Triste lune et Nuit sanglante

Lys, un peu sonnée par le coup de Liam, resta quelques secondes sans comprendre ce qui se passait. Elle reprit néanmoins ses esprits lorsque la petite troupe sauta du train. Elle n'avait pas envie d'être seule. Etrange, elle qui faisait tout pour éviter les relations, pour rester dans sa bulle de désespoir et de souvenirs... Mais ce monde était loin de sa bulle isolée, c'était peut être pour cela qu'elle ne voulait pas être seule. D'ailleurs, une nouvelle venue venait agrandir leur groupe de fugitifs. Et cette fille-là ne réveillait pas ses instincts collectifs par contre : elle était si laide qu'elle en eut envie de vomir. C'était méchant, mais vrai. Et la remarque de Liam, tout aussi méchante, était néanmoins... bien sentie, même si elle n'alla pas jusqu'à sourire. C'est ainsi, en marchant tranquillement, que le tueur décida de s'installer sous un arbre fumer sa clope. Comme s'ils n'avaient que ça à faire ! Ils étaient pourchassés comme du vulgaire gibier, et lui voulait rester là à se taper la causette. Et puis quoi encore ? Faire griller des chamallows, comme l'avait dit la Fille-Electrique ?
Lys pris une inspiration, chassa la main dans ses cheveux mouillés - dont elle se servit pour recouvrir sa poitrine dévoilée par sa chemise trempée, n'ayant pas oublié le regard du tueur sur celle-ci - et réfléchit. Ils étaient dans la mouise, et pas qu'à moitié justement. Ils risquaient de ne pas s'en sortir. Seuls en tout cas, ils n'y arriveraient jamais. Mais c'est vrai qu'en groupe cela pourrait être mieux. Lys entendit Lou se présenter, avant de s'interrompre tout de suite. Ils avaient trop de questions sans réponses. Elle tiqua à sa dernière phrase.

Nos peurs ? Pas si simple. Je ne suis pas allée chez Parkinson pour ça, mais pour ma dépression. Et l'autre doit être un pervers sexuel. Mais si on se base sur le fait qu'on sort de chez un psy, ça pourrait coller. On doit résoudre quelque chose. Nos problèmes, nos peurs, notre mal-être...

En fait, il y avait peut être besoin de se poser et réfléchir. La rouquine s'assit derrière Lou, de manière à ce que Liam ne la voit pas trop. Elle ne savait pas ce qu'il avait vu ou ressenti lorsqu'elle l'avait touché, mais il devait lui en vouloir. Même elle qui s'était habituée à son calvaire, elle le vivait mal, alors lui...
Lys respira une nouvelle fois, essayant de mettre de l'ordre dans ses pensées. Ce n'était pas aussi simple. Pas aussi simple que lorsqu'elle se débarrassait de sa déprime.

- Tu as peut être raison Lou. On est tous allé voir Parkinson à cause d'un problème, peut être que ça fait partie de la thérapie... Des épreuves à passer...

Elle n'arrivait pas à réfléchir, comme si son cerveau allait exploser. Elle regarda avec envie la cigarette que fumait Liam. Elle fumait peu, presque jamais, pour ainsi dire. Et plus du tout depuis 8 mois. Mais elle se souvenait très bien de l'effet de ces rares bouffées sur elle, qui avaient le don de la calmer... Elle secoua la tête. Elle devait se réveiller. Essayer de sortir de ce rêve sans queue ni tête. Des épreuves ? Lys essaya de se souvenir de ses cours sur Freud, mais rien ne vint. La philo n'est jamais là quand on en a besoin. La jeune fille posa mis sa tête dans ses mains, fermant les yeux. Elle était énervée par tout ça, fatiguée. Elle avait plus que jamais l'envie de s'enterrer six pieds sous terre et trouver la paix du repos éternel. Elle tremblait. De froid. De peur. De tout...

Shannon fusilla du regard le moche dont elle ne connaissait même pas le nom, et trouva simplement à lui rétorquer :

Bah ça me fait pas rire, c’est à cause de gens comme toi que je suis ici ! Et où on est d’abord ? J’ai rien compris, moi ! Et dieu sait que j’ai réfléchi !

A vrai dire, la jeune fille avait plus réfléchi à pourquoi sa beauté ne se reflétait pas dans les miroirs qu’à où elle était… Mais elle y avait songé ! Seulement, elle songeait aussi au temps qu’elle passerait chez celui qui l’hébergeait, et aux moyens qu’elle devrait employer pour le convaincre de rester un maximum. Bien entendu, elle misait tout sur son physique, car il n’avait pas l’air de voir celle qui se reflétait dans le miroir.

Heureusement ! pensa Shannon.

Puis le vieux laid proposa de s’asseoir pour faire connaissance. Ca, ça la tentait ! Elle allait pouvoir parler. Shannon aimait les présentations, car elle pouvait déballer tout ce qu’elle possédait, à savoir une belle voiture (qui s’est retrouvée à la fourrière), une piscine, une belle baraque etc…

Elle écouta à peine Lou, et d’une oreille peu attentive, tâchait de déterminer la fin du discours de la jeune fille pour pouvoir commencer le sien. Elle retint cependant qu’elle était en partie Française.

Oh, c’est vrai ? C’est vraiment bien Paris. J’y suis allée plusieurs fois et j’adoooore !

La jeune fille étala tout son savoir français :

Paris, la tour eiffel, le moulin rouge... Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ? J'adore ! Mais j'aime bien Londres aussi. Enfin, rien ne remplace Beverly Hills, mais les mecs étaient TROP stupides !

Elle poursuivit sans attendre, de peur d’être coupée, après qu’une rouquine au visage de poupée de porcelaine ait pris la parole.

Enfin bref, je me présente quand même hein, vu que c’était ce dont on parlait au départ… Shannon Ciccone, Italo-américaine – oui, comme Madonna, d’ailleurs on m’a plusieurs fois dit que je lui ressemblais mais c’est pas vrai, hein ? Je suis jeune, et même si je la respecte, elle est vieille –, vingt ans tout rond. En fait j’ai pas de métier. Le dernier en date était baby-sitter, et dieu sait qu’avec les gosses que je garde ça paye bien ! Après, je trouve plus rien à dire mais je pense que vu notre situation, vous en savez assez.

C’était toujours un plaisir de se présenter pour Shannon, mais là, le plaisir était absent. Peut-être parce qu’il n’y avait pas de séduction car dans le groupe, qui y avait-il de beau, à part les filles ? C’est ça, personne, et cela l’amenait à ce qu’elle voulait dire.

On sortira bientôt d’ici, c’est clair. Ma mère a pas tendance à attendre, et si elle voit que la consultation est trop longue, elle va en avoir marre et va venir me réveiller. Et si elle me réveille, croyez-moi qu’elle va réveiller tout le monde. J’essaye de pas trop m’inquiéter de ce côté-là.

Elle n’y croyait malheureusement pas, et cette manœuvre avait pour unique but de la rassurer intérieurement, et d’apporter une faible contribution d’espoir au groupe. En fait, non, sa seule motivation était sa petite personne, mais elle tentait d’y trouver un quelconque apport à la communauté. Mais non, décidemment, Shannon était très personne, et elle faillit s’en rendre compte. Seulement, elle repensa à quelque chose qu’il fallait qu’elle dise :

Et, vous savez, vu ce pour quoi j’ai dû consulter Parkinson, j’espère qu’on devra pas attendre que mon problème se calme pour quitter cet… endroit. Parce que croyez-moi, c’est pas un problème qui s’arrange facilement. Et si ce maboule pense que me projeter dans cet… endroit me soignera, eh bah il a tort, parce que même ici il y a des moches. Et si même moi, je deviens moche, alors là, il a tout faux.

Apparemment en colère, il était dur de l’arrêter, car elle surenchérit.

Croyez-moi qu’il aura des nouvelles de moi lorsque je me réveillerai !

Elle se calma en inspirant un bon coup… pour finalement reprendre :

Ah oui, comme ça vous le saurez, je souffre d’une phobie : la cacophonie. J’ai peur des moches. Vous croyez que me transformer en moche c’est la solution ? Un charlatan, je vous le dis !

Elle souffla un bon coup et posa sa main sur son front, comme si elle était sortie triomphante d’un problème de maths.

Elle se mit à penser à ce monde, et si elle y restait. Après tout, ça pouvait être plaisant, du moment qu’elle n’était pas prise en cible par ses habitants, et surtout pas par celui qui l’hébergeait. Ah… C’était dommage, il était plutôt mignon. Et elle ne doutait pas qu’il y avait des tas d’autres poissons dans la mer, mais elle n’allait pas retenter le coup de si tôt !

Elle se demandait si dans les voyageurs, il y avait potentiellement des gens un minimum beaux, à part les filles. Mais elle se demandait surtout s’il n’y avait pas des gens trop laids, car là, la cohabitation serait impossible.

Merde, maman, réveille-moi !!

Elle regarda la petite rouquine se cacher derrière Lou, la seule dont elle connaissait le nom, et comprit qu'elle semblait avoir peur du doyen. Elle se tourna vers Liam et lui demanda :

Et toi, c'est quoi ton problème ? Pourquoi on dirait que t'es un ex-taulard ou je sais pas trop quoi ? C'est sûr que t'as pas une gueule qui aspire confiance, mais pourquoi tu fais si... ogre ? dit-elle en regardant à nouveau Lys. Et quand je dis ogre, c'est pas ogre Shreck, c'est ogre qui craint !

James avait bien crut que le pauvre Dean n'accepterait pas leur plan. Après bien des petites tentatives de persuasion d'abandonner, ce dernier fini quand même par bien vouloir utiliser son pouvoir. Voilà une chose de faite. Le porter ne serait pas un problème, même si l'adolescent n'avait pas la carrure d'un rugbyman il pouvait quand même transporter un enfant de 10 ans sur lui.
Quant au nouveau voyageur qui n'avait pas pipé mot depuis le début , sans doute par peur , choc ou bien que l'homme n'avait tout simplement rien à dire.
Avec un sourire, Dakota rassura Dean comme elle le pouvait puis lui tapota l'épaule. C'était un geste sympa mais si le pauvre avait peur des hauteurs ce n'était pas ça qui allait l'aider.
Le groupe se mit en route et la blondinette sortit une carte illuminé par Christopher. C'était un pouvoir utile finalement. Elle commença à indiquer des chemins que James s'efforça de mémoriser dans sa tête.

- D'accord je le porterai

Pour trois minutes c'était pas la mort. Mais celle-ci ne tarderait pas à venir si le quatuor ne se bougeait pas les fesses. D'ailleurs Jules n'avait pas dit un mot depuis qu'il s'était fait rembarré. C'est vrai James avait oublié que son meilleur ami pouvait être susceptible parfois. Au moins il ne faisait pas de boulette , c'était un bon moyen de garder une bonne tension au sein du petit groupe.

- Au fait...Dean on le verra dans le ciel ? J'étais pas là alors c'est juste pour savoir...

On sait jamais si il y avait quelqu'un et qu'il voyait Dean voler ca serait pas très discret.

Mais c’est qu’ils étaient bavard ces mioches ! Surtout la blondasse qui avait finit par reprendre apparence humaine. Elle était vraiment ce qu’on pouvait appeler un moulin à paroles et débitait les inepties plus vite que son ombre, c’était assez impressionnant. Même si Shannon accaparait l’attention par son flot de paroles stupides, c’était ce que disait les autres qui l’intéressait. A commencer par Mr le dépressif qui refusait de s’ouvrir aux autres.

- Oui, un rêve. C’est pour ça que ce monde s’appelle Dreamland… mais c’est peut-être trop fin pour toi ?

Voilà qui devrait répondre à la question du pikachu, la faisant aussitôt embrayer sur une présentation scolaire. Lou, une métis de 19 ans qui visiblement ne savait rien mais voulait tout savoir de lui. Une angoissée traitée par Parkinson, comme les autres visiblement. Le doc faisait bien son affaire : faire payer une fortune des consultations qui nous envoyait dans un monde où on risquait notre peau à chaque instant. Le vieux chnoque devait bien se marrer dans sa barbe grisonnante…

Crinière-de-lion sortit ensuite une sorte de théorie sur des obstacles destinés à les guérir… conneries oui. D’ailleurs il ne se priva pas de le lui dire après un rire bref et sans joie.

