mail, avec un exemple d'article qu'elle improvisa sur le tas. Une fois posté elle se tourna vers Pandora.

- « Ce serait bien que tu puisse aussi y travailler, ça nous éviterait un contact direct avec des employeurs méfiants. Si on fournit un travail de qualité y'a pas de raison qu'ils souhaitent nous rencontrer alors... tu sais prendre des photos ? »

Mimant quelqu'un prenant des clichés, comme si elle prenait Pan' pour une potiche, elle reprit :

- « Comme ça on ferait équipe. Enfin c'est toi qui vois. »

Malheureusement elles n'eurent pas plus de temps pour en discuter car les parents du p'tit Kurt venaient de débarquer au grand déplaisir de Dakota. Plus il y aurait de monde au courant pour elles plus elles courraient de danger. C'était dangereux mais ça pouvait à la fois leur apporter beaucoup... de toutes manières il était trop tard pour reculer, elles étaient déjà dans leur appartement non ?

La famille se révéla simple, naturelle et aimable, quoiqu'un peu familière. Les deux voyageuses étaient toutes les deux plus où moins habituées à être traitées en princesse, et pas à ce qu'on marchande leur liberté. Mais cela ne choquait pas Dak' plus que ça. Après tout, tout se marchandait dans la vie, dans un sens c'était même plus sain.

Connaissez vous quelque chose de plus illogique que de la bonté gratuite ? Au moins dans les affaires on savait on l'on mettait les pieds.

- « Nous jouons du violon. Toutes les deux. J'avoue d'ailleurs que tant de coïncidences rendent la situation assez cocasse. »

L'adolescente était sûrement une des seules personnes à pouvoir dire trouver quelque chose de drôle sans qu'un sourire n'effleure son visage. Elle se contentait de fixer les parents, pensive.

*C'est la femme qui mène la danse. Le père joue les chefs mais elle tire les ficelles dans l'ombre, en glissant des détails juste quand il faut. Une femme de tête sûrement, l'homme est trop terre à terre, il ne voit pas loin mais sa proposition est intéressante...*

- « Ça me dit. Pan' ? »

Donc, il avait apparemment un ordinateur. Tout n'était pas si différent en fin de compte. Suffisait de connaître ce qui était semblable ou non. Elles allèrent dans la chambre indiquée par le garçon, elles ne s'en sortaient pas trop mal pour l'instant ici. Enfin, elles n'étaient pas encore mortes. Mais il fallait quand même dire que le mérite revenait plus à Dakota et à la chance qu'autre chose. Toute seule Pandora se serait sans doute déjà fait arrêtée? dénoncée par la folle.

Quand elle avait demandé à Dak' si elle jouait d'un instrument, sa réponse avait été vague, elle en jouait de plusieurs. De plusieurs, donc de tous ceux connus ? Ça n'aurait pas étonnée la brune, Dakota était bien surdouée. A cause ou grâce à ses parents elle avait apprit à en jouer. Car dans ce cas là, la réponse penchait vers un 'grâce'. Elle continua sur le faîte qu'en plus, elle n'aimait pas la musique. C'était étrange, la musique, la Musique, c'est vrai, mais Pandora n'avait jamais aimé le violon. Ses parents l'y avait forcé comme sa soeur avec la harpe. Suite au violon elle s'était d'elle même procurée une guitare et avait apprit seule à en jouer. Kurt continua en parlant de son père, qu'il avait d'ailleurs appelé, disant que le journal cherchait du monde.

Dakota se créa bien vite une fausse identité via l'ordinateur et envoya une candidature et tout cela avant que Pandora eut le temps de réagir. Etait-elle douée en absolument tout ? Elle devait bien avoir une faille quelque part... Sa soeur par exemple ne savait pas du tout sauter à la perche ou encore ne jouer au tennis ou faire des courses de vitesse. Quelqu'un ne peut pas être parfait, à moins que Dakota soit l'exception qui confirme la règle...

- « Ce serait bien que tu puisse aussi y travailler, ça nous éviterait un contact direct avec des employeurs méfiants. Si on fournit un travail de qualité y'a pas de raison qu'ils souhaitent nous rencontrer alors... tu sais prendre des photos ? »

Dak' imita le geste d'appuyer sur un bouton pour prendre une photo. Elle pencha sa tête sur le côté. C'était bien mal la connaître de poser la question, mais vu qu'elles ne s'étaient rencontrées que depuis la journée... Pan' n'était peut être pas brillante intellectuellement, mais manuellement, elle excellait. Des sports aux arts, en passant par la musique et la technologie. Alors la photographie... Ça faisait partie du lot. Elle acquiesça d'un signe de tête à sa proposition de faire un groupe, elles n'avaient que ça à faire pour l'instant mais elles ne pourraient pas rester infiniment chez Kurt, sa famille serait mit en danger à cause d'elles... On aurait dit un retour en arrière pendant la seconde guerre mondiale, les familles prenant des risques pour cacher des réfugiés. Mais elles partiraient vite et ne se feraient pas découvrir. Enfin, elle l'espérait. Et elles devraient se trouver un ordinateur ainsi qu'un appareil. Le reste de la famille arriva bientôt avant qu'elles n'ait pu en discuter un peu plus. Se disputant pour un soit disant accident. Un situation des plus étranges mettant dans l'indisponibilité trois personnes d'un groupe de musique dirigé par le père. Toute une scène se déroula avant que la mère ne chuchote quelque chose et que le père, ravi demande gaiement :

« Dites moi... par hasard... vous ne sauriez pas jouer du violon ?

Pandora sourit pendant que Dak' répondait à la positivement, pour un hasard... En fait, Pan' n'avait jamais aimé le violon, elle avait été forcé et donc n'avait pas rechigné, une des seules choses pour laquelle elle ne s'était pas manifestée. Mais là, que grâce à sa mère elle puisse servir à quelque chose, celle qui disait toujours qu'elle ne ferait rien de bien de sa vie à part baigner dans l'argent récolté par ses parents, c'était la meilleure.

« Bien sûr que ça me dit. »

Au moins c'était simple. La musique, elle, elle aimait. Et de tout les styles. Du classique au Rock. Mais la musique d'ici pouvait très bien être différente, ou bien semblable. Les artistes ne seraient pas les mêmes mais les genres ça restait à prouver. Tout restait à apprendre et d'un coup l'inconnu était attirant. Mais si elles devaient trouver un moyen de partir et de survivre jusque là. Manquait plus qu'à trouver des violons et voir quelle genre de musique elles devaient s'approprier et exécuter.

Dakota avait détaché son regard de la petite famille pour le poser sur celle qui semblait destinée à faire ses premiers pas dans ce monde avec elle. Bien sûr que Pandora était partante pour jouer, la question avait été plus une formalité qu'autre chose. Le visage de la brune semblait éclairé de l'intérieur, illuminé par la joie de pouvoir jouer. La jeune ado ne lâchait pas la fille des yeux tout en affichant une drôle de moue. Elle voit pas plus loin que l'objectif qu'on lui fixait hein ? Quelle tristesse dans un sens...

Pan' semblait vivre dans un autre monde (et oui encore un autre) où tout tournait autour du mot facilité. Elle prenait des vessies pour des lanternes et croyaient sûrement que les parents de Kurt étaient des bienfaiteurs, mais ils ne l'étaient pas. Leur bonté n'était pas gratuite, ils la marchandaient.

Qu'arriverait-il si elles répondaient « non » au lieu de « oui » ? Ils les mettraient à la porte le lendemain matin, retour à la case départ. Mais Pan' ne voyait pas aussi loin, ce qui donnait à Dak une terrible envie de lui ouvrir les yeux, et seule la présence des membres de la famille la retenait.

Et elle aurait pu se retenir longtemps si un certain Kyle Dewis, à peine âgé de 17 ans, n'avait pas eu l'étrange idée d'utiliser son pouvoir juste sous la fenêtre du salon. Les particules magiques semblèrent particulièrement s'attacher à la blondinette qui avait visiblement besoin de dire ce qu'elle avait sur le coeur et aussitôt une musique s'éleva, d'abord à peine un murmure pour monter crescendo.

Dakota se mit alors à taper du pied et à... danser ? Oh bien sûr c'était loin d'être une chorégraphie à la Britney Spears, beaucoup plus lent pour coller à la musique mais... c'était bien une danse. Mais ce n'était qu'un début car bientôt elle se mit à chanter, d'une voix plutôt joli quand on y pensait :

Gardez vos mensonges - Dakota Earnshow (Criminal - Fiona Apple)

Mais qu'est c'que je fous là ?
Dans ce monde de fous qui nous change en monstres...
C'est une bien triste histoire,
Y'a plus qu'à encaisser jusqu'à c'que ça passe !

