Triste lune et Nuit sanglante

Et ils se souriaient, et il riaient, et ils se jetaient des petits regards gênés… hey oh ! C’était quoi ce bordel ? Liam resserra une nouvelle fois son étreinte sur le petit corps d’Ella tout en crispant sa mâchoire, avec fixé sur Dean son meilleur regard révolver. Plus ça allait plus il avait envie de s’en faire son quatre heures pour faire regretter à ce mioche de vouloir lui voler sa rouquine. Alors comme ça il avait eu envie de parler à Ella ? Il voulait rester avec elle ? Il le regretterait bientôt amèrement…

Le p’tit compagnon de cul-qui-brille avait beau nier draguer la petite il aurait fallut être aveugle pour ne pas voir l’alchimie qui naissait sous ses yeux. Le démon de la jalousie se réveilla une nouvelle fois pour taquiner les côtes de Liam du bout de sa fourche, avivant la lueur de colère qui animait son regard.

D’ailleurs le gamin semblait remarquer cette animosité car il tenta de se donner de la contenance en montrant du doigt son « père », un adolescent de 16 ou 17 ans ) la tronche d’illuminé qui était actuellement occupé à transformer un binoclard en peluche. Quelle réaction attendait-il ? Un « oh » d’effroi, un mouvement de recul et une fuite dans un nuage de fumée ? Le risque de devenir un joujou ne troublait pas le tueur plus que ça, ça lui permettrait même d’expérimenter certaines choses sous un angle légèrement différent.

Le pervers sourit à cette pensée tandis qu’Ella se remettait à babiller joyeusement. Elle voulait revoir ce gamin, en savoir plus sur lui… mais pourquoi ? Lui, Liam, ne lui suffisait pas ? Pourquoi fallait-il qu’elle offre cet amour au premier venu alors que lui seul en avait vraiment besoin ? C’était injuste, comme tout ce qu’il avait connu jusqu’alors. Et que ce soit un gamin de 11 ans qui lui pique son bonheur fugace ne faisait que renforcer ce sentiment de vol.

Un sale gosse trouillard qui se faisait dessus à la vue d’un escalier qui plus est, et qui posait des questions gênantes.

- Je ne suis pas allé voir Parkinson, il est venu à moi. J’ai juste quelques problèmes de sociabilité, je suis un grand timide, ça se voit non ?

Ou pas, en fait, mais il commençait à prendre le pli et à mentir comme un dieu. Non pas qu’il n’avait pas eut d’entraînement en la matière avant ça, loin de là même, mais jamais il n’avait eut à trouver autant de fausses excuses en aussi peu de temps. Il avait même déjà en réserve la suite de l’argumentation pour les plus sceptiques.

Comme… bah… comme Dean. Son regard trahissait bien sa pensée qui aurait pu se résumer à « à d’autre, mythomane ». Liam ne voulait pas qu’il exprime cette pensée à voix haute, qu’il sème le doute dans l’esprit candide de sa fille. Il lui servit donc sur un plateau l’une de ses meilleures excuses bidons :

- Enfin non, ça ne se voit pas forcément mais disons qu’ici je n’ai pas eut d’autres choix que de côtoyer beaucoup de monde, ça aide un peu. Mais parfois j’ai tellement envie de devenir tout petit, de disparaître… alors en contrepartie mon pouvoir me fait grossir. Juste mon doigt pour l’instant, mais c’est quand même très gênant.

Aller, un peu de bonne volonté et ça passerait comme une lettre à la poste. Et même si le doute persistait ce gamin serait probablement assez malin pour comprendre que s’il tenait à s santé il valait mieux pour lui d’acquiescer sagement. Le regard étrange qui surplombait le sourire carnassier du tueur était bien assez explicite comme ça.

Liam tapota alors la tête d’Ella avant de lâcher dans un haussement d’épaules :

- Tu n’auras pas attendu longtemps avant de le savoir, au final.

Liam resserra la pression autour de la petite. Bien que ne comprenant pas vraiment la raison de ceci, Ella en profita pour se blottir contre lui, ses petites mains bien serrées sur ses bras. Elle écouta Dean répondre à sa question sagement. Oh, presque 12 ans ! Il était vraiment plus vieux qu’elle, alors.. La fillette soupira en repensant aux garçons de l’orphelinat. Ils étaient méchants, arrêtaient pas de dire aux plus jeunes qu’ils étaient trop petits pour tout, et les accusaient des bêtises. Pf. Relevant les yeux vers lui, son visage s’adoucit, récupérant son sourire. Non, Dean avait l’air différent, il était gentil avec elle… Est-ce que c’était parce que Liam était là ? Ou peut être qu’il était naturellement gentil, après tout.. Enfin, la fillette répondit doucement.

- Ah oui, t’es grand.. Moi j’ai 7 ans.

La rouquine eut un autre de ses grands sourires lorsqu’il hocha la tête. Il reviendrait alors ! Même si elle était plus petite, il restait gentil.. Contente, la fillette l’écouta répondre à son autre question, sur Parkinson. Acroph.. Acro quoi ? … Oh, les hauteurs, d’accord.. Le vertige en fait.. Ella hocha la tête, compatissante.

- Oh.. C’est triste, j’espère qu’il y a pas trop d’escaliers là où tu vis, c’est pas cool..

Elle attendit un peu, écouta sa question, et grimaça.

- Moi j’ai.. Peur du feu.. Mais bon, L..papa m’aide !

Elle ajouta un petit sourire, et hocha la tête. C’est vrai, elle aussi aurait bien aimé savoir ce qui l’avait amené là. Levant la tête, elle observa son papa adoptif expliquer qu’il était un grand timide. Ah ben oui, évidemment, elle comprenait mieux ! .. Quoi que.. Il avait pas grand-chose de timide, si ? En tout cas, elle ne voyait pas vraiment en quoi il l’était.. Fronçant les sourcils, elle attendit la suite, perplexe. Suite qu’elle écouta sagement, avant de hocher la tête et de se blottir encore un peu plus contre lui.

Oui, c’est vrai qu’il avait dit qu’il était en prison.. Alors, avec les autres prisonniers, les gardes et tout.. Le petit corps d’Ella frissonna, se rappelant pourquoi les gens allaient en prison, généralement. Et savoir Liam avec les autres prisonniers ne la rassurait pas vraiment. Peut être qu’ils étaient méchants avec lui, qu’ils lui faisaient du mal, ou.. ou pire !

En tout cas, l’explication du tueur sur la taille inhabituelle de son doigt la convainquit totalement. C’était parfaitement logique ! Pauvre petit Liam, c’était vraiment pas sympa comme pouvoir.. Heureusement que c’était pas tout le temps… C’est vrai que c’était gênant, à cause de ça les gens le regardaient bizarrement. Pourtant, il était gentil, Liam, la fillette en était profondément persuadée. Alors pourquoi tout le monde était méchant avec lui ?

La fillette fit une petite moue, vite remplacée par un sourire lorsqu’il posa la main sur sa tête. Ah ben oui, finalement elle avait su assez vite son pouvoir. Ça voulait dire que…

- .. J’ai grandi ?!

Malgré elle, la fillette avait parlé un peu trop fort, attirant quelques regards sur eux. Rougissante, Ella enfouit sa tête tout contre le tueur. Zut. .. Il sentait bon, Liam. Elle resterait bien encore un peu, là, comme ça, enfouie contre lui... Non ?

Bon dieu, il en prenait un temps à s’exprimer… Il avait l’impression de se revoir quelques années auparavant, quand le timide William Starkey à peine sortit de l’ombre et de son profond anonymat devait s’exprimer devant média, radio, et autre spectacle pour parler de son succès… D’ailleurs à cette époque il avait son âge, tout juste 17ans. Quatre ans était passé depuis à une vitesse folle, un fait qui l’angoissait profondément quand il se penchait dessus. A y penser aussi, il s’était donné des airs à partir de ce moment, avait officiellement adopté le masque du garçon qui gérait tout sa vie, toutes ses paroles. L’étudiant coincé qu’il était resté dans l’ombre regardait, lui, entre admiration et peut être terreur, le nouveau William progresser dans la vie. Mais malgré l’image qui s’esquintait de donner, dans le fond, l’écrivain se trouvait terriblement inintéressant. Sincèrement. Car même si sa plume était fichtrement astucieuse, lui, se trouvait vide de tout intérêt, comme si ce n’était pas la même personne qui écrivait, comme si son corps était empreinter par quelqu’un d’autres lors de l’étape de la création, le même peut être, qui savait ensuite si bien parler face aux autres. Mais ça, allez l’expliquer, et maintenant il se retrouvais face à cet adolescent transis d’admiration pour lui, alors qu’est se qu’il devait faire pour répondre à ces attentes d'adorateur ? Etre lui-même ? Sauf que ce ‘lui-même’ il ne l’aimait pas. Tout ça pour dire, que de faire face à quelqu’un qui perdait complètement ces moyens devant lui, ce n’était pas son truc.

C’est alors que prenant sûrement son courage à deux mains et exploitant leurs points communs apparents, soit celui de côtoyer le cabinet du docteur Parkinson, James l’interrogea sur le pourquoi de son passage chez le psychologue. Il n’allait quand même pas avouer la chose ? Elle n’était peut être pas spécialement honteuse mais… Mesure de sécurité, il n’avait pas forcément envie d’en parler maintenant à un garçon qu’il ne connaissait finalement que depuis deux minutes, aussi sympathique soit il. Il mentait souvent, histoire de se protéger aussi, et aujourd’hui verrait naître un nouveau mensonge. Mais quel mal pouvait passé facilement

- C’était juste une visite comme ça, on m’avait dit que l’hypnose pouvait calmer l’anxiété, et ces temps ci j’en avais plutôt besoin.

En plus, c’était en partie une vérité, dans la mesure ou sa phobie devenait véritable source de stresse. Et paf, sans qu’il n’ai demandé quoi que se soit, tout lui apparu de nouveau à une taille « normal » lui tournant un peu la tête après s’être habitué à tout voir à la hauteur d’une vulgaire peluche. Ses lunettes glissèrent et il eu tout juste le temps de les rattraper pour les remettre sur le bout de son nez. Ca… Ce n’était pas trop tôt. Il se redressa en étirant ses bras, un vrai bonheur, fugace certes, mais ressentis sur le cou. Tout aurait été parfait si ce maudit mal de crâne ne s’était pas repointé à l’instant même ou il n’était redevenu un humain.

Son regard fut attiré vers un groupe de personne plutôt atypique quand une petite fille c’était questionné à voix haute si elle avait grandis. La scène aurait pu être tout à fait attendrissante si la gamine ne se trouvait pas dans les bras d’un bonhomme tout sauf rassurant, esquissant un sourire a vous flanquer des frissons dans le dos. Un autre enfant semblait aussi discuté avec eux, et l’écrivain se demanda si il était bien judicieux d’avoir choisis pour nounou ce type dont le visage lui était passablement famillié. Il était persuadé d’avoir déjà vu ce regard fou, et pas lors d’un gala mondain non, c’était sûrement épinglé sur un journal signalant que c’était un homme dangereux qu’il avait découvert ce visage la.