- Tu crois que ce cher Doc sait ce qui se passe ici ? Je crois plutôt qu’il a découvert par hasard que cette méthode marchait mais qu’il n’y comprend rien. Il profite de la situation pour se faire de l’argent… petit veinard.

A peine eut-il finit sa phrase qu’il se rendit compte que depuis tout à l’heure Dr Jekyl et Mrs Hide alias Shannon avait continué à parler comme si elle intéressait quelqu’un, sans même se rendre compte qu’une autre conversation se déroulait en parallèle. Tellement égocentrique qu’elle ne voyait que ce qui concernait son nombril… fascinant.

Liam la fixa tout en tirant sur sa cigarette jusqu’à ce qu’elle finisse de parler. De lui parler, à lui. Il fit tomber d’un geste sec la cendre qui rougeoyait faiblement au bout de son cancer en tube avant d’exhaler la fumer à la figure de celle qui avait dit s’appeler Shannon.

- Barbie a peur des moches, quel cliché… et pour ta gouverne je ne suis pas un ex-taulard. J’y suis encore, en taule. Il appuya sa phrase d’un sourire avant d’ajouter avec une innocence plus qu’ironique, Mais ne vous inquiétez pas, je n’y suis pas pour meurtre !

Seuls deux sur cinq lui avait donné leur nom, l’un d’eux n’avait d’ailleurs même pas ouvert la bouche. Le grand mat qui avait hérité du flingue et qui depuis le meurtre de la gosse le fixait avec un mélange de dégoût et de terreur profonde sur le visage. Il n’avait pas le choix, il leur choisirait lui-même des noms !

Le prisonnier jeta son mégot et tira une nouvelle clope de son paquet avant dans lancer une à Lys dont il avait perçu le regard désireux un peu plus tôt. Il lui offrit même son visage du « tu vois bien que je ne suis pas un monstre » qui bizarrement était plus angoissant qu’autre chose.

- Comme vous n’avez pas l’air de vouloir ne serait-ce que donner vos noms… toi tu seras dépressif numéro 1, toi dépressif numéro 2 et toi tu seras le traumatisé muet, déblatéra-t-il avec nonchalance en désignant tour à tour Jonh, Lys et Kalyss.

Venait enfin le moment de parler de ce qu’il savait, de ce qu’il était. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’ils étaient tous trop jeunes 8 ans plus tôt pour avoir vu sa photo dans les journaux avec viol pédophile en gros titre.

- Je m’appelle Liam Baldwin et j’ai un âge suffisant pour vous considérer comme des mioches. J’ai vu Parkinson car cette « thérapie » est la clé de ma libération conditionnelle. Bientôt je pourrais vous faire la bise dans la réalité, un vrai bonheur en perspective non ?

Ils pâlirent tous à la lueur de la lune, donnant une immense satisfaction au pervers qui se repositionna contre le tronc pour rendre le contact plus confortable.

- Ici c’est le monde des rêves, nos corps sont forcément dans le monde réel. Donc ici… nous n’avons que notre esprit. Ce n’est qu’une hypothèse mais si nous mourrions ici nous ne serions probablement plus que des légumes là-bas… bref. Je ne sais que ce que les elipsiens savent, en gros plus de chose sur ce monde que sur nous. J’ai entendu dire que certains voyageurs essaieraient de détruire des « tours » pour créer un passage entre les deux mondes ou d’autres conneries du même acabit. Mais étant donné qu’il suffit d’attendre pour se réveiller, je suppose que la raison à ça est différente d’une simple envie de revoir son chez-soi.

Liam jeta un coup d’œil vers le train pour s’assurer que personne ne venait mais c’était une précaution superflue. Dans l’obscurité qui régnait, la seule chose illuminée était le train en panne dont la lumière projetée sur les collines ne faisait que rendre les ombres dans lesquelles ils se tenaient plus profondes.

- Et pour en revenir à la théorie du rêve, qui a dit qu’un rêve était agréable ? Qui n’a jamais eut de cauchemars ? Je pousserais même le vice à demander qui n’a jamais tué dans un rêve ? Légitime défense ou crise de folie, on l’a tous fait au moins une fois. Maintenant replacez vous dans notre contexte actuel : on aurait donc déjà tué des habitants de ce monde dans notre sommeil, mais là comme tout vous parait réel cet acte vous choque…

Il laissa planer un silence avant de conclure :

- Ce qui est une réaction totalement stupide, m’est avis. On est déjà tous coupables de crime ici, on l’était déjà avant même de poser un pied sur le sol de ce monde de dingue.

Lys, qui ignorait royalement la blonde derrière elle, écouta attentivement l'Homme-Cigarette - qui eu la bonté de lui en envoyer une, qu'elle s'empressa d'allumer avec le briquet qui suivit - qui avait une conversation bien plus intéressante.
La rouquine était l'une des dernières arrivées, elle n'était au courant que d'une chose : on voulait la tuer. Drôle de coïncidence pour une fille aux tendances suicidaires.
Elle prit une première bouffée de fumée, savourant cette éphémère sensation de bien-être. Ca lui rappelait ces après-midi après Jake, cachés dans le greniers à essayer de fumer sans crapoter ou s'étouffer...
Elle tira une autre bouffée, un mince sourire sur ses lèvres roses. C'était si bon, cette époque... Elle ouvrit les yeux, regardant le ciel étrangement sombre et étoilé. Trop étoilé. Aucune ville n'a de ciel comme ça, de nos jours. C'était peut être vrai : ils étaient dans un monde de rêve, un monde inconnu où ils s'étaient tous rendus. Elle cracha sa fumée sur les étoiles, se tournant vers Liam. Même s'il la dégoûtait, il était sans nul doute la personne la plus apte à les aider ici. Autant lui faire plaisir - après tout, elle lui devait la clope...

- Pour ta gouverne, je m'appelle Lys, dit la rousse en lançant son briquet à l'aîné, Lys Dollan. J'ai 18 ans et je viens de la banlieue Londonienne. Anglaise de pure souche. J'ai jamais été bien claire, mais je suis allée voir Parkinson parce que je souffre d'une grave dépression avec troubles bipolaires depuis que mon copain s'est fait buter par son père.

La jeune fille ne put empêcher le dégoût teinter sa voix et son visage lors de ses derniers mots. Elle se souvenait de la scène comme si c'était hier : Jake couvert de sang, son père et la batte de baseball à côté. Elle secoua la tête, se reprenant. Elle avait toujours le journal, elle l'ouvrit, cherchant des renseignements. Rien. Des faits divers, la chasse aux Voyageurs... Jusqu'à la page météo. Une petite carte représentait le pays, agrémenté de jolis petits soleils et nuages... Elle arracha la page et la plaça au centre du cercle qui c'était formé.

- Les tours doivent être dans les grandes villes. Si elles sont vraiment connectées à notre monde, y aller pourrait nous aider...

Lys tira de nouveau sur sa clope. Impressionnant. Ca lui faisait du bien. Enfin, du bien... Si on omettait la brûlure dans sa gorge et l'envie de tousser qui lui prenait... Toujours est-il qu'elle pouvait réfléchir à peu près convenablement. C'était toujours ça.
Encore une taffe. La cigarette n'effaçait pas la fatigue.

Je me damnerais pour un café. Un café avec trois sucres... et des cookies... et des pancakes... et du miel... et...

Un gargouillis transperça le silence. La rousse n'avait rien mangé de la journée. Ca commençait à faire long, surtout avec tout ce qui était arrivé... Elle se sentit rougir. Enfouissant son visage dans ses cheveux, la jeune fille ramenant ses genoux contre son corps, écrasant au passage sa cigarette finie dans l'herbe humide. Cette situation n'allait pas pouvoir durer longtemps, ils allaient devoir trouver une solution...

La nuit passe, et les ardeurs aussi. La pluie froide qui tombait à torrent se réduit maintenant à une simple averse. Minuit est depuis longtemps passé, et les moins enragés rentrent chez eux. Il ne reste plus que les fous dangereux. Dans le ciel, la lune pale et incurvée semble l'œil triste du ciel, observant cet insignifiant point sur terre, Ellipse, et l'horreur qui
s'y déroulait.

Blessés et morts gisaient au sol, teintant de rouge l'eau de pluie coulant entre les pavés. Des hommes, des femmes, des enfants, des voyageurs et ceux qu'on avait cru comme tels, des Ellipsiens victimes de la défense désespérée de leur proie, des corps déchirés, éventrés, éviscérés, décapités, j'en passe et des meilleurs... De quoi marquer les esprits, et l'histoire de la ville comme le plus gros carnage depuis les attentats de l'ancienne vague.

Peinée par tant d'horreur s'écoula de son coin une goutte, qui glissa et tomba droit sur la maudite ville. La lune pleurait. La larme sélénite se fractionna en seize morceaux qui chutèrent lourdement en divers points, comme une pluie de météores, dont l'impact ravagea quelques jardins et toitures. Le train qu'avaient quitté Shannon, Liam, Lou, Lys et John s'en reçut une sur la locomotive et dérailla... Quelques gratte-ciels virent quelques uns de leurs étages voler en éclat. Et comme les plus pauvres en pâtissent toujours plus, la plupart des taudis des bas fonds ne tinrent pas le choc.

Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qui avait atterri sur Ellipse ? Pourquoi l'Astre de la nuit avait réagit ainsi... ? Le maire d'Ellipse n'en savait fichtre rien, mais une chose était certaine, il mettrait ça sur le dos des voyageurs.

Une triste lune pour une nuit sanglante.

Gaby-souris, toujours sur l'épaule d’Elie garou se sentit comme tomber dans le vide, apparemment, le loup garou avait décidé qu’il en avait marre de tout massacrer sur son passage, et de revenir une belle femme. D’ailleurs, si Gaby avait eu des yeux à cet instant précis, il aurait regretté d’être redevenu humain, tant les formes de mademoiselle Garou étaient dénudées.

Tout bougeait, beaucoup, en tout cas, il savait qu’il avait retrouver tout le monde…en dessous de lui c’était Maxim. Plus loin, les deux silouhète de taille différente était sans nul doute Ella et Jade. Les deux qui se tenait les mains c’était Aldaée et Yoru, D’ailleurs Gabriel bouillonnait…la jalousie avait empli son petit cœur de chauve-souris. Quand a la dernière protagoniste, c’était sans doute celle qu’il ne connaissait pas encore…Lily.

Oubliant sa pudeur, porter par l’adrénaline du dernier combat, il descendit de l’épaule d’Elie, se posa au sol et se retransforma en humain…Après tout, toute la petite bande aller bien devoir s’habituer à le voir nu…Apparemment le temps était aux transformations…

Cachant tout de même ces parties intimes, il s’approcha d’un cadavre, grimaçant, il lui retira son jean et le mit. Même s’il faisait encore froid, il n’eu pas le courage de dénudé le pauvre homme. Le jean était un peu grand, mais grâce a dieu il y avait une ceinture…et c’est moment de la bouclé qu’il entendit Elie parler.
Se Tirer ?

Enfin ! Ils s’approcher de la sortie. L’histoire d’Ellipse était finie, et ils s’en allaient pour de nouvelle aventure...

Gabriel leva les yeux, admirant le spectacle horrible…On aurait dit, que la lune pleurait. une dizaine de météores s’abattaient sur la ville détruisant tous sur son passage. Les Voyageurs et Ellipsiens avaient décidé d’oublier leur différent, préférant fuir d’un coté ou de l’autre, alors qu’au loin, le Maire voyait sa prestigieuse Ellipse se prendre un enième mauvais coup…
A quelques mètres du petit groupe, un météore rafla un gratte ciel qui tomba comme un vieux château de carte.
Ca ne finirait donc jamais ?

« Bon, et bien qu’est-ce qu’on attend alors… »

Il se rapprocha en courant d’Aldaée, attrapa la fille d’une main, et Yoru de l’autre.

« On ne traine plus…avec un peu de chance, ca sera les dernière Epreuves, Ellipse, ce soir c’est fini. »

Il regarda derrière lui…Il avait oublié que Jade et Elie étaient a ses yeux des vampires, la tenu provocante de Lily ne lui faisait ni chaud, ni froid. Ils étaient dans la même galère…alors pour une période indéterminé, l’esprit tortueux de Gabriel avait décidé, qu’ils été ses amis.