Ne m'dites pas qu'ce s'ra facile
Ce s'rait faux, je le vois bien assez dans vos yeux.
Je connais la peur et vous, les gens d'ici, l'empestez
Alors je veux juste ne pas entendre vos bobards...

C'dont j'ai b'soin, c'est d'un peu d'argent
Gardez vos mensonges pour les naifs !
C'pas contre toi Pandora
Mais regardes toi dans la glace ! T'es totalement à côté d'la plaque !

Tu crois p't'être qu'dans un jour ou deux
On s'ra d'retour à la maison pour un happy end
Mais rien n'est moins sûr on s'ra peut-être mortes avant
Ou seulement en prison si on a de la chance hein ?

Oh ! Ne me dites pas qu'ce s'ra facile !
Mais je trouverais bien quelque part vos instruments de malheur non ?
Pff on a pas grand chose à perdre de toutes manières
Alors pourquoi ne pas essayer ?

C'dont j'ai b'soin, c'est d'un peu d'argent
Gardez vos mensonges pour les naifs !
C'pas contre toi Pandora
Mais regardes toi dans la glace ! T'es totalement à côté d'la plaque !

J'f'rais c'que vous voulez !
Tout ce que vous voulez !
Même chercher la lune si ca m'permet d'filer !
Arrêtez donc d'enrober
Tout ça d'papier doré !
Je vois bien qu'c'est qu'un foutu marché vous savez...

C'dont j'ai b'soin, c'est d'un peu d'argent
Gardez vos mensonges pour les naifs !
C'pas contre toi Pandora
Mais faudrait qu'tu réalises qu'ces gens sont bien loin d'être des pères noël !

C'dont j'ai b'soin, c'est d'un peu d'argent
Gardez vos mensonges pour les naifs !
C'pas contre toi Pandora
Mais faudrait qu'tu réalises qu'ces gens sont bien loin d'être des pères noël !

Une fois son petit spectacle terminée et la musique évanouie, Dakota devint aussi pâle qu'un cachet d'aspirine et se retourna brusquement pour que les personnes présentes ne voient pas son visage. Qu'est-ce qu'elle venait de faire là ?? C'était la folie ! La folie !

Elle tapotait inlassablement sa cuisse, son autre main glissée sous sa nuque tandis qu'elle essayait de comprendre ce qui s'était passé. La seule réponse qui lui venait était qu'un enfoiré de voyageur venait de lui faire pousser la chansonnette et ça la faisait bouillir de rage. Qui pouvait s'amuser de ce genre de chose ?! C'était puéril et... et... PUERIL ! Voilà tout !

Dakota serra le poing jusqu'à ce que ses ongles laissent des marques de croissant de lune dans la paume de sa main et elle finit par lâcher après un long silence, leur tournant toujours le dos :

- « Comme vous avez dû le comprendre je marche dans la combine parce que j'ai besoin d'argent, pas besoin de me présenter les choses comme si vous étiez les bons samaritains, ça y'a que Pan' pour le croire, mais je conçois que vous soyez tout de même des gens bien. Maintenant je vais me taire avant de m'enfoncer un peu plus, ok ? »

Ne faisant pas attention à l'aigreur de la gamine blonde et aux mèches roses défraîchies, Alexander Benco avait surtout remarqué la voix formidable de la petite blonde ! C'était fantastique ! Un duo avec Camille ! Ça allait être magique ! Avec ça ils étaient sûr de pouvoir faire leur tournée ! Ah ça oui, si seulement le concert avait lieu !

"C'est ok ! C'est ok ! Vous ferez même un duo avec Camille..."

"Ou P'pa j'préferais chanter avec l'autre, elle est quand même plus de mon âge tu crois pas ?"

Il lança un regard meurtrier à son fils avant de continuer

"Je disais donc, vous ferez un duo avec mon fils pendant le spectacle ! Avec ça on est bon ! Oh ça ! Oh est même super bon, après le spectacle vous pourrez même sortir de cette ville, et je pense que c'est quelque chose que beaucoup de voyageurs aimeraient faire ! Enfin enfin...ne mettons pas la charrue avant les boeufs...il faudrait déjà qu'on retrouve les quatre instruments avant la fin de la semaine ? Vous croyez que vous pouvez nous trouver ça ?"

Il sortit une petite bourse de sa poche, ainsi qu'une carte de visite

"Voila ce qu'il nous reste d'argent pour les préparatifs, bon c'était sensé payer le pop corn, mais tant pis on fera sans...il n'y a bien sûr pas assez pour acheter tous les instruments, mais si cela peut vous aider, il y a 100 Rubz en tout"

Il montra alors la carte de visite a Dak', supposant sans doute que la pauvre petite Pan' était trop cruche pour lire une adresse.

"Ça c'est l'adresse de la salle de spectacle, si vous pouviez aussi ranger les débris d'instrument...et pourquoi pas essayer de récupérer des choses....enfin bref...vous avez carte blanche, ce que je veux c'est que tout soit parfait samedi soir...Ah oui, et voici les partitions."

[et voila, à vous de rendre ce spectacle magique, je posterais des péripéties de temps en temps.]

Ce qui est bien c'est que tu n'es pas du tout énervante toi. Il faut respecter les plus grands que soit tu sais, on apprend ça dans les règles de la société basique et...

Bon, on commence par ? On pourrait peut être d'abord aller voir cette salle et ensuite trouver les instruments manquant. Elle se trouve quelque part par ici ou alors nous allons devoir trouver un moyen de transports ?

Non mais... c'était quoi cette arnaque ?? On leur proposait d'abord de jouer du violon pour s'en sortir et maintenant on leur demandait de faire les courses avec trois cachous, de chanter et de faire le ménage ?? Quel foutage de gueule ! Dakota n'en revenait pas au point de ne pas réagir instantanément, seul son oeil droit tiqua en signe d'indignation. Elle était tellement bloquée qu'elle ne réagit même pas à la remarque de Pandora sur le fait qu'elle était plus où moins mal élevée.

Ce ne fut qu'une fois que sa compagne l'eut tiré hors de l'appartement et refermé la porte derrière elles que la jeune adolescente fusilla l'entrée du regard.

- « Bande de cons ! Ils ont intérêt à nous payer pour toutes les tâches qu'ils ont ajouté ! Ils nous ont pris pour quoi ? Des bonniches ?! »

Elle fulminait, on aurait presque put voir de la fumée sortir par ses oreilles. De son côté Pan' ne prenait bizarrement pas la chose mal. Elle s'en fichait donc d'être exploitée ? Considérée comme... presque comme une esclave ?!

Dak dû quand même s'avouer que la jeune femme avait une attitude beaucoup plus constructive que la sienne et tenta donc de se calmer pour réfléchir au problème qui leur était offert.

- « Commencer par le ménage oui, on en sera débarrassé et qui sait, on pourra peut-être récupérer deux trois trucs même si j'en doute... Pour les objets je suppose que le mieux qu'on puisse faire serait d'en louer et de ne jamais les rendre. Pas très honnête, soit, mais c'est pas avec 100 rubz qu'on achètera un piano, deux violons et une flûte. Et pour apprendre ces fichues partitions... il nous reste encore pas mal de temps. »

Mais Pandora avait aussi soulevé un autre problème : celui des transports. Elle avait l'adresse, mais aucune idée de là où se trouvait cette fichue salle en pratique, elle entraîna donc la brunette dans la rue jusqu'à trouver un plan de la municipalité. Après une recherche minutieuse Dakota finit par déterminer le chemin à emprunter et avec chance ce n'était pas très loin.

Recopiant le bout de plan à la va vite sur un coin du journal, l'adolescente marmonna à l'adresse de sa compagne de route :

- « On y va à pied, par contre quand on se trimbalera le piano faudra trouver autre chose je le crains. On y va ? »

Démarra alors leur périple dans la ville inconnue. Au bout de 20 longues minutes elles parvinrent à la salle et y pénétrèrent après un rapide salut au vieux gardien qui donnait l'impression de se momifier dans l'entrée. Il ne fallu pas fournir beaucoup d'efforts pour trouver le lieu du sinistre : tout était en miette, un vrai carnage. Enfin... à vrai dire le piano jouait encore mais l'un de ses pieds était cassé.