Il ne voulait pas jouer les chevalier protecteur, loin de la, mais cette scène l’intéressait sérieusement, l’intriguait, alors après un cou d’œil à James qui lui signalait qu’il allait à la rencontre des trois autres, William se dirigea vers le groupe. Au moment ou son pas foulais le sol, il se demanda bien quel prétexte il pourrait avancé autre que celui que ce groupe attirait son attention pour ne pas paraître louche. Mains dans sa veste, l’écrivain y retrouva son ‘meilleur ami’ à savoir, son stylo à plume. La voilà l’idée.

S’accroupissant pour être à la hauteur moyenne des trois, William accomplissant ce geste pour la énième fois de la journée, à savoir remettre ses lunettes en place avec son index, véritable tic, pris la parole en tentant d’avoir l’air le plus aimable possible.

- Excusez moi de vous déranger, bon j’ai pas encore eu la chance de faire connaissance avec vous mais vous n’auriez pas un bloc note, ou quelques choses dans le genre ?

En plus mine de rien, il en aurait vraiment besoin, pour le cou il avait plus d'une chose à balancé sur le papier... Ils repris alors en précisant.

- Je m'appelle William, je viens d'arriver, je sais pas se qu'il en est pour vous trois mais personnellement je suis un peu paumé. C'est qu'une question d'habitude surement.

Masque du "bon gars qui cherche a faire la discussion" adopté, il espérait intérieurement avoir le nom de ce type au regard déstabilisant, pouvant peut être ainsi remettre un nom à ce personnage.

Brooke avait une lampe maintenant. Elle pouvait s'en aller... S'enfoncer dans la nuit noire sans avoir trop peur. Bon, il fallait tout d'abord qu'elle rassemble son courage. Elle ne parla à personne avant de s'éclipser. James se rendrait bien compte qu'elle avait déserté et les autres, elle ne les connaissait pas. Elle était contente de s'éloigner du petit nouveau, qui trouvait enfin une certaine logique à ce qui lui arrivait. Brooke prit un pas rapide, braquant la lampe devant elle. Pour finir, elle se mit à courir aussi vite qu'elle le pouvait. Mais sa course fut vite stoppée quand elle trébucha et tomba à terre. Ah ! Quelle idée de courir alors qu'elle ne voyait plus rien... Elle secoua la tête et se releva... Pour se rassoir immédiatement. Sa cheville lui faisait un mal de chien. Une fracture ? Vraiment, elle avait le chic pour se mettre dans des situations pas possible ! De plus, elle était trop loin pour que ceux autour du feu l'entendent. Génial, elle allait devoir attendre le jour... Si toutefois quelqu'un passait par là. La lampe, heureusement, éclairait toujours, et elle en profita pour inspecter sa cheville. Celle-ci était très vite devenue rouge et enflée. Elle releva la tête et soupira profondément. Tient ? N'était-ce pas quelqu'un qu'elle apercevait là-bas ? Elle ignorait qui cela pouvait bien être, si c'était un voyageur ou non, et s'il était seul ou accompagné. De toute façon, qu'avait-elle à perdre ? Plus grand chose... Alors elle se mit à crier de toutes ses forces :

-OHEEEEEEE !!! LA-BAS !!! JE SUIS LAAAAAAA !! VENEZZZZZZ !

Elle espérait vraiment qu'il ou elle l'entendrait... Elle continua à faire de grands signes avec ses bras et sa lampe. Elle avait sûrement l'air ridicule, mais après ce qu'il venait de se passer, elle n'en avait plus peur. En revanche, elle avait la désagréable impression d'une présence dans son dos et se retournait toutes les cinq secondes : mais non, il n'y avait rien. Rien du tout. La bonne nouvelle, c'est que les personnes au loin semblaient l'avoir remarquée... Et venaient vers elle. Enfin, c'était l'impression qu'elle avait, de là où elle était...

Papa… elle l’avait appelé papa. Le regard dans le vague, Liam se remémora le visage rougeau de son ivrogne de père qui le fixait avec une haine brûlante. Il se souvint aussi de la texture de la bouteille de whisky qu’il tenait comme si sa vie en dépendait… d’ailleurs elle en dépendait, en fait. Ces coups, cette douleur, cette violence… c’était ça être père ? Il valait mieux pour Ella qu’il trouve sa propre définition du terme en temps et en heure parce que s’il suivait le chemin tracé par feu son paternel elle risquait de ne pas trop apprécier la suite du programme.

Il fut tiré de ces pensées morbides par l’enfant qui se blottit soudainement contre lui à une hauteur qui l’aurait rendu très heureux si et seulement si la personne avait été différente (et accessoirement si son pantalon avait été baissé). Elle lui demandait si elle avait grandit ? Mais pourquoi ?

Le détenu plissa les yeux dans un profond effort de réflexion avant de se souvenir lui avoir dit qu’elle comprendrait quand elle serait « plus grande »… remarque qui remontait à 1 heure tout au plus. C’est sûr qu’il y avait là de quoi être surprise, surtout qu’Ella n’avait visiblement ni mûri, ni poussé. Le tueur se mordit la lèvre en silence pendant quelques secondes avant de lui souffler avec un étrange sourire :

- D’un demi millimètre mon cœur, un demi millimètre.

Mais comme tous les bons moments ont une fin, quelqu’un arriva pour mettre un terme à ces embrassades « touchantes ». Le binoclard qui s’était vu transformé en peluche quelques temps plus tôt par le pseudo père de Dean, et ce mec semblait lui porter une attention toute particulière. Il ne le quittait pas des yeux, du regard de celui qui se souvient avoir vu ça quelque part sans se souvenir où. Ce qui, vous vous en doutez, ne plaisait pas du tout à notre cher Liam Baldwin.

Ce fouineur avait lui aussi un détail qui titillait la mémoire du pervers, comme s’il l’avait déjà vu quelque part. Pourtant ce mec était jeune, trop jeune pour qu’il ait pu le connaître à l’époque ou il foulait encore librement le sol de notre belle Amérique. Il l’avait donc vu en prison, sauf que ce gars était tout sauf un taulard… alors quoi ? Ou ? Comment ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui rentrait dans la prison mis à part les matons, les prisonniers, la bouffe et les li… les livres ?

Oui en y réfléchissant bien il avait le vague souvenir d’avoir vu sa tronche de blanc bec à l’arrière d’un roman que lisait son compagnon de cellule. Ca expliquait aussi son obsession du papier et ce regard qui semblait vouloir voir à travers vous. Un putain de gratte papier, avec un mignon petit cul en prime.

Liam passa sa langue sur ses lèvres, lentement, doucement, sans quitter William de son regard dérangeant. Une fois qu’elle eut retrouvé sa « maison », le tueur étira ses lèvres fines en un inquiétant sourire et susurra à l’adresse de l’écrivain :

- J’ai du papier joli cœur, mais que m’offres-tu en échange ?

Ses yeux fébriles descendirent jusque sous la ceinture du jeune homme et le sourire de Liam s’élargit un peu plus tandis qu’une forme prenait corps dans son pantalon et que sa main grossissait. Attendez… sa main ? Pourquoi sa main entière grossissait ? Il la sentait étrangement forte et solide et il aurait avec plaisir testé sa nouvelle poigne si Ella, toujours collée contre lui et qui cachait miraculeusement sa position au garde à vous, n’avait pas été là.

L’écrivain donna son prénom et le déclic se fit dans le cerveau du taulard. William… comme William Starkey, forcément. Le génie littéraire précoce qui s’en était mit plein les fouilles dès son premier bouquin. Liam n’aimait vraiment pas son regard, on aurait vraiment dit que ce gamin tentait de se souvenir d’où il l’avait vu. Lui donner son nom serait peut-être une erreur mais après tout il était tellement jeune à l’époque où son nom avait fait les gros titres, et puis il étaient d’un autre pays… oh, il ne perdait rien à donner son prénom de toutes manières.

- Enchanté William, moi c’est Liam et ces enfants sont Ella et Dean. J’aime beaucoup les enfants.

Nouveau sourire, peut-être un peu trop joyeux. Le prisonnier tendit la main à l’écrivain pour qu’il la serre tout en pensant juste avant que leurs mains se touchent :

**N’essaye pas de te souvenir, arrêtes de me fixer… sinon gosses ou pas ça chauffera pour tes miches mon gars…**

Une seconde, une minute, une heure… Ava ne savait pas exactement combien de temps il lui fallut avant de reprendre pleinement ses esprits. Elle s’était relevée, et avait regardé les petits groupes autour d’elle d’un air neutre, impassible. Elle savait quoi faire maintenant, elle tenait sa solution : ne pas penser. Plus elle réfléchissait au problème, à l’impossibilité ou l’irréalité de la situation, moins elle se maitrisait, et si une chose l’insupportait profondément, c’était bien ça : ne pas avoir l’emprise sur elle-même. Alors elle s’était parée d’un regard vitreux, posé sur un point mort dans l’obscurité, et était resté accoudée à un arbre. Son attention se fixa a nouveau sur la pseudo-réalité qui l’entourait, lorsque l’écrivain passa devant elle sous son apparence « normal » pour rejoindre un groupe formé d’un homme et de deux enfants.

Ava regardait la scène discrètement mais avec une certaine attention, l’homme qui serra la fillette dans ses bras n’avait pas vraiment l’aspect du père de famille modèle et son sourire n'avait rien d'engageant, Ava se demandait d'ailleurs ce qui motiva William à les rejoindre. Elle remarqua également, à quelques mètres de là, l’hystérique de tout à l’heure s’enfonçer seule dans l’obscurité. Personne n’avait semblé y faire attention. Ava avait déjà envisagé de partir, cet endroit ne la rassurait pas du tout, mais elle ne pouvait pas se permettre de se trouver seule avec elle-même compte tenu de son état d’anxiété, cela risquerait de faire quelques étincelles. La jeune femme décida donc de braver elle aussi le néant qui entourait le campement, elle dut finir par courir pour ne pas perdre de vu la petite étincelle de la lampe torche. Alors qu’elle se rapprochait, la lumière s’éteignit soudainement. Ava laissa échapper un juron. Voila, ça lui apprendrait a vouloir jouer les aventurières solitaire, la voila seule au milieu de nulle part et sans lampe.

« oh mon dieu oh mon dieu oh mon dieu … »

Ava avait fait l’erreur de tourner plusieurs fois sur elle-même si bien que désormais elle n’avait absolument plus aucun sens de l’orientation. A peine eut être le temps d’envisager de hurler qu’on vienne l’aider, un autre cri la devança et… lui irrita les tympans. En effet, la source du bruit venait d’un peu plus loin sur sa droite, où une faible lumière avait en effet repris. Titubant avec maladresse, elle ne contrôla pas sa vitesse et trébucha contre les jambes de la fugueuse déjà à terre lui arrachant au passage un autre cri de douleur.