« On se casse. »

Et il se mit à courir en direction de la « Liberté »

Assis, Kalyss n’avait pas ouvert la bouche. Une fois dans le train, le revolver a la main, il se contenter de regarder ses converses comme s’il s’agissait de la chose la plus passionnante de ce moment de. Les idées s’entrechoquaient dans sa tête et il pensait à toute allure. Ce mec…C’était vraiment un détraqué…et le genre de « pourriture de la bite » …En claire, cette petite fille, s’il ne l’avait pas jeter par-dessus bord, et si il en avait eu l’occasion…il l’aurai violer ? Le sexe c’était mal ! Mais le sexe avec un enfant c’était d’autant plus affreux…

Par contre, sa petite tirade sur le meurtre dans les rêve, avait eu le mérite d’être convaincant…Et il était d’accord avec lui…il c’était assis a l ‘extérieure alors que la pluie magique c’était calmer et regarder tout ces compagnon d’un air absent, sauf la dernière arriver dont le visage le dégoutait tellement qu’il ne pouvait pas s’empêcher de détourner la tête dés qu’il avait l’impression que ses yeux aller se poser sur elle. Un pouvoir sans doute.

Puis Liam le traita de Traumatisé Muet…Sa fierté lui fit lever la tête, et le regard mauvais, Kalyss Explosa.

« On m’appelle Kalyss ! Et mon pauvre petit détraqué, si j’ai l’air traumatisé, j’ai mes raison…ce que tu as fait a cette gamine, au risque de paraitre inhumain, j’en ai rien a FOUTTRE ! Ce qui me « traumatise » c’est que cette gamine, si tu l’avais pas tué, t’en aurai fait ton casse-croute »

Il se frotta le nez nerveusement, en écoutant le troll, Shannon, parler.

« Oh oui ! Oui ! Ta vie est passionnante mademoiselle le thon ! Mais si tu pouvais te la fermer ca serait pas mal…enfin pas que ta vie ne m’intéresse pas, mais hormis ta peur, ton nom, et ton âge…j’en ai fichtrement rien à faire que tu t’occupe d’enfant et que ca paye bien…Et puis regarde moi le détraqué ! Des que tu parle de gosse, son index se la joue thermomètre au mercure ! »

Kalyss avait conscience qu’il était INSSUPORTABLE ! Mais il n’en pouvait plus…il ne faisait confiance a personne, Brooke, la seul qui avait un peu de caractère (sans parler de Liam, bien sûr) se la fermer. Et il était donc (à ses yeux) le seul à être un tant soit peu normal dans sa tête. Entre deux dépressifs, une bimbo superficiel élu miss Gros thon 2010, un pédophile, et j’en passe, Kalyss se sentait vraiment mal à l’aise. Bref le temps était à raconter sa vie ? C’était partie.

« J’ai 16 ans, je viens d’un petit quartier de San Francisco, pour ceux qui ne l’on pas encore comprit, je suis Pornophobe »

Son regard se posa sur Liam, Inquiet, puis il continua

« Enfin, rien de bien méchant…Je sais peu de chose sur ce monde, a part ce dont vous avez parlé, les tours, les pouvoirs, et cetera. »

Il regarda en direction du train qui avait redémarré, et vit qu’un météore s’était écrasé sur lui. Le train avait encore fait quelques mètre, hors rails, et c’était retourner, avant même que la cheminé, boucher par le météore, n’explose.

« Ah…. »

Dit il absent…

« Je crois que ca aussi, on va nous le mettre sur le dos…Mince. »

Il eu un sourire ironique et quitta le train des yeux.

Blottie contre Jade, Ella soupira de soulagement en apercevant enfin la silhouette de Maxim grâce à l‘aide de celle ci. Il allait bien. Du moins, assez pour se tenir debout… Elle espérait que cela serait suffisant, en tout cas.

La fillette hocha vivement la tête suite à la question de la bonne jumelle, et se laissa glisser contre elle. Bien que le poids de la rouquine ne soit pas énorme, il n’en était pas pour le moins inconséquent. Elle prit cependant la main de Jade dans la sienne, ayant besoin d’un contact pour se rassurer, puis regarda autour d’elle.

Elie, Maxim, Lily, pas de problèmes, tout le monde était là. Aldaée, le vilain, la chauve souris… Minute, la chauve souris ? Depuis quand cette toute petite bestiole était là ? La fillette cala Wally contre son torse puis tendit sa main libre vers le petit animal pile au moment ou celui-ci décida qu’il était temps de reprendre forme humaine.

- .. IIIH !

Ella ramena immédiatement sa main le long de son corps, stupéfaite. Non seulement ce n’était pas un animal, c’était.. Un.. Un garçon, et tout nu en plus ! Elle releva cependant les yeux vers lui, les plissa.. Oui, c’était bien le même que tout à l’heure ! .. C’était.. Un.. Homme chauve-souris ? .. Un vampire ? Oh… Ella aimait bien les vampires. Bien sûr, l’idée qu’elle s’en faisait était loin des vampires de Dreamland, mais ça, la rouquine n’en savait rien.

Toujours est-il qu’elle sentit monter dans son cœur une petite bouffée d’affection envers ce vampire là. D’autant plus qu’il était maintenant habillé, un bon point ! Il faudrait qu’elle pense à lui demander son prénom… Pensive, la fillette releva la tête et fronça les sourcils. Mademoiselle la Lune n’avait pas l’air heureuse, on aurait pu croire qu’elle pleurait… La fillette secoua la tête. Elle pleurait vraiment ! Une larme. Une seule. Qu’elle suivit des yeux jusqu’à sa division. Elle avait pourtant cru n’en voir qu’une.. Mais plusieurs « éclats » de larme tombaient désormais sur divers points de la ville, infligeant pas mal de dégâts à chaque point de chute. L'un des gratte ciel en fit les frais, et la petite espéra qu’il n’y avait plus personne à l’intérieur...

Ella soupira. Chaque moment passé dans cette ville représentait un nouveau problème. Tout ça la fatiguait, et, loin de l’avoir reposée, sa perte de conscience n'avait fait qu'empirer les choses. Voyant le vampire courir, entraînant à sa suite Aldaée et l’asiatique, la fillette se remit en marche, lâchant la main de Jade. Qu’elle soit lasse était une chose, mais qu’elle ralentisse la jeune fille par sa faute, ça, elle ne le supporterait pas.

Le festival de nichons continuait lorsque dans la pénombre de la sortie de la voie, le belle Elie reprit forme humaine, abandonnant sa fourrure épaisse pour une peau lisse aux formes vertigineuses. Un peu gêné d'avoir une nouvelle fois assisté à cette scène magnifique, Maxim se précipita vers elle pour la recouvrir de la veste pris sur le poursuivant que miss nympho 2010 avait neutralisé. Elle trouvera certainement de quoi s'habiller plus décemment sur... les cadavres ?
Il porta un regard rapide sur le reste de la compagnie. La chauve souris se métamorphosa en un gamin androgyne fulminant de jalousie, et bien évidemment, il était à poil. *Désolé mon grand, mais... t'as pas grand chose à cacher en même temps...* Apparemment c'était la petite française qui l'intéressait, mais cette dernière tenait la main de Yoru. *Décidément t'as pas de bol. En plus il fait la couisine et le ménache, tu peux pas lutter...* Il sourit malgré lui de ses pensés, jusqu'à ce qu'il remarque la petite rousse dans les bras de Jade. Elle avait l'air secoué, normal après tout... Il se rappela le petit flash, comme si un briquet avait luit dans le noir, sauf que c'était sortit de la main de la rouquine. Maxim s'en trouvait soulagé. Il avait eu confirmation qu'Ella était bien une voyageuse, tout comme eux, et pas une sale gamine qui aurait raconté un bobard pour se rendre intéressante. Il s'en trouva un peu plus attaché à elle, enfin, un tout petit peu plus.

Il ignora le nouveau couple franco-asiatique pour s'attarder à ce qui l'entourait : Une station de métro miteuse. Un pléonasme me direz vous, car dans nos esprits se trouve toujours l'image grise et sale d'une station quand on nous parle de métro. Mais celle-ci l'était plus que d'ordinaire. des déchets partout, des graffitis recouvraient toute la surface murale, une odeur de déchetterie accompagnait les courants d'air venant de la sortie, bloquée par un tourniquet cassé... Rien de bien folichon, facile à passer, mais pour aller où ?! Ils trouvèrent la réponse rapidement en franchissant les escaliers plus sombres que ceux des ghettos américains.

Les bas-fonds. Mais non content d'atterrir dans l'endroit le plus pourri de la ville, ils arrivaient au pire moment qu'on pourrait choisir. La nuit, sous la pluie, en pleine battue, pendant qu'un phénomène astrologique faisait pleuvoir de la roche sur la gueule des dreamlandiens. *Avec une chance pareille, on devrait s'appeler De Jonc...* [Clin d'oeil spécial, n'y faites pas attention XD]. La lune pleurait, littéralement parlant. On voyait clairement les larmes couler jusqu'à la pointe du croissant pour filer droit sur la terre. Ébloui par ce spectacle, ils n'avaient pas fait attention à une larme sélénite qui s'écrasa à cent mètres à peine d'eux. Le choc souffla quelques murs en cartons et fit s'envoler les toits en tôle froissé.

Ceci perturba passablement la foule d'irréductibles qui cherchaient encore à casser du voyageur, pas si simple que ça sans poulpe détecteur d'ailleurs. Maxim en profita pour foncer seul vers le point d'impact. Une lune qui pleure, à quoi ressemblait sa larme ? Il y avait carrément d'autres chat à fouetter, même le jeune homme dont la curiosité pour les choses n'excédait pas son intelligence, même quelque chose dans sa tête le poussait à "aller chercher la baballe !"

Sous les volutes soufreuses qui s'élevait du cratère gisait un caillou, gros comme le poing d'Ella, d'allure cristallin. Maxim le prit sans précaution, attiré vers la chose brillante comme un papillon vers une flamme. Elle n'était même pas brûlante, à peine chaude. Il ressentit une étrange sensation, indescriptible. Il la plaça dans sa poche et retourna vers le groupe qu'il avait idiotement quitté.

Elle s’appelait donc Lys, était réellement une dépressive accro à la nicotine parce que… le père de son mec l’avait tué ? Liam haussa un sourcil, mélange de surprise et de mépris qui passa inaperçu dans la pénombre. Les dépressifs étaient toujours comme ça, à se plaindre pour au final rien d’autre que de l’égoïsme. C’était son mec qui avait souffert, pas elle. C’était lui qui était mort. Et même si elle tentait de se voiler la face il fallait se rendre à l’évidence : elle n’était pas triste pour son mec qui était mort et probablement en paix, elle était au fond d’un abîme de désespoir parce qu’elle se sentait seule. Pauvre enfant gâtée par la vie…

Elle se mit alors en tête de localiser les tours alors qu’il avait bien souligné que ça ne leur serait d’aucune utilité pour rentrer dans leur monde. Le prisonnier de pu s’empêcher de penser qu’il avait gaspillé une cigarette en la donnant à une truffe pareil… mais il n’eut pas le temps d’exprimer sa pensée car le traumatisé n’était plus muet.

On aurait même pu dire qu’il était devenu hargneux.

Il s’appelait Kalyss, approuvait le meurtre et réprouvait le viol… enfin une certaine logique, du moins pour Liam. Et visiblement il le prenait pour un pédophile. Le trentenaire se gratta la nuque avec un sourire, ce gosse faisait totalement fausse route ! Il était tellement déboussolé qu’il en malmenait leur moulin à parole avant de dire qu’il était pornophobe. Pornophobe ? Liam eut l’impression d’avoir gagné au loto et son sourire s’élargit aussitôt en dévoilant ses dents blanches de prédateur.

Il était tellement excité par cette découverte qu’il sursauta à peine lorsque la lune pleura et que le train dérailla avant que sa chaudière n’explose.

- Je ne suis pas pédophile… Kalyss. J’ai juste des goûts très large, comme tu le découvrira peut-être un jour.

Il appuya sa phrase d’un clin d’œil qui en aurait horrifié plus d’un. Il se mit alors debout en se servant du tronc de l’arbre auquel il était adossé et épousseta son pantalon. Cet accident de train l’intriguait, et plus que de savoir si on allait leur mettre l’incident sur le dos, il était plus intéressé par la cause du problème et par les flammes qui dansaient dans la nuit noire. Un petit coup d’œil ne pouvait pas faire de mal…

- Un trou est un trou, un bite n’a pas d’œil ! Vous m’excusez, je reviens.