Après un coup d'oeil critique à l'instrument Dakota demanda, l'air indécise :

- « Tu crois qu'on peut se contenter de trouver quelque chose pour caler le piano ? Un tabouret par exemple... un solide bien sûr vu le poids de l'engin... Ca manquerait d'esthétisme mais ça serait toujours ça de moins à acheter tu crois pas ? »

[hrp : je me disais... si tu utilisais ton rouge-à-goule chez un marchand d'instruments on pourrait les avoir gratuitement et garder l'argent pour nous non ? Enfin ce n'est qu'une proposition !]

« Bande de cons ! Ils ont intérêt à nous payer pour toutes les tâches qu'ils ont ajouté ! Ils nous ont pris pour quoi ? Des bonniches ?! »

Il fallait avouer que de ce côté là, Dak' n'avait pas tord. Mais si elles voulaient s'en sortir il fallait bien retourner au niveau de 'nouvelles' et grimper les échelons. Pan' n'avait jamais fait le ménage ou encore ne s'était jamais retrouvée avec si peu d'argent en main. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle était perdue, la curiosité sans doute. C'était enrichissant et même constructif, ne plus avoir une sorte de garde du corps qui la suive dès qu'elle sort de chez elle ou de voir le regard assassin et indigné de sa mère quand elle ose prendre la mauvaise cuillère pour boire sa soupe. Elle s'était en fait toujours demandé comment sa mère faisait pour apercevoir quel ustensile Pan avait saisit. Elles étaient à l'opposé de la table et celle ci était d'une taille relativement impressionnante, faite sur mesure comme pour la séparer encore un peu plus qu'il n'était possible de le faire.

Dakota approuvait quand au fait de commencer par le ménage. Et l'idée de louer des instruments sans les rendre ne dérangeait pas le moins du monde Pan', tant qu'elles ne se faisaient pas prendre. On ne savait jamais, il pourrait y avoir des risques pour elles comme pour la famille. Mais avec un faux nom et une fausse adresse... A moins que le vendeur soit d'une totale et aveugle confiance.

L'ado emmena donc Pandora a travers les rues. Quand celle ci s'arrêta devant une carte, Pan fouilla ses poches et en ressortit la chose qui ressemblait à un rouge à lèvre. Elle l'ouvrit et étonnée, elle y découvrit un papier blanc laqué et avec écrit en lettre d'or :

Lorsqu'une fille utilise ce rouge a lèvre et qu'elle embrasse quelqu'un, la victimes devient son esclave pendant une petite période.

Elle cligna plusieurs fois des yeux, c'était une sorte d'objet ... Magique ? Après une courte réflexion se disant que si elles avaient débarqué dans un monde parallèle et qu'elle avait des pouvoirs, il n'y avait pas de raisons que des objets comme ceux là existe. Et dans ce cas là, c'était vraiment pratique. Elles se remirent donc en marche pendant que Pan' acquiesçait aux les paroles de Dak. Toujours en examinant minutieusement le tube.

Elles arrivèrent à la salle en une vingtaine de minutes, le gardien ne se manifesta pas le moins du monde et les laissa entrer à leur guise contre seulement un signe de tête. La salle était un cimetière d'instruments. Mais en effet, le piano pouvait toujours être sauvé, quant au reste, c'était impossible, cassé en deux ou plusieurs autres morceaux.

« Tu crois qu'on peut se contenter de trouver quelque chose pour caler le piano ? Un tabouret par exemple... un solide bien sûr vu le poids de l'engin... Ca manquerait d'esthétisme mais ça serait toujours ça de moins à acheter tu crois pas ? »

« Bien sûr, s'il marche comme ça y a pas de problème. Et s'ils ne sont pas contents ils peuvent le faire eux même. Si on tourne le côté retenu vers le fond, ce sera n'y vu n'y connu avec un peu de jeu de lumière. Et un piano, c'est pas donné... Ça fera l'affaire, on baragouine qu'on a pas eu assez d'argent et voilà. »

Le seul problème dans cette idée était de trouver un système pour le soulever et quelque chose pour le caler. Si elles l'entourait d'une corde et qu'elles faisaient levier avec une des poutres... C'était possible, apparemment Pan' pouvait faire bouger les objets qui se trouvait à environs cinq mètres. Elle pouvait donc faire voler la corde au plafond. Mais pour la cale...

Au fond de la salle étaient disposées des chaises en fer rangées les une sur les autres en plusieurs colonnes. Si elles prenaient une rangée de quelques chaises qui arrive à la hauteur du piano, ça pourrait tenir.

« Les chaises pourraient le maintenir ? Empilées les une sur les autres elles sont beaucoup plus solides et pourraient faire tenir aisément le poids du piano à queue. »

Elle se baissa et attrapa un des violons dont le manche ne tenait plus que part deux cordes. Entièrement irrécupérable. Même de la colle extra forte de pourrait pas le refaire tenir. Il devrait sans doute y avoir un magasin non loin d'ici, mais d'abord l'histoire du piano puis passer un coup de balai serait primordial.

[ Ouais, on a les instruments gratuits & au passage on lui demande de les transporter, pas de problème, il faut bien qu'il serve à quelque chose . En espérant qu'après la victime ne se souvienne de rien xDD. ]

Enfin ! Enfin une lueur d'organisation, d'intelligence et de raison dans l'oeil fardé de cette chère Pandora ! Et c'était loin d'être idiot d'ailleurs, ses idées tenait parfaitement la route, le logiciel intégré au cerveau de Dakota fit donc une mise à jour du dossier de sa camarade. Elle était passé de « une fille niaise qui joue du violon » à « une fille qui joue du violon, niaise mais qui peut avoir de bonnes idées quand il le faut ».

En regardant ça sous un certain angle, c'était presque une promotion ! Car après tout, tant que Pan' était opérationnelle quand il le fallait, la surdouée se fichait de son côté enfant gâté et naïf le reste du temps. Elles étaient ensemble pour s'entraider, pas pour s'aimer (de toutes manières Dakota ne se souvenait pas avoir un jour aimé quelqu'un).

- « On fait comme ça alors, laisse moi 5 minutes pour aller demander au gardien s'il a une corde et on tente ton plan. Tu peux commencer à ramasser les débris en attendant ? Histoire de faire place nette pour le début des travaux ? Ça serait vraiment con de glisser sur un éclat de bois... »

Elle tourna alors le dos à la brunette pour se diriger d'un pas ferme et décidé vers la loge du gardien dont la tête reposait sur sa poitrine, une filet de bave coulant de la commissure de ses lèvres.

- « Hum hum. »

Rien, le vieux ne semblait pas vouloir se réveiller. Dakota tenta donc une approche un niveau sonore au dessus :

- « HUM HUM. »

... le vieux dodelina à peine de la tête avant d'émettre un ronflement sonore. L'adolescente commençait à perdre patience et se décida donc à visiter la loge par elle-même. Advienne que pourra ! Une fouille minutieuse lui permit de trouver une longue corde dans un débarras qui devait sûrement servir en temps normal à actionner les épais rideaux rouges masquant la scène.

Tentant d'ignorer la diode qui clignotait dans sa tête en lui susurrant « et si tu avais peur qu'il te voit voler la corde ? », la blondinette fila vers l'endroit ou l'attendait Pandora en essayant de stopper les tremblements dans ses mains.

*Je n'ai pas peur. Peur de quoi d'ailleurs ? Y'a pas de raison, j'ai peur de rien.*

Malheureusement elle avait un mal fou à se convaincre elle-même et fini donc par appliquer la manière forte qu'elle réservait aux derniers recours : l'auto-baffage. Ça lui donnait l'air d'une malade mentale mais la douleur cuisante sur sa joue l'aidait à recouvrer son sang froid. Elle était donc beaucoup plus calme (et avec une joue écarlate avec la trace de ses 5 doigts) lorsqu'elle arriva devant Pandora.

Le moins qu'on puisse dire était que le travail n'avait pas beaucoup avancé mais sa camarade faisait de visibles efforts. Cette constatation adoucit légèrement l'humeur tatillonne de Dak-o-tak. Au lieu d'engueuler Pan' elle se contenta donc de poser la corde sur le piano, prendre un balai et se mettre au travail en lâchant d'une voix aussi neutre que d'habitude :

- « Ça viendra t'inquiètes pas, c'est comme le vélo. Ça s'oublie pas. Et évites d'agiter trop le balai, ça soulève de la poussière et elle retombe partout en salopant le travail. »

On fait comme ça alors, laisse moi 5 minutes pour aller demander au gardien s'il a une corde et on tente ton plan. Tu peux commencer à ramasser les débris en attendant ? Histoire de faire place nette pour le début des travaux ? Ça serait vraiment con de glisser sur un éclat de bois...