« oh, désolé ! Ca va ? »

Ava n'avait pas vraiment l'habitude d'être polie, aimable, tout ça... Mais elle fit un réelle effort, et en eut elle été capable, elle aurait même esquissait un semblant de sourire.

Ah ben tient, elle ne l'avait pas vue, celle-là ! Le groupe qu'elle avait aperçu était toujours loin... Et c'était une autre fille, qui venait de la même direction qu'elle, qui venait de la rejoindre. Elle aurait préféré être seule, mais cette présence la rassurait. Quand la jeune femme trébucha sur ses jambes étendues, Brooke grimaça et ne put retenir un petit cri de douleur. Puis elle braqua le faisceau lumineux sur le visage de l'arrivante et la détailla : elle avait des cheveux noirs, des yeux sombres, une peau blanche... Elle ne pouvait pas vraiment mieux voir puisque, malgré la lampe, il faisait quand même très sombre. La jeune inconnue n'avait pas l'air très méchante et pour une fois, Brooke abandonna son ton cinglant et froid, pour opter plutôt vers une voix sarcastique et quelque peu enjouée.

-Mouiii, on va dire ça... Je suis tombée et je crois bien que je me suis foulée la cheville.

Et elle désigna son pied du menton avant de reprendre et de regarder la jeune femme :

-Je m'appelle Brooke et toi ? Tu es ici depuis longtemps ? Et euh... Tu m'as suivie ?

Enfin, elle attendit qu'elle réponde. L'état de sa cheville ne faisait qu'empirer et elle ne voyait aucun médecin à l'horizon qui pourrait la soulager. Il fallait qu'elle fasse avec... Ca n'avait pas trop l'air sérieux alors elle pourrait peut-être marcher avec l'aide de la voyageuse. Parce qu'elle doutait vraiment que celle-ci puisse la porter... Elle se démanchait le cou pour pouvoir regarder la jeune femme, et ça commençait à faire sacrément mal. Alors, tapotant le sol à côté d'elle, elle l'invita à s'asseoir aussi.

Dean ne put s'empêcher d'afficher un regard surpris en apprenant l'âge de la petite Ella. De la toute petite Ella, même. 7 ans ? Mais c'était....c'était vraiment pas beaucoup, ça ! Pas étonnant qu'elle n'ai pas peur de se blottir dans les bras de Liam, elle ne devait sans doute pas totalement faire la différence entre les gentils et les méchants. 7 ans...Pauvre petit bout de chou qui avait du voir des atrocités lors de cette nuit sanglante. Pour la première fois de sa vie, Dean avait presque envie d'aider quelqu'un. Non. Pas d'aider, mais de protéger la petite fillette qui semblait si fragile blottie dans l'étreinte du psychopathe. Bouleversement radical dans le caractère du petit garçon, parce que cette rouquine au regard innocent, bizarrement, et bien il commencait à bien l'aimer.

Elle lui parla des escaliers, en lui disant qu'elle espérait qu'il n'y en avait pas beaucoup chez lui. Dean repensa aux marches du perron, puis à celle du premier et du deuxième étage. Ah que si il en avait connu des marches ! Même à l'école il y en avait pleins pour monter en classe et tous les jours il criait désesperement que non, il ne monterait pas. Mais tous ces souvenirs, il ne voulait pas les dire à la petite rouquine. Il ne voulait pas l'inquiéter et se contenta de sourire d'un air qui se voulait protecteur. C'était lui le grand, c'était lui qui devait la protéger !

Son sourire disparut à nouveau quand il fixa le regard assassin de Liam. Oui, ce type était dangereux et non, il ne l'aimait pas. Il faisait peur ce gars là...Plus encore que Dakota, parce que quoiqu'il en pense, la Blondinette avait quand même bon fond puisqu'elle aurait put le laisser mourir...-il prit le temps de compter- plus de trois fois dans diverses situations. Mais Liam...Liam avait ce regard bizarre que le gamin ne comprenait pas et qui lui filait les jetons.

Heureusement qu'Ella était là ! La toute petite fille reprit la parole d'un ton adorable pour lui dire qu'elle avait peur du feu. Peur du feu ? Ah...Elle devait avoir un pouvoir interessant alors, genre qu'elle pouvait créer des flammes ou des trucs comme ça. On ne change pas le caractère des gens comme ça et Dean redevenait le petit gamin calculateur qui s'imaginait déjà utiliser le pouvoir de la fillette dans un avenir lointain. Lointain, l'avenir, parce que pour l'instant, il voulait juste qu'elle l'apprécit et qu'elle lui redise qu'il était gentil.

Liam aussi expliqua son pouvoir d'un ton assez méchant. * Bon sang Dean, qu'est-ce que tu fous avec ce type ? Il est dangereux, D-A-N-G-E-R-E-U-X ! Tu devrais pas trainer à moins de dix mètres de lui * Il prétendit être un grand timide. Le gamin haussa un sourcil avec un air plus que sceptique. C'était la meilleure, il ne comptait tout de même pas lui faire avaler ça ? A lui ?! Il s'y connaissait aussi en mensonge est celui là, c'en était un de la plus pitoyable des qualités. Dean s'apprêtait à ouvrir la bouche pour exprimer ses doutes à haute voix quand Liam reprit avec une excuse un peu plus détaillée. L'histoire du doigt qui grossit, de la timidité, hein ? Mais bon. Le petit garçon n'y connaissait pas grand chose en tout ce qui touchait l'anatomie du dessous de la ceinture, c'est pourquoi il ne releva pas et décida de se satisfaire de cette explication bien qu'elle lui paraisse un peu suspecte.

"Ah...Ouais, c'est pas de bol ça comme pouvoir pour de la hum...timidité..."

Ce fut cet instant que choisit un nouveau venu pour arriver. Il avait tout l'air du petit binoclard sortit de sa bibliothèque mais Dean le trouva immédiatement plus sympathique que Liam. Il soupira en le regardant arriver et demander un bloc note alors qu'il se disait perdu. Alala...Encore un nouveau voyageur...* EH ! Trente secondes ! C'est pas lui qui était avec James tout à l'heure ?... * Mais il n'eut guère le temps d'y réfléchir davantage car déjà, Liam abordait le nouveau venu avec un sourire qui ne lui disait rien de bon. Il proposait du papier coeur * Ouais, et à part ça, c'est moi qui drague, hein ? Pis c'est un mec d'abord, même pas une fille...Il est franchement bizarre ce type...* Le gamin décida de se détourner de cette conversation qui ne lui disait rien de bon et continua avec Ella.

"Et toi Ella ? T'aimes bien les coeurs ?" il lui sourit - décidemment, il n'arrivait pas à la regarder sans sourire- " C'était comment ta vie, là bas ? Dans l'autre monde ? Parle moi de toi."

Elle s’appelait Brooke et commençait a poser des questions à Ava tout en laissa sa lampe braquée sur son visage, ce qui empêcha totalement la jeune femme de se concentrer, elle finit par s’assoir et fixa l’obscurité pour retrouver une vue quelque peu normal.

« Ava. Je suis arrivée tout à l’heure, quand tu es devenue complètement hystérique. »

Elle regarda la cheville de la jeune femme et se demanda comment on soignait ce genre de chose. Elle aurait certainement pu déchirer un bout de toile de son sac pour en faire un bandage, mais elle n’était pas sur que ça soit d’une quelconque aide, et puis, elle l’aimait bien ce sac… Bien, dans ce cas, il faudrait certainement retourner au campement, et ça, ça ne l’enchantait pas vraiment, même si la lumière du feu et les bribes de conversations la rassureraient certainement. Ou alors, elles pouvaient toujours rester ici, et attendre que quelqu’un finisse par passer dans le coin avec une trousse de secours et un brancard. Bizarrement, la dernière solution restait assez improbable, mais après tout, il pouvait se passer n’importe quoi dans ce monde de dingue.

« oui. »

Elle n’avait aucunement envie de développer sur la raison de sa volonté de partir du camp. Et puis après tout, Brook n’avait pas demandé « pourquoi ? ». Un simple mot lui suffirait donc comme réponse. Ava dans sa recherche de solution, finit par envisager de partir avec la lampe, et laisser Brooke seule dans le noir. A un autre moment, cette image l’aurait fait rire. D’autant plus qu’Ava était certaine d’en être capable.

« Tu peux marcher ? »

Ava finit par arrêter de penser à une solution plus pratique, la lampe commençait à vaciller signe que les piles ne tiendraient pas encore bien longtemps et elle se sentait étrangement observée, comme si l’obscurité cachait des millions de petits yeux qui étaient tous fixés sur elle. Une sorte de panneau s’était mit à clignoter dans sa tête. Il indiquait clairement, en lettres majuscules : DAN-GER ! Et scintillait d’une couleur fluo qui floutait tout autre raisonnement logique dans sa tête.

« Hum … je suppose que tu n’as pas de pile ? »

La question de la jeune femme raisonnait plutôt comme une plainte et elle regarda Brooke avec des yeux désespérés. Perdue dans la nuit sans lumière avec une handicapée et l’horrible sensation d’être scrutée… génial.

Brooke sentait qu'elle allait bien s'entendre avec cette Ava. Elle n'était pas très bavarde, comme elle. Elle ne disait que ce qui était nécessaire. La jeune femme sachant tout ce qu'elle voulait savoir, elle n'avait pas l'intention de poser de nouvelles questions. Elle disait être arrivée quand Brooke avait piqué sa crise : peu glorieux, mais ça lui avait fait tellement de bien ! En fait, elle n'avait pas honte qu'Ava l'ai vue dans cet état. Elle se doutait bien que beaucoup d'autres avaient craqué, ou étaient sur le point de le faire... Il suffisait de regarder l'écrivain ! La femme aux cheveux noirs s'était maintenant assise à ses côtés, et lui avait demandé si elle pouvait marcher. Brooke regarda sa cheville d'un air sceptique et peu convaincu avant de répondre :

-Je pense pouvoir marcher... Si tu m'aides.

Ensuite, elle regarda la lumière de la lampe qui vacillait : génial, elle allait bientôt se retrouver dans le noir le plus complet... Sauf si le groupe qu'elle voyait toujours au loin se décidait à les rejoindre. Mais si elles n'avaient plus de lumière, ils ne les verraient pas. Elles pouvaient toujours hurler... Enfin, Brooke décida qu'il fallait économiser les piles. Elle ramassa l'objet si précieux pour leur survie et l'éteignit. En espérant que quand elles en auraient vraiment besoin, la lumière accepterait de réapparaitre... Ah, mais pourquoi avait-il fallu qu'elle est comme pouvoir de créer des vagues immatérielles ? Certes, c'était pratique quand il fallait se défendre mais... Là, elle aurait tout donner pour savoir faire de la lumière ! Sauf que ce n'était pas le cas, et qu'il fallait faire avec. A moins que le pouvoir d'Ava soit similaire à cela ? Qu'il puisse leur être utile ? Elle décida de répondre :

-Ben non, j'ai pas de piles. T'aurais pas le pouvoir de faire de la lumière, ou quelque chose qui s'en approche ?