Rien de tel que cette phrase pour fiche le frisson à n’importe quel coincé !

Le pervers se dirigea alors d’un pas rapide et alerte vers la carcasse du train étendue sur le côté, s’approchant du brassier qui réchauffait son corps glacé par le contact des vêtements humides. Quelque chose là bas l’attirait irrésistiblement, comme les insectes allant bêtement se faire griller contre une lampa halogène. Il s’approcha des décombres de la chaudière qui n’étaient plus qu’un amas de ferraille tordue en vrac dans un petit cratère fumant.

Liam tendit sa main vers la pierre qui en était le centre, cristalline, presque luminescente et la glissa instinctivement dans sa poche. Il ne savait pas ce que c’était, mais il se devait de l’avoir. L’instinct animal ne trompait jamais…

Il attrapa ensuite un morceau de bois qui avait pris feu dans l’explosion et revint vers le groupe, sa torche improvisée à la main. Il lança alors avec un air guilleret totalement décalé :

- J’apporte le feu, il ne manque que les chamallows !

Jonh ne fit aucun commentaire sur la pique du tueur, ca ne servait à rien de se chamailler avec ces gens là.
Et voilà , la tournée des voyageurs anonymes commençait. Bon sang , à quoi ça leur servirait de se connaître ? Après tout peut être qu'ils ne se reverraient même pas dans le monde réel. Enfin, les théories commencèrent à fuser sur le comment sortir de cet endroit et pourquoi on n'y était.
Et à son avis, Liam était plus sur la bonne piste. Parkinson ignorait ce qui se passait ici , se contentait juste d'appliquer ce qui marchait et remplissait ses poches , rien d'autre.
Lui-même sans doute ne savait pas comment se réveiller dans son cabinet. En gros, ils étaient coincés ici pour une durée indéterminée.
Ce qui restait d'être dur avec la blondasse qui venait de les rejoindre. Jonh n'aimait pas du tout ce genre de personne qui se croyait le nombril du monde ou bien la plus belle de la planète. En l'occurrence Shannon , ne l'était pas du tout, en plus d'être une pipelette elle ne parlait pour rien dire. Et son nom lui allait à ravir, qu'est ce qu'elle était si conne...

- Hum...Shannon, c'est ça ? Tu pourrais te la fermer ? On a pas besoin de tes délires , on en a déjà assez comme ça. Pour ce qui est de ton pouvoir, il change pas vraiment grand chose, même au naturel tu es laide.

Surtout à l'intérieur. Au bout d'un moment Jonh en avait assez de jouer les gentils. Le jeune homme alla s'asseoir à son tour, tout en gardant une certaine distance par rapport à l'autre homme. Ce dernier , dans un acte de gentillesse passa à Lys une cigarette. C'est vrai qu'a cette époque les jeunes fumaient de plus en plus tôt. Jonh n'était pas son père alors l'adolescente faisait ce qu'elle voulait.
Liam s'avéra être en fait un ancien prisonnier , mais surprise pas pour meurtre. Il ne voulait même pas savoir pourquoi.

- Bon alors nous on te considérera comme un vieux , ça te va ?

L'ancien taulard commença une explication sur ce monde , sur des tours, bref des choses que Lou et Jonh n'avait pas appris de la bouche de l'elipsien. Le jeune homme n'avait pas envie de finir en légume alors tant pis il devra faire des efforts pour survivre ici jusqu'à son retour sur terre. S'en suivit alors tout un monologue sur les crimes dans les rêves et que en gros on était tous des meurtriers, que l'on avait déjà tué quelqu'un dans nos songes. C'est vrai, mais pour le cas de Jonh le meurtrier et la victime était la même personne d'autant qu'il s'en souvienne.
Quelques minutes plus tard , alors que le train était enfin réparé , une grosse pierre le fit exploser devant les voyageurs. Une longue fumée noirâtre montait dans le ciel. Et la réaction de Kalyss entraina une réaction bizarre suivi d'une magnifique phrase de Liam. Celui-ci de leva alors avant de se diriger vers le train avant de revenir un bâton enflammé à la main. Ce qui mit un terme à la résistance de Jonh. Ce dernier se mit...à rire. Totalment hors sujet à la situation était totalement désespérante. Mais la réaction de Kalyss, la météorite sur le train et les répliques de Liam menait à un certain humour. Et comme pour accompagner sa joie, un soleil se dessina au dessus du jeune homme illuminant les voyageurs de ses rayons.

- Désolé j'en ai pas mais j'apporte le soleil ! Et c'est Jonh, pas dépressif numéro 1 ou 2 je sais plus. Bien que je le sois, enfin je change d'humeur comme de chemise à vrai dire mais ça on s'en fout ! Mais quelqu'un a des chamallows qui le dise j'ai faim !

Ou comment changer totalement en une minute.

Elle s’en doutait… Comme d’habitude, les gens prétendaient ne rien en avoir à faire de ce qu’elle disait, tout simplement parce qu’ils complexaient face à elle, à cause d’une petite bite ou d’un manque de thune, elle n’en savait rien, mais il y avait tellement d’options pour complexer !

Mais au fond, Shannon se sentit terriblement blessée, car le seul espoir qu’elle avait trouvé dans ce monde de dingues se révélait être une bande de petits cons arrogants qui ne pensaient même pas que parler pouvait la soulager. Quelle bande d’égoïstes. Elle venait de subir un traumatisme, OK ?!

Vous savez quoi ? C’est si facile de se moquer de moi parce que je me dévoile, et que vous, vous la fermez ! Le vieux nous a dit de nous présenter alors c’est ce que je fais, OK ?! Alors qui est en tort dans l’histoire, hein ?

Elle souffla un bon coup bon contenir les larmes qui n’allaient pas tarder à jaillir de ses yeux et reprit de plus belle, sur un ton méprisant :

De toute façon, vous ne valez pas mieux que moi… Vous êtes presque tous aussi laids les uns que les autres…

Elle avait ajouté le « presque » car les filles n’étaient pas vraiment moches. Peut-être mignonnes mais trop sagement dans ce cas, car ni Lys (qui avait un air bizarre et une tête bien ronde), ni Lou (qui semblait constipée) qui n n’était une ce qu’on pouvait appeler une bombe. Mais il y avait largement pire, comme Kalyss, qui semblait avoir fait exploser un pétard dans de la merde. Et pornophobe, franchement, quelle stupidité… Qui pourrait avoir peur d’une blonde siliconée en train de jouir ? Lopette…

Quelle émotion… Elle en avait presque oublié la remarque du soi-disant pédophile, qui était tout à fait inoffensive comparée à celles des deux frustrés.

C’est bon ? Vous avez comblé le manque dans votre slip ?! conclut-elle, avec en supplément des larmes. Elle se prit le visage dans les mains et voulut trouver une surface réfléchissante pour s’enlaidir et ainsi détourner le regard des autres. Sa fierté en prenait un coup, et tout ça à cause de deux blaireaux qui n’étaient pas capables de prendre leur mal en patience pendant qu’elle se relaxait à parler. Ils avaient failli se faire tuer eux aussi, non ?

Elle repensa à ce qu’avait dit Liam, et rebondit dessus, en reniflant la morve qui n’allait pas tarder à sortir de son nez, ce qui n’était pas très élégant, surtout lorsqu’elle essayait d’être la plus belle possible afin de leur prouver qu’ils avaient tort.

J’ai pas envie d’être un légume… Quelqu’un a un mouchoir ?

Shannon se mit à réfléchir. Il avait parlé de détruire des tours ? Non ! Surtout pas ça !

Mais qui t’a dit qu’il fallait détruire des tours ? T’as pas compris ? C’est pourtant clair !

Elle poussa un petit cri, terrifiée par la terrible vérité qu’elle venait de découvrir. Elle n’était plus aveugle, contrairement à eux…

On n’est pas dans un rêve, on est dans le passé, ou dans une autre réalité ! Et on doit sauver les tours jumelles du World Trade Center ! Si on prévient tout le monde, on pourrait sauver des vies ! Et ensuite, c’est nous les monstres, finit-elle avec ironie.

En tout cas, Liam était bien loin d’être aussi bête qu’il en avait l’air. Sa déclaration sur les rêves était aussi criante de vérité que les livres sur les complots du 11 septembre qu’elle avait pu lire (eh oui, ça lui arrive !). En effet, la jeune fille avait elle aussi rêvé qu’elle tuait des gens. D’ailleurs, la plupart de ses rêves étaient extrêmement chauds. Elle se rappellerait toujours de sa partie de jambes en l’air avec un prof de son lycée… C’était surréaliste car il était hideux.

Mais… si c’était un rêve, ils allaient peut-être finir par tous coucher ensemble. C’était comme ça, elle n’y pouvait rien, c’était la fatalité !

Non, non, non, non ! pensa-t-elle en leur jetant des regards suspects.

Elle fut tirée de ses pensées par un bruit assourdissant, bientôt masqué par son cri aigu, qui n’était autre que celui d’une météorite qui s’était écrasée sur le train dont ils étaient descendus.

Eh ben, quel cul ils avaient… Enfin, il y avait mieux quand même !

Lorsque le moche Jonh parla de chamallows assez sérieusement, son ventre émit un gargouillis sonore, dont le bruit était assez proche de celui d’une flatulence… Quelle humiliation… Elle observa d’un air suspect chacun des voyageurs pour s’essuyer de tout soupçon.

C’est vrai ça, je commence à avoir la dalle…

Mais je fais un régime… pensa-t-elle. N’empêche qu’elle tuerait pour un petit gâteau ! Elle le savait, elle n’aurait pas dû partir les mains vides de chez le jeune homme qui l’avait hébergée. C’était quoi son nom déjà ? Peu importe. L’idée de lui voler quelques vivres lui avait traversé l’esprit, mais elle ne l’avait pas tout à fait assommé, et était terrorisée par sa tentative de meurtre.

Des goûts très larges ? BRR…ca voulait dire quoi ? Et pourquoi ce clin d’œil ? En clair il aimait tout ? Hommes, Femmes, enfants, Tout y passaient ? Kalyss trembla de tout son corps…Mon dieu…Il était un genre de Nymphomane, mais en mec ? Des images ne cessaient d’envahir l’esprit pudique du métis. Lou, Gabriel, Jonh, et même lui-même, tous y prenait, sans mauvais jeux de mots, et pour leurs grades…Il voyait les mains du pervers parcourir le corps de Lys, les lèvres de se taré se poser sur chaque centimètre de peau de Jonh, ou encore ce doigt magique s’infiltrer dans des endroits plus ou moins adapté…Kalyss respirait fort…avant d’hurler.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Taré ! Tu n’es qu’un déjanté ! Stop ! Arrête ! Ca t’amuse ! o_O ! Tu es complètement… »

Il n’arrivait plus a parler, son cœur battait trop vite, sa respiration se bloquait, l’air n’arrivait plus a s’infiltrer dans ces narines, sa langue bloquer le passage de sa bouche, et il n’entendait plus ce qu’il se passer autour de lui...Il n’avait pas vu l’homme partir chercher la météorite tomber de la lune, il ne n’écoutait pas le thon, qui d’ailleurs était redevenu une jolie demoiselle, se plaindre…il n’y avait qu’un tourbillon de couleur autour de lui, une sorte de boule lumineuse au dessus de Jonh, et un brouhaha insupportables…

« Chut…t…tai…Taisez vous. »

Impossible de ce calmer, les images continuer de défiler. Ses poings se serraient, et déjà des marques rouge apparaissaient au ceux de ces mains : ses ongles un peu trop long se plantaient dans la paume pour y faire plusieurs sillons sanguilonant. Il avait mal au dos, chaque muscle de son corps c’était bloquer, et même ses yeux s’étaient révulser en arrière, ne dévoilant plus que le blanc de ces yeux…Puis tout sembla s’arrêter.

Il voyait tout, même le soleil lumineux au dessus d’eux puis lorsqu’il tourna la tête, il vit Liam se rapprocher de lui, et c’était reparti. Blocage de respiration. Tachycardie. Et ce qui s’en suit. Les gens de son entourage étaient habituer a ce genre de crise, mais pour les gens autour de lui, c’était sans doute nouveau…Parler, et insister sur le sujet, pouvaient avoir des effets désastreux sur le garçon, son visage pourtant bronzé a l’origine, commençait déjà a blanchir, jusqu'à ressembler a un véritable cadavre, il ressemblait un peu a un mort vivant avec ses yeux blanc et ses muscles tous contracté. Il s’arrêta, et toussa. Avant de tomber inconscient dans l’herbe. Son corps et son esprit n’en pouvait plus…Tout avait lâché…plus d’image…plus de sexe...