A ramasser les débris ? Donc à balayer. Elle n'avait jamais fait ça avant et tandis que Dakota s'éloignait, elle chercha l'endroit où aurait pu être mit les balais. Son regard s'arrêta rapidement sur un placard au fond de la salle. Elle s'y dirigea, ouvrit la porte non sans mal. Elle semblait fermée à clé mais la poignée était tellement usée et rouillée qu'en forçant un peu elle s'était décider à la laisser prendre ce qui se trouvait à l'intérieur. Pandora s'écarta sur le côté à temps pendant qu'un seau, trois balais et un manche avec au bout une serpillière qui tenait par quelques bouts de ficelles s'écrasaient à l'endroit qu'elle venait de quitter il y a peu. Elle soupira, attrapa deux manches d'un de ces machins qui servaient à nettoyer et essaya de refourre le reste à l'intérieur.

Elle entreprit alors de dégager le maximum de débris en balayant du mieux qu'elle pouvait, même si ce n'était pas vraiment une réussite. C'était une des premières fois qu'elle touchait d'elle même à un objet comme celui ci, même si elle en avait déjà vu quelques uns à la télé ou dans les mains d'une des femmes de ménages. Elle comprenait le système de balayer de gauche à droite, mais ça ne donnait pas forcément le résultat espéré. Elle avait déjà fait ce genre de chose, une fois. Sa mère l'avait punie et elle avait du nettoyer sa chambre seule. Oui, les punitions de Pandora étaient toujours étranges. Une fois, elle avait du mettre la table, l'autre fois faire son lit. Ses parents pensaient vraiment que quand elle était jeune, cela la gênait. Mais la brune n'en avait à vrai dire rien à faire. Ils la faisaient faire la vaisselle, oui, et ? Elle devait pleurer de laver trois assiettes et un verre avant que la cuisinière vienne finir le travail ? Bien sûr que non, il lui en fallait plus. Et d'un certain côté, elle préférait faire le travail elle même, ça lui évitait de repasser derrière une des femmes de ménages pour remettre tous ses objets en placent et parfaitement alignés.

Dakota arriva peu après avec une corde et la joue d'un rouge vif. Pandora la regarda un instant, mais ne lui posa aucune question. Elle commençait à bien comprendre que ceux qui avaient été envoyé, de leur plein gré ou pas, chez ce Docteur Parkinson avaient tous leurs problèmes et leurs secrets. Elle détestait que quelqu'un l'a voit aligner des choses sans pouvoir s'arrêter et pourtant, elle avait redresser une pancarte devant Dakota.

Ça viendra t'inquiètes pas, c'est comme le vélo. Ça s'oublie pas. Et évites d'agiter trop le balai, ça soulève de la poussière et elle retombe partout en salopant le travail

Pan' acquiesça, elle aurait pu, elle aurait essayé de faire bouger les débris mentalement pour les mettre tous au même endroit. Mais ce qu'elle arrivait à faire semblait en fait marcher quand ce nouveau 'don' le souhaitait. Et apparemment, il ne voulait pas faire bouger ces restes. Après une dizaine de minutes, il semblait que le tout soit déjà plus propre qu'à leur arrivé. Il ne restait presque plus rien sur le sol et Pan' commençait à se lasser de ce va-et-vient continuel entre la poubelle et les petits tas fait sur le sol par les deux filles.

[ Encore DE-SO-LEEEE T_T ]

[Hrp : désolé du temps que j’ai mis à répondre, il faut dire que je ne m’attendais pas à te revoir de sitôt ! XD]

Une fois ces sages conseils dispensés les efforts de Pandora se firent légèrement plus fructueux, même s’ils étaient loin d’être optimaux. Bon gré mal gré les deux donzelles finirent par achever cette tâche fastidieuse pour se tourner vers la suivante et non moins difficile… la « réparation » du piano. Tendant la corde à la jeune femme, Dakota leva les yeux vers le plafond enténébré afin d’y repérer la poutre.

- « Tu vas pouvoir le faire ? Ton pouvoir semble plus instinctif que le mien, le contrôle à l’air délicat… »

L’adolescente jeta un coup d’œil critique à la brunette avant de hausser les épaules. Après tout ce n’était pas comme si elles avaient le choix. Elles devaient le faire un point c’est tout et si Pan’ n’y arrivait pas elles n’avaient plus qu’à jouer les alpinistes pour faire passer la corde par-dessus la poutre.

Laissant cette tâche délicate à sa compagne, la voyageuse se mit en quête de chaises assez robustes pour soutenir le poids imposant de l’instrument. Inutile de songer aux chaises en plastique où à celles en bois de basse qualité ! Il lui fallut une fouille approfondie des coulisses pour tomber sur des meubles correspondant à ses critères de solidité. Les transporter jusque sur la scène ne fut pas chose aisée, mais cela laissa tout le temps nécessaire à Pandora pour accomplir sa mission.

Dak de son côté était essoufflée et haletait comme après un sprint. Même si elle connaissait beaucoup de choses du monde pratique, elle n’était pas moins une fille de riche elle aussi et donc n’était pas habituée à courir en tous sens pour faire les basses besognes en digne Cendrillon. Poussant un soupir sonore elle lâcha donc à l’adresse de son amie :

- « Pfiouuu… plus vite on aura finit mieux ça sera ! Et puis il nous faut encore trouver le reste des instruments. On s’active pour finir ça ? »

Regardant avec appréhension la masse noire du piano et la maigreur de ses bras, l’adolescente afficha un rictus en grommelant pour elle-même :

- « Espérons que nos bras et son pouvoir suffiront à déplacer des montagnes… »

Elle tendit alors les mains vers la corde épaisse et rêche, tentant de trouver une prise stable et ce difficilement. « Mon pays pour une troupe de déménageurs » ne put s’empêcher de penser l’enfant avant d’exhorter Pandora à suivre son exemple. Dakota prit alors une profonde inspiration, fléchit jambes et contracta ses muscles de moucheron en murmurant dans un souffle :

- « T’as intérêt à bien te concentrer sur ce coup là Pandora, parce que ce ne sont pas nos bras qui retiendront ce truc et s’il nous tombe dessus… je te laisse imaginer la scène. »

Facile à imaginer d’ailleurs, même si les demoiselles auraient probablement préféré s’en passer…

Alors que le déménagement occuper tout le temps de nos deux amies, celles-ci n'avaient pour le temps pas remarquer ces trois quatre goutte tomber sur la scène, mais maintenant qu'elles étaient dessous, il aurait été difficile de ne pas remarquer que le sol était complètement mouillée, et pour cette raison, très glissant. Peut être que c'est a cose de cette grosse flaque que Camille et les autre sont tomber.

Ce toit serai vraiment a réparer au plus vite, difficile de lancer une carrière, avec de la pluie qui vous tombe dessus pendant que vous chantez non? A moin que ca ne soit des effet spéciaux pour "I'm singing in the Rain..." Dans ce cas...

En tout cas, la télé du veilleur encore allumer vous laisse un bruit de fond, et c'est d'ailleurs la météo qui passe en ce moment. Vous pouvez distinguer les mots "pluie" "nuage" et vents...après difficile de dire si la présentatrice botoxé parlait d'Ellipse ou non...mais pourquoi prendre un risque...tien d'ailleur ca serait peut être une bonne idée de verifier le bon fonctioonnement du materiel électrique?

- « Tu vas pouvoir le faire ? Ton pouvoir semble plus instinctif que le mien, le contrôle à l’air délicat… »

Normalement, c'était faisable, en découvrant ce qu'elle pouvait dorénavant faire dans le parc, elle savait qu'elle devrait sans doute y arriver. Suffisait de concentration. Le problème étant que Pandora ne se concentrait passionnément sur quelque chose que rarement. Elle agissait et réfléchissait après, subissant les conséquences de ses actes. Enfin, elle s'en sortait généralement bien. Une de ses qualités étant de réussir à se tirer de pas mal de mauvaises affaires. Même si celle ci, c'est à dire de rester coincer dans une sorte de monde étrange, était plus difficile à s'extirper que les précédentes. Dak', elle, cherchait quelque chose de suffisamment robuste pour maintenant le piano boiteux.