Elle avait dit cela sans trop de conviction, n'y croyant pas trop. Ah, quelle idée elle avait eu de partir comme cela ! Elle aurait dû demander à James s'il n'avait pas des piles de rechange, juste au cas où...

Il y a une différence entre ne pas en parler et faire comme si elle était aveugle en posant des questions connes. D’ailleurs Shannon ne semblait pas convaincue par ses propres arguments et on sentait le stress qui faisait vibrer sa voix un poil hautaine. Devoir s’expliquer la rendait presque aussi mal à l’aise que de voir l’état déplorable dans lequel se trouvait Dakota, qui ne put s’empêcher de soupirer.

Elle ne pourrait rien tirer de concret de cette nana qui était très certainement une nombrilique en puissance. Combien ils étaient ? Elles n’en savait rien. Leurs noms, des informations sur eux… presque aucune. La seule chose qu’elle semblait avoir retenu était que personne ici ne la portait dans son cœur et l’adolescente comprenait largement pourquoi. Cette nana vivait dans une autre galaxie et s’accrochait à sa vie réelle comme à une bouée de sauvetage tout en ignorant royalement les gens autour d’elle. On l’avait sûrement gâtée toute sa vie et voilà qu’elle se trouvait livrée à elle-même, désemparée et donc d’autant plus horripilante.

La réflexion déformait les traits de la bimbo qui tentait de se remémorer toutes les « horreurs » qu’on lui avait fait subir. Le flot de paroles qui jaillissait de ses lèvres bien dessinées était confus mais Dak’ finit par en tirer quelques infos utiles : Liam, le mec qu’avait rejoint Dean était vraiment louche et la gosse, Ella, qui l’accompagnait utilisait le feu. Pour ce qui concernait le mec qui lançait des éclairs, la description était tellement étrange qu’elle ne vit pas du tout de qui la blonde parlait.

Bon, des informations même maigres sur deux personnes c’étaient mieux que rien.

Visiblement Shannon s’arrêterait la pour ce soir car elle entreprit de… déchirer sa jupe ? C’était une exhibitionniste ou bien… ?! L’adolescente recula de quelques pas en jetant un regard méfiant sur la blonde qui s’acharnait sur le tissu de sa jupe déjà microscopique. Pourquoi fallait-elle toujours qu’elle tombe sur des gens bizarres ? Et voilà que cette nana brandissait des serviettes hygiéniques maintenant !

La phobophobe recule une nouvelle fois d’un pas, juste par sécurité.

Sécurité superflue car Barbie voulait simplement jouer aux infirmières de campagne avec le matériel qu’elle possédait c’est-à-dire rien de bien catholique. Voir cette égocentrique aux petits soins pour elle laissa la gamine sur le cul à un tel point qu’elle ne pensa même pas à retirer sa main lorsque la jeune femme se tint prête à s’atteler à la tâche en lui racontant qu’elle avait eu un petit ami infirmier.

Dak’ haussa un sourcil à cette déclaration avant de lâcher après un profond silence de son habituel ton glacial :

- Tu me diras où il travaille ? Parce que s’il utilise des méthodes pareilles pour soigner ses patients je préfère éviter de tomber dessus le jour où j’aurais vraiment besoin d’aller à l’hôpital.

Nouveau silence avant que l’adolescente se rende compte que Shannon attendait toujours une réponse. Même si l’idée de se faire éponger à la serviette hygiénique ne l’enchantait pas il fallait avouer que c’était mieux que rien. D’ailleurs dans la situation actuelle elle aurait même tué pour une bouteille de whisky ou de vodka pour désinfecter ses plaies avant qu’elle ne se transforme en abcès purulent sur pattes.

- La main, c’est ça le pire. Le reste je peux faire avec.

Barbie se mit alors à tenter de la soigner du mieux qu’elle pouvait sous le regard scrutateur de la surdouée qui ne savait pas comment réagir. Elle avait l’impression de se trouver devant une sorte de seconde Pandora, un poil plus agaçante cependant. Néanmoins il fallait avouer que cette nana faisait de son mieux pour ne pas se faire envoyer balader et c’était tout à son honneur, malgré tout Dakota n’était pas du genre à faire la discussion par pure charité.

Cruel dilemme…

- C’est… gentil. Je me trompe si j’ajoute que ce n’est pas dans tes habitudes ?

La blondinette passa sa main relativement indemne dans ses cheveux emmêlés en fixant la cacophobe en se demandant par où commencer. Elle finit par se lancer en suivant l’option « mettons les choses à plat tout de suite ».

- Pas besoin d’en faire des tonnes, évite juste de… d’en faire trop. Je pense que c’est ça que les gens n’aiment pas chez toi. Si t’es soulante c’est normal de te faire jarter, alors… bah… soit cool et ça ira entre nous. Je sais bien que c’est pas facile d’être seule dans cette situation donc je ne veux pas t’envoyer paître, je te demanderais juste de ne pas tendre le bâton pour te faire battre.

Comme ça au moins les choses étaient claires…

Un demi-millimètre ? C’est.. Un demi-millimètre, ça faisait quoi comme taille.. Presque rien, si ? ... Réfléchissant, la petite essaya de visualiser ce que ça faisait. Vraiment, pas grand-chose. En tout cas, elle était plus grande ! Et pouvait comprendre plus de choses, Cqfd. Youpi !

- Oh, cool !

Elle n’eut guère le temps de continuer à se réjouir de son demi millimètre supplémentaire qu’un homme s’approcha du petit groupe, se mettant à leur taille. Le fixant, Ella enregistra quelques détails inutiles tels que.. Sa couleur de cheveux, ses lunettes.. Ajouté à ça, il avait l’air assez jeune, et gentil. Il se disait perdu. Compréhensible pour la fillette, après une nuit pareille..

- Coucou !

Un petit sourire ajouté à ça, la petite resta dans les bras de Liam, qui avait l’air de beaucoup l’aimer. Il l’avait appelé ‘‘Joli cœur’’, tout de même. C’était pas un surnom d‘amoureux ? ... Est-ce que Liam le voulait comme amoureux ? Oh.. La rouquine détailla William plus en profondeur, cherchant ce qui lui plaisait. C’est vrai que, avec son petit sourire, il était mignon. La petite hocha la tête, et fronça les sourcils, quelque chose la gênant.

Bizarre son pantalon. Ella recula légèrement sa joue, sans vraiment bouger pour autant. Hm.. Levant les yeux vers Liam, elle resta perplexe. Un rapport avec son pouvoir ? D’ailleurs, en regardant bien, tout son poing avait grossi. Il devait être intimidé par William ! Les yeux de la petite s’illuminèrent, c‘était parfaitement logique !

Son sourire se fit plus grand lorsque son nouveau papa déclara qu’il aimait les enfants. Elle était contente, ça voulait dire qu’il l’aimait bien, aussi. Même si la rouquine s’en doutait déjà, puisqu’il avait dit que c’était sa fille. Puis, un détail la frappa.

- Oh, c’est drôle.. Vos prénoms se ressemblent.. Y a Liam dans William !

La rouquine les regarda l’un et l’autre avec un grand sourire, contente qu’ils aient un point commun. Mais bizarrement, le dénommé William avait l’air mal à l’aise.. Aussi, quand Dean lui adressa la parole, la fillette se tourna vers lui, cachant toujours inconsciemment le contentement de Liam. Sa question fit rire timidement la petite, qui répondit, enthousiaste.

- Oh bah, oui, j’aime beaucoup les cœurs ! C’est joli, et j’aime bien ce que ça veut dire. Et toi ?

Il avait un joli sourire. Un sourire qui donnait envie de lui parler encore, pour qu’il le garde. Dean lui posa une autre question, lui demander de lui parler d’elle et de sa vie. Troublée, la fillette hésita.

- Oh euh.. C’est..

La rouquine fit une pause. Vraiment, comment lui décrire sa vie ? Hésitante, elle rassembla dans sa tête les différents éléments. La mort de ses parents, l’orphelinat, les autres enfants, les grands -plus ou moins méchants, ses amies..

- .. Agité.. J’aime pas trop, en fait, je crois. Et.. Je sais pas trop quoi dire, y a pas grand-chose à savoir sur moi.. ? .. Ah euh, je suis irlandaise.. Et euh.. J’aime les câlins..

La fillette se tapota la lèvre, pensive. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui raconter ? Elle ne voyait rien d’intéressant à dire, aussi se contenta-t-elle de sourire, le regardant dans les yeux.

- Et toi ?

Ce type… Ce type il était définitivement malsain, mais mine de rien William ne voulait pas passer pour le type impressionnable et qui, après deux trois balbutiement, aurais préféré s’éloigner du danger. On l’aurait vu comme un faible, une proie facile en sorte, alors non, il maîtrisait parfaitement la situation, du moins le désirais à tout prix. Surtout devant un homme comme ça, au fond de lui c’est comme si il savait qu’il avait tout intérêt à ne pas être déstabilisé.

*Jolie cœur…*

L’écrivain esquissa un sourire en coin nerveux, oh bon dieu, c’était pas qu’une impression, il était carrément en train de le reluquer, mais cette manière de le voir ce n’était pas la même que James précédemment qui, étoile plein les yeux le voyait comme on ne sais quel dieu, là c’était on ne peux plus… Vicieux. Mais qui avait laissé la garde de ces gosses à un mec pareil ? Finalement, il se priverait peut être du papier pour un moment…

L’autre se présenta, accompagné d’un sourire qui se voulait peut être rassurant mais qui ne l’était sérieusement pas, en profita pour annoncer Ella et Dean, et lui tendit sa main avant d’ajouter qu’il « aimait les enfants ». Sa main alla donc à la rencontre de la sienne, et tandis qu’il la serrait, il entendit clairement se que pensais Liam, confirmant se qui devait être son ‘pouvoir’ mais se qu’il perçu lui glaça le sang.

Il était donc bel et bien quelqu’un dont il ne fallait mieux pas connaître l’identité… Liam… un type dangereux, aux idées mal placé… Il allait se souvenir… Ce prénom la… « J’aime beaucoup les enfants. »

Le sang quitta les joues de William. Liam, bien sur. Liam Baldwin.

Oui, en effet, il était bien jeune quand les faits s’étaient produits. Il n’aurait normalement pas du connaître ce type. Sauf que l’écrivain était curieux, curieux et fouineur, et pour chercher l’inspiration il faisait quelque fois des recherches pour ressortir des histoires lugubres s’étant déroulé quelques années plus tôt. Il avait une fascination assez étrange et dérangeante pour ces gens que personne ne pouvait comprendre, il se passionnait à tenter de les décortiquer à l’aide de sa plume. Aujourd’hui il avait l’un d’entre eux devant lui. Lui revint en mémoire le casier judiciaire du taulard, les pages web qu’il avait visité à son propos, et ne le quittait pas la menace que ce dernier avait proféré indirectement quand il lui avait serré la main. Il avait maintenant tout intérêt à jouer le jeu, de toute évidence personne ne savait qui il était si il avait réagis comme ça, quel aubaine pour lui de se retrouver dans un autre monde… William aurait voulu arracher la petite rouquine de ses bras mais c’était bien trop risqué.