Jusqu’au réveil du moins…

Liam avait totalement ignoré sa carte, dommage. Savoir où on était et trouver une destination, ça pouvait toujours être utile. Même si leur voyage importait peu à la rousse. Elle serait bien restée ici à attendre de se faire capturer, si la météorite n'était pas tombée dans un bruit assourdissant. La jeune fille sursauta brusquement, n'étant pas habituée à des bruits aussi violents - elle avait toujours vécu dans sa bulle isolante - et tiqua ensuite à la remarque de Kalyss. Il était certains que les Voyageurs allaient être une cible rêvée suite à cet évènement.
Lys l'imaginait déjà : dans Ellipse Soir, après "Les Voyageurs nous envahissent" et "Les Voyageurs tuent nos enfants", "Les Voyageurs nous bombardent !". Liam alla chercher une torche, qui s'avéra peu utile puisque Jonh fit apparaître un soleil avec un éclat de rire. Au moins, ça se réchauffait. Mais la jeune fille connaissait bien le genre de troubles que vivait le jeune homme, et elle n'aurait pas parié que ce soleil ne dure longtemps. Aussi s'approcha-t-elle des arbres aux alentours, cherchant du bois mort pas trop humide, histoire de faire un espèce de feu de camp. Brooke vint avec elle, et les deux jeunes filles rassemblèrent un petit tas, espérant que le Vieux se servirait de sa torche à bon escient.

Pour la deuxième fois, Lys entendit le mot "chamallow". Son estomac cria encore famine. Et elle n'était pas la seule. Il lui avait semblé que la blonde s'était également plainte - mais elle lui prêtait si peu attention qu'elle n'en était pas sûre.

Il faut qu'on trouve un moyen de se nourrir. Mais on va pas partir chasser non plus ! Même si je suis sûre que le Vieux-Pervers s'en ferait une joie... Si seulement on était des voyageurs normaux, on serait allés au wagon-restaurant...

Une nouvelle fois, la rouquine tiqua, un sourire - presque imperceptible pour les autres - transperça son visage. Après tout, quitte à être accusé d'avoir fait déraillé un train...

- De toute évidence, on va être accusé d'avoir fait déraillé ce train. Et sans aucun doute de tous les méfaits de la ville. Et le peu de survivants vont sans doute s'enfuir du train, si c'est pas déjà fait... Alors, si on allait faire un tour au wagon-restaurant, histoire de se remplir la panse ?

Lys avait le rose aux joues. Elle n'avait pas l'habitude de parler autant aux gens. Aujourd'hui, elle avait du battre son record de l'année ! Elle regarda furtivement Jonh - qui souriait toujours sous son soleil personnel - puis Liam, le plus expérimenté d'entre eux, et dans bien des domaines... même si elle se doutait qu'il allait réfuter son idée comme la carte. Convaincue de sa défaite la jeune fille alla récupérer son journal et la page météo arraché, qu'elle plia pour les ranger dans la poche arrière de son jean encore humide. Ca pouvait toujours lui servir.

Au pire, s'il se décide à m'ignorer complètement au lieu de simplement foutre mes propositions en l'air, j'aurais de la lecture...

En effet, la perspective d'avoir pour seul divertissement les piaillements de la blonde était loin d'enchanter la jeune fille : elle préférait encore lire et relire un vieux journal que d'endurer une telle torture.

Ils devraient l'engager, à Guantanamo !

La rousse soupira. Elle avait faim, froid, mal partout, et en plus elle était paumée dans un monde inconnu avec une troupe de barjots dont une blonde qui avait l'air d'adorer parler d'elle - et qui avait recommencé... Mais quelque chose de plus grave était arrivée. Alors qu'elle avait fait sa proposition de voler pour se nourrir, l'Aphrodisiaque ambulant s'était mis à suffoquer, avant de tomber tout bonnement dans les pommes. Lys devint plus blanches que jamais, regardant autour d'elle si l'un deux pouvait faire quelque chose. Elle se mit à trembler, incapable de l'aider. Il était blanc, si blanc, comme si... il allait mourir...

Lys s’interrogeait, Shannon était un moulin à parole pour rester polie dans une quelconque description, Liam avait exposé ses idées, Kalyss c’était agacé, Jonh semblait heureux et… Une météorite avait écrasé le train. En quelques phrases, voilà un résumé condensé de la situation. Mais reprenons un peu plus tôt… Suite aux paroles du tueur qui savait fichtrement bien se défendre, Lou se sentait coupable d’avouer qu’il n’avait pas tord. Ce type était dangereux, il avait les bonnes phrases, elle sentait qu’il pourrait facilement se faire passer pour la victime et faire changer le peuple d’avis sur ses actes et sa personne. C’était fou le pouvoir qu’avait les personnes qui savait utiliser les mots… L’adolescente s’était alors levé, mains dans les poches, et faisait quelques pas en réfléchissant à se que Liam venait de leur dire. Elle n’avait pas répondu à Shannon, qui de toute manière ne semblait attendre aucune réponse. Cette fille était une parodie de sa personne, dans les sens qu’elle répondait tellement au cliché de la pauvre blonde sans cervelle que Lou en avait presque pitié. Enfin, avant la pitié passait après une profonde exaspération, mais s’énerver maintenant ne servirait sûrement à rien. Ça ne manqua pas pourtant chez Kalyss. Stoppant net en entendant le garçon s’énerver, gardant une distance certaine avec lui à cause de son pouvoir qui lui faisait tourner la tête, elle devait tout de même avouer que, même si sa première impression sur ce garçon avait été désastreuse, ils se ressemblaient. Leur peur, déjà. Un peu similaire, non ? Il n’avait pas non plus sa langue dans sa poche, ça pouvait être exaspérant… Mais finalement elle comprenait sa colère, tout à fait justifié. Peut être que son jugement était à revoir sur celui qui s'averrais être le cadet de la bande. En tout les cas Liam était répugnant, répugnant mais… Il avait la répartis juste.

Un bruit monstre.

Lou tourna la tête vers le train, la d’où venait l’explosion, et son visage se décomposa. Une… Météorite ? Elle n’en revenait pas, mais après tout, ils étaient donc dans le monde des rêves alors rien ne devait plus lui paraître surprenant. Elle ne s’y ferait sûrement pas avant un bon moment, pas comme Liam qui après une réplique tout en finesse quitta le petit groupe pour s’approcher des décombres.

- Amis poètes bonsoir…

Lâcha t’elle en suivant la silhouette de l’homme retourner vers l’endroit qu’ils avaient quitté, il n’y a de cela finalement pas longtemps, se qui lui décrocha un frisson d’effroi. Shannon c’était rebranché sur la fréquence radio pouf à son grand damne et elle leva les yeux au ciel, s’en voulant presque de se demander pourquoi la météorite n’était pas tombé sur la nouvelle venue.

Finalement Liam avait raison sur le fait que personne n’était innocent, enfin ce fait était une évidence, elle savait pertinemment que leur monde était pourri jusqu’à la moelle mais on se battait pour faire croire le contraire. On y survit en jouant les sourds et aveugle, c’est comme ça. Elle était donc obligé d’adhérer à certaines idées qu’il avait avancé mais il y avait tout de même une différence entre rêver et passer à l’acte, non ? Évidemment qu’on avait tous des pulsions meurtrières, ne pas les contrôler était une autre affaire.

L’adolescent regarda Shannon de travers quand elle évoqua l’idée d’un retour dans le passé, partant dans un délire sur les tours jumelles, ne sachant sérieusement pas si elle était sérieuse ou non, elle ne l’espérait pas mais la bêtise de cette fille semblait à tout épreuve. Si la était le cas, Shannon était officiellement un cas désespéré, ce n’était plus le Dr Parkinson qu’il fallait consulter à ce point la. Mince, elle était quand même garce sur ce cou, mais elle avait trouvé en la blonde un parfait défouloir même si pour le moment, elle avait la délicatesse de garder ses commentaires pour elle, chose assez rare.

Son regard se posa alors sur le mini soleil qui venait côtoyer la lune qui surplombait Dreamland pendant que les ventres criaient famine. C’est vrai, ils n’avaient rien mangé depuis un bout de temps, mais le stresse avait jusqu’alors nouer le ventre de Lou qui aurait été incapable de manger. Et puis, Kalyss se mit à hurler.

Incapable de faire quoi que se soit vis-à-vis de cette crise qui ressemblait plus ou moins à se qu’elle-même vivait quand on osait la toucher, elle ne trouva rien de mieux à faire que de lui hurler.

- Mais calme toi bordel Kalyss ! Arrête !!

Ça la faisait elle-même paniqué de le voir dans cet état, mais son intervention avait été d’une inutilité évidente, le garçon ne tarda pas à tomber inconscient à leurs pieds, blanc comme un cadavre.

- Mais… Mais quel abruti… !

Lâcha t’elle plus par pour la peur qu’il lui avait fait ressentir que par réel méchanceté. A deux doigts de marcher sur la carte que Lys avait posé au sol, lui rappelant cette histoire de tours qui pourraient en effet être la clé de leur sortie, elle s'accroupie face au garçon mais, ne pouvant le toucher, elle se trouvait une nouvelle fois prise au dépourvu.

C’était peut être mieux comme ça, le tout était maintenant de le protéger de Liam qui pourrait avoir de mauvaises intentions vis-à-vis de lui, il ne fallait pas se leurrer ce taré était capable de tout.

- Comme si on avait besoin qu'un truc comme ça arrive maintenant... Toi, tu ne t'approches même pas de lui.

Ordonna Lou en levant les yeux vers le tueur, même si la menace pouvait paraitre dérisoire.

Sa torche improvisée à la main, Liam se contentait de resté planté là, la vision de son sourire déformé par la lueur vacillante des flammes. Les derniers se décidaient enfin à se présenter, il ne restait plus que la brune à l’air renfrogné et la boucle serait bouclée ! Les noms étaient tombés, l’atmosphère toujours légèrement tendue, les insultes et remarques désobligeantes pleuvaient mais… ils commençaient à s’entendre.

Ca pouvait paraître stupide mais c’était bêtement ça : ils apprenaient à se connaître et ça se passait relativement bien aux vues des cas présents.

Jonh en était tellement réjouit qu’il abandonna sa déprime habituelle pour une joie probablement éphémère qui leur apporta un soleil miniature mais radieux. Bah voilà, quand il veut ! Barbie de son côté était loin de se réjouir, elle repartit même dans une nouvelle diatribe destinée à dire qu’ils étaient tous des cons moches et complexés de la quéquette, qu’elle avait la morve au nez et qu’ils étaient des héros destinés à empêcher les talibans de faire tomber deux symboles du capitalisme de notre belle Amérique.

Liam ne put s’empêcher de rire, cette fille était vraiment trop ! Trop drôle, trop stupide, trop soûlante… il ne savait pas quoi, mais « trop » était forcément de la partie. C’était exactement le genre de personne qu’il se faisait plaisir de faire tomber de leur piédestal nombrilique… mais il avait le temps pour ça. Il commença donc pour répondre à la pauvre Shannon royalement ignorée par tous les autres.

- Détends toi Barbie… et sers toi de tes doigts. Je n’ai aucun mouchoir à te prêter alors c’est ça ou ta manche, gamine. Et franchement ton histoire de tours jumelles, c’est de la merde. Acheter des neurones au lieu de la dernière jupe à la mode ne pourrait pas te faire de mal tu sais ?

Pendant qu’il s’occupait de l’éducation de leur blonde nationale, Lys et Brooke étaient parties chercher du bois ayant échappé à l’humidité de la pluie qui avait cessé après la pluie de météorites. Il jeta aussitôt sa torche sur le tas qu’elles avaient fait pour enflammer ce qui devint leur feu de camp. Joyeux camping en perspective avec comme spectacle nocturne le pornophobe qui faisait sa crise !