« Bon ! »

Pandora remonta ses manches pour dégager ses mains, elle prit la corde et plissa les yeux. Celle ci commença à monter lentement dans les airs. Au moins, elle allait à son allure, c'était le cas de le dire.

« Doucement... Doucement... Dou-ce-meeent... »

La corde s'élevait de plus en plus haut, de là à toucher le le plafond, il était assez bas pour que la corde soit sous l'influence de cet sorte de pouvoir.

« Hum... Maintenant, virage à gauche pour passer de l'autre côté de la poutre. »

C'était toujours bien de le dire, mais le faire était déjà un peu plus compliqué. C'est quand des gouttes d'eau lui tombèrent sur le visage que la corde retomba par terre, inanimée. Il pleuvait à l'intérieur ? Pandora essuya les trois, quatre gouttes et recommença l'opération de faire 'léviter' la corde, cette fois ci plus rapidement, elle esquissa un mouvement ridicule de la main, comme ceux qui apparaissent dans les films et la corde passa de l'autre côté, pendant lamentablement mais utilement. Dakota arriva ensuite alors que Pandora regardait avec satisfaction cette corde.

- « T’as intérêt à bien te concentrer sur ce coup là Pandora, parce que ce ne sont pas nos bras qui retiendront ce truc et s’il nous tombe dessus… je te laisse imaginer la scène. »

Sur le coup, Pandora hocha la tête. C'est sûr qu'au moins en commençant par le pire, ce serait plus facile par la suite. Étant plus âgée et très sportive, elle avait plus de facilité à tirer sur la corde que la jeune Dakota. Unissant leurs efforts le piano s'éleva lentement jusqu'à laisser un espace suffisant pour se laisser soutenir par l'objet que Dak avait ramené. Pendant que Pan' faisant peser tout son poids, léger certes, mais tout de même, sur la corde, la blondinette la lâcha pour positionner le meuble à l'emplacement qu'il lui était convenu, c'est à dire à l'endroit du pied manquant. Diverses gouttes retombèrent sur la scène, premièrement Pan' n'avait pas pensé qu'il s'agissait du toit, une fenêtre mal refermée aurait pu revenir au même. Elle leva la tête et distingua une sorte de trou béant alors qu'un son, de télévision sans doute, couvrait le bruit que faisaient nos voyageuses.

« Sur la partie nord de pays de profond trouble météorologique, en particulier sur iciii... * silence sans doute destiné à la laisser montrer l'emplacement sur la carte * où reignera une pluie, le ciel sera couvert de nuages et ce ne serra pas le vent présent qui les chassera... »

Les sourcils de Pandora se froncèrent, style pas content, mais alors pas content du tout.

« Merde, on est aussi chargée de réparer le toit je suppose. C'est sidérant. »

La télévision émit quelques grésillement mécontent, l'écran devait sans doute se brouiller d'un effet neige. Il ne manquait plus que ça. Elle soupira un instant. Et se frappa dans les mains comme pour se donner du courage.

« Soyons optimistes, Il ne semble y avoir que quelques flaques légères, ça ne prendra pas longtemps de les nettoyer, mais c'est tout de même nécessaire, c'est sûr, quant au toit... »

Elle soupira, il n'y avait pas trente six façon de le réparer, ce toit.

A peine résolvaient-elles un problème qu’un autre pointait son nez aussi sec… enfin « sec », façon de parler ! Un piscine oui plutôt ! Le piano rafistolé trônait au beau milieu d’une flaque d’eau de pluie, une chance que ni Pandora ni elle n’ai glissé et se soit cassé une jambe. Malgré ses paroles optimistes sa compagne de voyage n’avait pas l’air contente. L’adolescente, elle, fulminait.

- « ‘Tain ! On a pas que ça à faire à la fin ! On devait seulement jouer du piano à la base ! Ensuite on ne demande de jouer les bonniches, de s’improviser réparatrices d’instruments et d’acheter ceux qui manque et voilà qu’un trou de merde dans ce toit de merde risque de saloper tout notre boulot ! Les propriétaire de ce théâtre devraient vérifier régulièrement leurs locaux purée ! Et puis toute cette flotte a peut-être niqué l’installation électrique… RHAAAAA ! »

La colère et le stress avait le don de rendre cette chère enfant vulgaire à souhait. Les jurons étaient l’un des seuls moyens qu’elle connaissait pour évacuer sa colère et sa frustration. Elle tourna son visage rouge et congestionné vers son ami, les yeux plissés, et cracha entre ses dents avec hargne :

- « Tu crois que j’ai une tronche d’électricien ou de couvreur ?? Elle laissa une courte pose avant de reprendre beaucoup plus fort, NON ! PUTAIN DE NON ! CES IDIOTS COMMENCENT A M’ENERVER AVEC LEURS PLANS FOIREUX ! »

Dakota inspira alors profondément et expira avec lenteur, les yeux fermés. Elle se répétait intérieurement « inspire l’amour, expire la haine » et ne consentit à parler de nouveau qu’une fois son calme habituel revenu. On ne faisait rien de bon lorsqu’on voyait rouge, c’était un fait. Il n’y avait que deux mots d’ordre : calme et logique.

Et la logique lui disait qu’elle serait dans la merde jusqu’au cou si elle plaquait tout. Une possibilité de sortie d’Elipse ne se présenterait sûrement pas de sitôt.

Un bref moment de réflexion et un passage en revue de l’état de la salle tout aussi court lui permis de mettre un peu d’ordre dans ses idées. Il n’y avait plus qu’à se répartir les rôles. Allez… enjoy !

- « Bon… faut trouver une bâche pour… bah bâcher le toit. On pourra pas faire mieux, mais je vais aller réveiller le gardien pour lui demander de faire appel à des professionnels. On nettoiera le sol quand la brèche dans le plafond sera colmatée, et je regarderais l’état du système électrique. Suffit qu’il soit en aussi mauvais état que le toit pour qu’on soit dans le noir ou sans chauffage lors du concert. Et si problème… bah on cherchera un électricien. Après on pourra enfin aller acheter le reste des instruments.»

Dak poussa alors un profond soupir tout en affichant un air désapprobateur. Cette troupe n’était pas sérieuse, mais vraiment pas. Pour louer des locaux aussi insalubres il fallait déjà avoir un grain, mais pour filer tout le boulot à des inconnues considérées comme des criminelles dans le coin… tous mabouls. Une vraie plaie !

L’adolescente leva alors les yeux vers Pandora et lui demanda avec un petit sourire en coin :

- « Tu crois que tu pourras trouver cette bâche ? »

Tu crois que j’ai une tronche d’électricien ou de couvreur ?? Elle laissa une courte pose avant de reprendre beaucoup plus fort, NON ! PUTAIN DE NON ! CES IDIOTS COMMENCENT A M’ENERVER AVEC LEURS PLANS FOIREUX

Trouver une bâche, réveiller le gardien, appeler des spécialistes, nettoyer la scène, vérifier l’électricité, appeler un réparateur si besoin, acheter les instruments… Whoua, c’est ce qu’on appelle un sacré emploie du temps.

Rho, et puis ces ‘spécialistes’ de la réparation doivent bien avoir ça dans leur affaire !

Ah non, non, non ! Trop, c’est trop !

J’y crois pas que je vais faire ça T_T’

Si je les découpent pour les recoudrent ensemble, cela pourrait faire l’affaire. Même s’il reste à trouver du fil et une aiguille, ce n'est pas le plus compliqué… T'en pense quoi ?

Pendant que Pan partait à la recherche d'une bâche dans les parages, Dakota retourna à la loge du gardien, toujours plongé dans un profond sommeil. Elle regarda quelques secondes avec circonspection le spectacle formé par un immonde filet de bave coulant de la bouche entrouverte du vieillard jusqu'à se mêler à sa barbe broussailleuse. Appétissant tout ça...

Cette fois ci pas question de tousser pour signaler sa présence, elle avait déjà eut la preuve que ça ne servait à rien. L'adolescente s'avança donc vers l'homme assoupit et le secoua sans ménagement jusqu'à ce qu'il daigne ouvrir les yeux pour la fixer avec étonnement. Sans lui laisser ne serait-ce qu'une seconde pour exprimer son indignation, la blondinette croisa les bras et commença son discours mi-moralisateur, mi dictatorial.