Pourtant… Se retrouver avec un mec pareil… Et pouvoir lire ses pensées… Mais quelle aubaine… ! Ses yeux pétillèrent d’une étrange lueur en fixant son ‘sujet’ alors que son cœur tambourinait dans sa poitrine. C’était énorme, énorme… Son pouvoir était tout simplement un don inespéré !

- Enchanté Liam, vraiment.

C’est la que la petite fille si mignonne, qui l’avait accueilli avec un sourire tout à fait adorable un peu plus tôt, fit une remarque tout à fait innocente… Pour elle. L’écrivain se mit à rire nerveusement, non franchement, c’est pas qu’il avait les idées mal placé… Ou peut être un peu, si, mais au vue de la situation cette phrase était tellement mal placé… !

- Ouai c’est drôle ouai, belle coïncidence, ça reste que des prénoms un…

Répondit il en remettant ses lunettes en place, plus cette fois pour échapper un instant au regard de Liam. Les gamins étaient partis dans une conversation a propos de cœurs et autres, et William se retrouvait face au regard de ce type dont il n’était plus tout à fait sur de vouloir lire les pensées pour le moment, elles étaient tout à fait claire sans qu'il n'eu à usé de son pouvoir.

- Finalement se retrouver dans ce monde, c'est plutôt pas mal. On échappe à pas mal de truc et on sais qu'il y a pas mal de chose qui nous dérange là bas, je me trompe ? Enfin pour ma part, je m'accommoderais bien de cet endroit, et je ferais comme si j'avais oublié se qui nous rattache dans 'notre monde'. Dés fois c'est pas plus mal on peux repartir sur de nouvelles bases. T'as dis que tu avais du papier je crois ? J'ai pas grand chose pour payer, a part de me taire, c'est déjà ça, non... ?

L'anxiété ? Ah oui en tant que célébrité c'est sur que ca ne devait pas être facile. Mais il y avait vraiment besoin d'aller voir un psy pour ça ?James n'insista pas sur ce fait étrange. Tôt ou tard il le saurait bien de toute façon.
Williams reprit alors son apparence normal , remettant ses lunettes en place avant qu'elle ne tombe. Tout comme ce dernier, l'adolescent fut attiré par les voix qui venaient d'à côté et plus particulièrement celle de la petite fille qui s'exclamait joyeusement « qu'elle avait grandi ». Dans le contexte ça devait avoir un sens.
L'écrivain jeta un coup do'eil à James signifiant qu'il comptait aller les rejoindre. Il n'avait pas vu l'homme suspect ?
Enfin, pas très rassuré, l'adolescent suvi l'écrivain rejoignant par la même occasion Dean qui était en pleine discussion avec la fillette. Pour l'instant ils ne leur était rien arriver et l'adolescent espérait bien que ça continue comme ça.
Restant quand même à une certaine distance de Liam, on ne sait jamais c'était peut être plus prudent , James écoutait la conversation des deux. L'adolescent esquissa un sourire par le biais de Jules lors de la magnifique allusion de Liam et surtout « j'aime beaucoup les enfants »...D'accord c'était un pédophile...
Machinalement James posa sa main sur l'épaule de Dean, certes il avait pas l'allure d'un athlète mais son pouvoir et celui de Jules pouvait bien servir à quelque chose.
Quant au regard que Liam lançait à l'écrivain c'était un peu trop...tout comme sa main qui avait grossit d'un coup et si il n'y avait que ça...
Jules chuchota à l'oreille de James :

-Le loup va bientôt montrer sa queue...

Très jolie image , vraiment. Mais l'adolescent se demandait si Williams se rendait compte avec qui il parlait et comment cette personne le regardait. Tout comme la gamine qui toute innocente balançait des choses qui dans l'esprit des plus grands se transformait dans un autre sens. Et Dean qui se mettait à parler cœur avec cette dernière...
Bon sang , Liam avait aussi le pouvoir de les rendre aveugle pour mieux leur sauter dessus ou quoi ? Les long discours de Will semblait chauffer les oreilles de Jules et aidé par les enfants qui discutait de chose inutile l'énervait encore plus.

-T'a fini de piailler ? T'es pire qu'un gosse...

Il se tourna ensuite vers Liam et lança un sourire en coin.

-Et toi , je sais pas ce que tu lui trouve à cet écrivain à deux balles mais te prive pas si tu veux le sauter !

James écarquilla les yeux avant d'attraper Jules l'attirant en arrière.

- Mais ça va pas de dire des trucs pareils !

L'adolescent revint alors vers les deux autres , gêné.

- Faut pas l'écouter, il est sur les nerfs...

Brooke eut la bonne idée d’éteindre la lampe pour économiser le peu d’énergie qu’il leur restait et Ava se demanda pourquoi elle n’avait pas pensé elle-même à le faire . Elle avait beaucoup de mal a se concentrer depuis qu’elle avait atterris ici, il faudrait certainement qu’elle se repose si elle ne voulait pas multiplier les crises d’hystérie façon Brooke comme tout à l’heure. Après un silence, la jeune femme interrogea Ava sur son pouvoir. C’est vrai qu’il aurait était utile de pouvoir allumer une flamme par la pensée en cette instant. Le problème, c’est qu’Ava n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait bien être son pouvoir. A bien y réfléchir, elle n’était même pas sur de vouloir le savoir. Qu’est ce que cela lui apporterait a par de nouveaux ennuis ? Si c’est pour se retrouver à transformer les gens en peluche… Elle opta donc pour une seconde réponse, précise et courte :

« Non. »

Ava suivit le regard de Brook qui s’était planté dans un horizon d’un noir d’encre à travers lequel on distinguait des formes dans une faible et lointaine lumière. Ava aurait volontiers était rassurée, mais elle était soudain persuadée d’être arrivée de l’autre coté, hors, si ces gens ne venaient pas du campement des voyageurs, elle douta du fait qu’ils soient de potentiels habitants remplis de bonnes attentions. La nervosité commençait à se faire ressentir, Ava se leva alors en attrapant la lampe, priant de toutes ses forces qu’un brin de lumière puisse s’en dégager. Elle regarda Brooke, doutant soudain de son aptitude à marcher, avant de l’aider à se remettre debout.
Ava n’était pas du genre à avoir peur de se casser un ongle, mais pas non plus de celui de porter secours à un blesser en le portant sur son dos. Elle leva les yeux au ciel en faisant signe à la blessé de s’appuyer sur elle.

Elles ne risquaient pas d’avancer vite, c’était certain, d’autant plus que chacune ne pouvait s’empêcher de jeter des regards derrière, sans vouloir s’avouer leurs inquiétudes, pour se rassurer. Elles marchèrent ainsi un certain temps, dans un profond silence, avançant à une lenteur excessif mais nécessaire. Appuyer sur sa blessure n’était surement pas la meilleure des solutions pour Brooke, cela risquait d’empirer et à moins qu’un des voyageurs ai le pouvoir de guérir les fractures, la soigner risquerait d’être difficile.

A marcher ainsi, le temps paraissait plus loin, il ne semblait pas à Ava d’avoir tant avancé pour rattraper Brooke, certes, elles avait couru, mais ne devraient elles pas déjà apercevoir le campement maintenant ? Ava se rappelait maintenant avoir tourné plusieurs fois sur elle-même. C’est Brook qui lui avait laissé choisir la direction, pensant qu’elle en était sûr… c’était elle trompée ? Un frisson la parcourra et elle n’osa pas faire par de ses doutes à Brooke, qui devait déjà en avoir assez de souffrir autant…

[Euh, du calme du calme 0.0 Tu joue un peu mon personnage, là...]

Au moins, ça avait le mérite d'être clair : Ava était aussi dans l'incapacité de les sortir de cette situation pour le moins précaire. Brooke avait vraiment été surprise quand celle-ci s'était levée et avait attrapé la lampe. Au début, elle avait cru que la fille voulait partir avec la lumière et la laisser crever ici... Mais non, en fait, elle voulait simplement se mettre en route. Elle s'était autorisée un soupir de soulagement en comprenant cela. Elle s'était donc levée, avec beaucoup de difficulté. Elle avait d'ailleurs faillit revenir à la case départ en réalisant que son équilibre était... Qu'elle n'avait aucun équilibre. Les minutes avaient parut durer des heures alors qu'elles avançaient on ne peut plus lentement. Brooke avait indiqué à Ava la direction opposée au camps : elles faisaient route vers la faible lueur qu'elles apercevaient. Et la fille aux cheveux noirs ne s'était rendue compte de... Rien ! Rien du tout ! Alors, un poil naïve ? C'était très probable.

Elle sentit bientôt le corps contre lequel elle s'appuyait frissonner. Elle ne fut pas dupe, elle savait bien que le froid ni était pour rien. En parlant de froid... Elle ne sentait plus ses mains. Elle intima à Ava l'ordre de s'arrêter et sortit de sa poche sa magnifique paire de mitaine en laine rose... Elles étaient absolument horribles mais au moins, elle ne verrait pas ses mains se casser comme de la glace. Une fois cette chose faite, elle se remit à avancer. Sa lenteur la désespérait au plus haut point. Elle saurait que pour la prochaine fois, il ne faudrait pas courir... En tout cas, elle sentait de moins en mois la douleur. Comme si... Comme si sa cheville était guérie. Elle la posa au sol et s'appuya légèrement dessus... Cela lui arracha une terrible grimace de douleur. Non, aucune miracle ne s'était produit. Maintenant, elle le savait !

Liam ne put pas se réjouir longtemps de la joie d’Ella à l’idée d’avoir grandit, ni brûler de jalousie à la vue de Dean qui draguait ouvertement sa fille qui ne s’en rendait même pas compte. Pourquoi ? Parce qu’il y avait eut ce regard d’effroi lorsqu’il avait serré la main de l’écrivain, comme s’il avait pu saisir sa pensée. Ensuite il y avait eut cette lueur de compréhension bien palpable malgré la lueur du feu qui se reflétait dans les lunettes de William. Enfin… il avait eu confirmation de ses craintes.

Le sourire du tueur se mua peu à peu en un rictus de rage tandis que ses yeux se plissaient jusqu’à n’être que deux fentes noires comme l’enfer. Les poings serrés, dont celui rendu énorme par son pouvoir, le prisonnier inspira profondément avant de dévoiler ses canines blanches dans un simulacre de joie.

Il voulait le faire chanter ? Il n’avait actuellement pas d’autre choix que de faire profil bas mais dès qu’il lui tournerait le dos ce petit con le sentirait passer. S’il survivait à l’épreuve il en chialerait comme un gosse et ne pourrait pas s’asseoir pendant 1 mois, Liam s’en faisait la promesse. Et encore, c’était l’issue optimiste du projet, car si les choses se passaient vraiment comme le pervers le souhaitait ce cher gratte papier serait violé ET tué… et pas forcément dans cet ordre.