Ca détourna totalement l’attention de Liam de la proposition cette fois ci intelligente de Lys. Mais leurs estomac attendraient car Kalyss avait visiblement des choses personnelles à régler avec lui. « Taré » ? Faux. « Déjanté » ? Faux. « Stop » ? Pourquoi ça ? « Arrêtes » ? Mais de quoi ? « Ca t’amuse » ? Carrément ! « Tu es complètement »… ? Il ne saurait jamais quoi, malheureusement.

L’adolescent ne mit qu’une poignée de secondes à blanchir, trembler, serrer les poings avant de tomber dans les pommes.

- Waow. Et dire que je n’ai fait que lui parler… tapette. murmura Liam pour lui-même en se rapprochant de notre belle au bois dormant nouvelle version.

Lou l’avait devancé et prenait à cœur son rôle de défenseur des lopettes opprimées. Le souvenir du contact électrique de sa main revint à l’esprit du pervers qui se frotta machinalement le cou tout en fixant la rouquine. C’était quoi cette réaction en plus ? Comme s’il pouvait lui faire quoi que ce soit devant tant de monde !

- Ecoutes cocotte, je sais comment le réveiller, et sans le toucher ! Tu peux me surveiller si tu veux mais tu ne m’arrêteras pas. Aies confiance au moins pour cette fois ok ?

Non, vraiment, ça passait vraiment pour une blague dans la bouche de Liam, et pourtant il était sincère. Il avait le moyen parfait pour réveiller le coincé, et ne demandait qu’à le montrer. D’ailleurs il le montra carrément en s’agenouillant à côté de Kalyss sans attendre le consentement de Lou. Liam se pencha sur le corps inanimé du pornophobe, approcha son visage tout contre l’oreille de celui-ci et susurra, audible uniquement de lui :

- Tu ferais bien de te réveiller très vite si tu tiens à ton intégrité anale…

Menace étrange et efficace qui eut l’effet d’un coup de canon sur l’inconscient de sa victime. Aussitôt les yeux de Kalyss s’ouvrirent d’effroi, tirant un sourire de satisfaction perverse à Liam qui se remit debout avant d’épousseter son pantalon, l’air de rien.

Maintenant ce problème réglé il était temps de revenir au cœur du problème, leurs estomacs vides. Il se tourna donc vers Lys pour lui adresser son air le plus engageant avant de lui dire ainsi qu‘aux autres éventuels volontaires :

- On va faire les courses ?

La phrase de Liam eu l’effet d’une bombe. Dans un sursaut, il regarda tout les protagonistes autour de lui, en évitant tout de même le regard de Liam…ce mec…ne surtout pas s’en approcher, il avait très bien compris ce qui lui arriverai s’ils finissaient seul tous les deux…Il se massa le nez, preuve de sa gêne, et se retourna vers Lou…pourquoi été elle si proche de lui ? Elle avait voulu le défendre ? Ses deux soucoupes qui lui servaient d’yeux se rétrécirent, sa mâchoire se décrispa, et pour la première fois depuis son arrivé dans le monde, il sourit. Il souriait plus a Lou qu’au autre en fait…Cette fille, elle le comprenait ? Malgré tout ce qu’il avait pu lui dire, elle c’était déplacer pour le défendre de Liam ? Il se rappeler de l’épisode du train, quand elle lui avait collé ses mains a la gorge…cette fille avait peur qu’on la touche…Qu’est-ce qui lui été arrivé au juste ? En fait…elle été comme lui d’une certaine façon…elle avait peur qu’on la touche…et par extension elle avait peur qu’on couche avec elle. Il s’approcha d’elle, oubliant les effets désagréables de son pouvoir, et dans une honnêteté des plus total, il lui chuchota le mot « Merci »

Il se leva, en évitant toujours le regard de Liam, il se sentait léger, et il ne voulait surtout pas perdre cette sensation en croisant une nouvelle fois le regard pervers du « fou de la quequette », Apparemment, il était l’heure de manger, ici et là, les ventre criait famine, et c’est d’ailleurs dans un grondement sonore que le sien avait rejoint la choral. Il était épuisé par sa crise, et il fallait avouer que lui aussi avait faim. Il voyait déjà tout le petit groupe se déplacer en direction du train…Apparemment « on » avait décidé de se servir dans le wagon-restaurant…Excellente idée ! Les seul survivant de l’accident devaient déjà s’être enfuit.

Sur la route, il c’était plus rapprocher de Lou, en gardant une distance avec les autres. Il la regardait souriant (en toute amitié hein !)

« Encore Merci Lou…C’est rare que quelqu’un me défende comme tu l’as fait, surtout avec mon humeur exécrable depuis notre rencontre…Je t’en suis très reconnaissant…J’espère que tu ne m’en veux pas…et qu’on pourra devenir ami…Sincèrement »

A y réfléchir, c’était la première fois qu’il était gentil avec quelqu’un de toute sa vie, mais c’était aussi la première fois qu’on avait été la pour lui, ou du moins qu’il s’en rendait compte.

Arriver au Wagon-resto, Kalyss du se retenir par l’odeur qui y régnait, et par la vue des cadavres éparpiller un peu partout, Pas qu’il soit nombreux, mais les victimes avait du souffrir. L’un d’eux, un homme d’une quarantaine d’année, c’était ramasser le lustre sur la tête, qui c’était carrément planter dans son crane. Le spectacle impressionnait plus Kalyss qu’il n’avait pitié de ses pauvres gens…après tous ils voulaient tous leurs morts non…D’ailleurs il ne put s’empêcher de dire a voix haute « Bien fait, raclures ».

En tout cas cette vision d’horreur n’avait pas coupé la faim de Kalyss et ses nouveaux « amis » (si l’on peut dire), car tous se diriger déjà en direction des cuisines. Saumon fumé, Pain, Confiserie, poulet, Hamburger du menu enfant, il y en avait pour tous les gouts. Kalyss attrapa un saut dans lequel il entreposa le plus de nourriture possible, il y entassa tout ce qu’il pouvait, ayant les yeux plus gros que le ventre, s’il avait pu, il aurait amené toute la cuisine avec lui. Une fois qu’il eu fini son entreprise, Avec de la petite corde trouver sur le plan de travail, il accrocha a la anse du sot afin de se fabriquer une sorte de sac a dos artisanal.

Une fois que chacun eu fait ses petites courses, il sortir du wagon, et se rapprochèrent joyeusement du campement.
« Bon…ben bon appétit hein… »

Lys avait été paralysée par le malaise de Kalyss, et elle se demandait bien pourquoi d'ailleurs. Elle ne le connaissait pas, ne l'aimait pas plus que ça. Alors pourquoi s'inquiétait-elle ? Et elle ne fut pas plus rassurée lorsque Liam s'approcha du garçon, malgré ses déclarations qu'il devait vouloir rassurante. Il fallait dire qu'avec cette tête, il était assez difficile pour une jeune fille telle que Lys de lui faire confiance, et elle frissonna lorsqu'elle vit à quel point il s'était approché de l'Aphrodisiaque, et durant un instant elle cru qu'il allait lui faire du bouche à bouche ! Mais il se contenta de murmurer quelque chose à l'oreille du jeune homme qui se réveilla tout de suite. C'est sûr qu'un baiser ne l'aurait pas ravi... ça lui aurait plutôt fichu une crise cardiaque.
La rouquine reprit sa respiration, soulagée. Certes, Kalyss était blanc comme un linge, mais il allait bien. La jeune fille ne comprenait vraiment pas pourquoi elle s'inquiétait tant... Elle alla même jusqu'à retourner un sourire - enfin une légère contraction des lèvres et une étincelle dans les yeux... - à Liam, récupérant au passage une torche du feu de camp avant de s'approcher de l'homme. Elle n'était pas très chaude pour s'aventurer dans le noir toute seule avec lui, quand bien même son attitude ai été agréable jusqu'à présent. Fallait pas oublier que c'était un pervers quand même, merde ! D'autant que sa chemise n'avait toujours pas récupéré son opacité...

La petite troupe partit vers le wagon restaurant, avec un Kalyss plus souriant que jamais. Tant mieux ! Lys, elle s'était rapprochée de Jonh. Elle se sentait bien plus en sécurité avec ce dernier qu'avec Liam, il va sans dire. Brooke les suivait de près aussi. Arrivée au wagon, la jeune fille essaya d'éviter le plus possible son regard du spectacle sanglant. Un homme transpercé par un lustre, une fille au crane défoncé par un siège, des murs repeint en rouge... Cela lui aurait presque coupé l'appétit... si ces gens n'avaient pas essayé fermement de la tuer, elle et ses acolytes. Aussi grimpa-t-elle elle aussi dans le wagon, prenant toujours soin d'éviter le regard de Kalyss : ce n'était pas le moment de lui sauter dessus. Elle aurait eu encore plus faim après...

Alors de l'eau, du jus de fruit, du soda, du pain, surtout... Une salade de crudité, une ! Un Hamburger frite, un fondant au chocolat et...

- Hey ! J'ai trouvé les chamallows ! cria-t-elle aux autres

La jeune fille, qui avait elle aussi rassemblé tout son butin dans un seau qu'elle plaça dan ses bras, rajouta trois paquets de guimauves, prenant les baguettes chinoises des sushis - qui n'étaient pas très attirants... - pour les faire griller par la suite. La perspective de se servir de branche terreuses pour cela ne l'enchantait pas. Elle suivit le jeune mat vers leur campement et posa son seau à côté du sien. Au moins, ils avaient à manger. Et la jeune fille avait prévu quelques provisions d'eau. Elle sorti un plateau qu'elle avait rangé dans son seau et commença à se concocter son petit menu, presque heureuse de la tournure que prenait les choses. Presque, parce que même si leur petite troupe commençait à se souder, ils n'en restaient pas moins pourchassés, et le problème de la météorite n'annonçait rien de bon...

- A ton avis, demanda-t-elle à Kalyss qui engouffrait déjà son dîner, c'était quoi cette espèce de météorite ? Faudrait peut être aller voir ce que c'est, demain matin, non ?

Le garçon souriait tant qu'elle en avait oublié son amertume de la veille, espérons qu'elle ne revienne pas de sitôt : il était bien plus agréable comme ça !

Il rêvait ou la dépressive numéro 2 venait de lui sourire ? Liam en aurait presque oublié la haine qu’il avait ressentit pour elle tant le désir qui l’assaillit à cette vision fut fort. Elle s’approchait de lui, la chemise encore humide collant sa peau diaphane… et l’inévitable arriva : il eut le piquet. Soit la jeune fille ne s’en aperçu pas, soit elle avait d’autres chat à fouetter car elle ne fit de remarque ni sur son doigt disproportionné, ni sur la bosse qui déformait maintenant son pantalon.

De son côté Liam avait de plus en plus de mal à se retenir. Si seulement ils s’étaient trouvés seuls elle n’aurait pas fait long feu, il l’aurait eut même s’il avait fallut affronter ses réminiscences du passé, ça n’aurait fait qu’amplifier son envie irrépressible de faire souffrir la donzelle pour compenser en tirant de cet acte le plus de plaisir possible. Rien n’est plus doux que la vengeance…

Leur petite troupe se mit en route vers le train affalé sur le côté et ils ne tardèrent pas à découvrir l’horreur qu’il masquait. Les corps ensanglantés gisaient de ci de là, parfois possédant encore juste assez de vie pour gémir à la vue des pillards qui ne leur accordaient que du mépris et une satisfaction malsaine. Ce tableau ne fit que confirmer la théorie immorale du prisonnier : ils étaient tous profondément mauvais, peu importe ce qu’ils disaient. Pas un ne tendait une main secourable aux elipsiens qui n’étaient dans certains cas que blessés.

Alors que les autres s’étaient jetés tels des chacals affamés sur les réserves de la cuisine, Liam parcouru le wagon restaurant pour s’attarder près d’une femme dont le ventre avait été transpercé par un long morceau de métal tordu. Il posa un genoux à terre et approcha son visage de celui de la femme qui crachait du sang, au seuil de la mort. Le tueur caressa son visage avec une douceur étrange, plongeant ses yeux noirs dans ceux vibrant de terreur de la victime.

- Du calme… tu ne souffriras bientôt plus.