- « Comment osez-vous louer un théâtre en si mauvais état ? Après une inspection de l'endroit on a pu découvrir la raison de l'incident qui à causé l'incapacité à jouer de plusieurs musiciens et la perte de divers instruments hors de prix. Voulez vous savoir qu'elle est cette raison ? »

Dak laissa quelques secondes de silence pour laisser cogiter le gardien et finit par lâcher sèchement :

- « Votre négligence ! Vous n'avez pas entretenu correctement vos installations et le toit endommagé s'est mis à fuir. Le dégât des eaux a entraîné la chute des musiciens ainsi que les dégâts matériels, et il compromet grandement le concert car ça m'étonnerait que le public apprécie un spectacle sous la pluie ! Vous allez donc me faire plaisir de remettre l'endroit aux normes avant que je ne porte plainte contre vous. Je vous prierais aussi de vous acquitter des notes de soins de mes collaborateurs ainsi que des frais de remplacement du matériel. »

Elle plongea alors son regard glacial dans ceux ébahis du vieillard qui ne s'attendait pas à ce genre de discours à peine levé. L'adolescente enfonça enfin le clou en concluant avec froideur et une pointe de condescendance :

- « Il est plus que temps de prendre vos responsabilité très cher monsieur. Sur ce je vous laisse, et j'espère pour vous que le nécessaire sera fait d'ici ce soir... »

Dakota fit alors volte face et sortit du bureau sans un regard pour l'homme qu'elle venait de fustiger. Elle revint sur la scène juste à temps pour le retour de sa compagne... accompagnée de trois sacs poubelles répugnant. Pas de bâche apparemment...

Lorsque Pandora proposa de coudre les sacs plastiques ensemble, l'adolescente écarquilla les yeux, l'air interloquée. Elle était sérieuse ou... ? L'air de la brune ne laissant pas de place à l'humour, Dak fut forcée de se rendre à l'évidence : elle était sérieuse. Dans un soupir sonore elle se résolu donc à reprendre une ainée (ce qui lui attirait sans cesse leurs foudres dans le monde réel).

- « Si tu les couds, non seulement ça ne tiendra pas mais ça fera des trous dans le plastique et l'eau passera... Faut qu'on s'en tienne au scotch. Y'a forcement du scotch quelque part, au pire dans la loge du gardien mais je ne peux plus le voir celui là... »

Elle se mit alors à grommeler des récriminations inaudibles à l'adresse du gardien tandis qu'elle jetait un regard noir en direction de la loge. Elle sembla alors se souvenir de quelque chose et ajouta avec désinvolture :

- « Au fait j'me suis débrouillée pour qu'il paye les professionnels et les instruments qu'on doit acheter. C'est toujours un poids de moins sur nos épaules... Bon. Laisses moi une minute ! »

Dakota reprit à contre-cœur le chemin de la loge et réussi sans trop de mal à extorquer au vieillard maintenant débordé un rouleau de scotch de déménageur. Une fois de nouveau aux côtés de Pandora elle le lui lança avant de lâcher avec un regard vers le toit :

- « Prête à bosser ? J'espère que t'as pas le vertige... »

Si tu les couds, non seulement ça ne tiendra pas mais ça fera des trous dans le plastique et l'eau passera... Faut qu'on s'en tienne au scotch. Y'a forcement du scotch quelque part, au pire dans la loge du gardien mais je ne peux plus le voir celui là...

Ah ouais, pas con, vive le chatterton, de toute façon je ne pense pas que le gardien est du genre à coudre des vêtements, quoi que dans les loges...

Au fait j'me suis débrouillée pour qu'il paye les professionnels et les instruments qu'on doit acheter. C'est toujours un poids de moins sur nos épaules... Bon. Laisses moi une minute !

Prête à bosser ? J'espère que t'as pas le vertige...

Non, j'ai un TOC, pas une phobie du vertige, c'est déjà ça...

Et c'était partiiii ! Pandora n'avait pas le vertige et c'était tant mieux car en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire les deux donzelles se retrouvèrent sur le toit, agrippées aux tuiles pendant que Dakota tentait de convaincre son subconscient qu'elle ne risquait pas d'avoir peur de tomber. Ça ne commençait pas pour le mieux comme vous pouvez le constater...

La pluie fine qui tombait n'arrangeait pas non plus les choses mais les filles faisaient du mieux qu'elles pouvaient pour se tirer d'ici en vitesse. Après tout elles n'avaient qu'à fixer cette fichue bâche improvisée et retourner à l'abri. En théorie ça n'avait rien de bien compliqué mais il fallait avouer que le vent n'y mettait pas du sien. Au bout de longs efforts et de multiples glissades sur tuiles humides qui auraient pu conduire à une mort rapide, Pan' et Dak' finirent par coincer les sacs poubelles scotchés sous des tuiles et purent enfin retrouver l'intérieur sec du théâtre... juste au moment où l'équipe de professionnels débarquaient. Le sang de la jeune adolescente ne fit qu'un tour mais elle se contint : après tout ce n'était pas la faute de ces ouvriers si elles avaient été tellement lentes que leur travail n'avait au final servit à rien.

Alors que les rires des couvreurs achevait de la mettre sur les rotules, la blondinette leur jeta un regard glacial, à faire pâlir d'envie un iceberg, et redescendit en direction de la scène prête à passer sa rage naissante sur une pauvre serpillère innocente. Cette mésaventure eut au moins un bon côté : la scène reluisit en deux temps trois mouvements. Plus la moindre trace de flaque d'eau à l'horizon, elles pourraient partir en paix de ce théâtre de pacotille !

Dakota laissa Pan' parfaire le ménage et fila comme le vent vers sa vérification superficielle de l'état des installations électriques. Vérification qui se borna à regarder si aucun fil n'était abîmé ou sectionné, et si la chaudière était en état de marche. Par miracle il n'y avait aucun problème de se côté là, à croire que la puissance supérieure qui régissait soit-disant leurs vies s'était enfin décidée à les laisser un peu souffler. Alors qu'elle retrouvait son équipière, la blondinette lâcha un éternuement sonore avant de frissonner.Rien de bien étonnant après tout, elle était trempée de la tête aux pieds et la toquée ne semblait pas en meilleur état.

*A force que Dieu s'acharne sur moi je vais finir par croire en son existence... ou pas ?*

Elle poussa un soupir sonore avant de se laisser tomber sur une chaise et de lever un regard morne et vide vers Pandora.

-"Je crois qu'on peut aller chercher les instruments. Par contre je sais pas pour toi mais je serais pas contre une pause. Je meurs de faim et je crois que je suis à deux doigts de tomber malade..."

En deux temps trois mouvements les deux demoiselles s'étaient retrouvées sur le toit, et sous la pluie, pour fixer une bâche digne de … Digne de rien du tout car leur installation restait malgré tout vraiment superflue. Donc, vent + pluie + toit glissant = Catastrophe ? Non, mais de peu. Telles des reines de la réparation, elles redescendirent à terre dans un état pitoyable, c'est à dire cheveux décoiffés et vêtements trempés, pour justement voir arriver les vrais roi de la réparation – En gros, ceux qui ont le matériel et qui sont payer pour faire ça -. Ce qui ne valu à Pandora qu'un bref soupire, une vrai zen attitude cette jeune fille.

Dakota, fidèle à elle même, fit stopper leurs ricanements net grâce à un regard dont elle avait le secret, puis alla finir de nettoyer la scène, accompagnée de Pan'. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la scène brillait déjà de milles feux. Pendant que la brune finissait de peaufiner le tout, la blonde, elle, vérifiait les systèmes électriques et ce qui s'en suit. Pandora alla ensuite ranger le matériel, en espérant que les ouvriers ne resaliraient pas ce qu'elles venaient de nettoyer sous peine de se prendre un balai dans la tronche. Elle examina la salle qui était, il fallait tout de même l'avouer, grâce à leurs multiples efforts beaucoup plus présentable – Et de surcroît maintenant, tout ou presque, était parallèle et aligné -.