Ella avait raison au final, il y aurait bien Liam dans William…

- De nouvelles bases oui… je pense que je peux bien te faire cadeau d’une ou deux feuilles, nous sommes entre amis après tout…

Le tueur glissa sa main monstrueuse dans son sac à main très féminin et arracha deux feuilles à son calepin avant de les tendre à l’écrivain sans le quitter du regard. L’envie de meurtre qui émanait de lui était si forte qu’elle en piquait les yeux, et si le jeune homme n’avait pas saisit le message il ne mit pas plus longtemps à le comprendre car à peine leurs doigts se frôlèrent lors de l’échange que la pensée de Liam s’imprima dans son cerveau en lettres de feu :

**Tu es un homme mort, joli cœur**

Avant même d’avoir pu lire l’horreur dans les yeux de William l’attention du pervers fut attiré par le fabriquant de bisou ours qui, et c’était le moins qu’on puisse dire, était très direct. Il n’avait même aucun tact, surtout quand on pensait à la présence des deux enfants au sein de leur petit groupe. Et vulgaire pour ainsi dire… ils pourraient presque s’entendre tous les deux, sans parler du fait qu’il n’était pas mal du tout.

Enfin… il se comportait tout de même bizarrement et faisait des gestes dans le vide en se parlant à lui-même. Ca rappelait vaguement à Liam les clodos qui se baladaient en ville avec leur cadi en discutant tout seul, c’était peut-être l’avenir de l’adolescent dans quelques années d’ailleurs. Il nomma mentalement les deux personnalités Jekyll et Hyde, et vous vous doutez bien avec qui il avait le plus d’affinités.

Malgré ça il fallait il rabatte rapidement le caquet de ce coq avant qu’il alerte le cerveau naïf de sa rouquine de fille. Liam posa donc sa main sur son épaule et lui souffla :

- Ecoutes mon gars, y’a ma fille ici si t’avais pas remarqué, alors abstiens toi de ce genre de remarques si tu veux que je continue de porter plus d’attention au binoclard qu’à toi.

Il ne put s’empêcher de jeter un regard inquiet et terriblement attendrissant à Ella, vision pour le moins rare. Ils ne comprenaient peut-être pas le pourquoi de cette affection mais il aurait fallut être aveugle pour ne pas voir qu’elle était réelle. Et s’ils étaient assez stupides pour tenter de descendre sa côte en flèche devant son ange il se ferait un plaisir de se servir du couteau dont le contact glacé contre sa cuisse lui rappelait son existence.

Et ce n’était pas l’envie qui manquait de s’en servir, il trouverait bien une excuse pour son geste…

- Soyons amis… testons l'amour avant la haine vous voulez bien ? On a bien assez d’ennemis dans ce monde pour se monter les uns contre les autres non ?

Non mais je rêve… pensa Shannon en dévisageant Dakota d’un air dépité. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Une perfusion et un scalpel ? Une tequila en attendant ? La jeune femme se démenait pour l’aider, et mademoiselle se plaignait. Eh ben… Shannon lui avait donné tout ce qu’elle avait : sa jupe !

Shannon détestait les gens comme ça : jamais satisfaits. Franchement, qu’est-ce qu’elle voulait de plus ? Elle se maintenait tout de même de l’envoyer se soigner toute seule, car si elle voulait survivre ici, il fallait être stratégique, et se servir de tout le monde autant que possible. Elle ne comptait tout de même pas se servir d’une gamine, mais elle était elle aussi à se mettre en poche.

Le genre de personne typique dont Shannon se servait était Liam : un mec, déjà, ce qui représentait un gros avantage car elle pouvait jouer de ses charmes. Un pervers, ce qui aidait encore plus. Mais tout ne s’annonçait pas vraiment comme elle aurait pu le prévoir : Ella était un obstacle de taille, malgré son âge. Elle voyait qu’il éprouvait plus de désir (ou tout simplement plus de compassion) à son égard qu’envers la grande blonde.
Des hommes, Shannon en avait manipulé toute sa vie : il lui suffisait de battre des cils pour les mettre à genoux. Mais sa proie semblait redoutable, bien plus qu’elle ne l’était elle-même dans le vrai monde. On voyait bien que Liam ne se laisserait pas avoir si facilement. Mais si elle savait se faire désirer… Peut-être bien ?

En tout cas, maintenir Dakota loin de lui était son nouvel objectif, de même importance que l’acheter par sa fausse bonté. Cela s’avérait aussi laborieux…

Après un silence pesant, elle se décida à répondre :

Bah… Il est très talentueux tu sais. Il m’a raconté avoir sauvé plein de vies, mais c’était peut-être un beau parleur. En tout cas, j’ai pas suivi les mêmes études que lui, et j’ai pas sa pratique, ni même ses outils sous la main…

Une fois sa bonne action accomplie, elle se releva, cachant son air fier derrière une expression de satisfaction tout à fait normale.

Ouais, j’ai pas l’habitude de faire ça. Faut dire que j’ai pas l’habitude d’être ici…

Son regard était plongé dans les cheveux de la petite blonde. Dieu, qu’est-ce qu’ils étaient en mauvais état ! Shannon avait travaillé dans un salon de coiffure, avant d’être virée parce qu’elle refusait catégoriquement de toucher un laideron qui voulait se faire belle pour ses vingt-cinq ans de mariage, se demandant bien qui avait pu avoir le courage de passer tant d’années aux côtés d’une telle erreur de la nature.
Mais la plupart du temps, ses clients étaient loin d’être moches, ou à la limite banaux. Elle avait donc eu le temps d’y travailler un moment. Son expérience de coiffeuse l’aurait habituellement poussée à se ruer sur Dakota pour lui enlever toutes ses saloperies de ses cheveux et pourquoi pas lui faire une petite coupe ? Mais c’était vraiment mal venu dans de telles circonstances…

Sans qu’on lui ait demandé son avis, la petite prit le taureau par les cornes et décida de lui dire ses quatre vérités. Toute cette critique, ou plutôt ces conseils, c’était trop pour Shannon d’un seul coup. Ici, personne ne l’aimait, alors que c’était une reine dans le vrai monde. Comme quoi, ici, rien n’était vrai. Faux monde, fausses personnes, faux avis… Ce n’était pas de sa faute.

Elle écouta la petite parler, sans pour autant se remettre en cause une seule fois. Pourquoi devrait-elle tout le temps essayer de changer ? Pourquoi les autres ne feraient-ils pas un effort, en s’adaptant à son caractère ? Ca leur éviterait sûrement de la trouver désagréable.
C’était bien plus facile de se moquer d’elle, et de la blâmer. Mais de leur côté, les autres faisaient-ils le moindre effort ? Pff…
En plus, elles venaient à peine de se rencontrer. Qu’est-ce qui pouvait donc lui faire émettre un tel jugement ? Probablement son physique de rêve. Mais pourquoi tant de jalousie ? Elle était jeune et avait encore le temps de devenir comme elle. Ou alors, elle l’avait tout simplement jugée à cause de son look que tout le monde qualifiait de Barbie. Quelle grande preuve de maturité.

Elle se garda bien de lui dire le fond de sa pensée, et dû contenir ses larmes tant toute cette injustice la dépassait. Elle prit un ton enjoué, arbora un sourire des plus honnêtes et lança :

Mais je suis cool voyons !

La situation était d’autant plus frustrante que c’était une gamine qui lui disait ça. Ca aurait été une fille de son âge, d’accord. Mais quel âge avait Dakota ? Elle ne dépassait sûrement pas la quinzaine, en tout cas.

S’il n’y avait que ça… Enfin bref.

Ce monde n’était décidemment pas normal. Avec sa vingtaine, Shannon n’arrivait même pas à forcer le respect d’une gamine de treize ans (mais elle lui donnait plus, elle tomberait des nues si elle savait son âge). Ainsi, Shannon se retrouvait dans le rôle de l’enfant, et Dakota était l’adulte qui lui disait quoi faire et comment…

Tu sais, certaines personnes n’attendent pas qu’on leur tende un bâton pour te battre. C’est exactement leur cas. Mais bon, tu t’en rendras compte bien assez vite !

Shannon eut un déclic. Elle avait trouvé le moyen de survivre ici, encore fallait-il l’exploiter désormais, tandis que les deux tourtereaux ne cessaient de se rapprocher. Elle les fusilla du regard. Heureusement, son regard fut succinct et discret, du moins assez pour n’être su que par elle. Shannon se sentait ridicule, car non seulement Dakota était intellectuellement supérieure à elle, mais Ella était plus attractive qu’elle.

Raaaaaah ça me gave !

Elle était rongée par la jalousie, et pas qu’un peu. Malgré qu’elle était adorable, Shannon ne parvenait pas à éprouver de la compassion envers Ella. Elle aimerait, car elle se sentait comme un monstre de ne pas pouvoir aimer une enfant, son gagne-pain à une période. Mais les circonstances n’étaient juste pas favorables à une entente.
En plus, elle avait brûlé sa jupe, qui contrairement à ce qu’elle lui avait dit n’était pas passée de mode !

Pour en revenir au déclic, pourquoi chercher à survivre alors qu’on pouvait chercher à sortir d’ici ?

Mais comment on fait… ?

Elle cessa de songer à ce miteux déclic qui fut terriblement rapide. Elle observa Dakota et lâcha finalement :

Et si tu me parlais de toi ? T’as l’air intelligente… Je suis sûre que tu es…

« Une grosse tête » allait-elle dire. C’est comme ça qu’elle qualifiait les intellos devant ses copines, alors que dans sa chambre, le soir, Shannon trimait pour avoir des bonnes notes. Mais elle se souciait bien trop de sa réputation pour l’admettre.

... intellectuelle ou un truc du genre. Non ?

Ella lui répondit, avec sa toute petite voix toute innocente et tellement mignonne. Elle était jolie avec son grand sourire qui croyait en la bonne foi de tout le monde, et ses cheveux roux un peu emmêlés qui lui encadraient le visage comme autant de flamme. Et gentille aussi avec son petit rire candide et enfantin, un couinement de souris tout mignon. C'était bien le mot, Ella était mignonne. Et apparemment, Liam et Dean l'avaient remarqué. Choupinette la petiote qui parlait à William et Liam. Mais Dean n'y faisait pas tellement attention, du moment que William était là, Liam était apparemment trop préocuppé pour le mitrailler du regard. Ca lui suffisait.

La rouquine répondit à sa question au sujet des coeurs, le gamin ne se souvennait même plus ce qu'il lui arrivait de poser une question aussi stupide. Parce que qu'est-ce que c'était moche un coeur ! Un espèce d'horrible truc colorié en rose par les petites filles sur leurs cahiers. Et pourtant, Ella lui répondit tout timidement qu'elle aimait ça, les coeurs, que ça transportait un beau message. Elle lui retourna la question et le cerveau de Dean tourna à plein régime pour trouver une réponse qui pourrait lui satisfaire, parce que lui ce qu'il pensait, ça ressemblait plutôt à * Na. Les coeurs c'est des trucs de gamines, c'est moche, c'est rose et c'est pour les bébés.* Mais à la place, en gentleman distingué il répondit tout doucement en murmurant.