Il disposa une main de chaque côté du visage blafard et d’un coup sec il lui brisa la nuque. Il ne connaissait la pitié que pour ceux qui partageait sa douleur, et cette pauvre nana ne méritait pas de voir ces petits cons lui cracher dessus dans ses derniers instants. Même lui avait ses principes…

Le pervers attrapa ensuite le sac à main de la morte qui trainait sur le sol, ceux au grand format, pour femmes actives capables d’entasser assez de tubes de rouge à lèvres pour le remplir à ras-bord. Un sac était toujours utile et il aurait tout le temps de voir ce qu’il contenait plus tard. Il se contenta juste de chercher la carte d’identité dans le portefeuille au fond du sac avant de fermer les yeux de l’accidentée en murmurant :

- Bonne nuit Laura…

Son petit manège avait pris un certain temps et les autres étaient déjà repartis près du feu, il n’eut donc pas à jouer du coude pour se servir au milieu des morfales. Il entassa quelques sandwichs sous vide dans sa nouvelle acquisition ainsi que deux petites bouteilles d’eau et un beignets au chocolat. Ca serait bien suffisant pour un petit moment.

Il n’eut plus alors qu’à se tirer de la carcasse du train et repartir en direction du feu qui flamboyait joyeusement un peu plus loin. Ils étaient tous là, souriant, se bâfrant… Liam ferma les yeux et ne vit que le regard terrifié de Laura…

- Pauvres cons. murmura-t-il pour lui-même avant d’entrer dans le cercle de lumière, une moue de dégoût sur le visage.

Et c’était lui, le monstre ?

Lys avait beau s'être précipitée dans le wagon comme les autres, manger comme les autres, faire comme si de rien n'était, son esprit était embrumé de rouge... A chaque fois que ses yeux se fermaient elle revoyait le sang, tout ce sang... Elle se forçait à fixer le feu pour ne plus y penser, se convaincant qu'ils étaient tous morts, qu'ils n'avaient rien pu faire, et surtout, que ce n'était pas de leur faute... Car, en vérité, il y avait de grandes chances pour qu'ils soient la cause de cette chute de météorite. Après tout, puisqu'ils étaient capables de téléporter leurs esprits dans ce monde, pourquoi pas une pluie de météorite ? Serait-ce du à l'un des Voyageurs et à ses pouvoirs, ou leur arrivée aurait-elle déstabilisé l'équilibre de ce monde ? En fait, peut être que c'était à cause d'eux, de leur égoïsme et de leurs problèmes insignifiants que ces gens étaient morts. La rouquine fut incapable de manger plus, elle referma sa salade à peine entamée et la reposa dans son seau. Le regard accusateur de Liam n'avait fait que renforcer son malaise et elle ne pu soutenir son regard plus que quelque secondes.
Certes, cet homme était horrible, mais il l'assumait. N'étaient-ils pas plus mauvais encore, eux, pauvres hypocrites qui se cachaient derrière d'implacables principes ?

On devrait avoir honte...

Lys se recula un peu du feu et des conversations qui naissaient. La chaleur de l'âtre avait suffit à sécher ses vêtements et ses cheveux qui, bien qu'encore humide, étaient redevenus décents. Ramenant ses genoux contre sa poitrine, elle y posa la tête, sans cesser d'observer les flammes. Elle avait l'impression d'y voir des visages décharnés, criant, hurlant de douleur sans que personne ne les entende... Bien qu'elle n'ait pas froid la jeune fille se remit à trembler, se souvenant peu à peu des paroles de Liam. Ils étaient tous des monstres, ELLE était un monstre. Lys cacha son visage dans ses genoux, laissant seulement deviner une masse de cheveux flamboyant, assaillie par les souvenirs...

Que connaissait-elle du monde, elle, petite adolescente qui n'était jamais sortie de sa bulle ? Elle, qui avait la prétention de juger ceux qui l'entouraient comme si elle valait mieux ? Elle, qui n'avait pas hésiter à faire condamner un homme à mort par égoïsme, parce qu'il avait provoqué sa solitude ? Après tout, Jake n'avait jamais été pleinement heureux, même durant ces deux années merveilleuses, ses yeux avaient toujours été ternis par cette souffrance constante, que la jeune fille s'évertuait à faire disparaître... Peut être était-il mieux où il était, débarrassé de son père qui le battait, de ce monde qui le dégoûtait, de cette fille qui ne le lâchait pas... d'elle...

Je devrais avoir honte... moi... plus que les autres... c'est à cause de moi qu'il est mort... si seulement je n'avais pas voulu partir, si je ne l'avais pas autant pressé, peut être que son père n'aurait pas...

Le visage de la jeune fille se crispait, ses dents déchiraient ses lèvres... Son esprit était embrouillé entre les souvenirs de ses deux plus belles années et ses soudaines révélations. Un liquide salé vint mouiller les lèvres de la rousse, ses joues, les cheveux qui couvraient son visage. Elle se sentait ridicule, à pleurer comme une gamine un garçon qui l'avait abandonné. Quel égoïsme ! Elle devrait se réjouir de la paix qui devait régner enfin dans le coeur de son défunt amant ! Mais elle ne pouvait s'y résoudre...

- Jake... Jake... Jakes... murmurait-elle inlassablement, s'entendant à peine entre la rumeur des conversation et les crépitements du feu...

Perdue entre souvenirs, sang, massacre, la jeune fille n'entendit pas la personne qui s'approcha d'elle, qui s'assit à ses côtés... Pourquoi, d'ailleurs ?

La lune pleurait.

Si Elie n’avait pas été si fasciné par ce spectacle elle aurait peut-être pensé que l’astre pleurait de rire à la vue de l’appareillage ridicule de Gabriel, mais ce ne fut pas le cas. Elle et jade restèrent figées devant la magnificence de ces gouttes cristallines perlant de la lune avant de semer horreur et destruction. Il n’en fallait pas moins de quelques impacts météoritiques pour calmer tout ce beau monde, et après le fracas des roches Elipse avait sombré dans un silence de mort.

A cent mètres de là une larme était tombée, envoyant voler les frêles murs de quelques « maisons » du bidonville. Une chance qu’ils ne soient fait que de cartons et de vieille tôle car une pluie de débris s’abattit sur eux, ne causant que quelques égratignures.

Gabriel, Aldaée et Yoru prenaient visiblement la route sans les attendre, les jugeant peut-être plus aussi nécessaires qu’avant tandis que Maxim partait sans un mot en direction de l’impact. Les 4 filles restantes restèrent donc plantées là comme des idiotes en ce demandant quoi faire. Elles ne pouvaient pas laisser Max mais… les autres se tiraient !

Un coup de vent poussa Elie à se blottir dans sa nouvelle veste tout en maudissant ces égoïstes qui les utilisaient comme bouclier avant de les bazarder comme de vieilles chaussettes sales. Bel esprit, franchement ! La mauvaise jumelle en aurait trépigné sur place si elle n’avait pas eu aussi mal aux pieds…

- HEY MAX TU FOUS QUOI ?! gueula-t-elle en direction de la silhouette de leur compagnon qui revenait vers eux.

Son mouvement d’impatience la fit poser le pied sur un éclat de verre et elle glapit, retirant son pied avec brusquerie. Ce mouvement mit bien en vue l’état de leur plante et fit sursauter Jade qui accouru aussitôt, paniquée.

- Tu… ça va ? Tu as mal ? Je peux faire quelque chose ? Tu veux mes chaussures peut-être ? Euh… AOUTCH !

Dans son inquiétude, Jay n’avait eut cœur qu’à apaiser les douleurs de son double et partagea inconsciemment ses blessures, s’infligeant une douleur égale à la moitié de l’originelle. L’adolescente pâlit aussitôt en grimaçant alors que le toqué arrivait enfin à leur hauteur. La brune grommela à son autre « elle » avec tout sauf de la bonne humeur :

- Je crois que notre pouvoir s’est encore renforcé… au moins maintenant tu dois avoir moins mal…

En effet, Elie avait moins mal mais ça ne l’empêchait pas de désirer ardemment se refaire une garde robe à commencer par les chaussures. Surtout que pour rattraper les trois lâcheurs il faudrait passer la seconde alors que les débris jonchant le sol ne faisaient que rendre le chemin plus difficile. Malgré tous ces points négatifs elle finit tout de même par concéder à contre cœur :

- Oui, j’ai moins mal mais bon, je vais vite revenir au même point si je trouve pas de grôles rapidement.

Leur groupe reprit sa marche pendant qu’Elie jetait des regards furieux à Maxim qui les avait retardé et que Jade grimaçait à chaque pas en bonne chochotte qu’elle était. Ils pressaient le pas, tentant de ne pas perdre de vue les 3 silhouettes un peu plus en avant quand… Lily trébucha sur un morceau de tôle humide. Le temps sembla se figer pour le groupe alors que l’adolescente bascula en arrière après avoir tricoté une demi seconde des talons aiguilles pour tenter de retrouver son équilibre.

Elle chutait… chutait… si vite qu’ils n’eurent même pas le temps de prononcer une demi syllabe avant que sa tête ne heurte le sol dans un craquement d’os. Attendez 2 secondes… un craquement d’os ?!

Lorsque les doubles émergèrent de leur surprise les yeux de Lily étaient déjà vitreux, remake morbide d’un thon sur un étalage de poissonnier. Son cou faisait un angle étrange avec le reste de son corps et cette vision fit reculer Jade qui cacha aussi vite qu’elle le pouvait les yeux encore innocents d’Ella. Elie de son côté se sentit vide, si vide… mais elle n’était pas du genre à perdre ses moyens. Elle était bien trop pragmatique pour ça, elle ne resta donc figée que quelques secondes avant de se pencher sur le corps immobile de la nymphomane. Par pur acquis de conscience elle prit son pouls qui bien sûr était inexistant… c’était fini.

- Elle est morte, y’a rien à faire… quelle poisse non mais quelle poisse !

La brune serra les dents de colère et de frustration. Ils savaient tous qu’ils pouvaient mourir mais pas comme ça ! Pas de manière aussi stupide ! Tout ça pour ça hein ? Et ils ne pouvaient rien faire à part la laisser sur place… La vision du corps d’Haley lui revint en mémoire et son estomac se noua. Ils ne pourraient rien y faire…

Une larme inconsciente coula sur la joue d’Elie alors que Jade en était déjà au stade de la fontaine. Elle allait devoir faire quelque chose de terrible mais après tout Lily n’avait plus besoin de rien dans son état.

- Désolé Lily, vraiment.

Sans s’occuper de Max ou de sa copie, El’ retira les vêtements de sa camarade morte pour s’en vêtir, non sans retirer les talons des escarpins pour éviter tout nouvel accident. Elle vida ensuite ses poches pour récupérer toutes ses possessions avant de ramasser au sol une bouteille de whisky à moitié pleine qui avait voltigé lors de l’impact. L’adolescente arrosa le corps, l’enflamma avec le briquet tombé de la poche du pantalon que Gaby avait volé sur un corps et aussitôt le corps de Lily s’embrassa.

- Ils ne t’auront pas.

Sans un mot de plus, les joues encore humides, Elie fit volte face pour sortir de la ville sans voir si les 3 autres la suivaient.

Jade de son côté restait muette d’horreur devant le spectacle des flammes qui dansaient, masquant d’autant plus les yeux d’Ella pour ne pas avoir un nouvel évanouissement sur les bras. Lily était morte, et Elie l’avait brûlé… elle comprenait pourquoi mais ça n’atténuait pas l’horreur de la situation, et ce fut le fracas de débris en déséquilibre tombant sur le sol qui la tira de sa torpeur, la faisant courir à la suite de son double, Ella dans les bras et Maxim pas très loin derrière elle.