L'éternuement de Dak' la fit sortir de sa rêverie. Pan' observa quelques instants sa tenue avant de se dire avec un splendide regard blasé, premièrement que sa tenue était ruinée et deuxièmement qu'elles allaient attraper la crève. Après tout, la jeune fille ne s'était habillée pour aller à son rendez-vous, sans se douter qu'elle allait aussi dans un autre monde, que d'un jeans et d'une chemise. Par chance elle avait aussi revêtit un manteau ce qui sembla réellement lui servir maintenant car elle n'avait pas l'air en si mauvaise forme que Dakota, bien qu'elle avait froid aussi. Elle prit le bonnet qui dépassait de sa poche pour le mettre sur sa tête, par dessus ses cheveux en pagailles. Pendant qu'elle essayait de resoigner un peu son apparence – on ne change pas les gens comme ça -, l'adolescente soupira et dit, d'une voix sans réelle conviction :

-"Je crois qu'on peut aller chercher les instruments. Par contre je sais pas pour toi mais je serais pas contre une pause. Je meurs de faim et je crois que je suis à deux doigts de tomber malade... "

Pandora attrapa la chaise la plus proche et se laissa tomber dessus.

« - Les instruments attendront quelques instants, ils ne vont pas s'envoler comme ça de toute façon, vu le poids qu'ils font... On peut toujours essayer de voir si le concierge à un peu de nourritures. Il nous doit bien ça. »

Et se releva donc de sa chaise pour se diriger vers la loge de l'homme qui dormait tout le temps. Quoi que pour le moment il était parfaitement éveillé et regardait avec un air inquiet Pandora, qui d'ailleurs ne savait que ce que Dak' lui avait dit, mais en tout cas, ses paroles semblaient avoir eut de l'effet.

« Monsieur ? Auriez vous un peu de nourriture ? Vous savez, nous avons... »

Le gardien l'interrompit d'un coup de tête. Au début Pan' crut qu'il lui disait de déguerpir pour enfin remarquer qu'il avait pointé du menton une sorte de mini frigo. La brune le remercia et prit une bouteille d'eau ainsi qu'un paquet de gâteaux secs - allez savoir pourquoi il le gardait au frigo. Il garda son regard fixé sur elle, comme si elle allait lui sauter dessus et le mordre, jusqu'à ce qu'elle quitte sa loge. Elle revient s'assoir à sa place et lança le paquet de nourriture à Dakota.

« Je sais pas ce que c'est, mais y avait que ça qui semblait mangeable, c'est peut être pas mauvais, donc si tu as vraiment faim, de la nourriture ça reste de la nourriture... »

Honnêtement, Pandora n'aurait jamais cru dire ça un jour.

Le Spoiler, c'est tout ce qu'il s'est passé depuis que Mathilde a atterri dans DreamLand. Il n'y a pas grand chose, certes, mais je l'ai caché pour ne pas rallonger d'une page et demi le Topic. Donc à votre plaisir de le lire, sinon, je reprends directement à notre rencontre après le Spoiler. Wink

Spoiler:

Cela faisait peut-être une heure et demie que Mathilde usait le cuir de ses chaussures vernies. La fatigue, la douleur et le désespoir étaient les premiers mots qui lui venaient au coeur.
Alors Mathilde songea à se poser, à poser ses jambes, son corps fatigué, son esprit. A faire un point sur toutce qu'il se passait pour elle. Ce monde, cette monnaie... Trouver un sens à toutes ses nouveautés.
Dans l'idée de trouver un bar ou une brasserie, Mathilde tourna son regard du sol aux boutiques. Mais elle ne comprenait pas; il n'y avait aucune donnée en dollar. Seulement ce Rubz étrange.
Alors elle pensa à chercher une banque où elle pouvait transformer son dollar qu'elle avait en milliers dans le monde réel en Rubz. Mais elle oublia cette idée...
Non, elle devait d'abord savoir ce qui lui arrivait, où elle était. Mathilde replongea son regard sur le sol et continua sa marche monotone.
Enfin, fixant son regard au trottoir, celui-ci rencontra le coin d'un mur. Alors Mathilde releva les yeux.

-Même si j'ai l'air une imbécile touriste en faisant ça, il va falloir que je trouve quelqu'un qui puisse enfin m'expliquer dans quel monde je suis tombée!

Alors elle découvrit les écritures inscrites sur le mur. Cela indiquait un théâtre, ou une salle de concert. Alors Mathilde se motiva; elle devait trouver quelqu'un... N'importe qui. Sauf un SDF, ou une prostituée..; jamais elle ne pourrait leur parler à ceux-là. Ils étaient d'un autre monde. Encore plus terrifiant que celui où Mathilde se perdait à ce moment-là. Et ils étaient également la cause de la crainte qui avait poussé Mathilde dans DreamLand. Mais bon, passons!
Mathilde avait poussé la porte en hésitant, puis, se donnant pour raison qu'elle devait obligatoirement le faire pour savoir pù elle était, avait lancé un petit:

-Il y a quelqu'un ?

Comme si Mathilde avait été impatiente, elle n'avait pas attendu d'obtenir la moindre réponse d'un fantôme ou d'une personne paraissant humain, et avait avancé...
Elle avait avancé jusqu'à que le couloir s'élargisse. Jusqu'à qu'elle se trouve dans la salle en elle-même.
Et là, Mathilde Jeanne De Moure de son nom complet fit leur rencontre.
Une brune à la frange, grande et magnifiquement mince. Elle s'appelait Pandora W. Colombs, mais ça, elle le saurait plus tard...
Et une petite gamine blonde, qui devait avoir pas plus de quinze ans, avec caractère prononcé -ça, Mathilde l'avait deviné juste avec la force de son regard-, nommée Dakota.
Heureusement que Mathilde n'était plus seule...
Un sourire sur les lèvres, de joie et de se sentir enfin avec des gens, des filles, la jeune De Moure lança un "Bonjour" très, mais alors vraiment très timide.

Enfin l'heure de la pause salvatrice ! La blondinette se laissa tomber sur une chaise près d'un radiateur pendant que Pandora partait soutirer au gardien du théâtre de quoi leur redonner un soupçon d'énergie. Elle ôta sa veste pour la faire sécher sur le dossier de son siège et passa sa main dans ses cheveux dégoûtant d'eau de pluie. Cet instant de répit faisait accourir une foule de question dans sa petite tête, des questions comme "combien de temps allaient-elles encore passer ici ?", "le temps s'écoule-t-il à la même vitesse là-bas et ici ?", "que se passerait-il si on mourait à Dreamland, en tombant d'un toit trempé par exemple... ?". Beaucoup de questions et aucune réponse bien entendu, situation désagréable dont Pan' la tira en revenant avec de quoi combler leurs fringales naissantes.

Dakota attrapa le paquet au vol et en tira un gâteau qu'elle mâchonna non sans une grimace. Il était un peu pâteux, comme gâté par un séjour au frigo ou dans un vieux placard humide. Malgré tout c'était mieux que rien et comme l'avait dit si philosophiquement sa camarade : de la nourriture reste de la nourriture. Tais-toi et manges comme disait si bien sa propre grand-mère irascible à souhait !

-"Bien dit, de toutes manières je suis trop fatiguée pour faire la difficile..."

Alors que les deux filles avalaient tant bien que mal leur encas, une voix résonna au loin, du côté de l'entrée du théâtre. Dak ne s'en formalisa tout d'abord pas, après tout elle n'était pas responsable de cette salle de concert miteuse, mais quand les bruits de pas se rapprochèrent et qu'une voix timide les salua elle n'eut d'autre choix que de lever ses yeux froid et blasés vers la nouvelle arrivante. Elle était brune, elle était belle et de plus elle semblait riche. A croire que les filles à papa possédaient un radar pour retrouver leurs semblables et s'attiraient tel des aimants.

Un sourire ironique étira ses lèvres fines et elle adressa un signe de tête à Mathilde pour l'inviter à les rejoindre.

-"Bonjour... tu cherches quelque chose ? T'as l'air un peu perdue."

Ses yeux bleus furent alors attirés par la pièce, l'unique pièce, qui brillait dans la paume de la main de la fille De Moure, aussi perdue qu'elle au milieu de tout ce bordel chimérique. On aurait presque dit une voyageuse... presque. Mais la méfiance de Dakota s'éveillait à la moindre raison et elle ne loupa pas l'occasion. Après tout c'était peut-être un piège des flics d'ici, peut-être que la grand-mère à moitié folle qu'elles avaient croisé ce matin avait porté plainte, elles étaient peut-être recherchées...

Une pointe d'angoisse pointa alors son nez, sûrement la peur d'avoir peur que tout ça soit vrai... ce n'était vraiment pas le moment pour ces conneries !

-"Tu cherches un téléphone peut-être ? On peut demander au gardien. Ce vieux gâteux à tellement peur de nous maintenant que je ne crois pas qu'il oserait nous dire non pour un petit coup de fil. A moins que tu ne sois amatrice de théâtre ? Si c'est le cas je ne sais pas si tu as choisi le bon endroit pour vivre ta passion, ils ne sont pas très professionnels dans le coin..."