"Bah...Je sais que les garçons normalement ils doivent pas aimer les coeurs...Mais je peux te dire un secret ? Moi, je trouve ça mignon...Tu le diras à personne, hein ? C'est not'secret à nous ! "

Elle était mignonne, et rien que pour lui faire plaisir, le petit Dean lui servait un joli mensonge fraichement élaboré. Après tout, mentir, il avait l'habitude. Sinon il aurait déjà dit ses quatre vérités à Liam. Quoique...non, il ne lui aurait rien dit : il tenait à la vie, quand même.

Elle parla de sa vie d'une voix si troublée que le gamin regretta de lui avoir posée cette question. Elle semblait hésiter, se demandait ce qu'elle devait lui dire ou non, sans doute. Elle avait perdu son jolie sourire. Peut être avait elle eut un passé troublant et qu'elle ne voulait pas en parler ? Le petit cherchait à comprendre la raison de son malaise soudain. Elle reprit la parole en disant qu'il n'y avait pas grand chose à savoir sur elle, elle était irlandaise et....elle aimait les calins ! * Bah si elle veux je peux lui en faire un si elle veux ! * Son regard se posa sur Liam qui parlait avec William...* Ah ouais...zut...elle est toujours dans ses bras...pfff *

" Moi ? Moi...Hmm...Bah...y a pas grand chose à dire non plus. " * J'suis riche, j'ai des parents qui m'offrent tout ce que je veux, à l'école je tappe les intellos pour qu'ils me refilent leurs devoirs...Naon, j'peux pas lui dire ça * "Moi j'ai une toute petite soeur et j'aime aussi les calins ! Dis Ella...tu veux bien être comme ma petite soeur ?"

Ce fut ce moment là que choisit James pour débarquer. L'adolescent posa une main sur son épaule comme pour le protéger et Dean leva les yeux vers lui pour lui faire un grand sourire. Avec James, il ne risquait rien, c'était une certitude. Il reposa son regard sur Ella et s'écria.

" James c'est lui ! C'est mon Papa ! Pas vrai James ? Et pis...plus loins que tu vois pas parce qu'il est invisible c'est Jules. C'est le meilleur ami de James même qu'ils..."

Jules en question se mit à parler. Et aux yeux de tous, James du passer pour un parfait fou. Dean reprit son sourire et continua dans son babillage enfantin. "Hmm...Bon...Ouais Jules, faut que t'arrête de te mettre en colère pour rien tu vas faire peur à Ella ! " Dean fixa son "père" et fit les présentations. " Parce que elle, c'est Ella ! Et lui bah...euh...c'est son père, il s'appelle Liam ! Et ils sont très gentils...Ella, c'est mon amie !"

Il était allez trop loin. Tout son corps le lui disait, le lui gueulait même, qu’il s’était mal exprimé et qu’il avait officiellement ouvert une guerre entre lui et le taulard au vue du regard auquel il était actuellement confronté. A vouloir faire son malin, sur de lui, il s’était carrément brûlé les ailes. On ne jouait pas très longtemps avec des types de l’envergure de Liam, finalement, faire une courbettes s’excuser et s’en aller aurait du être la solution adopté. Mais non, évidemment… Comment ne pas lire toute la haine et le reproche dans le regard de l’homme avant que son visage ne se torde en un sourire forcé. Pouvait il encore se rattraper ? Non, c’était trop tard, se serait minable, il fallait faire avec c’est tout.

Alors il se tut, histoire de ne pas aggraver son cas, se contentant de tendre une main qu’il voulait assuré vers le papier que lui présentait Liam.

**Tu es un homme mort, joli cœur**

Les yeux de l’écrivain se dilatèrent et son visage se figea dans une expression d’horreur, s’agrippant machinalement aux papiers qu’il avait dans la main, ne pouvant se défaire du regard menaçant du taulard, son cœur rata un battement avant de s’affoler comme jamais. Les paroles lointaine de James, Jules, peux importe, furent bien trop lointaine pour l’atteindre. La pensée avait été trop violente pour avoir été lancé au hasard, non, il était certain que Liam voulais maintenant le descendre, ce n’était pas de la rigolade. Il représentait une menace. En toute logique, il l’écarterait.

*Je me suis mal exprimé, attend, j’ai pas voulu, c'était mal dit, c'était pas les bons mots, attend, c’est complètement stupide !*

Les phrases qui se bousculait dans son esprit pour tenter de résonner le taulard n’avait aucune structure logique, aucun style, toute aussi bidon les une que les autres, mais il était sérieusement paniqué, se sentait sérieusement… Pitoyable. Un peu de contenance, merde ! William avala une bouffé d’air avant de frissonner et ferma les yeux pour tenter de remettre de l’ordre dans tout ça. Au moins, il savait se que c’était maintenant, la peur de se faire abattre par un détraqué, le genre de truc incapable à traduire avec des mots. Quand il rouvrit ses yeux d’encre, ils se retrouvèrent une nouvelle fois en parfaite confrontation avec ceux démoniaque de Liam. Ceux-ci ne s’attardèrent pourtant pas, ils se posèrent sur la petite Ella avec une affection désarmante. Ce type était il réellement attaché à cette gamine ? Oui. Il n’était pas aveugle, c’était un de ces regards à vous serrer le cœur, est se qu’il cherchait à se racheter ? Sujet… Intéressant.

Non, il ne ferait rien, il se tairait, il était sérieux quand il avait dit ça plus tôt. Ce n’était pas dans ses intentions, lui, il voulait juste étudier le cas Liam Bladwin…

Peut être était il temps que Wiliam Starkey arrête de voir son entourage comme des personnages potentiel pour son nouveau roman.

Il aurait bien voulu répondre quelque chose… Oui mais quoi ? Sa gorge était serrée et aucun son ne semblait pouvoir émaner de sa gorge. Quel pouvoir la peur pouvait elle exercé sur un homme…

- On s’est mal compris… Je crois, Liam…

Arriva t’il a articuler, pâle, après que ce dernier lance une phrase à retenir sur l’amour et la haine. Liam Baldwin avait fait Woodstock dans ses folles années et transmettait des messages de paix maintenant ? Il ne se serait pas gêné de faire la remarque dans d'autre condition, mais la il avait tout interêt à tenir sa langue. Et puis, comme épuisé, il esquissa un espèce de signe avant d’approuver d’un signe de tête, sans réfléchir sur la véritable "profondeur" du message à double tranchant.

- C’est une bien belle phrase que tu viens de dire la, alors on va tacher de l’appliquer, et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes…

[C'est court, désolé]

Autour de lui tout le monde se parlaient, se rassuraient, certains même dormaient ou se faisaient transformer en peluche. C'était vraiment drôle et Christopher, assis seul en tailleur devant le feu, souriait à pleine dent. Il se demandait ce qui allait se passer ensuite, ce qu'il allait faire, s'il allait rester avec les deux gosses et James ou bien... Il avait remarqué une rousse plus loin, elle lui rappelais son pays, ses amies -et plus vu qu'affinité- erm, enfin il voyait bien qu'elle était pas qu'amie avec le mec qui l'accompagnait. Il avait aussi remarqué une autre gamine vers un mec un peu louche, il avait l'air d'un méchant sorti d'une série noir. Il préférait de toute façon rester avec James, le "Créateur"... Tiens, en parlant de ça il était ou celui-la?
Chris tourna la tête, se leva, plissa les yeux et le découvrit enfin.

"Putain j'ai soif"

Il avait eu cette idée un peu avant, mais la c'était le moment idéal. S'il pouvait invoquer plusieurs choses en un claquement de doigt, ce moment post-traumatique pouvait se transformer en fête. Gonflant ses poumons, l'Ecossais interpela l'homme. La flemme de bouger

"Hey! James! Tu pourrais me créer une bière? Et si tu peux une pour tout le monde ça ferait pas de mal..."

Il exposa un large sourire, il était plus à l'aise avec quelque chose dans les mains -pas forcément une bière mais bon...

"Enfin, pour les gosses de l'eau hein, ça à pas encore l'age... quoi que moi"

Bon, voila qui était lancé, et voila qui allait le faire se remarquer... Déjà qu'avec le cul-brillant. Tiens, il avait oublié qu'il éclairait et regarda un peu aux alentours pour surprendre une fille qui gloussait. Bah quoi?

James regarda Dean mélangé avec une certaine joie ( étant homo il pouvait pas avoir d'enfant hé ^^) et assez sceptique, ça c'était Jules.
Et Liam qui désignait la fillette comme étant sa fille. Il prenait vraiment l'adolescent pour un demeuré ? Si c'était son père alors lui c'était le roi d'Angleterre...Oh bien sur , la gamine pouvait toujours dire que c'était vrai etc...Mais en voyant le manège de Dean, ça pouvait être la même chose qu'une sorte de manipulation faite par le pédophile.
Quant à sa menace, Jules n'était nullement impressionné...Ce mec était un pédophile et violeur...Donc il aimait faire du mal...Mais un viol consentant n'en était plus un n'est ce pas ? Enfin, il allait pas mettre James en danger...Comme l'avait dit Dean , l'adolescent n'allait pas se mettre en colère pour rien. Celui-ci frotta les cheveux avec sa main de son "fils" enfin "neveu" et dit :

-Ouais ouais, je me suis emporté

Aucune conviction dans ses paroles mais le principe y était. Du moment que Liam gardait ses envies sur l'écrivain ça lui allait. Ce dernier ne semblait d'ailleurs pas d'accord pour la proposition vu le teint blanc qu'il abordait et l'idée de Liam n'arrangeait pas les choses.

-Ah mais pas de soucis , je veux bien être ton pote si tu garde ce que tu sais à sa place par rapport à James !

Il s'approcha alors de Liam lui chuchotant pour que seul lui l'entende.

-Mais tu fais ce que tu veux avec les autres, hormis les enfants bien sur...Sinon il sera difficile pour toi de niquer sous la forme d'une peluche...

Jules fit un sourire en coin tandis que le prénom de James retentit dans toute la plaine. L'origine ? L'écossais. Et ce dernier ne lui demandait rien de plus intéressant que de faire apparaître de l'alcool pour lui. Là c'était plutôt du scotch qu'il avait envie...Ou alors...

-Tu veux à boire...?

James se concentra sur une canette de bière bien remplie et la fit apparaître au dessus de Chris la faisait tomber sur sa tête. Oulah, Jules commençait à déteindre sur lui.

-Tu as moins de 5 minutes pour la boire et je te promet pas que ce qu'il y a dedans existe vraiment.

Ca disparaitrait sans doute en même temps que la canette. Pour ce qui est de l'eau il avait bien une gourde mais son contenu ne devait plus être très froid. Qui aime l'eau chaude ? Enfin non là sa préoccupation était d'empêcher Jules de mener Liam à sa volonté de violer quelqu'un. c'était un crime non de faire ça...Ils étaient déjà assez dans la merde alors non vraiment ce genre de truc...

- Euh...Liam ? Tu peux pas faire "ça" avec un Dremlandien ?