Elle voulait partir de cette ville, de ce monde… elle courrait pour ne pas réfléchir, pour oublier. Et une fois passé les dernières maisons, instinctivement elle suivit la lumière du feu…

Qu'est ce qu'elle pouvait raconter comme bêtise cette Shannon. En plus d'être une fille totalement odieuse , c'était une chouineuse. Mais où était donc passé ses qualités ? De toute façon ce n'était pas la peine de s'occuper de la blonde, un peu d'ignorance lui ferait pas de mal. Ce que disait Lys était beaucoup plus intéressant ! Aller chercher à manger voilà ce qui était une bonne idée !
Jonh se demandait bien ce qu'il y avait à manger dans le train lorsque Kalyss tomba dans les pommes après avoir pasmoldier des choses. Manquait plus que ça...
Bizarrement Lou s'approcha de ce dernier menaçant Liam de ne pas s'approcher de Kalyss. Ca n'empêcha l'ex prisonnier de le faire, enfin de s'approcher de l'adolescent. Une mesure radicale, bien que ignorant ce qu'avait dit Liam à l'oreille eut pour effet de réveiller le brun immédiatement.
Jonh se leva à l'appel des courses et comme le petit groupe se dirigea vers le train où une bataille avait semblé avoir eu lieu.
Cette vision de tous ses corps lui rappela des mauvais souvenirs qui élimina son petit soleil remplacé par un petit nuage gris. Il avait envie de partir en courant de cet endroit...Mais Jonh n'avait pas envie de passer pour un lâche alors c'est avec un gros effort qu'il suivit les autres dans la cuisine non sans un regard vers Liam qui s'occupait avec une dame. Enfin l'achevait plutôt. Au moins il avait ce mérite, finalement ce n'était pas un si mauvais bougre que ça.
Prenant lui aussi à manger , bien que tout ce sang lui eu coupé l'appétit même celle de chamallows, Jonh sortit à son tour du wagon avant d'aller rejoindre leur feu de camp.
Alors qu'ils commençaient à manger, Lys n'avait pas l'air dans son assiette. Lui non plus à vrai dire. La jeune rousse s'éloigna d'eux pour aller s'éloigner un peu. Jonh savait que ce n'était pas un bon moyen de ruminer tout seul mais en tant que dépressif numéro 2 il pouvait bien la soutenir non ?
Le jeune homme se leva , abandonnant ses nugets à peine entamer et rejoignit Lys avant de s'asseoir à côté d'elle.

- Je vais pas te demander si ça va...Mais si tu as besoin de parler je suis là...

Il esquissa un sourire et posa une main réconfortante sur l'épaule de l'adolescente.

Gabriel, Yoru, et Aldaée couraient a travers les débris des bidonvilles d’Ellipse et les cadavres qui aller avec. Il n’avait même pas vu que Max c’était arrêter pour aller ramasser ce morceau de météorite tomber un peu plus loin, Il n’avait pas vu Lily tomber, et se tuer. Il n’avait pas vu Elie mettre le feu au corps de la jolie demoiselle, après l’avoir dépouillé. Gaby n’avait qu’une idée en tête, partir d’Ellipse, et surtout ne plus jamais y revenir.

Il lâcha la main de Yoru et Aldaée lorsqu’il vit devant lui la frontière d’Ellipse. Enfin ! Ils étaient arrivés ! Derrière les décombres, les quelques cadavres, et les restes de « maisonnette de cartons » un grand mur, du genre de celui de Berlin, leurs faisaient faces. Avec une nouvelle surprise…Un dernier Ellipsiens essayer de leur faire face…les larmes coulait le long de son visage, il devait avoir leur âge. Il leur hurla dessus.

« Vous l’avez tué ! Monstres ! »

En effet derrière lui, le corps d’une jeune femme gisaient, inerte, une pierre planter dans l’œil. Apparemment la jeune fille avait eu moins de chance que leurs petit groupe de voyageur, et la « larme » de la lune avait envoyé le caillou directe dans le crane de ce qui semblait être la copine de l’adolescent…Enfin de ce qui l’en restait.

Par réflexe, Gabriel pris dans le sac a dos de Yoru, le bâton de bois qui lui avait déjà sauvé la vie deux fois. Ce fut comme une sonnette d’alarme pour leur nouvel ennemi qui se jeta sur l’androgyne.

« Raclure ! Si tu crois pouvoir me faire ce que tu lui as fait tu te fourre le doigt dans l’œil. »

Dans sa course le garçon attrapa un bout de verre par terre, et sauta sur Gabriel qui tomba sous son poids. Gabriel se débattit tant qu’il pu, mais le verre le coupa a divers endroit. Heureusement pour lui, l’adolescent eu enfin réagit qu’il y avait non pas un, mais trois voyageur, et ce moment d’inattention suffit a Gabriel pour donner un coup de pied bien placer a son agresseur qui alla pleurer sa douleur a quelques mètre.

« Stop ! »

Gabriel c’était lever, pris d’une certaine assurance qu’on ne lui connaissait pas, le bâton sur l’épaule.

« Tu crois que je vais te laisser partir ? »

Gabriel s’approcha de l’adolescent à terre. Et lui asséna plusieurs coup de bâton sur le visage, il tapait de toutes ces forces, le nez du garçon c’était briser dans un craquement insupportables, ses lèvres avait explosé, et après un coup de trop, l’esprit du garçon alla rejoindre celui de sa petite amie.

Gabriel se retourna vers ses amis. Aldaée…qu’allais t-elle penser de lui ? Que c’était un meurtrier ?

« Je suis désolé…je ne voulais vraiment pas en venir là. Mais on a notre ticket de sortie…ne croyez pas que je suis un psychopathe…S’il vous plait…» et en regardant avec plus d'insistance Aldaée « …s’il te plait »

Il détourna le regard dans un reniflement, et se reconcentra sur le corps de son agresseur. Dégouter par ce qu’il avait envie de faire, il attrapa le corps qui commençait déjà à refroidir. Il attrapa d’abord le sac en bandoulière. Il le fouillera plus tard, mais un sac serait toujours pratique. Ensuite il enleva le gilet du garçon et le mit…la nuit était fraiche et il ne pouvais vraiment pas continuer à se balader torse nu comme ça pendant des heures…sinon il était bon pour une pneumonie !

Les trois amis continuèrent leur route en direction de la sortie, Les mains dans les poches de son jeans, il y trouva un paquet de cigarette…si seulement il y avait eu le briquet avec, ça aurai été plus pratique…

Aldaée était traînée, véritablement traînée par ses deux amis. Elle en avait assez de fuir, assez de courir, assez d'abandonner les autres derrière. Bon, là il y avait Maxim, c'est vrai que ça donnait envie de courir dans le sens opposé...LA N'EST PAS LA QUESTION ! Elle avait espéré au moins pouvoir leur dire aurevoir. Ils étaient trois, fuyant les lieux de trop nombreux crimes. Et la petite française serrait les dents, le regard vers l'arrière. Tout fumait, on entendait des cris, des pleurs. Elle ne comprenait plus rien. Tant d'atrocité. Elle aperçut à peine Maxim s'éloigner, ne put que crier aux jumelles un ultime et inutile "bonne chance !". Autour d'eux, des cadavres. Partout. Inconsciente que Lily venait de rejoindre la liste des victimes de la nuit, elle suivit les deux garçons en silence.
Gabriel s'arrêta, la lâcha enfin. Elle dégagea son autre main de celle de Yoru. Elle était énervée, c'est le moins que l'on puisse dire. Devant eux, un mur. Génial, on est bien avancés. Tout ça pour ça. Croisant les bras sur sa poitrine, elle ne vit pas tout de suite l'elipsien. Celui-ci et Gabriel se mirent à se battre. Les yeux d'Aldaée tombèrent sur le corps inerte de l'adolescente. Elle se précipita vers elle, s'agenouilla à côté, sans y toucher. Pas la peine de laisser ses empreintes dessus.

Pauvre fille...

Gabriel tuait, réellement, il assassinait le garçon. Il ne comprenait pas. Personne ne comprenait dans ce monde ?! Aucun voyageur ne cherchait à comprendre ! Ces jeunes gens étaient des meurtriers. Oui, mais pourquoi ? La communication semblait inutile. Tues ou meurs. Voilà à quoi obéissaient les gens de ce monde. Elipsiens. Voyageurs. Aux yeux d'Aldaée, ils étaient tous pareils. Tous des monstres.
Les larmes montèrent. Elle serra les dents. Oui, ils tuaient. Les sentiments, la crainte, l'incompréhension. La peur fait faire tant d'erreurs. Les voyageurs faisaient tout pour se faire craindre ! Et ils se disaient les victimes ?! Pour qui se prenaient-ils ?! Ils tuaient ! Ils tuaient autant qu'ils étaient tués ! Ils se servaient, ils volaient, ils se baladaient illégalement sur des terres qui ne leur appartenaient pas !
La petite française commençait doucement à comprendre les Elipsiens. Un être avec un pouvoir s'introduit dans votre magasin, il n'a pas d'argent, il ne comprend pas votre façon de vivre, il a faim, il a des pouvoirs, il vous menace. Il vous tue. Comment les Elipsiens pouvaient-ils comprendre ? Comment pouvaient-ils savoir que les voyageurs étaient en proie à leur plus grand problème en arrivant ici ? Comment étaient-ils censés deviner que les voyageurs étaient des toqués, des phobiques, des psychopathes de toutes sortes qui ne cherchaient qu'à être soignés en allant chez un pauvre fou de docteur à la noix ?! Personne ne cherchait à les comprendre. Personne ne cherchait à les comprendre. Ni les Elipsiens, ni les voyageurs. Tout ce qui comptait, c'était sa petite survie, son petit être, son petit bien-être. Tous. Tous ils la dégoûtaient. Elle même se dégoûtait. Les habitants de Dreamland ne comprendront jamais les voyageurs, parce que les voyageurs ne comprennent pas les Dreamlandiens. Ils ne cherchent pas à apprendre. Ils envahissent bêtement. Vainement. Comme tout envahisseur. Détruisez, pillez, ayez du pouvoir, de la place, de l'argent. Un frisson de dégoût et d'horreur parcourut le corps d'Aldaée alors que Gabriel les suppliait de ne pas le voir comme un psychopathe.

Non. Non, Gabriel, tu n'es pas un psychopathe. Tu es comme les autres. Un être humain...

Haussant les épaules, elle cueillit une fleur, la déposa sur la poitrine de la morte. Geste bien faible, mais la symbolique était là. Elle se releva, lança un regard vide d'émotion à ses deux amis, rajusta son sac sur son épaule, secoua la tête et avança lentement.
Ils avançaient, Gabriel fouillant les poches du pantalon du cadavre, Yoru silencieux. Aldaée avait resserré ses bras autour d'elle-même, elle souffrait en silence de la douleur des Elipsiens, comprenait lentement quel genre d'être elle était. Un monstre. Elle n'était rien d'autre qu'une misérable créature meurtrière. Comme tous les autres.
Pourquoi avait-il fallu en arriver là ? Etait-ce ça, la psychologie ? Ce psychiatre envoyait des fous à la mort ? A la guerre ? Il voulait leur montrer qu'il existait pire que leur peur ? Se rendait-il compte de son incroyable connerie ? Se rendait-il compte que doucement, il rendait ses patients plus fous encore qu'avant !
C'était trop dur pour Aldaée. Trop bourrin. Un monde de brutes où la seule raison est la violence, merci bien, mais son monde réel était déjà comme ça, l'intérêt était bien moyen. La petite française se sentait complètement dépressive. Elle en avait marre, mais marre. Se souvenant soudainement de Yoru, elle sortit de son sac le désinfectant, enleva le t-shirt de l'asiatique, désinfecta rapidement les blessures, fit de même avec Gabriel, surtout qu'il venait de se prendre quelques coups en plus. Elle rangea le désinfectant, leur appliqua bandages ou pansements.

On n'en a presque plus. ALORS VOUS FAITES ATTENTION A VOUS PARCE QUE CA COMMENCE SERIEUSEMENT A M'SAOULER, BANDE DE GAMINS INCONSCIENTS ! Le prochain. Je vous jure, le prochain d'entre vous qui se blesse, que ce soit parce qu'il ne sait pas conduire une voiture, qu'il est suicidaire ou parce qu'il juge bon de se jeter avec enthousiasme sur un elipsien enragé avec un morceau de verre. Mais je le coince dans un endroit en hauteur où il pourra pas descendre et je lui enfonce ma brosse à dents dans l'bide !

Vexée, sans raison apparente pour toute personne n'étant pas télépathe, Aldaée rangea le reste des pansements et reprit la marche. Fallait pas non plus pousser Mémé dans les orties. La petite française se retourna, leur lança un regard très explicite : ils avaient intérêt à se remettre à marcher aussi s'ils tenaient à avoir des enfants plus tard. Même pieds nus, un coup de pied bien placé fait toujours mal. Sa longue robe continuant de cacher ses pieds, toujours à ce putain de cm du sol, elle avançait en la laissant traîner à terre, réfléchissant à comment elle ferait pour ne pas mourir de froid pendant la nuit. Elle n'était pas sûre du tout que le manteau qu'elle avait auparavant soit toujours dans le sac. Bref. Avançons je vous prie.