Malgré l'aspect amical de ses paroles, les yeux de la jeune adolescente restaient insondables, fixés sur la silhouette solitaire de la pauvre Mathy. Les questions s'accumulaient pour mieux dévoiler les véritables intentions de cette inconnue qui n'était peut-être au final qu'une pauvre fille de riche Elipsienne qui s'était un peu trop éloignée de la limousine parentale, mais on ne savait jamais. Ce monde était trop dangereux pour baisser sa garde aussi facilement.

Après une légère pause, Dakota tendit le paquet de gâteau et lâcha sans une once d'émotion :

-"Au fait tu veux un gâteau ?"

-Il y a quelqu'un ?

Pandora haussa un sourcil. Elle avait bien entendu une voix mais Dakota semblait soit de pas l'avoir entendu soit ne pas y prêter attention. La brune fit donc de même et attira un gâteau vers elle grâce à ce pouvoir bien pratique, mais tout en discrétion. Il pouvait y avoir des regards d'Ellipsiens, donc ce n'était pas vraiment la peine de les mettre dans une situation plus compliqué qu'elle ne l'était déjà.

Alors qu'elle examinait ce qu'elle tenait entre les mains d'un regard critique un timide 'Bonjour', dit de la même voix que la phrase prononcée juste avant, la fit sortir de son analyse. Dakota l'a salua à son tour mais Pan' resta méfiante. Elle revoyait encore la vieille femme avec son regard dément et la chose que l'ado' avait du faire apparaître pour se débarrasser de la mégère. Elle lui fit donc juste un signe de tête. En tout cas, les seules choses qui étaient sûr dans l'esprit de Pan' était que la jeune inconnue était jolie, semblait assez gentille mais était surtout comme les deux jeunes filles. Une riche jusqu'aux bouts des ongles. Quelqu'un qui possédait un revenu moyen n'aurait jamais pu se permettre d'acheter des chaussures pareilles.

-"Tu cherches un téléphone peut-être ? On peut demander au gardien. Ce vieux gâteux à tellement peur de nous maintenant que je ne crois pas qu'il oserait nous dire non pour un petit coup de fil. A moins que tu ne sois amatrice de théâtre ? Si c'est le cas je ne sais pas si tu as choisi le bon endroit pour vivre ta passion, ils ne sont pas très professionnels dans le coin..."

La jeune Colombs esquissa un sourire, c'était vrai que le gardien avait vraiment l'air d'avoir peur d'elles. Et vu l'air de la demoiselle, c'était presque impossible qu'elle souhaite faire des débuts théâtrale ici. Si Pan s'en referait à elle même, premièrement, elle aurait eu son garde du corps qui ne la lâchait pas d'une semelle près d'elle et deuxièmement elle ne se serait surtout pas rendue dans un endroit comme celui ci, sa mère l'en aurait interdit. Pas par affection ou quoi que ce soit mais plus par honte, on aurait pu la voir entrer dans un théâtre de second choix et ça aurait alors été très mauvais pour la réputation de la famille.

La jeune femme soupira et reporta son attention sur Mathilde, bien qu'elle ne connaisse pas encore son prénom. Elle tenait dans sa main une pièce d'ici... Une pièce ? C'était obligatoirement une voyageuse, elle aurait du tenir un billet, un gros billet ou une carte bancaire si elle s'était trouvé dans son monde. Mais vu que Pan n'était pas une as de la réflexion et qu'elle l'examinait surtout par rapport à elle, étant sans presque aucun doute du même milieu, elle ne pouvait réellement se prononcer.

Elle lui adressa adressa un sourire accueillant mais ne dit rien. Elle croqua une bouchée de son gâteau sec et fit une grimace. Il était mauvais, très mauvais. Enfin, ce qui gênait n'était pas tellement le goût mais plutôt la matière pâteuse. Alors quand Dak tendit le paquet vers Mathi, Pan ne pu que jeter à celui ci un regard dégoûté mais finit tout de même le biscuit qu'elle avait prit. Un petit pas pour Pando, un grand pas vers le monde de la normalité. D'ordinaire elle l'aurait immédiatement jeté et aller chercher un met hors de prix dans les cuisines. Elle soupira une nouvelle fois et commença à s'étirer. Après tout, la vie banale n'était pas si difficile que ça, il fallait juste prendre les bonnes habitudes.

Mathilde remarqua le contraste entre la pièce, le Rubz dont elle ne savait rien, et le paquet de gateau qu'avaient les deux inconnues. Et soudainement, Mathilde eut faim. Oui, les femmes ne résistent que si peu de temps à la tentation!
Enfin, là n'était plus la question, parce qu'entre la vue des biscuits et le moment présent, l'adolescente blonde avait déjà répondu à la jeune De Moure.

-"Bonjour... tu cherches quelque chose ? T'as l'air un peu perdue."

Mathilde leva les yeux vers la blonde, puis la brune, avant de les porter vers le ciel, couvert du plafond poussiéreux de la salle de théâtre usée. Ca, pour être perdue, c'était le cas. Pour dire vrai, Mathilde se sentait même desemparée, seule, abandonnée, et pire que tout ça: Mathilde se sentait affreusement pauvre, avec ce minuscule Rubz qui ne représentait rien sinon de l'incompréhension totale pour elle. Alors oui, Mathilde était, pour résumer, perdue.
Mais elle n'eut pas le temps d'acquiescer avec des paroles. Seule sa tête avait eut un mouvement vertical que la jeune fille qui avait précédemment parlé continua sur sa lancée.

-"Tu cherches un téléphone peut-être ? On peut demander au gardien. Ce vieux gâteux à tellement peur de nous maintenant que je ne crois pas qu'il oserait nous dire non pour un petit coup de fil. A moins que tu ne sois amatrice de théâtre ? Si c'est le cas je ne sais pas si tu as choisi le bon endroit pour vivre ta passion, ils ne sont pas très professionnels dans le coin..."

Non! Ce n'était absolument pas cela! Enfin... Si Mathilde avait été stupide, elle aurait eu besoin d'un téléphone. Mais non. Elle comprenait bien que ce San Francisco n'était pas celui qu'elle connaissait par coeur. Et, grâce à de multiples successions de déductions, Mathilde était maintenant sure qu'elle ne trouverait personne de connue, ici. Ni ce médecin fou, là, Parkinson, ni même ses amies, et encore moins ses parents... Et heureusement! Pas besoin de supporter leur présence affligeante de malades! Peut-être était-ce le début d'une guérison lâche... Fuir les problèmes est tellement plus facile! Mais ces deux dernières phrases, Mathilde ne les calculaient même pas: Car cela l'arrangeait, évidemment. Mais pour l'heure, Mathilde songeait simplement à la réponse qu'elle allait donner à la fillette. Car celle-ci avait rajouté une question aux précédentes.

-Non, je ne veux pas de téléphone... J'ai le mien, de toute façon! Comment pourrais-je sortir sans mon portable? Enfin, je ne suis pas là pour le théâtre non plus... A vrai dire, ne me prenez surtout pas pour une folle, mais je crois avoir été enlevée dans un clone de la ville de San Francisco, ou... Je sais pas. Je sais bien que cela n'est pas possible, mais tellement de choses diffèrent de là où je vis. Je ne comprends pas. (Marquant une minuscule pause et dévoilant sa minuscule pièce que Dak et Pan ont déjà vue mais ça Mathilde n'en sait rien) On... m'a donné ça, vous savez ce que c'est... ?

Mathilde avait été un peu confuse. Elle avait barbouillé sa mésaventure incompréhensive aux deux demoiselles et se rendait compte à quelle point elle pouvait paraître stupide... Ou plutôt: Folle. Mais au grand jamais Mathilde n'aurait songé cela d'elle, alors on se contentera de stupide, d'accord?
La jeune fille se mordit la lèvre. Elle imaginait tous les scénarios possibles: celui où les deux inconnues la livreraient à la police de peur à avoir à faire à une dégénérée; Ou celui où tous les secrets de ce nouveau San Francisco et du Rubz lui seraient expliqués.
Le deuxième lui conviendrait très bien. Et, la faim lui tiraillant l'estomac, elle accepta un biscuit.

-Avant votre réponse, je veux bien un gateau. Et, je m'appelle Mathilde Jeanne De Moure... Sait-on jamais, cela peut servir...