Lire la peur dans les yeux de William, voir la sueur perler de son front, ses lèvres trembler tout comme son filet de voix qui avait pour l’heure perdu toute son assurance… c’était jouissif. Et il semblait tellement empressé d’accepter son « offre » d’amitié qu’il n’avait de toute évidence pas saisit le message à double sens de cette proposition. Les gratte-papiers n’étaient-ils pas sensé être des intellectuels ? Il comprendrait de toutes façon bien assez tôt, qu’il le veuille ou non.

Liam pencha la tête de côté, les yeux plissés et le visage fendu d’un large sourire adressé à l’anglais. La simple pensée de ce qui finirait forcément par arriver remplissait le taulard d’une douce euphorie qui était loin de diminuer le diamètre de son poing monstrueux. Il murmura alors d’une voix suintant d’hypocrisie :

- Tu as lu Voltaire joli cœur ? On va vraiment bien finir par s’entendre…

Jolie citation, tellement fausse… Liam l’avait toujours beaucoup aimé. Elle représentait bien la mentalité de la société : tant que les choses étaient à leur convenance, les gens se fichaient bien de ce qui se passait autour, pour eux tout allait bien et donc le monde était parfait. Une belle phrase d’égoïste et d’hypocrite, en somme.

Une lueur qui se rapprochait attira l’œil du taulard et se révéla être cul-qui-brille. Il n’était visiblement pas aussi brillant que son postérieur, le niveau de sa conversation frôlant le niveau de la mer. Un putain de saoulard irlandais qui ne se sentait entier qu’avec une bière ou tout autre alcool entre les mains, il en aurait mis sa main à couper. Liam ne put d’ailleurs pas réprimer un rire bref lorsque James acceda à la requête du roux en lui fracassant le crâne à coup de cannette.

**Joli coup !**

Cette petite scène lui aurait presque fait oublier les pseudos menaces de Hyde, comme quoi il se retrouverait fourré mousse si jamais il s’avisait de fourrer les mioches. Et alors, il en fallait plus pour l’arrêter, il avait bien vu que les gens finissaient par reprendre forme humaine à force de patience. Il en faudrait bien plus pour l’effrayer, mais il se contenta d’un clin d’œil pour faire comprendre qu’il avait saisit le message, qu’il soit d’accord ou pas pour le suivre.

Dans tous les cas ce mec lui avait bien fait comprendre qu’il pourrait faire ce qu’il voulait à l’écrivain en échange d’une pseudo immunité, c’était au moins ça de réglé. Il ne tenterait pas de le lapider avec la foule des furieux si William sortait en pleurant d’un fourré… bonne nouvelle ! Le tueur aimait à savoir qui faisait partie des amis et des ennemis.

Même Jekyll semblait s’intéresser à ça vie sexuelle car le côté gentillet du schizo lui proposa ni plus ni moins de faire sa fête à un habitant local, probablement pour tenter de détourner le pervers du binoclard qui n’en menait toujours pas large.

- Oh mais… c’est déjà fait. Une jolie fille, July, qui a eut la gentillesse de m’héberger cette semaine ainsi que… Liam s’interrompit lorsqu’il réalisa que parler de son fils de 13 ans n’était pas très malin de toute évidence, mais ce sont des détails.

Pendant son discours il avait planté son regard dans celui de James et pianotait sur son jean de sa main bouffie tout en souriant impunément. Jekyll était exactement le genre de personne qu’il détestait, un lâche qui n’assurait que ses propres intérêts. Qu’on touche à son écrivain préféré ne lui plaisait pas mais que des ellipsiens soient violés ça il s’en fichait royalement. Belle mentalité vraiment ! Et c’était ça alors un « gentil » ?

Le sourire faux du pervers s’accentua alors qu’il se tournait vers Dean afin de soulever un point épineux de sa précédente proposition qui n’avait pas échappée aux oreilles de Liam malgré ses propres préoccupations. Le tueur se pencha en avant, prenant appui sur ses genoux avant de murmurer au gosse dans un clin d’œil :

- Au fait Dean, si Ella devient ta sœur, je serais forcé de devenir ton père…

Lilith avançait d'un pas peu rassuré. Elle avait entendu des voix. Cela faisait plusieurs jours qu'elle marchait et se cachait sans cesse. Elle aurait voulu être ailleurs. Seulement, elle ne savait même pas où elle était. Elle devait être arrivée ici depuis ... deux, tout au plus. Elle ne savait même plus comment elle avait atterri ici. La première nuit, elle l'avait passée à se cacher d'abord dans une maison abandonnée, un peu isolée, qu'elle avait trouvée par pur hasard. Effrayée, elle n'en sortit pas. Mais lorsque les torches s'éloignèrent, elle entreprit de partir. Elle s'est éloignée de son refuge et a couru jusqu'à un cimetière un peu éloigné pour y passer sa seconde nuit. Le lendemain, elle s'était réveillée doucement, avec le soleil et des chiens qui « passaient par là », montrant les crocs. Sans gestes particulièrement brusques, elle s'était relevée et prit la fuite. Une fois les chiens perdus de vue, elle continua sa marche, sans bruit, lorsqu'elle entendit ces voix.

Elle resta plantée à quelques dizaines de mètres d'un groupe qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Les regardant discuter quelques instants, sans qu'aucun d'eux ne prête une réelle attention à sa présence. Ils ne l'avaient sans doute pas remarquée. Pourtant, elle avait le sentiment d'être observée. Peut-être pas par l'un d'eux. Elle regarda autour d'elle puis, après une légère inspiration, elle les rejoignit.

_ Excusez-moi, je ...

Ne sachant pas quoi dire, elle se tut quelques secondes, regarda à sa gauche, puis reposa les yeux sur eux. Elle n'était jamais très à l'aise pour les discours.

_ Lilith, enchantée ... J'ai entendu des voix, je me suis donc permis de me joindre à vous.

Très enfantine, pourtant physiquement très adulte, la jeune femme eut le réflexe de joindre ses mains devant sa taille. Elle réalisa la position de ses mains, puis plongea l'une d'elle dans sa poche et passa l'autre dans sa chevelure blonde. Elle ne se sentait pas vraiment à sa place, assise entre deux chaises.

Exténuée, épuisée par les deux jours qu'elle venait de passer, elle ne put caser un mot de plus. Après quelques présentations, elle s'assit dans un coin, restant tout de même présente avec les autres, sans trop s'éloigner, parmi eux.

_ Je m'attendais plutôt à une bande d'abrutis assoiffés de sang et armés de torches ... Vous n'êtes pas dans leur camp mais je n'ai rencontré que ce genre de gens depuis que je suis arrivée. Vous n'auriez pas quelque chose à boire ?

Un instant, elle avait cru être la seule pourchassée. Apparemment, ce n'était pas le cas. Cela la rassura quelque peu.

Vu la tête que tirait Shannon c’était plus qu’évidente que les paroles de Dakota étaient loin de l’enchanter. Elle affichait l’air de la fille trahie, pauvre victime d’un monde trop cruel pour elle. C’était assez comique d’ailleurs, quand on pensait que l’adolescente n’avait rien dit de vraiment méchant. On ne pouvait probablement rien dire à Barbie sans qu’elle le prenne mal, mis à part des compliments… et bien tant pis pour elle ! La surdouée n’était pas du genre à passer de la pommade dans le dos des susceptibles dans son genre, c’était bien trop fatiguant.

Dak’ s’amusait intérieurement du débat qui se lisait sur les traits de son interlocutrice, comme si elle était à deux doigts de l’envoyer balader avec quelques remarques acerbes avant de bouder mais que quelque chose l’en empêchait. Quelques regards de Shannon vers la silhouette du mec louche qui parlait avec les mioches, un binoclard, James et cul-brillant éclaira un peu la lanterne de l’adolescente. Elle craquait pour lui ou quoi ? Elle voulait se faire bien voir ? On aurait presque pu lire de la jalousie dans ses yeux lorsqu’elle regardait la petite rouquine alors quoi… elle avait peur que les gosses intéressent plus cet homme au regard vicieux qu’elle-même ?

Dakota lâcha un rire bref en arborant un air passablement méprisant. La seule raison qui lui faisait continuer à lui parler était donc qu’elle avait peur que le pervers lui fasse du gringue plutôt qu’à elle… minable, vraiment !

Elle baissa les yeux vers la blonde penchée sur elle pour finir les soins qu’elle avait commencé et qui tentait de retrouver une certaine contenance en faisant comme si de rien n’était. Si l’adolescente n’avait pas remarqué sa jalousie un peu plus tôt elle aurait presque pu croire au manège de la Miss, mais dans ces circonstances le changement de comportement était trop radical pour être naturel. L’envie de demander à la jeune femme d’arrêter d’être hypocrite était si forte qu’elle eut un mal fou à la contenir.

Elle se disait cool, accusait les autres d’attaquer sans raisons… certains le faisait c’était vrai mais il ne fallait tout de même pas exagérer. Et voilà même qu’elle lui donnait des conseils ! Dakota dû cette fois ci se mordre la lèvre pour ne pas pouffer de rire.

Cette fille avait au moins le mérite de lui faire un peu oublier ses blessures…

Ce fut d’ailleurs uniquement pour cette raison que Dakota répondit à ses questions bien qu’elle sache pertinemment que Shannon s’intéressait autant à elle qu’aux méthodes de fabrication des bonnets péruviens. Et puis… ça faisait passer le temps.

- Te parler de moi ? Et bien… j’ai 13 ans et si pour toi être surdouée c’est être intellectuelle alors oui, je le suis. Je passe la plupart de mon temps chez moi, je n’ai aucun loisir, je suis des cours par correspondance, je n’ai pas d’amis… Je ne sais vraiment pas quoi te dire.

Dakota poussa un soupir, le visage neutre. Sa vie se résumait vraiment à ça… c’était un peu triste. Mais contrairement aux autres Dakota se rendait compte qu’elle avait un peu changée depuis qu’elle avait débarqué dans ce monde. Elle avait affronté de nombreuses fois la peur qui la rongeait et même s’il restait encore un long, long chemin à parcourir les choses étaient quand même devenues meilleures. Le sang et les blessures ne comptaient pas tant que son esprit pouvait trouver la paix.

La blondinette croisa les bras tout en toisant Shannon sans se cacher. Est-ce que la situation méritait d’être approfondie ? Parler d’elle à cette fille pourrait-elle l’aider ? Dans tous les cas avoir des alliés n’était pas négligeable si on voulait survivre dans ce monde, un minimum d’effort ne pourrait pas faire de mal…

- Je sais que je ne suis pas le genre de personne que tu apprécies. Je suis loin d’être démonstrative, mon look laisse… à désirer mais au moins j’accepte de te parler sans détour et sache que je ne compte pas me mettre entre toi et lui.

L’adolescente désigna discrètement Liam par-dessus son épaule, l'air de rien.

- Je vois que t’arrêtes pas de le fixer. Il te plaît ou c’est purement stratégique ? C’est sûr que vu sa tête mieux vaut l’avoir avec soi que contre soi…