C’était totalement dingue. Elle ne pouvait pas rester avec cet homme une minute de plus. Elles avaient eut de la chance cette fois-ci mais… en auraient-elle autant la prochaine fois ? La peur d’avoir peur de mourir à n’importe quel instant la prit au ventre, la faisant s’écarter brusquement de Ryld, encore couché au sol. Elle ne pouvait pas… il ne fallait pas… ca allait mal tourner, forcément. Dakota fit volte face brusquement et lâcha par-dessus son épaule d’une voix étranglée par le stress :

- « On se retrouve au théâtre plus tard, je m’occupe des violons ! »

Toute bonne excuse pour partir loin d’ici était bonne, à prendre toutes celles pour rester seule aussi. Tout partait à vau-l’eau depuis qu’elle avait débarqué ici, et encore plus depuis qu’elle s’était mise à parler à des gens. Rester avec des gens à problèmes, totalement irréfléchis… à quoi ça l’avait mené franchement ? A se retrouver exploitée, poursuivie, trempée et presque dévorée par une vague d’araignée. Elle avait beau avoir des pouvoirs, elle restait humaine, mais surtout jeune, très jeune.

Dak’ était fatiguée de tout ça, elle voulait fuir très loin d’ici, rentrer chez elle… elle craquait littéralement.

Sans réfléchir au fait qu’elle soit la seule à avoir une carte et que les autres allaient probablement se perdre, elle couru droit devant elle pendant un long moment, jusqu’à être complètement égarée et que la nuit se mette à tomber. Elle se trouvait dans un quartier sordide avec pour seuls bagages une carte et quelques rubz en poche. L’adolescente tenta de profiter de cette solitude pour se calmer et se remettre les idées en place.

Tout d’abord elle n’aurait pas dû fuir en abandonnant les filles, elles risquaient de lui en vouloir ce qui compliquerait passablement les choses. Ensuite courir dans tous les sens ne la mènerait à rien, il fallait qu’elle découvre l’endroit où elle se trouvait et retrouve le chemin du magasin de musique. Posément, calmement… juste remettre les choses en place.

Son rythme cardiaque s’était calmé et elle s’essuya son front couvert de sueur. Elle devait avoir fière allure tiens ! Elle se permit d’émettre un rire bref dans la semi obscurité de la ruelle mal éclairée avant de s’interrompre, attirée par en étrange bruit au loin.

On aurait dit des pas, des milliers de pas battant les pavés en rythme. Il y avait aussi des phrases inintelligibles scandées par quelques uns et reprise par la foule. Une manifestation ? A cette heure ? La blondinette suivit le bruit non sans appréhension, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Ce n’était pas une heure pour manifester, qu’on soit à Elipse ou à San Francisco. Alors qu’est-ce que ça pouvait être ? Une émeute ? Dakota émergea alors dans la rue d’où provenait le bruit et se figea d’horreur, murmurant pour elle-même :

- « Non… une battue. »

[Direction la nuit sanglante]